Chapitre 33
Une fois les deux intrus partis, Ethan, d'une humeur massacrante conduisit Téah jusqu'à l'intérieur du chalet. Elle rentra en bougonnant et s'assit, les bras croisés et l'humeur maussade, sur le canapé. Elyss fut le dernier à rentrer après s'être assuré qu'Ephyr et Alky étaient bien partis, il se dirigea sans s'arrêter vers sa chambre, non sans avoir jeté un coup d'œil à Téah, qui le fixa jusqu'à ce qu'il disparût. Une fois que le loup fut parti, Téah nous regarda chacun notre tour et demanda :
— Alors, explications ?
Ethan, Iléa, Anna et moi nous regardâmes, pas pressés de devoir avouer à Téah que nous lui cachions la présence de deux loups parmi nous depuis un long moment. Iléa vint s'asseoir à côté d'elle, sans toutefois s'approcher trop près, et Ethan s'installa de l'autre côté et lui passa un bras autour du cou. Téah fixa Iléa et soupira.
— J'imagine que toi aussi tu n'es pas totalement humaine, pas vrai ?
Elle avait changé de ton, de sec il était passé à de l'exaspération, même si on voyait à son visage qu'elle était vexée. Iléa fit la grimace et s'excusa, tête baissée. Nouveau soupir de Téah et nouvelle question adressée à la louve :
— Vous êtes quoi, en fait, des loups-garous ?
— Ce n'est pas vraiment le nom qu'on se donne entre nous, mais dans la globalité c'est ça.
Pour essayer de la rassurer, Ethan lança :
— Tu sais, même si j'avais de très gros doutes, je ne l'ai pas su il y a longtemps, pour ces deux-là. Un peu avant Lana, je dirais.
Elle s'adressa à moi :
— Tu le sais depuis longtemps ?
— Pas vraiment. Et je t'avoue que j'aurais aimé l'apprendre dans d'autres circonstances.
Et devant le regard interrogateur de Téah, je fus obligée de préciser un peu :
— Disons que si Elyss n'avais pas été là, je crois que je ne serais pas là à l'heure qu'il est, même si Ethan était là lui aussi.
Ethan grommela mais ne protesta pas, ce qui m'étonnait un peu, le connaissant. Au même moment, le loup en question descendait les escaliers, fraîchement changé, il s'exclama, sarcastique :
— Content de te voir admettre au moins ça.
— Je n'admets rien du tout, ne prends pas tes rêves pour des réalités.
— Oh, ça expliquerait pourquoi on ne peut pas vous laisser à deux sans que vous ne vous disputiez ...
Téah avait sûrement dit ça pour elle-même mais tout le monde l'avait entendue, et les deux concernés se regardèrent avant de détourner violement le regard et qu'Ethan s'exclama :
— Je t'aurais bien dit que oui, mais franchement, même s'il n'était pas un de ces fichus loups, je crois que je ne l'en aimerais pas plus !
— C'est réciproque, je te rassure.
Anna, qui n'avait rien dit jusqu'ici se montra légèrement fâchée et gronda doucement sur les deux garçons :
— Taisez-vous un peu, vous deux, vous commencez à nous casser les pieds, avec vos disputes. D'accord, je n'ai pas non plus très confiance en eux, mais jusqu'ici, tout va bien et je fais avec, alors tu devrais en faire autant, Ethan.
Elle avait pris son ton de quand elle en avait marre que je rate mes cibles, celui qu'elle prenait en tant que mentor et aînée. Les deux garçons se turent, mais continuaient de se regarder avec mépris. Là-dessus, Téah s'adressa à son copain, puisse tourna vers nous.
— Pourquoi vous ne m'avez rien dit ? Je suis pourtant au courant pour les vampires, alors deux ou trois loups en plus, qu'est-ce que ça change ?
Elle était visiblement déçue de ne pas avoir été dans la confidence, et ça pouvait se comprendre. Le seul en mesure de répondre, c'était Ethan, parce que, sincèrement, si ça ne tenait qu'à moi, elle le saurait depuis longtemps. Ce fut donc à lui de fournir les explications.
— Désolé, je sais que tu nous en veux, mais savoir déjà pour nous te place déjà dans une situation assez inconfortable, mais comme on se connaît depuis longtemps, c'est toléré, de même pour la famille. Ceux qui décident par chez nous ne sont pas vraiment pour que les humains soient au courant, ils préfèrent garder le secret. Je t'en avais déjà vaguement parlé, mais sans entrer dans le détail.
— Oui, je peux comprendre ...
— Enfin, c'était déjà assez compliqué je ne voulais pas te rajouter le poids de la connaissance de l'existence de ces bestioles. On ne sait pas ce qu'elles pourraient faire pour que tu gardes le silence.
— Qui est-ce que tu traites de bestioles ?
— A ton avis ? Qui d'autre ici ressemble le plus à un animal ?
— On est peut-être à demi-loups, mais nous au moins, on ne doit pas empêcher nos congénères d'aller s'en prendre à des gens.
Elyss plissa les yeux, son regard planté dans celui d'Ethan, qui lui renvoya la politesse du regard noir. Ce n'était pas la première fois qu'ils se jaugeaient ainsi du regard, mais j'avais rarement vu les yeux, d'habitude si chaleureux et joyeux d'Elyss, prendre un éclat si froid. C'était à croire qu'ils ne s'étaient jamais autant détestés, tous les deux.
— Elyss, calme-toi, tu veux ?
À la demande de sa sœur, il détourna les yeux pour les poser sur moi, sans que je sache pourquoi, alors tout ce que je trouvai à dire fut :
— Quoi ?
Ce simple mot lui fit lever les lèvres en un léger sourire et ses yeux reprirent leur allure normale. Je m'aperçus qu'il ne lui fallait vraiment pas grand-chose pour changer d'expression. A croire que la simple vue d'Ethan le mettait en rogne, et inversement. D'ailleurs celui-ci avait lui aussi détourné le regard. Au même moment, on entendit la porte s'ouvrir et un courant d'air rentrer, puis la porte se refermer, laissant apparaître Sarah, emmitouflée dans sa veste, son écharpe et ses gants. Elle se déshabilla puis se frotta les mains pour se réchauffer avant de s'exclamer :
— Bon sang qu'il fait froid ! Oh, mais vous n'avez pas allumé la cheminée ?
En se tournant vers nous, une fois les bottes enlevées, elle s'arrêta net, passant les yeux sur chacun d'entre nous.
— Eh, bien. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais ça à l'air tendu, dans ce coin-là. Tiens, Elyss, si tu nous allumais ce feu, avec Lana et ta sœur. Ethan, Téah, vous m'aidez à faire à manger ?
Je ne sais pas si elle avait fait exprès ou pas de les séparer, mais c'était de toute manière mieux pour eux, en tout cas pour le moment. Contente de s'activer à autre chose qu'aux disputes, Téah prit Ethan par le bras et l'emmena dans la cuisine pour aider Sarah. Pendant ce temps, nous allions chercher avec Elyss quelques petites buches pour mettre dans la cheminée, afin qu'Iléa puisse allumer le feu. Il faut dire qu'elle avait développé une petite passion pour le craquage d'allumette et qu'elle aimait bien les voir brûler, tout comme ses doigts qu'elle avait eux-aussi plusieurs fois brûlés de par quelques légères maladresses, sans que ça soit grave, bien heureusement. Quelques minutes après, le feu crépitait dans le foyer, laissant échapper cette douce chaleur que j'appréciais toujours de sentir. J'allai me poser à côté d'Anna, dans le canapé alors qu'elle paraissait en pleine réflexion. Curieuse, je lui demandai :
— Il y a un problème ?
Elle secoua la tête et sortit de ses pensées.
— Non pas du tout, je réfléchissais à quelque chose mais ça n'est pas important, pour le moment.
Je me laissai un peu aller à m'affaler dans le canapé, et profitai du calme ambiant, Elyss lisant ce qui lui tombait sous la main, pas loin, et Iléa ayant rejoint Téah pour faire à manger. D'ailleurs on entendait parfois Ethan grommeler, nous laissant penser qu'il resterait d'une humeur pas possible toute la soirée. Celle-ci passa d'ailleurs plutôt vite, le repas fut prêt rapidement et tout le monde voulu aller se coucher. Ethan décréta qu'il ne voulait pas voir plus de bestiole pour ce soir, selon lui, ce qui vexa Elyss, qui se retint tout de même de répliquer, et il prit la chambre non occupée. Téah le rejoignis après nous avoir lancé un regard désolé, sûrement pour le calmer un peu. Quant à Anna, elle se dirigea vers notre chambre en baillant, nous souhaitant bonne nuit, et Elyss prit le chemin de son propre lit, lui aussi pas de la meilleure humeur qui soit. Iléa et moi nous regardâmes et elle me lança :
— Vas-y.
Je clignai des yeux, sans comprendre et demandai :
— Où ça ?
— A ton avis ? Essayer de détendre cet abruti, voyons.
Elle avait soufflé mais souriait tout de même, apparemment amusée que je ne comprenne pas, et je ne voyais pas vraiment où elle voulait en venir.
— Pourquoi j'irai ? Tu peux, toi, tu es sa sœur, tu sauras t'y prendre.
— Oh, crois-moi que non, quand il décide de faire sa mauvaise tête, il peut être vraiment pénible. Aller, essaie au moins, moi je suis fatiguée, je vais me coucher.
Et sur ces mots, elle partit elle aussi rejoindre son lit alors que je me retrouvais toute seule entre le salon et le couloir, et finalement, j'eus l'impression que je n'avais pas le choix, alors qu'on ne m'obligeait à rien du tout. Du coup je me retrouvai à frapper à la porte de ce qui était censé être la chambre des garçons. N'obtenant pas de réponse, je l'entrouvris tandis qu'une voix dans ma tête m'accueillit :
"Coucou, qu'est-ce que tu fais là ?"
Je rentrai et fermai la porte, pour découvrir Elyss, sous sa forme lupine, couché sur son lit, tête relevée et oreilles pointées vers moi. Hésitante, je ne sus trop quoi répondre.
— Pour tout t'avouer, je ne sais pas vraiment pourquoi je suis ici. Ici dans ta chambre je veux dire.
Un rire retenti dans ma tête.
"Ne t'en fais pas j'avais compris."
— Euh ... Qu'est-ce que tu fais comme ça ?
Il jeta un coup d'œil à lui-même et s'exclama :
"Tu vas rire, mais je ne sais pas non plus vraiment pourquoi. Peut-être parce que c'est la forme la plus confortable pour broyer du noir ?"
— Pour quelle raison ?
Il posa la tête sur ses pattes avant et coucha ses oreilles en relevant légèrement les babines.
"Il me provoque et ça m'énerve. Il a de la chance que je me retienne, sinon ça ferait longtemps qu'il tournerait l'échine devant moi en me voyant, parce que je lui aurais montré de quel bois je me chauffe quand on me prend la tête. "
— Hum ... Si tu veux mon avis, il ne vaudrait mieux pas.
Il grogna doucement mais ne répondit rien. Puis il releva la tête en me voyant me retenir de bailler à mon tour, il lança :
"Tiens, viens te coucher par ici."
Il se releva et descendit à terre, faisant cliqueter ses griffes sur le sol. Voyant que je ne me décidais pas, il vint carrément me chercher pour me pousser doucement vers son lit. Je fini par céder à sa demande et m'asseyais dessus, puis me couchai la fatigue prenant le pas sur tout. Elyss resta sur le côté mais posa ses pattes avant sur le matelas, à côté de moi, puis y posa sa tête, les postérieurs toujours sur le sol, la queue balayant lentement le parquet. Il planta ses yeux bleus dans les miens mais ne dit rien. Je protestai :
— Je ne me suis même pas changée...
"Pas grave, je vois bien que tu tombes de fatigue."
Il soutint mon regard quelques secondes, puis baissa les yeux et releva le museau pour le rapprocher de moi, hésitant, et poser sa truffe sur mon front, entre deux mèches de cheveux. Ce contact dura à peine une seconde mais j'en profitai inconsciemment pour poser ma main sur le sommet de sa tête et le caresser doucement, entre les deux oreilles. Il ferma les yeux, appréciant l'attention et reposa sa tête sur ses pattes tandis que je continuais à lui frotter doucement le sommet du crâne. Bientôt, je ne pus plus m'empêcher de fermer les yeux et je tombai doucement dans les bras de Morphée.
Je me réveillai le lendemain de moi-même, bien reposée, ayant étrangement bien dormi par rapport aux jours précédents. Il me fallut une minute ou deux pour me souvenir pourquoi je ne dormais pas dans notre chambre avec mes amies, et je cherchai du regard l'occupant habituel du lit dans lequel j'avais dormi. Elyss, toujours sous forme de loup était roulé en boule à terre, la queue recouvrant le bout de son museau, son ventre se soulevant au rythme de sa respiration. Sans bruit, je quittai mon lit pour m'agenouiller près de lui, lui caressant doucement son pelage crème. Il tressaillit parfois mais ne se réveillait pas, continuant à dormir profondément.
J'entendis toquer à la porte puis celle-ci s'ouvrit pour laisser Téah pénétrer dans la chambre.
— Bonjour, vous êtes réveillés ?
Elle se figea en voyant le loup couché au sol puis elle s'approcha, elle aussi.
— C'est étrange. De se dire qu'il est ... Humain, habituellement.
Je hochai la tête en lui disant :
— On s'y habitue, je crois.
— Tu pense que je peux le caresser ?
— Je ne sais pas, je ne pense pas qu'il t'en voudrait si tu le faisais, et j'ai l'impression qu'il dort à point fermé.
Téah posa délicatement sa main sur le flanc d'Elyss pour le lui caresser du bout des doigts une ou deux fois. Puis elle se releva et m'annonça :
— On reste ici ce matin, on ira skier cette après-midi, alors prends ton temps.
— D'accord.
Elle me sourit et ressorti, non sans avoir jeté un coup d'œil au loup toujours endormi. Je restai moi-même encore quelques minutes le temps de refaire un peu le lit, puis je sortis pour aller me changer. Dans la chambre, il n'y avait qu'Anna, qui était sur le balcon le regard posé sur la montagne. Elle se retourna en entendant la porte s'ouvrir et me salua en me voyant.
— Bien dormi ?
J'acquiesçai d'un hochement de tête et allai fouiller dans ma valise pour chercher des vêtements pour la journée, puis j'allai prendre une douche qui me réveilla entièrement. En sortant de la salle de bain, je croisai Elyss, de nouveau sous forme humaine, fraîchement changé, ou plutôt habillé, dirais-je, qui me demanda lui aussi :
— Bonjour, tu n'as pas trop mal dormi ?
— Non, ça a été.
— Je pourrais te parler deux minutes ?
J'aurais pu refuser s'il ne s'était pas montré si sérieux, alors je le conduisis à la chambre des filles, où Anna était déjà sortie. Je rangeai mes affaires puis me tournai vers Elyss :
— Qu'y a-t-il ?
— J'aimerais savoir si tu voulais m'accompagner cette après-midi. J'aimerais aller voir la meute.
Je ne dis d'abord rien, le temps de réaliser ce qu'il me demandait, puis je répondis, un peu incrédule :
— Tu veux y retourner ?
Il laissa apparaître un sourire en répliquant :
— Tu comptes me poser la question à chaque fois ? Je sais que ça peut paraître un peu idiot après ce qu'il s'est passé hier soir, mais je ne veux pas rester là-dessus et partir en n'ayant de mauvais rapports avec la meute.
— Pourquoi est-ce que tu veux que je vienne ? C'est toi qui a refusé la première fois et ...
Il me coupa en pleine phrase :
— Je sais bien, mais maintenant ils doivent tous être au courant que des vampires traînent près de leur territoire alors si on pouvait les rassurer, ce serait une bonne chose. Alors ?
A la fois, ça me tentait de repartir dans la forêt et pourquoi pas de rencontrer d'autre loups, à la fois ça m'effrayait, sûrement parce que les deux seules fois où j'avais croisé les loups des montagnes, Elyss s'était battu avec. Finalement je hochai la tête, la curiosité prenant le dessus.
— D'accord, je viendrais. Et Iléa ?
— Si tu veux vraiment, elle peut venir mais j'aimerais qu'on n'y aille seulement à deux. Histoire de ne pas les offenser, tu vois.
Je lui fis signe que j'avais compris puis il me demanda si j'avais faim et je lui avouai qu'effectivement je commençais à avoir l'appétit qui montait. Nous descendîmes tous deux à table où tout le monde était là, y compris Sarah et Etienne. La discussion tournait autour de la journée du lendemain et quand Téah nous vit arriver elle nous sauta à demi dessus pour annoncer :
— Comme demain est notre dernier jour ici, puisqu'on repart vendredi, on aimerait se faire un grand tour des pistes en passant même sur les noires qu'on n'a pas faites, ça vous va ?
J'approuvai la décision, et Elyss aussi, même s'il n'était pas persuadé que lui et sa sœur tiendraient le rythme, mais d'après Téah, il n'y aurait pas de problèmes et nous pouvions toujours rentrer à minuit s'il le fallait, ça ne serait pas grave, pour elle, il fallait profiter du reste des vacances.
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Voila le chapitre 33, qui a failli arriver en retard :P.
Ca avance tranquillement, une fois le chap 34 sorti, il n'en restera plus que 10! Le temps passe vite :').
Merci encore a ceux qui lisent, en espérant que cette histoire plait toujours :3. A la semaine prochaine!
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