Chapitre 4
Ce soir-là, j'étais rentrée chez moi avec Anna qui était arrivée juste après que cet horrible garçon soit parti. Elle avait eu l'air très inquiète, sûrement parce qu'avec ce que je lui avais dit, elle avait eu peur de ce qui pourrait advenir. Heureusement, ou malheureusement, selon le point de vue, je n'avais rien fait au garçon, qui pourtant m'avait énervée au plus haut point et mise hors de moi. J'avais hésité à lui raconter ce qui s'était passé, mais j'avais gardé le silence, prétendant que j'avais senti du sang mais qu'il ne s'agissait que d'une tâche encore humide à terre, sûrement d'une personne s'étant blessée peu de temps auparavant. Je ne savais pas si elle l'avait avalé, mais elle ne m'avait pas posé plus de question, alors je lui avais simplement demandé si nous pouvions rentrer.
Une fois arrivée dans ma chambre, j'avais pris ma chaise de bureau que j'avais lancée sur mon lit, puis les coussins qui y étaient posé subirent le même sort. Le dernier que j'agrippai, je le gardai et enfonçai ma tête dedans, grognant de rage à l'intérieur de l'oreiller. Je pestais sur ce garçon que je haïssais et que j'espérais ne plus jamais croiser.
J'eus du mal à m'endormir, le soir venu, trop de pensées tournant dans ma tête, et pas seulement à cause de ce certain Elyss. Certes, il avait eu le don de m'énerver, mais je me rendais aussi compte que j'avais fait de grosses avancées, et que pourtant, j'avais immanquablement été attirée par son odeur. Et en y réfléchissant bien, je n'avais pas vu de quelconque blessure qui aurait pu expliquer ce soudain intérêt qui avait fait réagir mon instinct.
Ce fut après un moment qui me parut long que je parvins à dormir. Le lendemain, Anna arriva à la maison un peu plus tard que d'habitude, mais se justifia bien vite une fois chez moi.
— Aujourd'hui, on va faire autre chose que d'habitude, je vais t'emmener quelque part, ça va être amusant, tu verras.
Ce fut un peu méfiante, mais curieuse à la fois que je lui demandai :
— Où allons-nous ?
— Tu verras bien, je peux juste te dire qu'il n'y aura quasiment personne, alors ne t'en fais pas pour cela.
J'acceptai de l'accompagner, et elle m'invita à monter pour la première fois dans sa voiture. C'en était une assez simple, grise foncée et petite. Je m'assis côté passager, et Anna démarra bientôt.
Cela devait faire des années que je n'étais pas montée dans une voiture, mais je trouvai la sensation très agréable, d'aller vite sans effort considérable, ne pas voir, sentir et entendre distinctement l'extérieur. Je profitai du voyage et nous arrivâmes rapidement devant un grand bâtiment où Anna se gara. Nous sortîmes de la voiture et nous dirigeâmes vers l'entrée. Tout en ouvrant les portes, elle annonça :
— Bienvenue au stand de tir !
Nous étions entrées dans une grande salle où à notre gauche se trouvait un guichet avec des portillons et en face des cellules d'entrainement pour les armes à feu. L'endroit était grand et plutôt vide, ce qui avait pour conséquence de produire un énorme écho lorsqu'une balle était tirée, et ce bien qu'elles n'étaient pas nombreuses à ce moment-là.
— Bon, pour le moment, ça n'est pas le grand luxe, mais viens par ici.
Elle alla voir le guichetier et lui envoya un joyeux sourire tout en le saluant. Il lui répondit sur le même ton joyeux, puis me regardant avant de demander à celle qui était mon mentor :
— Eh bien, tu as trouvé ton apprentie ?
— Oui, je te présente Lana, c'est sa première visite.
Il s'adressa à moi, le visage amical, en hochant la tête.
— Bienvenue, j'espère que ça se passera bien pour toi. Je n'en doute pas en vérité, Anna est une des meilleures chasseuses du coin.
Je le remerciai d'une toute petite voix, à peine audible, mais il ne s'en formalisa pas. Il tendit une petite carte à Anna, qui le remercia, elle aussi. Elle me fit ensuite signe de la suivre et m'amena à une porte, un peu plus loin. Elle glissa la carte dans une fente qui émit un bip, puis la porte s'ouvrit pour déboucher sur un escalier. Nous le descendîmes pour arriver à une nouvelle porte qui s'ouvrit avec le même mécanisme.
Ce fut avec entrain qu'Anna s'exclama en me laissant passer devant :
— Et voici le bâtiment où s'entrainent les chasseurs.
Comme à l'étage du dessus, il y avait un grand stand de tir, mais pas seulement pour armes à feu. Je voyais des cibles qui devaient être utilisées pour des armes à flèches. Plus loin, il y avait aussi des mannequins, des tatamis, dans un coin de la pièce. En bref, tout ce qui pouvait être utile pour s'entrainer, avec ou sans arme, et cela m'effraya.
Anna m'emmena jusqu'à une petite pièce dans un coin du bâtiment, où étaient entreposées des armes de tous genres. Elle commença à expliquer :
— Bien, un chasseur ne se bat pas à mains nues, enfin, sauf quand il est vraiment sûr de lui et très doué. Alors nous avons des armes assez spéciales pour nous occuper des dégénérescents. Il te faudra en choisir une, ou plusieurs, ça peut arriver. Elle te servira tout au long de tes missions, alors il faudra que tu trouves celle qui te convienne le mieux.
Elle s'approcha de fusils et de pistolet et les montra de la main.
— Ici, tu as les armes à feu. Pratiques à distance, mais il faut savoir viser et je peux te dire qu'un vampire affamé et en colère, il bouge vite. Quoiqu'en vérité ça sera difficile avec n'importe quelle arme, alors ne prend pas trop ça en compte. Ensuite, tu as les armes blanches. Couteaux, haches, épées, tout dépend de tes préférences. Personnellement, j'ai choisi l'épée, certains disent que c'est long et difficile à manier, mais c'est une question d'habitude. Et puis il y a les arcs, peu utilisés, parce que la portée est courte, et viser est encore plus dur qu'avec les pistolets, et en plus, ce truc est impossible à prendre en main. A la limite, l'arbalète est mieux, mais lourde et longue à recharger.
Elle fit un geste de la main, m'invitant à choisir.
— J'aimerais tenter un peu de tout, c'est possible ?
Elle accepta et elle prit une ou deux armes de chaque avec mon aide, puis nous allâmes sur les terrains pour essayer un peu de tout. Je commençai avec l'arc, histoire d'être fixée. Comme Anna l'avait dit, c'était compliqué de trouver une position afin de bien le tenir. Je fus tentée de prendre l'arbalète, mais j'arrivais à peine à la porter alors j'abandonnai sans plus essayer. J'essayai vite fait quelques couteaux, mais je ne me montrai pas très douée, puisque je m'y coupai un doigt en essayant d'esquisser quelques mouvements. Pour la hache, je refusai catégoriquement, et l'épée me semblait aussi dure à contrôler que l'arc alors je ne m'y essayai même pas.
Je commençai ensuite à essayer de tester les armes à feu en main. Je pris d'abord un fusil d'assaut, mais j'eus du mal à juste tenter de viser à cause du poids, trop lourd pour moi. J'en essayai des à chaque fois plus grandes, ou plus petites et trouvai bientôt une arme qui me semblais adaptée. Un pistolet en somme assez banal, mais avec un viseur un peu plus grand que la moyenne ce qui rendait la visée plus compliquée. Avec cette arme, j'arrivai pourtant à toucher la cible quand je commençai à tirer avec, sous les recommandations et la surveillance étroite d'Anna, bien que ce ne soit pas en plein milieu.
J'observai un peu plus attentivement le pistolet d'une vingtaine de centimètres à peine, puis annonçai :
— Je crois que celui-là ira très bien.
Anna hocha la tête, souriante, et me répondit :
— Si tu te sens bien avec, je n'y vois aucun inconvénient. Moi je ne suis pas à l'aise avec les armes à feu, je préfère le combat rapproché et plus silencieux.
Elle alla chercher quelque chose dans un carton de la salle des armes et revint vers moi en me montrant une boite avec à l'intérieur des balles convenant au pistolet que j'avais choisi. Elle expliqua ensuite :
— Des balles normales ne suffisent pas à tuer un vampire dégénérescent. Ils sont bien plus résistants que des humains et des vampires normaux, car leurs cellules se multiplient très vite de par l'apport de sang. Les munitions utilisées en mission ont pour effet de véhiculer un sédatif qui endort la personne touchée, qui est absorbée par la peau quand la balle est introduite dans l'organisme. Pour ce qui est des pointes de flèches, épées et autres armes blanches, les lames sont faites d'un métal qui a été mélangé à ce même sédatif, l'effet est permanent, et il n'est pas rare qu'un Chasseur se coupe sans faire exprès. Et sans vouloir te mentir ça m'est déjà arrivé une fois. En entrainement, toutefois, nous utilisons des armes normales qui ne contiennent pas ce sédatif.
Après toutes ces longues, mais intéressantes explications, nous passâmes le reste de la matinée à nous entrainer au tir. Vers midi, j'avais réussi à prendre la main et j'arrivais à toucher les cibles de façon correcte. Pour me féliciter, Anna me montra son arme personnelle d'entrainement. C'était une épée plutôt longue avec une lame d'une largeur d'une dizaine de centimètres à peine, elle était assez légère à porter, mais compliquée à manier.
Anna me reconduisit un peu plus tard chez moi, mais mon père voulu l'inviter à manger, ce qu'elle ne refusa pas. Je fus contente de passer un repas avec elle, et elle me posa plus de questions sur moi, et inversement, bien qu'elle ne fût pas très bavarde quant à son propre passé. Cependant, alors qu'un silence arriva, elle prit la parole.
— Lana, je trouve que tu as fait beaucoup d'effort, ces temps-ci, et qu'ils ont vraiment payés. Tu n'as plus peur d'être en présence de personne, n'est-ce pas ?
Je lui lançai un regard curieux mais assez sceptique. En effet, j'arrivais maintenant à marcher dans la rue tête haute, mon envie d'attaquer tout le monde était toujours présente, mais je me contrôlais à peu près et parvenais à l'oublier, bien qu'il y eût encore des fois où je me raccrochais à Anna. Celle-ci dû prendre mon silence pour une affirmation, car elle continua :
— Je me disais que, peut-être, tu pourrais t'inscrire dans une école spéciale pour les gens comme toi. Je veux dire, de jeunes vampires qui se sentaient différents et qui ont préféré faires leurs études à part, tout en allant à l'école.
Je n'eus pas trop le temps de répondre, mon père le fit à ma place :
— Ça pourrait être une bonne idée, ma chérie. Tu es plus ouverte depuis que tu sors, te faire des amis et reprendre l'école serait génial, non ?
Je grommelai. Apprendre à chasser des vampires tueurs, c'était une chose, mais prendre des cours avec d'autres gens vampires ou pas, c'en était une autre.
Après maints et maints encouragements de la part d'Anna et mon père, je finis par céder, et Anna m'annonça que je pourrais commencer le lundi suivant, c'est-à-dire trois jours plus tard.
En me couchant, ce soir-là, je pensai à la possibilité de me faire des amis, ce que je rejetai aussitôt. Comment une fille aussi peu sociale que moi pouvait-elle se faire des amis?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro