Chapitre 1
Depuis toujours, Kiwoo aimait mettre les gens dans des cases bien spécifiques. C'était devenu un automatisme à chaque fois qu'il rencontrait une nouvelle personne. Il ne jugeait pas sur les apparences — enfin, pas tout le temps — mais un regard ou un mot suffisait pour qu'il sache à qui il avait affaire. Pour lui, deux grandes catégories se démarquaient ; d'un côté les personnes qui lui ressemblaient, des intellectuels qui préféraient lire un bon livre ou contempler une œuvre d'art dans un musée. Des individus qu'il jugeait dans la norme, avec une routine bien huilée, un quotidien réglé comme du papier à musique. Des habitudes, des ambitions, et des rêves qui restaient tout de même réalisables. Rien de bien trépidant en soi, rien de très farfelu. Mais cela était ce qui semblait la meilleure option de vie pour ce jeune homme qui entamait sa vingt-sixième année. La deuxième catégorie rassemblait ceux qui vivaient dans un monde imaginaire, avec des idéaux surréalistes. Ces personnes ne lui inspiraient rien. Il les trouvait vides de tout, vides d'émotions véritables, vides de sens. Elles se remplissaient juste d'espoir, d'illusion, de gloire, d'arrogance et de vanité.
Malheureusement pour lui, il côtoyait presque chaque jour des gens comme ça, des gens qui voulaient viser la lune, mais n'arrivaient même pas à atteindre les étoiles. Des gens qui pouvaient voir leurs rêves se briser en une fraction de seconde. C'était une des dures réalités qui planait sur le monde sportif, un domaine qu'il ne connaissait que trop bien — à son plus grand désarroi — depuis qu'il était journaliste au Maeil Inside. Il s'agissait d'un journal régional qui traitait de nombreux sujets d'actualité ; du sport en passant par la politique, des événements marquants, des polémiques et même une page people et ragots pour les plus curieux des lecteurs. Kiwoo n'avait pas pu intégrer la section dont il rêvait. Il avait longtemps exprimé le souhait de parler de politique, il adorait ça, il trouvait ce sujet passionnant, bien que parfois houleux. Mais c'était ce qui lui plaisait justement ; les débats, les réformes, les échanges souvent mouvementés qui apportaient un peu de piment. Ce fut avec une grande déception qu'il s'était vu attribuer le poste de rédacteur dans la rubrique sportive. Cela avait fait remonter tous les souvenirs d'école qu'il aurait préféré totalement oublier une bonne fois pour toutes.
Il avait toujours détesté le sport. Il n'aimait pas le regarder à la télévision, il trouvait que c'était une véritable perte de temps que d'observer des joueurs courir après un ballon, ou encore des athlètes se déchainer pendant un cent mètres haies pour une médaille d'or et un titre de champion olympique. Cela l'ennuyait à mourir. Il ne comprenait pas comment on pouvait être admiratif de ces personnes qui, à son sens, ne faisaient rien d'extraordinaire. Mais plus que d'en regarder à travers un écran, Kiwoo avait horreur d'en pratiquer et cela ne datait pas d'hier. À l'école, les cours de sport avaient été sa hantise. Alors que la plupart des enfants sautaient de joie quand ce moment de la semaine arrivait, Kiwoo, lui, aurait tout fait pour l'éviter jusqu'à même souhaiter se casser une jambe autant de fois qu'il le faudrait pour être dispensé à vie. Il n'y avait pas un seul aspect du sport qu'il appréciait.
Des vestiaires au terrain, ou au gymnase, c'était une torture. Il se changeait dans un coin, recroquevillé sur lui-même pour que ses camarades ne le regardent pas pendant qu'il enfilait son ensemble de jogging d'un bleu délavé en matière éponge — une loque de plus qu'il avait hérité de son cousin de sept ans son aîné. Il détestait récupérer des habits déjà portés par d'autres personnes, même si elles faisaient partie de sa famille.
Mais l'enfer ne s'arrêtait pas là. Il était souvent le dernier à être choisi dans les équipes — si on pouvait vraiment qualifier cela de choix. Il attendait toujours qu'un des capitaines prononce son prénom, que quelqu'un l'appelle parce qu'il voulait faire équipe avec lui. Mais il restait là, à regarder ses camarades s'en aller un par un pour rejoindre leurs copains tandis que lui ne serait qu'un choix par défaut. Il fallait bien le caser quelque part, comme disait un de ses chers professeurs. Eux non plus n'avaient jamais été tendres avec lui. Ils en avaient même souvent été désespérés. En plus de ne pas être à l'aise avec son corps, c'était une véritable catastrophe ambulante.
Sur le terrain, il était soit celui qui ne rattrapait pas un seul ballon, soit celui qui faisait valser ses copains d'un simple coup d'épaule s'ils avaient la malchance de se trouver sur son chemin. Et lorsqu'on lui assignait le rôle de goal — ce qui heureusement n'arrivait qu'en cas d'extrême urgence —, l'équipe de laquelle il faisait partie était sûre de se faire laminer en moins de deux. Kiwoo n'était pas un expert pour défendre son camp. Il avait si peur de se prendre une balle en pleine figure et de casser ses précieuses lunettes de vue qu'il entamait à chaque fois une danse ridicule pour éviter l'objet volant. Il avait au moins le mérite de faire rire ses adversaires.
Sa réputation de trouillard l'avait suivie jusqu'au lycée où un de ses anciens camarades avait eu la gentillesse de raconter à tous ses déboires sportifs. S'ils n'avaient pas été mis au courant, ils auraient tout de même fini par s'en rendre compte car rien n'avait changé si ce n'était le fait qu'il avait enfin une tenue de sport digne de ce nom.
Ses parents lui répétaient que personne ne pouvait être bon en tout, et qu'être doué en sport n'était pas donné à tout le monde. Ils préféraient voir leur fils obtenir d'excellents résultats dans toutes les autres matières que d'être un as du basket, ou de n'importe quel autre sport d'ailleurs. Pour eux, le sport était un loisir peu instructif, alors ils ne s'en plaignaient pas le moins du monde. Parce que oui, Kiwoo était un élève brillant, un premier de la classe, un acharné des révisions et des devoirs, qui visait toujours l'excellence. Si on ne voulait pas de lui pendant les cours de sport, on se battait pour l'avoir dès qu'un travail de groupe se présentait. Il changeait du tout au tout. Le garçon peu sûr de lui des vestiaires devenait un petit chef autoritaire qui menait ses troupes à la baguette pour les élever vers la perfection.
Sans aucune surprise, il avait obtenu son diplôme haut la main. Avec un profil comme le sien, les portes de toutes les universités lui étaient grandes ouvertes. Passionné par la presse, la culture et l'écriture, ce fut assez naturellement qu'il se dirigea dans le secteur du journalisme. Il avait été admis dans une grande école au Royaume-Uni, un endroit très réputé, ce qui avait rendu ses parents extrêmement fiers de lui. Encore une fois, tout était gagné d'avance pour Kiwoo. Il ne pouvait pas échouer, c'était impensable et surtout inenvisageable. Il était dur avec lui-même, il s'imposait des heures de travaux personnels, des heures d'études, un rythme effréné que beaucoup auraient été incapables de suivre. Il ne voulait pas revenir en Corée du Sud les mains vides. La réussite était une notion phare qui caractérisait son pays natal : avoir un diplôme valorisant pour trouver un bon métier, avoir un bon salaire, obtenir la reconnaissance de son patron, s'acheter une voiture, une maison, fonder une famille. C'était le schéma type que Kiwoo s'était promis de suivre.
Il avait validé pas mal d'étapes, peut-être pas dans l'ordre qu'il avait au préalable imaginé, mais c'était déjà ça. Il n'était pas peu fier, à vingt-six ans à peine, d'être là où il était désormais. Dès qu'il avait foulé le sol coréen, il s'était mis en quête d'un emploi dans son domaine de prédilection. Il en avait passé des entretiens, il en avait rencontré des patrons dans tout Séoul. Jusqu'à ce qu'arrive le jour où il fit connaissance de celui qui lui offrirait une place au sein de son équipe. Ce jour-là avait marqué la récompense de quelques années de sacrifices.
Mais puisque tout était un peu trop beau pour être vrai, Kiwoo n'avait pas pu intégrer la section dont il rêvait. Son ancien lui en survêtement bleu éponge dansait dans un coin de son esprit comme pour le narguer, lui rappelant ô combien le sport lui avait pourri une partie de sa scolarité. Mais Kiwoo avait grandi, il avait mûri et le travail était le travail. Il était capable de faire la part des choses et, même s'il détestait par-dessus tout se déplacer pour interviewer des sportifs ou assister à des matchs qu'il n'aurait jamais eu l'idée d'aller voir dans d'autres circonstances, il agissait toujours avec un professionnalisme impressionnant et irréprochable. Bien qu'il soit quelquefois un peu bourru dans sa manière d'interroger les athlètes qu'il rencontrait, ses articles étaient clairs, nets et précis. Il maniait les mots avec simplicité et facilité, et cela lui valait bien souvent les félicitations de son patron.
— Encore un article qui s'annonce excellent Yoo ! La voiture vous attend sur le parking.
Le jeune homme força un sourire quand monsieur Lee, son supérieur, passa à côté de son espace de travail en lui tapotant l'épaule d'une façon amicale. Kiwoo espérait seulement qu'il s'éloigne de lui le plus vite possible afin de finir de préparer ses dernières affaires. Mais il en avait décidé autrement. L'homme d'une quarantaine d'années aux cheveux poivre et sel se pencha dans sa direction pour lui chuchoter :
— Vous savez pourquoi je vous envoie là-bas ?
Kiwoo secoua simplement la tête de gauche à droite.
— Parce que vous êtes mon meilleur rédacteur dans cette rubrique. Vous, vous savez quand et comment poser les bonnes questions. Puis vous n'avez pas trop d'états d'âme, vous n'avez pas peur.
— Je fais juste mon travail, Monsieur.
Il donna une tape beaucoup plus forte que les précédentes, un rire extravagant et faux s'échappa de sa gorge. Comme il était venu, il repartit, laissant Kiwoo soulagé de le voir enfin lui foutre la paix.
— Bref ! Je compte sur vous Yoo ! Vous êtes le roi du sport !
L'homme leva les deux pouces en l'air comme il l'aurait fait avec un de ses amis proches pour ensuite tourner les talons d'une façon exagérée. Le roi du sport, il était bien loin du compte ! Kiwoo avait l'habitude de ce genre de scène loufoque, et il ne pouvait que les supporter sans rien dire. Il attendit que monsieur Lee soit occupé à saluer un collègue juste à côté pour épousseter discrètement sa chemise blanche d'un vif frottement de main. Cet homme, en plus d'être un peu trop tactile pour lui, était le profil type du boss tapageur. Il faisait suffisamment de bruit pour que l'ensemble des bureaux sache qu'il était présent. Il était en effet persuadé que le fait de crier lui donnait un air cool et que cela démontrait ses compétences en gestion du personnel. La plupart des employés ne disaient rien, ils se contentaient de sourire pour les plus intimidés, ou bien d'entrer dans son jeu hypocrite pour ceux qui voulaient absolument se faire bien voir. Mais Kiwoo avait un peu de mal à faire semblant, le comportement du quarantenaire le gênait plus qu'autre chose.
Paré de sa sacoche du parfait petit journaliste, Kiwoo traversa l'open-space d'un pas décidé, les talons de ses brogues couleur camel marquant le rythme. Pour un « nouveau », il avait la chance d'avoir un des meilleurs emplacements, un bureau situé non loin de la baie vitrée qui lui donnait une vue imprenable sur la capitale sud-coréenne, ses buildings et son célèbre fleuve Han. Kiwoo adorait ce lieu dans lequel résonnaient les bruits des claviers d'ordinateur qu'on martelait à longueur de journée. C'était son quotidien de rédacteur avec parfois ses inconvénients, mais également ses avantages.
Il trouva rapidement la Hyundai i40 à la carrosserie noire luisante dans le parking souterrain et s'installa au volant. Après toutes les vérifications faites — car Kiwoo n'était jamais trop prudent —, il entra l'adresse du dojang où il devait se rendre dans l'ordinateur de bord et lança sa playlist grâce à son téléphone qu'il avait connecté au véhicule. Avec Ed Sheeran pour l'accompagner, le trajet et les sempiternels embouteillages lui sembleraient un peu moins barbants. Il ne manquait plus qu'il arrive déjà tendu à cette conférence de presse et Dieu savait ce qu'il pourrait encore poser comme question incommodante. Non, c'était du sérieux, il devait rester calme, ne pas s'énerver au volant et se concentrer sur la mélodie de Happier qui avait le don de l'apaiser bien qu'elle lui fasse un peu trop penser à une histoire qui s'était terminée récemment. Kiwoo n'avait pas apprécié qu'on lui impose de choisir entre son travail et ses sentiments. Quelle personne censée laisserait tomber sa carrière pour un couple ? En fait, la véritable question était plutôt : quel genre de fille serait assez tordue pour demander à son compagnon de mettre de côté sa vie professionnelle juste pour s'occuper d'elle ? Kiwoo avait la réponse : Cha Hayun, qui était désormais reléguée au statut d'ex à ne surtout plus jamais recontacter sous aucun prétexte. Aucun.
Comme un robot, le jeune journaliste suivait les instructions du GPS qui l'avait amené sans trop d'encombres à son point de rendez-vous. Il s'engouffra dans un parking gardé, ne cherchant pas à passer plus de temps à tourner dans les rues pour trouver une place libre. Kiwoo n'avait pas une minute à perdre s'il voulait être à un bon rang durant la conférence de presse.
Ce matin, il allait assister au retrait temporaire d'un grand espoir du taekwondo qui s'était blessé à l'épaule. Un bête concours de circonstances, un mauvais échauffement et voici qu'il se retrouvait en convalescence pour trois mois, forcé de se retirer d'une compétition régionale. Kiwoo avait simplement quelques indications, son nom, la raison de cette conférence et... c'était tout. Ce certain Shin Hosung était inconnu au bataillon pour lui. Il n'aurait même pas été capable de le reconnaître s'il l'avait croisé par hasard dans la rue. C'était pour dire à quel point il ne s'intéressait pas au sport même si cela faisait partie intégrante de son métier. Et avec tout le travail qu'il avait en ce moment, il n'avait pas eu cinq minutes pour consulter internet afin de faire un minimum de recherches. Il allait improviser. C'était un pro de l'improvisation après tout.
Dans le rétroviseur intérieur du véhicule, Kiwoo vérifia le col de sa chemise et replaça les lunettes aviateur en métal doré sur son nez. Il n'avait plus vraiment besoin de cet accessoire puisqu'il portait désormais des lentilles, mais il apportait un intérêt tout particulier à son style. Il enfila sa veste et, sacoche à l'épaule, quitta la berline. La conférence donnée par Shin Hosung se tenait dans le dojang du club où il s'entraînait. Le bâtiment ne payait pas de mine ; une construction en briques rouges avec de petites fenêtres rectangulaires qui se trouvait dans une rue aux abords d'Insadong, un quartier traditionnel réputé pour ses galeries d'art, ses souvenirs et ses restaurants. Autrement dit, le berceau de la culture artistique coréenne. Cela faisait bien une éternité que Kiwoo ne s'y était pas rendu.
À l'entrée, il tendit le badge qu'il arborait comme une médaille pour attester de son appartenance à la presse, et celui qui faisait office de vigile lui intima d'entrer. D'un regard vif, il balaya la salle qui était plus remplie qu'il ne l'avait imaginé. Beaucoup de confrères d'autres journaux et chaines télévisées s'étaient donné rendez-vous. Il commençait à croire que le taekwondoiste était peut-être une figure célèbre, et par célèbre, il entendait : qui avait remporté de vrais prix, qui faisait du sport sa carrière, pas une personne lambda qui participait à des tournois juste pour le divertissement. Enfin, faire carrière dans le sport était un concept un peu fantasque pour le journaliste. Mais c'était purement subjectif.
Il s'installa au premier rang, son petit sac en cuir posé sur les genoux comme l'écolier modèle qu'il avait été durant toute sa scolarité. Il en sortit une pochette de matière similaire qui se dépliait complètement pour donner accès à un calepin. Un stylo était glissé dans un anneau en tissu. Il ajouta à cela le dictaphone qui le suivait depuis ses débuts au Maeil, un appareil fidèle qui avait enregistré des dizaines, non, des centaines d'interviews et conférences. Il devait sûrement être aussi épuisé que lui à force d'entendre parler de sport.
Les autres représentants médiatiques s'entassèrent dans la salle qui n'était pas du tout prévue pour recevoir autant de personnes. Certains avaient même dû rester debout au fond. Pour ça, Kiwoo pouvait se réjouir d'être plus ponctuel qu'il ne le fallait.
Il avait enfin lâché son sac pour croiser les jambes. Il balança son pied dans les airs tout en observant la table devant lui où de nombreux microphones qui portaient les logos de ses concurrents avaient été fixés. Il commença à s'impatienter, les minutes défilaient et toujours pas de signe de vie du taekwondoiste. Tous pareils, pensa Kiwoo. Comme des rockstars, les sportifs se faisaient désirer. Bientôt, il aurait fallu les encourager. Jamais ils ne débutaient une conférence à l'heure, et pour Kiwoo qui était tatillon sur les horaires, cela l'agaçait vraiment. C'était un des autres aspects pénibles de son métier. Attendre bien sagement que l'information lui tombe dans le bec. Il avait l'impression d'être pris pour un pigeon, mais que pouvait-il faire ? C'était son travail, sa passion, ce qui le faisait manger. Pourtant, il aspirait à autre chose. Il gardait toujours son rêve d'intégrer la rubrique politique dans un coin de son esprit, et il ne lâcherait jamais ses efforts jusqu'à ce que cela se réalise.
L'attention de tous les journalistes présents fut attirée par un homme qui s'avança dans la salle, une démarche humble et un petit sourire sur ses lèvres étroites. Il s'inclina presque à chaque pas qu'il fit et arriva au niveau de la table. Les flashs des appareils photo l'assaillirent alors qu'il n'avait pas encore prononcé un seul mot. Mais visiblement, il ne s'agissait pas de Shin Hosung, le sportif à interviewer, puisque l'homme ne montrait aucun signe de blessure. Il se pencha, sans s'asseoir, puis se présenta rapidement.
Kiwoo retint simplement que ce n'était pas celui qu'il attendait, alors il ne jugea pas utile d'apporter plus d'attention à ce qu'il racontait, ou à son apparence générale. Il n'avait même pas mis son dictaphone en route. Après que l'inconnu eut terminé son discours qui avait peu intéressé les trois quarts de l'auditoire, il s'installa sur un siège à droite de celui qui se trouvait à hauteur des micros. Un deuxième homme pénétra dans l'enceinte de la pièce. Taille moyenne, carrure assez imposante, cheveux noir de jais tombants sur son front. Il se tourna vers l'assemblée tout en s'inclinant, un sourire tiré et fatigué épinglé sur un visage qui avait l'air bien trop pâle. Kiwoo se demanda s'il était né ainsi, avec une peau si parfaite et brillante que même une poupée de porcelaine l'aurait enviée, ou s'il était juste malade. Quand il posa les yeux sur le bras droit de l'arrivant, aucun doute possible. Il avait devant lui le taekwondoiste dont la carrière allait peut-être brutalement s'arrêter. Quand il disait que ces personnes se nourrissaient de bien trop d'espoir, la présence de Shin ne fit que confirmer cette idée qu'il s'était fait du monde sportif. Ce dernier avait récolté une attelle, il portait un bras en écharpe et semblait tout simplement épuisé. Les cernes sous ses yeux laissaient imaginer qu'il avait très peu dormi les précédentes nuits et la maquilleuse n'avait même pas été en mesure de faire des miracles.
Ce fut ainsi que Shin Hosung entra d'emblée dans une petite case.
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