Chapitre 9
Le dimanche suivant, j'étais en train de dessiner, dans ma chambre, quand on sonna à la porte. Pensant que ce devait être Anna, je me levai, descendis les escaliers et j'ouvris la porte. Je fus surprise de voir Téah sur le perron, sac sur l'épaule.
— Salut, Lana !
— Euh, salut. Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Ethan m'a demandé si je voulais passer chez lui. Ça arrive souvent, pour qu'on fasse nos devoirs ensemble, tu veux venir ?
Prise au dépourvue, je ne sus trop que répondre, mais je pensai au final que c'était une bonne idée, je ne les avais toujours pas faits, mes devoirs, et être avec des amis me motiverait peut-être. Finalement j'acceptai l'idée.
— D'accord, je vais aller chercher mes affaires, alors.
Je l'invitai à entrer et en profitai pour la présenter à mon père :
— Papa, je te présente Téah. Elle m'a proposé de passer chez Ethan, ça ne te dérange pas ?
— Enchanté. Non, vas-y, tant que tu ne rentres pas tard, la nuit tombe de plus en plus vite.
Je le remerciai d'un hochement de tête et filai dans ma chambre pour redescendre peu après, sac sur l'épaule.
— Je suis prête.
— Génial, on y va ?
Je hochai la tête, prévins mon père de mon départ et nous sortîmes.
— Est-ce que c'est loin ? Demandais-je.
— Bof, pas très, c'est à cinq minutes de chez moi, qui est à un quart d'heure de chez toi, donc en dix minutes on peut y être, je pense.
Je fus étonnée que nous habitions si proche les uns des autres, surtout après ce qu'elle m'ait dit l'avant veille. Nous arrivâmes un quart d'heure plus tard devant chez Ethan. On avait mis plus de temps car Téah m'avait proposé de passer par des endroits moins fréquentés, et je n'avais pas refusé. Elle toqua à la porte et ce fut une dame qui vint nous ouvrir.
— Tiens bonjour, Téah, comment vas-tu ? Oh, tu as amené une amie avec toi ?
— Maman, laisse les tranquilles !
Notre ami apparu derrière sa mère, qui, je remarquais à présent, avait les mêmes yeux bruns que lui.
— Salut les filles. Entrez donc.
Nous les suivîmes dans la maison. Celle-ci était plutôt du genre moderne, les sols étaient principalement en carrelage et les murs ornés d'un papier peint différent pour chaque pièce, mais plutôt harmonieux entre eux. Ethan nous emmena dans ce qui semblait être sa chambre. C'était une pièce de taille moyenne et avec une fenêtre qui était exposée de telle sorte qu'il faisait clair toute la journée. Il avait un lit mezzanine avec un bureau en dessous, une bibliothèque pleine de livres de l'autre côté et une commode surmontée d'un grand bocal avec deux poissons à l'intérieur.
— Lana, je te présente Roby et Kyle, mes confidents de toujours.
Je pouffai de rire avec Téah quand elle me chuchota à l'oreille :
— Ne fais pas attention, il est complètement gaga de ses poissons rouges, et pourtant ils sont ennuyants à mourir.
— Bon, alors, qu'est-ce qu'on a à faire pour demain ?
— De mon côté, j'ai de la physique et du français.
— Et nous ... de l'histoire, et c'est tout, je crois, dit-je.
— Faux ! On a un contrôle d'anglais de prévu !
— Ah bon ?
— Oui, le prof nous a dit d'apprendre notre cours et quand il dit ça, c'est qu'on sera noté la prochaine fois.
Sur ces mots, nous nous posâmes à plat ventre à terre, en cercle, et commençons à travailler. Après une heure à répondre aux questions sur un texte traitant de thèmes historiques plus ou moins intéressants, la mère d'Ethan vint nous voir, un plat de cookies maisons à la main.
— Ça travaille dur, à ce que je vois. Tenez, régalez-vous et reposez-vous un peu.
Nous la remerciâmes et suivîmes docilement son conseille, savourant les biscuits qui étaient absolument délicieux. Curieuse, je me risquai à demander à Ethan :
— Ta mère sait ce que tu es ?
Il parut surpris de ma question à laquelle il répondit tout de même.
— Oui, et heureusement, sinon, je ne pourrais pas m'absenter tous les soirs après les cours, elle est du genre à s'inquiéter pour pas grand-chose, même en sachant ce que je fais.
Je me souvins alors de quelque chose qui me tracassait depuis un moment :
—Je me suis souvent demandé ce qui faisait que nous étions vampire et pas d'autres. Surtout quand on sait que certains paraissent ... normaux.
— Je ne suis pas très calé en la matière, mais c'est une histoire de génétique apparemment. Je sais que ça peut sauter plusieurs générations, dans ma famille, je ne connais que mon grand-père qui l'a été. Il est mort quand j'avais 6 ans.
— Oulah, attends trente secondes, le coupa Téah. Tu ne m'as jamais dit que vous étiez mortels !
— Ben oui, les histoires d'immortalité c'est bon pour les fictions, en réalité, à part une meilleure capacité de guérison, et peut être cette soif étrange de sang, et encore, ça se discute sur ce point, nous sommes tout à fait normaux. Et puis tu ne m'as jamais posé la question alors je ne te l'ai jamais dit.
— Mais je vous croyais surpuissants, moi.
Ethan pouffa littéralement de rire devant l'expression déconfite de Téah qui venait visiblement d'apprendre quelque chose.
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Les deux premiers jours de cette deuxième semaine se passèrent très bien. Comme Ethan l'avait prévu, on avait bien eu un test en anglais et je m'en étais pas mal sortie, grâce aux révisions intensives d'Ethan qui n'avait pas voulu me lâcher avant que j'eus connu parfaitement ce qui avait été dit en cours. Pour le reste, cela restait des journées devenues banales avec mes deux amis avec qui j'appréciais passer du temps. Toutefois, s'il y avait bien une chose qui m'eut étonnée, ce fut qu'Elyss attendit le mercredi pour réapparaitre. Ce n'était pas que j'avais cherché non plus, mais bien que je susse qu'il étudiait ici aussi, je ne l'avais absolument jamais croisé dans les couloirs. Et c'était juste avant de rentrer chez moi qu'il réapparut sans que je m'y attende, une nouvelle fois.
— Coucou, tu vas bien ?
Son sourire exaspérant était de retour et je regrettais déjà mes dernières paroles de la semaine précédente.
— Bizarrement, ça va moins bien depuis cinq secondes.
J'essayais de faire transparaitre dans mes paroles ma non-envie de discuter avec lui, mais ça n'était apparemment pas son cas.
— Ça te dirait une balade cet après-midi ?
— Non, désolée, j'ai autre chose à faire.
— Cela peut peut-être attendre ?
Je n'avais pas la force de protester contre lui et cela aurait de toute façon été vain, alors je me contentai de soupirer et de faire signe que je le suivais. Il m'emmena dans la direction opposée de la dernière fois.
— Je vais te montrer un endroit que j'ai découvert il y a peu de temps, je suis sûr que ça peut te plaire.
Nous marchâmes un petit moment avant d'arriver dans une mince ruelle qui se finissait ... En un cul de sac. Passablement énervée, je lançai :
— Tu te fiches de moi, là ?
— Pas du tout, viens voir.
Il s'avança un peu plus loin et disparu tout à coup. Incrédule, je restai plantée là. Mais sa voix se fit entendre :
— Bien alors, tu viens ?
La curiosité prit le dessus sur l'incompréhension et je m'avançai, découvrant avec stupéfaction une ouverture dans le mur. Elyss m'attendant dans ce petit couloir, qui, au fur et à mesure qu'on avançait, s'élargissait et montait un peu. Lorsque nous en sortîmes, je n'en cru pas mes yeux. Nous étions sur un toit, qui formait une terrasse et qui donnait vue sur la petite forêt ou nous étions installés le vendredi précédent.
— Magnifique ! Lâchai-je sans pouvoir m'en empêcher.
Je m'avançai jusqu'au bord de la terrasse, m'appuyant à la barrière de sécurité. Elyss se posa à côté de moi.
— Je savais que ça te plairait, ne me demande pas comment, je le pensais.
Je tournai un instant la tête pour le regarder. Son visage était plus calme et son sourire doux, et je retrouvai l'Elyss que j'avais laissé sur le banc, la semaine précédente. Je songeai à quel point c'était incroyable comment il pouvait changer d'expression d'un moment à un autre. Je restai là, à contempler le paysage un moment, jusqu'à ce que le garçon aux cheveux châtain clair brise le silence qui s'était installé.
— Tu ne devais pas rentrer tôt ?
Arrachée à mes pensées, je secouai la tête.
— Si, je vais devoir y aller, d'ailleurs.
— Je te raccompagne.
Nous retournâmes par le petit couloir ainsi que la ruelle. Je m'y forçai un peu, mais je réussi finalement à sortir un mot qui exprimait vraiment ce que je pensais.
— Merci.
— Oh, mais de rien, c'est normal.
— Pas de me raccompagner, abruti !
Il ne s'offusqua visiblement pas de l'insulte et inclina la tête. Je me forçais à compléter ma phrase calmement :
— Pour m'avoir fait découvrir cet endroit.
— Ah, ça, ce n'est rien.
J'esquissai un léger sourire qui disparut bien vite. Nous étions presque arrivés chez moi quand une odeur nauséabonde se porta à mes narines. Je reconnu tout de suite de quelle origine elle pouvait être, et je m'arrêtai net, cherchant autour de moi la trace d'un vampire, qui, comme celui de la semaine précédente, serait couvert de sang, ou au moins extrêmement sale, au vu de l'odeur. Un bruit se fit entendre au-dessus de nos têtes, et lorsque je regardai en haut, je la vis.
Elle ne devait pas avoir plus que la vingtaine d'année et pourtant, son visage paraissait la trentaine. Ses vêtements étaient déchirés en tous sens et sa chevelure blonde était sale et emmêlée. Il restait même, si on y regardait bien, des traces de sang autour de sa bouche.
— Cours, Lana !
Même si la voix d'Elyss, derrière moi, se fit pressante, je ne lui obéis pas, prenant sans attendre mon arme en main et enlevant la sécurité après l'avoir chargée. J'attendis alors que le pire arrive, ce qui ne tarda pas, la femme se précipitant vers moi à une vitesse folle.
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