Chapitre II : Au Leir (réécrit)
Pourvu qu'il se passe quelque chose qui sorte de l'ordinaire aujourd'hui. Ô Eode, je sais que c'est là millième fois au moins que je te le demande, je t'en supplie, accède à ma requête. Je t'en conjure.
Véléhor arriva enfin devant le bâtiment. Il attirait tout de suite l'œil. Il n'y avait rien autour, pas même un arbre. C'était un grand bâtiment carré, en pierre, ouvert en son centre pour laisser entrer la lumière du soleil. En effet, peu de fenêtres donnaient vers l'extérieur. Il avait un peu l'allure des monastères des prêtres austriens, ce peuple reclus dans les montagnes.
C'est comme si on craignait les vols. Ici la seule chose à voler c'est des livres et des parchemins poussiéreux. C'est à n'y rien comprendre.
Le regard du jeune homme se posa sur l'imposante porte en chêne. Une inscription trônait au dessus :"Le savoir c'est le pouvoir". Véléhor remarqua ensuite qu'on avait laissé deux gardes en faction devant la porte. Ils n'étaient là apparemment que pour dissuader les bandits de venir. Ils semblaient s'ennuyer ferme. Le jeune homme vint à leur rencontre, il désirait savoir plus précisément ce qu'il s'était passé hier soir. Après avoir échangés quelques banalités, Véléhor dirigea la conversation sur l'incident.
— Je ne sais pas pourquoi mais ils ont désirés rentrer en pleine nuit, répondit l'un.
— On ne comprend pas ce qu'ils souhaitaient y faire, le Leir ne contient pas d'objets de valeurs, répondit l'autre.
— Ne devrions-nous pas fermer le Leir, peut être comptent t'ils revenir ? demanda Véléhor avec l'espoir d'une réponse positive.
— Je pense qu'on devrait mais les enseignants n'ont pas voulu le fermer, ils veulent continuer à distribuer leur savoir. Ce qu'ils peuvent m'énerver avec leur palabre.
— On pourra pas trop assurer leur sécurité s'ils attaquent. On est que six ici et ceux qui ont voulu forcer les portes devaient être plus d'un vingtaine. Heureusement que c'est la troupe des miliciens qui revenaient d'un exercice nocturne qui les as surpris. J'aurais pas donné cher de la peau du type qui serait tombé sur eux.
— Eh bien, en espérant qu'ils ne reviennent pas, bonne journée messieurs.
Véléhor entra dans le bâtiment, il fut accueilli par le brouhaha quotidien. Les gens discutaient d'un ton inquiet. On pouvait sentir l'inquiétude des gens dans l'air. Il comprit que tout autour de lui on ne parlait que de la pseudo-attaque d'hier.
C'est qu'une broutille, ils reviendront pas dès qu'ils verront qu'il y a des gardes. Ce ne sont que des grands lâches.
Il se fraya un chemin parmi les personnes présentes. Le jeune garçon arriva finalement dans la salle où son enseignant l'attendait avec d'autres enfants dont une majorité de l'élite de la ville. Il ne les connaissait pas tous mais une poignée n'arrêtaient pas de le prendre de haut, car il venait d'un milieu plus modeste. Ils les avaient déjà entendu murmurer des slogans dans son dos tels que « Les paysans au champ » ou « Ici c'est pour les cerveaux pas pour les costauds ». Ils ne savaient pas que Véléhor étaient là contre son gré par la volonté de ses parents.
S'ils continuent à me prendre pour plus bas qu'eux, je leur couperai bien les jambes pour qu'on soit à la même taille.
Le temps sembla se découler de plus en plus lentement pour Véléhor qui se morfondait, avachi sur sa table. Le discours de l'homme en blanc en fasse de lui n'était plus qu'un bruit de fond incompréhensible dans ses oreilles. Son cerveau avait cessé d'essayer de comprendre ce qu'il entendait. Véléhor s'était réfugié dans ses pensées. Il avait entendu parler de poèmes d'artistes célèbres, du fonctionnement d'une voile ainsi que des différentes religions présentes sur Oronde. Toutes ce blabla lui donnait envie de dormir mais il s'en abstint par respect. A l'heure de sa délivrance, soit la pause déjeuner, Véléhor sortit discrètement pour aller bavarder avec les gardes. Ce n'était pas très réglementaire mais personne ne l'aperçu. Le jeune garçon préféra converser avec eux qu'être en cours, c'étaient des hommes simples mais qui savaient apprécier les petits plaisirs de la vie. Ils se partagèrent un petit fût de vin, qui apaisa les cœurs et les esprits. Mais une cloche retentit qui annonçait malheureusement la fin de la pause déjeuner. Elle tira le jeune homme à son îlot de joie. Il dût repartir rapidement vers sa salle. Véléhor pesta, les pauses déjeuners étaient toujours trop courtes, ils n'avaient jamais le temps de finir leur fût.
Il aurait aimé continué à se raconter des anecdotes, rire et continué le débat qu'il avait commencé avant. Féru d'histoires et de stratégies militaires, quoi de mieux pour lui de parler avec des gens d'armes. Hélas cela n'était pas ce que les professeurs aimaient enseigné ici. On préférait plutôt lui parler des différences entre les poèmes de deux artistes kessois dont il n'avait jamais entendu parler. Chose qui fit jubiler quelques-uns, à la grande surprise de Véléhor. Il se prépara encore une fois à passer un après-midi des plus ennuyeux. Après avoir parlé de poèmes, on enchaîna sur de la musique. Moult autres choses sans intérêt pour le jeune homme s'ensuivirent quand un homme en sueur déboula soudain dans la salle. Il glissa quelques mots à l'oreille de l'enseignant puis repartit.
— Les envahisseurs ont été totalement repoussés, annonça fièrement l'enseignant, plus un seul argentin ne foule désormais notre sol. Notre patrie est enfin libéré totalement de leur puanteur. Le sang a beaucoup coulé mais Eode nous a donné la victoire.
— Hourra ! Cria-t'on en choeur.
— Eh qu'ils ne reviennent plus ces païens des mers ! Clama-t'on.
— Comment nos guerriers ont ils réussi à les déloger de leur forteresse ? questionna Véléhor.
A son grand bonheur, on s'attarda sur les faits et le professeur résuma la situation. L'empire Argentin se trouve à l'est d'Epidorre qui est la contrée voisine à l'est du Kessex. Les Argentins forment une nation conquérante qui cherchent à s'étendre. De ce qu'on raconte, ils ne peuvent s'étendre directement car entourés de voisins puissants tels que l'Empire du Nord et Epidorre. Il y avait certes la Frankie, un petit pays frontalier. Mais celle-ci entretient cependant de fortes relations diplomatiques et commerciales avec le Nord. Si les Argentins l'envahissaient, le Nord viendraient à la rescousse. Les Argentins s'étaient donc fabriqués une grande flotte avant de cherchés des territoires à conquérir. Ils avaient débarqués au Kessex il y a quelques années auparavant. Leurs troupes avaient pris rapidement la côte puis avait progressé dans les terres mais ils n'étaient jamais parvenu jusque ici.
Les Kessois qui n'étaient pas un peuple particulièrement belliqueux, n'avaient pas de véritables forces armées et s'étaient heurtés aux techniques de guerres supérieures de l'envahisseur. Les violentes défaites lors des premiers affrontements avaient minés le moral des défenseurs au début. Les guerriers perdaient espoirs, à quoi bon sert de s'entraîner dix ans pour se retrouver face à des murs de boucliers impénétrables, des javelots transperçant leurs cuirasses, des machines de guerres détruisant tout sur leurs passages. Mais quand les Argentins commencèrent à réduire en esclavage la population, de nouveaux commandants s'étaient élevés à la tête des forces armées.
La flamme de la résistance brûla comme les convois ennemis, l'ennemi n'avait plus un endroit où il pouvait être en sécurité. On tendait des embuscades, détruisaient ses vivres, l'assaillaient de toutes parts, sur tous les fronts. Les Kessois avaient réussi à les bouter hors de l'intérieur des terres après de nombreux combats. Les Argentins s'étaient ensuite fermement barricadés sur la côte et ce n'est que maintenant qu'ils étaient délogés de leurs places fortes. On prenait régulièrement des nouvelles du Sud et de l'avancée des troupes de libérations.
Le temps passa tout de suite plus vite et il étala ses connaissances sur le sujet. Mais on retourna ensuite aux calculs. Véléhor replongea dans son demi-sommeil à mesure que le temps reprenait sa lenteur habituel. A la fin des cours, il sortit de la salle et retint difficilement un bâillement. Il alla à la réserve où il prit du pain et une carafe d'eau. Alors qu'il se dirigeait vers une table libre, une bande d'adolescents le bousculèrent volontairement. Déséquilibré, Véléhor renversa de l'eau sur ses bottes. Il les toisa du regard.
— Bah alors, tu rêvasses monsieur je-connais-tout-de-la-guerre ?
— Un autre dit, je crois plutôt qu'il est somnambule ? s'esclaffèrent-ils.
Ce qu'ils sont bêtes comme des pieds, écrasez vous un peu.
— Oups, je t'ai marché dessus durant mon sommeil, dit Véléhor platement en écrasant de son talon le pied du gamin le plus proches.
— Tu es malade ! Je le dirai à mon père, tu vas voir ce que tu vas voir.
Ne les frappe pas, ne les frappe pas, ne les frappe pas. Il ne mérite même pas que tu déranges tes poings pour eux. Si tu frappes tu auras des problèmes, mère va se mettre en colère.
— Allez du vent, les mioches, s'écria Véléhor qui serrait les poings de rage et cherchait à se calmer.
— Tu vas voir, répondit l'un en levant son petit poing.
Le meilleur ami de Véléhor se pointa, il s'appelait Ivan et mesurait pas moins deux mètres. Tout le monde le craignait ici car son père était le chef de la garnison. Ce qui le rendait encore plus intouchable d'autant que personne n'avait envie de se mesurer à lui. Il attrapa le poing du gamin puis posa sur lui son regard de tueur.
— Je te conseille de ne pas faire ça si tu tiens un minimum à ce que tes os restes en état.
— Bon bah on s'en va, eut la force dire un jeune qui fuit avec le reste du groupe.
Quelle bandes de lâches ! Agressifs qu'une fois qu'ils sont à douze, seul il lèverait même pas le doigt dans un combat de pouce.
Ils acquiescèrent tous et s'éloignèrent rapidement d'eux. Ivan s'assit en face de Véléhor, posa du fromage et son pain sur la table. Il lui en tendit un bout que le jeune homme s'empressa d'accepter.
— Alors tu as toujours ces problèmes de moustiques qui te pompent l'air ?
— Si tu appelles ça des problèmes, je fais presque la même taille que toi mais pourtant je ne leur fais pas peur.
— C'est parce que tu n'as jamais frappé personne. Moi j'ai déjà démoli deux de ces gars, dit-il en exhibant ses poings, bon même si j'ai dû passer trois jours au cachot après. Ils ont tous de même compris la leçon. Alors tes cours toujours aussi passionnant ?
— Si tu savais à quel point. Tu sais ce qu'il s'est passé au Sud ?
— Oui, ce que disent les professeurs est vrai. Les derniers contingents argentins ont été vaincu. Le Kessex est désormais totalement libéré mais ça à coûté cher, on dit qu'il y aurait eu des centaines de morts à la dernière bataille.
— De terribles guerriers ces envahisseurs, leurs techniques de combats sont excellentes. Comment ferais-tu pour les vaincre toi ?
— Il faut en priorité arriver à briser leur formation, une fois cela fait, ils sont moins habiles au maniement de l'épée que nos soldats et les vaincre ne devrait plus être un gros problème.
— Je suis d'accord sur ce point, le problème est la pratique. Leur formation a l'air invincible, c'est plus facile à dire qu'à faire.
— Si des hommes arrivent à leur portée avec des béliers, leur précieuse formation serait détruite en quelques battements de cils.
— Mais que si des hommes arrivent à leur portée. Je te rappelle que si tu envoies des hommes vers eux avec des béliers, ils seront criblés de javelots avant de les avoir atteints.
Les deux amis continuèrent ainsi à débattre stratégie sans voir le temps passer. Ivan rentra chez lui le premier laissant Véléhor à ses pensées. Il rêva de devenir un vrai meneur d'hommes, un général qui gagnera toutes ses batailles. Son enseignant Gilles, alla le voir pendant qu'il nettoyait la table.
— J'ai remarqué que tu n'écoutais pas vraiment pendant que j'enseigne, cela ne t'intéresse pas ?
— C'est que, pardonnez-moi, je ne vois pas l'utilité de savoir ce que vous nous dites dans notre quotidien.
— C'est vrai que tu ne les utiliseras pas tous les jours mais le savoir...
— ... C'est le pouvoir, je sais, vous me le scandais tous les jours. Je préférerais qu'on m'enseigne à manier les armes, la stratégie, la peinture à la place des mythes et des poèmes.
— Sache que sans passé pas d'avenir. Mais quel est ce raffut ?
On entendait une cacophonie au niveau de l'entrée. Un grand nombre de personne devait s'être rassemblé là. On appela mais personne ne répondit. Le raffut devenait de plus en plus fort. Un vent de panique soufflait dans l'air. Véléhor et Gilles en cherchèrent l'origine. Une fois à l'entrée, ils virent que l'ensemble des personnes présentes était rassemblé là. Tous le monde parler à voix haute pour se faire entendre par dessus le brouhaha environnant.
— Bon Dieu qu'est ce qui se passe ! hurla Gilles.
— Les bandits, ils... Ils arrivent.
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