Un mois s'écoula « normalement », Fallacy allait tout les deux jours voir Songe, lui faire un rapport détaillé de la situation, donner des nouvelles et en rendre à Méléna...

Hélas, pas à Macabre. Le nouveau « protégé » de Malef n'avait plus une seconde à lui, il était soit à « servir » le roi, soit avec cet Evin. La mère des jumeaux se méfiait autant du mortel que de l'immortel. Ils étaient presque les seuls avec son fils ainé, elle ne supportait pas cela. Non pas qu'elle détestait Evin comme ça, du premier regard, elle se méfiait de lui à cause des circonstances... celui qui avait présenté le squelette aux os blanc était un monstre manipulateur. Elle pensait que cette présence constante était un plan pour l'isoler, mieux le manipuler et, ceux, malgré les explications de son fils. Macabre lui avait dit que c'était lui qui avait demandé à Evin de ne jamais le quitter, qu'il ne pouvait pas être au service de Malef puisque c'était le jeune vampire qui l'avait libéré... en vain. C'était la mère inquiète qui parlait, elle avait peur pour son fils, chose compréhensible. Mais le squelette aux os noir maitrisait la situation...

Ou presque.

Le mortel était toujours avec le vampire, le surveillant, malgré lui, de près. Il ne voulait pas le surveiller, il ne voulait que lui rendre service et lui obéir en restant proche... chose qui était loin de lui déplaire. Macabre était si gentil... et son sourire. A chaque fois qu'il tournait la tête vers Evin, il lui souriait. Le squelette aux tâches de naissance se colorait systématiquement, souriant de façon béat... il était littéralement sous le charme.

Son beau sauveur... il pourrait se noyer dans son regard si doux, si tendre... le plus beau était que ce sourire, cette gentillesse, elle n'était que pour lui, il n'était que doux comme cela avec sa mère, il disait aussi qu'il l'était avec son frère. Mais cette tendresse était toute particulière pour le mortel... peut-être l'âme du vampire accélérait aussi à chaque fois que leurs regards se croisaient ? Ce serait un rêve...

Oui...

Evin était tombé amoureux de Macabre... dès le premier regard. Et, ce mois passé à ses cotés n'avaient fait que renforcé cette émotion si puissante. Mais aussi naitre en lui une inquiétude terrible. Après un mois passé à son contact, le mortel constata que Malef forçait beaucoup Macabre. Il le forçait à le suivre toute la nuit, le forçant à l'écouter... bon sang, ce qu'il parlait ! Seul un vampire pouvait parler avec un tel débit... il ne devait pas respirer. Ce qui inquiétait surtout Evin, en dehors des âneries répété par ce roi clairement imbécile, était le fait qu'il forçait Macabre à boire du sang.
Beaucoup.

De part ses origines, il savait ce qu'était un assoiffé, il savait que l'abus de sang pouvait rendre un vampire fou... le transformer en une créature monstrueusement affamé, incapable de retenir l'envie de mordre... une faim dévorante de mort. Même si Macabre semblait calme, tranquille, capable de se retenir, de se limiter même aux verres de sang, le squelette aux os blancs lui en parla, une fois seul. A l'aube, peu avant d'aller se coucher, Macabre allait saluer sa mère, laissant Evin devant la porte quelques minutes. Le mortel veillait à ne jamais entendre quoi que ce soit malgré lui, cela ne se faisait pas d'écouter au porte.
Ce serait une trahison impardonnable et il ne voulait rien faire pour énerver ou, ne serais-ce qu'ennuyer, Macabre... il ne voulait pas le perdre avant même de lui avoir parlé de ses émotions. Pas tout de suite. Il ne pouvait pas lui dire tout de suite. Cela ne faisait qu'un mois... il le prendrait pour un fou... ou, juste, lui dirait que c'est lié au sauvetage pour une raison qui lui échapperait surement.
Une fois le vampire de retour à ses côtés, Evin prit une profonde inspiration... ça, il devait lui dire, il devait le prévenir... le mettre en garde contre cet abus de sang. Après tout, le squelette aux os noir se méfiait comme de Malef comme de la peste.

« -Macabre ? Je... je peux vous parler ?

-Bien sur, je t'écoute Evin ? »
Ce sourire...

Ce sourire incroyable... il en oubliait presque ce qu'il voulait dire.
Mais non ! Il fallait resté concentré.

« -Je... je voulais vous parler de... votre consommation de sang... » tout bas, honteux...

« -Oh... je vois ce que tu veux dire. » il l'invita à entrer dans sa chambre.

« -Parlons en en privé, veux-tu ?

-Bien sur. » il entra... coloré...

Macabre ferma la porte, l'invitant à s'assoir sur un fauteuil.

La pièce était de taille moyenne, plutôt sombre, il y avait beaucoup de noir mais les meubles étaient confortable et imposant... il y avait cette impression de nid, confortable, douillet même. Et ce grand lit, couvert de coussins, de plaide, de couettes, tout était fait ici pour le repos. Il y avait aussi, derrière Evin, un mur entier de livres. Impressionnant.

« -Je vois ce que tu veux dire. Je bois beaucoup en se moment mais, je te rassure, c'est... temporaire.

-C'est... à dire ?

-Je ne bois pas autant... juste parce que Malef me force et que, pour l'instant, je ne peux lui dire non.

-Je... je suis inquiet. J'ai peur pour vous... je ne veux pas que vous deveniez un assoiffé. »
Il lui prit doucement les mains, s'installant près de lui...

« -Merci Evin. Mais ne t'ne fait pas, pour être un assoiffé, il faut un facteur génétique. J'en ai parlé avec ma mère, personne dans sa famille n'était un assoiffé.

-Mais... et celle de votre père ? » demanda, un peu rassuré par la douceur de son « maitre ».

« -Rien que ma mère ne sache. Mon père, dans tout les cas n'en était pas un.

-Je... je vois... » il sourit, un peu gêné.

« -Heureusement que vous m'aviez appris ce que voulait dire génétique... autrement, j'aurais eut l'air bête.

-Tu n'as jamais l'air bête, Evin. Tu apprend vite, tu es très intelligent. Et, surtout, tu t'intéresse à tout sans être d'une curiosité maladive. C'est une immense qualité. »

Il se colora de plus belle.

« -Merci... vous êtes si gentil avec moi... »

Le vampire lui caressa la joue, sentant la tristesse dans sa voix.

« -Evin ? Si... tu me tutoyais aussi ? Je veux dire, tu n'es pas mon servant, c'est injuste que je te tutoie et que tu ne le fasse pas. » essayant de changer de sujet, sentant que les larmes montait chez l'autre.

Le mortel n'avait pas eut une vie facile, être différent était pénible, non pas à cause de la différence mais à cause du comportement des autres.
Evin n'était pas en faute, c'était les autres les responsables... mais c'était lui qui en payait le prix fort.
Qui souffrait... sans raison. Juste sous prétexte qu'il fallait faire comme la majorité.

En lui disant cela, il voulait lui faire comprendre qu'ils étaient sur un même pied d'égalité... qu'il fera tout pour que ce squelette, si... soucieux des autres et de leurs bien être, si amusant, prévenant, souriant, fort, soit toujours bien. Oui, Evin était fort. Il avait supporté, était resté déterminé, avait gardé son opinion.

Macabre était admiratif.

« -M... merci Macabre. » il avait compris.

« -Merci beaucoup pour ta gentillesse.

-Merci beaucoup de prendre soin de moi. » il sourit.

« -J'ai une idée, tu vas me surveiller et, si tu vois que je bois vraiment beaucoup trop de sang, va prévenir ma mère, d'accord ?

-D'accord. »

Ils restèrent comme cela un moment, se regardant dans les yeux... incapable de se détacher de l'autre... mais peut être aussi trop timide ou maladroit pour exprimer ses émotions.

Malef sourit.
Lui n'avait pas les mêmes sens moraux que le mortel, il n'hésitait pas à écouter aux portes. Son plan se déroulait comme prévue, même mieux. Si le couple d'amoureux ne comprenait pas les émotions de l'autre, le roi les avaient bien capté.
Et il comptait bien les exploiter.

Surtout que, lui, savait une chose que même Méléna ignorait, quelque chose qui faisait si honte à Cyrano qu'il ne le dit à personne... sauf à son « meilleur ami ».
Son père et sa mère étaient des assoiffés, ils se sont même entre-tué quand, le pauvre, n'avait que vingt-quatre ans. Il avait même dit que, dans sa famille, c'était vers seize ans que le gout du sang montait à la tête.

Et Macabre avait justement seize ans.

Le lendemain, la lune venait de tomber.

Evin se leva, sortit de la chambre une fois prêt et alla attendre Macabre devant la sienne. Les deux pièces étaient toute proche, il n'y avait peut-être que quatre ou cinq mètres entre les deux portes. Fallacy sortit de sa chambre, saluant le mortel, il lui dit :

« -Bonsoir Evin, pourriez vous informer Macabre que je sors et que, à mon retour je souhaiterais lui parler ?

-Bien sur sir Fallacy. Dans combien de temps ?

-Il le sait, s'il demande, dite que c'est ma sortit habituel.

-Très bien. » souriant, le jeune squelette blanc n'était pas indiscret, posant juste ce qu'il fallait comme question.

L'ancien prince ne partageait pas le même avis sur lui que Méléna. Non, il l'aimait bien... et il voyait le regard de Macabre. Son ancien rival était amoureux... très amoureux même. Fallacy pensait même qu'ils formeraient un couple adorable.

« -Merci, je vous souhaite une agréable nuit.

-A vous aussi. » le vampire aux marques bleu le laissa...

Mais il n'eut pas le temps de s'éloigner qu'un cris retentit.

Il se tourna...

Et vit un personnage en uniforme, masqué, poignardé Evin dans le dos et s'enfuir. Sans réfléchir, le jeune se précipita, attrapant le pauvre mortel blessé...

Macabre, alerté par le cris arriva, voyant Fallacy avec le corps, presque mort, d'Evin dans les bras.

« -Evin ! » il repoussa Fallacy violemment, prenant celui aux marques de naissance dans les bras.

« -Evin ! Répond moi, parle... » les larmes aux orbites.

Fallacy ne savait que faire...

« -Fallacy... qu'est-ce qui c'est passé ?

-Un... un garde l'a...

-Rattrape le... je... je vais l'amener chez les médecins... » en larme, il souleva l'être meurtrie se se dépêcha.
Fallacy ne savait que faire, il ne pouvait pas laisser Macabre seul mais... il ne pouvait pas non plus laisser l'agresseur s'enfuir. En plus... il était incapable de soigner, il n'était pas Songe. Il décida alors d'obéir, de rattraper celui qui avait fait cela...

Espérant sincèrement qu'Evin s'en sortira.