Chapitre 35
C'était notre dernière journée complète à la montagne, et tout le monde au chalet le ressentait, personne ne rechignant à se lever tôt, et comme les autres, j'avais hâte de profiter une dernière fois des pistes de ski. Nous avions passé la soirée de la veille à planifier ce que nous allions faire et chacun avait pu y demander ce qu'il voulait, pour ma part, je voulais tenter une piste avec des bosses, ce que nous avions très peu fait, au final. Sarah, qui ne travaillait pas en ce jeudi, accepta de nous accompagner avec grand plaisir, d'après elle, et on apprécia que notre hôtesse si gentille soit avec nous. Nous arrivâmes à l'heure d'ouverture du domaine, pour pouvoir skier autant qu'on le voulait et nous montâmes rapidement en télécabine, puis ce fut avec impatience que nous attendîmes d'être en haut. Même Elyss et Iléa, qui avaient pourtant encore du mal, étaient pressés d'arriver. Quoique c'était peut-être aussi parce qu'ils n'aimaient toujours pas prendre la télécabine, trop loin du sol, selon eux.
Une fois arrivés, nous primes sans hésiter la première piste au programme, une bleue, afin de s'échauffer et se remettre en conditions. Au fur et à mesure de la matinée, nous enchainions les bleues et les rouges, entrecoupées de vertes, parfois, mais aussi de téléskis et de télésièges. A l'issue de la matinée, soit vers midi, Sarah, qui n'avait été là que la première fois, nous félicita de nos énormes progrès, en l'espace d'une semaine. Après une nouvelle montée en télésièges, nous nous arrêtâmes pour pique-niquer, sous un grand soleil. Ce fut un moment convivial et tout le monde était de bonne humeur, y compris Elyss et Ethan qui s'ignoraient pourtant depuis l'avant veille, ce qui n'était peut-être pas plus mal. Et même si cela restait étrange par moment, ils arrivaient de temps en temps à échanger quelques mots sans trop de sous-entendus, à la grande satisfaction de Téah et Iléa, avec lesquelles j'avais adoré passer du temps. Je me rendais compte que même si on ne l'avait pas entendue tant que cela, ces vacances prises avec Anna si loin de là où nous vivions, nous avaient aussi rapprochées. A un moment, après que l'on eut fini de manger et que nous prenions un peu le soleil avant de repartir, Anna s'adressa à moi :
— J'ai comme l'impression que ce séjour t'a fait du bien, je me trompe ?
J'acquiesçai en précisant :
— Non, j'ai adoré, ce sont mes premières vraies vacances et je suis très contente de les avoir passées avec vous.
— J'ai cru comprendre, je t'ai rarement vue aussi ouverte et souriante.
Sans savoir trop que répondre je me contentai de hocher la tête à nouveau, puis, je lui dis :
— Tu sais, j'ai beaucoup aimé venir ici, mais ma maison me manque un peu, et nos entrainements aussi, c'est parfois dur, mais je crois que je m'y suis habituée.
Amusée, elle rigola :
— On s'y remettra dès notre arrivée, dans ce cas-là, il ne faudrait pas qu'on perde trop la main.
— Samedi ? Demandai-je, sérieuse.
— Mais non, je plaisantais.
— Oh.
Détournant le regard d'Anna, je me mis à fixer le ciel, d'un bleu clair uniforme dont seul deux ou trois petits nuages venaient briser la monotonie, ainsi que le soleil qui m'éblouissait quand je passais les yeux dessus. Cinq minutes plus tard, nous reprîmes tous notre matériel que nous avions disséminé un peu tout autour de nous, puis nous repartîmes de plus belle sur les pistes de ski. L'après-midi passa très vite si bien que ce n'était que quand le soleil commença à se coucher que nous nous apercevions qu'il se faisait tard. A contrecœur, nous dûmes donc redescendre afin de rentrer au chalet, sans oublier d'aller redéposer tout notre matériel à ski, et il était près de dix-neuf heures quand nous rentrâmes enfin.
La première chose que je remarquai quand je franchis la porte d'entrée, ce fut l'odeur qui parvenait de la cuisine, elle me donna l'eau à la bouche, comme si je n'avais pas mangé depuis la veille. En tout cas c'était l'impression que j'avais alors qu'on avait pourtant bien mangé à midi. Etienne nous accueilli tout sourire, tablier sur lui, cuillère en bois à la main. Il nous expliqua être en train de préparer "quelque chose dont on se souviendrait", selon ses mots.
Le temps qu'il finisse, nous nous regroupâmes à six sur les canapés, Sarah étant partie aider son copain, nous nous réchauffâmes près du feu. Me dire que c'était le dernier jour où je pouvais profiter de la chaleur si agréable d'un foyer de cheminée m'attrista un peu, c'était une sensation que j'avais apprécié à sa juste valeur. J'avais bien eu envie de m'endormir mais à peine eussé-je le temps d'y penser qu'on nous prévint que le repas était près. Nous nous mîmes à table et je découvris ce qui était au menu. Au centre de la table se tenait un plat où se trouvaient huit spatules, et partout autour, du fromage en tranche, des charcuteries et divers accompagnement préparés par nos hôtes.
— Goûtez donc à la meilleure raclette de la région !
Ethan ne se fit pas prier et pris un bon tas de fromage, de patate et de viande.
— Génial j'adore ça !
— Eh ! Tu ne vas pas tout prendre quand même, laisse-nous-en.
Téah se plaignait mais c'était sûrement pour plaisanter, puisque vu la quantité, il y en avait bien assez pour tout le monde. Moi-même je me régalai comme jamais. Si tout ne fut pas totalement fini à terme, nous avions tout de même très bien mangé et nous remerciâmes chaleureusement la cousine de Téah et Etienne qui nous avaient permis de passer une aussi bonne semaine. Nous remontions ensuite les escaliers pour retourner à notre chambre, mais avant qu'Ethan ne rentre dans la chambre qu'il occupait déjà depuis deux nuits, Téah proposa :
— Ça vous dit de dormir dans la même chambre à six, cette nuit ? Vous savez, pour profiter de notre dernière nuit ici ?
Ethan et Elyss se regardèrent, sans évidement oublier de se lancer des éclairs, mais acquiescèrent et Téah en fut contente. Nous arrivâmes ensuite afin de ramener couvertures et oreillers dans la chambre que nous les filles occupions depuis le début. Nous nous installions ensuite tous les six en cercle à terre, posés de sorte à ce que ça n'embête personne, à environ une trentaine de centimètre les uns des autres au niveau des têtes. Ethan était au milieu d'Anna et Théa, elle-même à côté d'Iléa, Elyss, lui était entre sa sœur et moi. Nous discutâmes un long moment avant que chacun ne s'endorme tour à tour, à commencer par Ethan, puis Iléa. Je ne fus pas la dernière à m'endormir pour une fois, emmitouflée dans mes couvertures, je tombai dans le sommeil assez rapidement, quasiment dans les mêmes temps qu'Anna, pendant qu'Elyss et Téah discutaient de choses dont je ne me souvenais plus par la suite.
Cela faisait déjà une dizaine de minutes que j'étais réveillée, la lumière ne pointait pas encore dans les interstices des volets, signe que le jour n'était pas encore levé et qu'il ne le serait pas avant encore un petit bout de temps. Je n'arrivai pas à me rendormir, alors je me contentai de rester ainsi, couchée, à réfléchir, me remémorer tous les bons moments passés ici, comme les moins bons. Bien qu'il n'y ait que peu de lumière, cela me suffisait pour distinguer autour de moi. À ma droite, Anna, le nez sous la couverture, sur le dos, respirait calmement, dormant profondément. A ma gauche, Elyss, tourné sur le côté, face à moi, dormait lui aussi d'un sommeil de plomb, ses cheveux légèrement décoiffés se détachant de sa silhouette. Étant face aux quelques rayons lumineux, je n'aurais pu distinguer clairement son visage si je l'avais voulu ce qui n'était évidemment pas le cas. Il était cependant replié un peu en boule, dans une posture semblable à celle dans laquelle je l'avais vu quelques jours plus tôt, sous sa forme lupine. Je ne pouvais voir mes autres amis dans la position où j'étais, mais je pouvais deviner leur présence, de par le léger ronflement d'Ethan et les petites protestations de Téah dans son sommeil, mais aussi la façon plutôt singulière qu'avait Iléa de changer de position, tapotant systématiquement et machinalement son oreiller à chaque fois. Si ça m'avait un peu gênée au début, j'avais pris l'habitude de cette particularité chez elle.
Tout en me perdant dans mes songes, je me rendormis doucement, pour me réveiller quelques heures plus tard, quasiment en même temps qu'un peu tout le monde, que le réveil que nous avions mis avant de nous coucher avait fait sortir de leur sommeil. Tous un peu endormis, mais ayant tout de même hâte de rentrer chez nous, nous nous préparâmes pour repartir refermant nos valises et les installant dans le minibus. Après un petit-déjeuner assez consistant et des au revoir à Sarah et Étienne, tout le monde monta dans la voiture, Ethan au volant.
Dans la globalité, le trajet de retour ressemblait à celui de l'aller. Elyss passa une bonne partie du temps à dormir, Téah et Iléa se racontant des tas de choses que je suivais plus ou moins, puisqu'elles me prenaient sans cesse à parti en me demandant mon avis, j'essayais donc de rester dans leurs sujets de conversation. Anna aussi se prit de temps en temps à participer aux conversations, et nous primes plaisir à écouter ses anecdotes de quand elle était adolescente. Quand elle parlait, on aurait dit qu'elle avait dix ans de plus que son âge actuel, d'après Téah. Ethan quant à lui, écoutait en nous faisant parfois part de ce qu'il pensait, la plupart du temps en nous taquinant, toutes les quatre. Tout comme Elyss, lorsqu'il se réveillait, qui aimait bien aussi s'incruster sans ménagement dans nos conversations, ce qui faisait plus rire Téah et Iléa qu'autre chose. On avait parfois aussi eu droit à quelques petites tensions entre lui et Ethan, mais rien qui ne sortait de ce qu'on avait déjà vu. Alors généralement, l'une d'entre nous se contentait de lancer un nouveau sujet pour laisser les garçons bouder dans leurs coins une dizaine de minutes.
Après plus de cinq heures et demie de route, Anna, qui conduisait, nous prévint:
— On arrive, les enfants.
Si les autres regardèrent au dehors sans réellement y faire attention, pour ma part, j'observais s'approcher les bâtiments que nous avions dépassés dans l'autre sens dix jours plus tôt, puis nous quittions l'autoroute pour prendre les routes de la ville où j'habitais. Il me fallut tout de même cinq ou six bonnes minutes pour enfin me repérer et savoir à peu près où nous étions. Nous allâmes tout d'abord déposer les deux loups chez eux, seul Ethan resta dans la voiture quand nous sortîmes les saluer. Elyss s'étira et lança :
— Et bien merci à vous c'était un bon séjour, je me suis bien amusé !
Iléa approuva d'un hochement vigoureux de tête, avant de bailler :
— C'est sûr, mais maintenant on a un tas d'heures de sommeil à rattraper.
— Ne dites pas non plus qu'on vous a épuisés, vous n'aviez pourtant pas l'air contre.
— Ah, mais je rigole, Téah.
Mes deux amies rirent toutes les deux de bon cœur, tandis qu'Elyss s'adressa à moi :
— Bon et bien, j'imagine qu'on se voit lundi ? Repose-toi bien en tout cas, tu m'as l'air fatiguée aussi.
— Peut-être, on verra bien. Et je vais très bien, merci.
Téah, Anna et moi, qui avait attendu dehors aussi, remontions ensuite dans la voiture pour aller déposer Téah et Ethan chez ce dernier. Anna et moi remerciâmes chaudement mes amis pour leur invitation avant de repartir vers chez moi, où Anna me raccompagna à la porte.
— Bon, et bien rentre bien, et profite de ton week-end. Je t'appellerais pour te dire quand on pourra se voir, autant pour un entraînement que pour discuter.
— D'accord, la salle d'entraînement me manque un peu, tu sais.
— Je sais, ne t'en fait pas on y retournera bien assez tôt, et puis nous avons encore un bon nombre de missions devant nous, je peux te l'assurer.
— Mais ça n'est pas rassurant de savoir qu'il y en a parfois moins ?
— Pas faux, mais c'est là notre boulot alors on s'ennuierait un peu sans ça, non?
Je hochai la tête puis la saluai avant de rentrer. Mon père m'accueillit avec un grand sourire :
— Coucou ma grande, alors ces vacances ?
— Bien, on s'est beaucoup amusés.
— Si tout s'est bien passé alors tout va pour le mieux, je suis heureux pour toi.
J'allai l'étreindre en lui disant :
— Tu m'as manqué, Papa, la maison m'a manqué, mais c'était bien quand même, j'ai bien aimé passer du temps avec mes amis.
— Oh, tu m'as manqué aussi, la maison est drôlement vide sans toi, je me suis ennuyé.
— N'exagère pas.
— Oh, si je t'assure.
Je lui lançai un léger sourire, puis je montai dans ma chambre ranger mes affaires, et je m'affalai ensuite dans mon lit, rappelant toutes ces bonnes sensations que je ressentais quand j'étais chez moi, si familières et rassurantes. Pas si fatiguée que ça, j'entrepris de faire un peu de rangement dans ma chambre, qui n'était pourtant pas si dérangée que ça, et j'ouvris même un peu la fenêtre pour aérer, bien que je sache que mon père l'aurait fait une journée ou deux pendant mon absence. Je pris ensuite mes deux armes que j'avais posées sur mon bureau et commençai à les nettoyer, ce que je n'avais pas fait depuis mon départ. Une fois tout ceci fait, je sortis mes feuilles et mes outils de dessins et me consacrai un peu à mon passe-temps favori, et ce jusqu'à ce que je trouve le sommeil, avant même d'aller dîner, entourée par mes crayons et mes feuilles.
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Hello!
Fin des vacances pour mes p'tits bout, et bientôt le début de la fin :3
Ca passe a une vitesse \0/.
En espérant que vous avez apprécié :3
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