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09.


Yoongi traversa la cour en effervescence. Il fut dévié de sa trajectoire par quelques femmes portant des paniers, puis par un palefrenier pressé, avant de se faire à nouveau couper la route par deux servantes du château. Il y avait une telle agitation, un tel brouhaha de voix et de bruits du quotidien. Les odeurs se mélangeaient, les silhouettes couraient, fébriles et impossible à stopper. Désorienté, Yoongi parvint néanmoins jusqu'aux écuries, à l'autre bout de la cour, l'unique endroit qui lui un peu familier. Le baraquement des gardes, sans aucun guide pour lui montre la voie, avait été semblable à un labyrinthe. Il avait cru y tourner en rond avant de trouver la sortie par miracle, poussé par une sorte d'instinct.

La femme était là et semblait avoir attendu son retour. Cette silhouette, Yoongi était à présent capable de lui apposer un nom; Berte. Cette dernière étrillait une jument pommelée devant les stables. Aussitôt que le garçon fut à portée de voix, elle l'interpella.

« Alors ? »

Alors quoi ? avait envie de répondre Yoongi. Au même moment, il se souvint de ce qu'il venait faire ici. Il était là pour quémander auprès de Berte des explications sur son nouveau rôle. Nouveau rôle. Cela sonnait étrangement, dans sa tête. Une fracture venait de s'opérer dans sa vie, mais c'était comme si cet univers-ci lui était irréel et que le précédent n'avait jamais existé. Une renaissance qu'il n'avait pas désiré.

Yoongi s'aperçut que la femme attendait une réponse, ou du moins un signe. Un peu honteux, il s'empressa de répondre et de chasser la moindre once de bégaiement.

« Sire Jeon m'a nommé écuyer, marmonna-t-il en détournant les yeux, comme s'il relatait des faits qui ne le concernait pas directement.

– Ah ? répondit Berte, qui s'était remise à brosser la jument d'un geste rigoureux. De qui ? Sire Barras ? »

Yoongi regarda la monture très calme, puis les bras nus de Berte avant de revenir à l'encolure de l'animal. Il connaissait les bêtes et le travail manuel, mais il ne s'était jamais occupé de chevaux. Seulement de brebis et d'une mule. Il imaginait qu'il ne devait pas y avoir de grandes différences, du moins il espérait que ces animaux-ci ne demandaient pas un entretien trop particulier, si l'on attendait de lui qu'il s'y consacre tout entier.

« Non, dit-il en secouant la tête. De sire Jung. »

La femme lui jeta un regard étonné par dessus la croupe de la monture. De toute évidence, elle ne s'y attendait pas. Son visage afficha des traits qui rappelaient la contrariété, bien que le regard qu'elle adressa à Yoongi était emplie d'une forme de pitié. Elle le plaignait, c'était certain. Mais pour quoi ?

« Une bonne nouvelle pour toi, dit-elle, visiblement pour rester polie, mais on voyait bien qu'elle ne le pensait pas un seul instant. Sire Jung n'est pas très regardant auprès de son cheval, mais il met un point d'honneur sur son... allure. »

Parlait-elle toujours de la monture ? Yoongi n'était pas certain, et cette forme de satire l'incommodait. Il se tenait debout là, les bras ballants, sans savoir s'il devait répondre, faire un commentaire ou simplement se taire. Il avait le sentiment de ne pas être à sa place, pourtant c'était bien là qu'il devait être; aux écuries, avec les bêtes. Il opta pour un détachement clair; il ne désirait pas d'ennui.

« Il... enfin, sire Jung m'a dit que je devais venir vous voir, pour savoir ce que je devais faire.

– Je vois, dit-elle brièvement. Il délègue, comme d'habitude. »

Elle donna encore quelques coups de brosse, félicita la jument d'une caresse au flanc et alla ranger l'étrille dans les affaires amassées sur les étagères, accrochées à l'un des murs. S'accumulaient çà et là des fourches, des pelles en bois et un balais de riz. La paille et le foin envahissaient le sol terreux. Lorsqu'elle eut enfin les mains libres, elle s'approcha de Yoongi et se frotta les mains pour en chasser la poussière.

« Je ne me suis pas présentée tout à l'heure, affirma-t-elle. Appelle-moi Berte. Pour tout ce qui concerne de près ou de loin les chevaux, c'est avec moi que ça se passe. »

Yoongi hocha la tête machinalement. Il attendit la suite. La femme montra, en traçant un arc de cercle avec son bras rude, les boxes et les stables où les montures étaient logées. Son poing inutilisé reposait sur sa hanche large.

« Mais les véritables maîtres ici, continua Berte avec davantage de plaisir dans la voix. Ce sont les chevaux. Ah, et leurs propriétaires, aussi. »

Elle avait ajouté ces derniers mots comme si ce n'était que de futiles détails. Yoongi se garda bien d'émettre le moindre commentaire. De toute manière, il ne pouvait pas la contredire.

« Allez viens, je vais te montrer ce que tu dois faire. »

Yoongi réitéra à nouveau son hochement de tête. En apprenti modèle, il suivit Berte en silence, prêt à affronter les tâches qui l'attendaient, aussi dures soient-elles. Rien ne pouvait être pire que ce qu'il avait déjà vu en ce bas-monde.

[...]

Yoongi se retourna sur la paillasse et coucha sa tête sur le côté pour apercevoir l'entrée de la stable où il logeait. Les fourrures et les peaux ne suffisaient pas à amortir la dureté de la paille tassée, mais il s'en contenterait sans peine; il y avait pire que ça. Au moins, il était au sec et suffisamment au chaud. Au moins, il n'était pas dans la boue, sous un ciel moqueur. Il ferma les yeux.

Les chevaux étaient calmes. Yoongi le constata sans vraiment s'en rendre compte. L'un des palefreniers respirait bruyamment, un autre se retourna, faisant bruisser la paille dans le boxe d'à côté. Yoongi pouvait même deviner qu'en dehors des écuries, la cour s'était vidée et tu, et même que l'ombre d'un félin venait de passer au-dessus de sa tête, entre les poutres de la charpente. Ses paupières étaient pourtant closes. C'était une nuit sans lune.

Il lui semblait rêver tout ça, imaginer les sons qu'il croyait entendre, mais Yoongi était pourtant pleinement conscient. Son esprit était clair, à l'inverse de son corps qui lui paraissait si ankylosé, si loin; il s'y concentra tout entier, étrangement à l'écoute. Les muscles de ses bras le tiraillaient, même au repos. Ses talons souffraient et la sueur dans son dos avait séchée. Il avait suivit Berte jusqu'à ce que l'astre disparaisse derrière les murailles, que la lumière s'évanouisse et s'échappe. Étrangement, la venue du crépuscule avait adouci ses tourments, gommé une partie de sa fatigue. Plongé ainsi dans la nuit, Yoongi ressentait moins cette sensation d'être étranger, celle qu'il avait éprouvé lors de son dernier réveil. Il soupira.

Berte lui avait fait faire le tour de la basse-cour, sans jamais franchir les remparts qui menaient à l'extérieur ni la grande porte qui conduisait, quant à elle, au château. Elle lui avait montré les alentours de l'écurie; la sellerie, le tas de fumier, le puit et d'autres endroits clés qu'il devait connaître, comme l'endroit où les soldats et les domestiques du château prenaient leurs repas; une large salle à cheval entre le baraquement de la garde et les cuisines. Il y avait aussi les dortoirs, où tout ce beau monde logeait. Tous sauf les palefreniers et Yoongi, qui dormaient aux écuries, dans des stables vides et aménagées. Puis le jeune écuyer avait dû exécuter ses premières tâches; nettoyer deux boxes, où l'odeur âcre avait dégoûté le garçon sans qu'il ne s'en plaigne. Berte ne l'avait pas ménagé, malgré qu'il se soit réveillé de son inconscience le matin même. Après cela, elle l'avait emmené se restaurer pour le récompenser de ses efforts. Mais il n'avait rien pu avaler, si ce n'est un bout de pain et la bière que l'on servait aux soldats. Ces derniers étaient plutôt bavards et discutaient bruyamment. Mais les pires furent les cuisinières. L'une d'elle, Telma, une femme bien en chair mais à l'allure sympathique, l'avait pris pour cible. Elle lui avait posée mille et une questions, si bien que Yoongi n'avait pas eu le temps d'en répondre à une qu'on lui en soumettait déjà une autre. Fort heureusement, Berte avait encaissé la plus grande partie de l'interrogatoire, prétextant souvent qu'il était fatigué et enjoignant la cuisinière de ne pas assommer sa nouvelle recrue avec ses idioties. Telma ne s'en était pas vexée, au contraire. Elle avait beaucoup ri, profitant sûrement de l'ambiance enthousiaste qu'avait provoqué cette nouvelle tête. Yoongi n'avait finalement pas dit grand chose, et il en était reconnaissant. Après leur départ, nul doute que les discussions aux cuisines tournaient encore autour de lui.

Yoongi avait comme l'impression de se trouver entre deux mondes; la basse-cour était à mi-chemin entre la citadelle et la cour du château. Il ne pouvait mettre les pieds ni dans l'un, ni dans l'autre. Il était ainsi bloqué dans cet entre-deux. Ce n'était pas plus mal. Le fil de ses pensées s'éteignit en même temps que naquit quelque chose d'autre dans ses entrailles; une faim nouvelle, cette soif qu'il n'avait pas réussi à calmer depuis son réveil. Il regretta de n'avoir pas avalé grand chose tout à l'heure. Il aurait dû se forcer un peu.

Un bruit de grattement, très léger, attira l'attention de Yoongi. Il se redressa sur sa paillasse, tendit l'oreille. Le grattement persistait, là dans la nuit. Malgré l'obscurité de l'écurie, Yoongi savait à peu près d'où il venait et plus il s'y focalisait, plus il se sentait capable de localiser le son avec exactitude. Lentement, il tourna la tête. Tout accaparé qu'il était par le son, Yoongi sentit à peine ses pieds nus frôler le sol. Ses orteils cognèrent les chaussures qu'on lui avait donné, ses muscles se tendirent sans raison. Yoongi ne se rendit compte de ses gestes que lorsqu'il bondit d'un seul coup dans les ténèbres, plongea ses mains en avant dans la paille et en dénicha un rat énorme.

Le rongeur se tortillait entre les doigts serrés du garçon, dont le choc l'extirpa brusquement de son état hypnotique. Il lâcha l'animal en le jetant presque comme s'il avait été frappé par la foudre. La bête prit la fuite dans un raclement précipité. Le coeur battant, Yoongi était ahuri. Que venait-il de faire ? Il baissa les yeux sur ses mains. Elles lui apparurent très pâles malgré la pénombre. L'horreur le frappa, mais plus forte encore fut la sensation de soif inassouvie qui étreignit sa gorge et paralysa jusqu'à sa conscience. Il frotta ses paumes entre elles, entremêla nerveusement ses doigts. Il sentait encore la chaleur de la bête sur sa peau, les battements de son petit coeur, la tendresse de sa chair. Ses gencives le lançaient, comme si ses dents faisaient une poussée de croissance. Il réfléchit longuement, les muscles fébriles, incapable de raisonner.

Pourquoi n'en attrapait-il pas un autre ?

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