Chapitre 27
Jour du départ pour les vacances, je peinais à descendre ma valise, pourtant pas si grosse que ça, en essayant de rester sur mes jambes sans finir de descendre les escaliers sur les fesses. Mon père, qui avait dû m'entendre depuis la salle à manger, où il déjeunait, vint heureusement me porter secours. Une fois arrivée en bas, j'allais aussi m'asseoir à table où je piquai un toast à mon père.
— Enfin les vacances, alors. Tu vas bien t'amuser avec tes amis, j'en suis jaloux. N'oublie pas de me ramener un souvenir, d'accord ?
J'acquiesçai et lui souris, lui piquant au passage un nouveau toast qu'il venait de faire.
— Je n'oublierais pas, promis.
La sonnerie retentit à l'entrée et je me dépêchai d'aller ouvrir à Anna, qui me salua avec une mine radieuse et déjà coiffée de son gros bonnet en laine grise. Elle me demanda si j'étais prête et j'allai chercher ma valise dans le couloir. Elle la prit et l'amena dehors, le temps que j'enfile ma nouvelle grosse veste violette foncée, toute fraîchement acquise du week-end par Téah. A défaut de me le faire subir à moi la corvée des magasins, elle avait amené Ethan à la place.
J'allais dire au revoir à mon père, qui me souhaita de très bonnes vacances, puis je rejoignis Anna dehors, où il avait encore neigé toute la nuit. Elle était en train de ranger la valise dans le coffre d'un minibus de huit places couleur blanc qu'elle avait emprunté à un collègue chasseur. Il avait entendu parler de notre voyage à plusieurs et avait proposé de nous le prêter le temps des vacances car il n'en avait de toute façon pas l'utilité pour les jours à venir. Ce qui était plutôt bien, et nous évitait d'y aller à deux voitures. Il avait été conclu qu'entre l'aller et le retour, la conduite serait partagée entre Anna, Ethan et Iléa, et qu'Elyss, Téah et moi nous débrouillerions avec la carte en tant que copilotes, ce qui n'était pas gagné d'avance. Du coup on espérait ne pas en avoir besoin et pouvoir se débrouiller avec les panneaux.
Anna referma le coffre et m'indiqua la portière :
— Allons chercher les autres, à présent.
Je grimpai côté passager et Anna pris le volant, puis je la guidai jusque chez Ethan, où lui et Téah attendaient qu'on vienne les chercher. Ils devaient être aussi impatients que nous, puisqu'ils attendaient déjà dehors, Téah se frottant ses mains gantées et Ethan en train, sûrement, de se moquer d'elle. Anna se gara face à eux, laissant le moteur tourner pour réchauffer la voiture, la température extérieure avoisinant les moins dix degrés. Nous ne voulions pas risquer que Téah et les deux loups qui nous accompagnaient n'arrivent gelés à destination. Nous descendîmes de voiture où nous rejoignîmes mes deux amis et nous dûmes nous y mettre à deux, avec Téah, pour réussir à monter sa valise dans le coffre.
— Franchement, tu as mis quoi, là-dedans ?
— Rien de plus que le strict nécessaire.
Celle d'Ethan parut plus facile à soulever, en grande partie parce qu'il avait sûrement mis moins de choses dedans et aussi parce qu'il devait avoir plus de force que nous. Me souvenant de ce que m'avait demandé Anna, j'incitai Téah à monter avec moi sur la rangée de siège derrière le conducteur pour laisser à mon mentor le temps de parler trois secondes avec Ethan.
— C'est super, j'ai tellement hâte d'arriver là-bas !
Mon amie sautillait sur place en attendant qu'Ethan et Anna daignent rentrer dans la voiture ce qui mit bien trop de temps, d'après elle. Mais ils arrivèrent bien vite et prirent tous les deux les sièges de devant. Une fois encore, je dus guider Anna jusqu'à la maison des loups, que j'eus du mal à retrouver, si bien qu'il me fallut appeler Elyss pour demander mon chemin.
Au préalable de ces vacances, j'avais fait promettre à Ethan de ne pas se prendre la tête avec Elyss et Iléa, et il m'avait assuré qu'il essaierait de les considérer en tant qu'humains normaux et pas en loups. Quant à Anna, elle m'avait dit qu'elle ne partait sur aucun préjugé et qu'elle se ferait son opinion sur ce qu'elle voyait, même si elle était tentée, comme Ethan, de se méfier d'eux.
Arrivés chez Iléa et son frère, j'allai toquer à leur porte en compagnie de Téah, qui avait la bougeotte, ce qui risquait d'être légèrement pénible en voiture. Elyss ouvrit la porte, déjà prêt tandis qu'on entendait Iléa en train de courir de partout derrière.
— Vous l'excusez, elle s'est levée un peu en retard et est en train de brasser de l'air depuis dix minutes.
La situation fit rire Téah qui ne se gêna pas pour aller aider Iléa, tandis que je prenais la valise de celle-ci pour la ramener au minibus avec Elyss et son propre bagage. Quand Iléa arriva à son tour, je fis les présentations à Anna, qui accueilli les deux loups avec un sourire, auxquels ils répondirent tous les deux. Ethan les salua aussi, avec un hochement de tête plus modeste mais un léger sourire au coin des lèvres aussi, la bonne humeur générale surpassant toute animosité. Nous nous mîmes ensuite en voiture, Anna et Ethan à l'avant, Téah, Iléa et moi sur le rang du milieu et Elyss qui était content d'avoir toute la banquette arrière à lui tout seul.
— Oh, attendez, je n'ai pas oublié ce que j'avais promis d'apporter !
Téah fouilla dans son sac à dos, qui était presque aussi gros que sa valise, et en sorti une pochette noire qu'elle tendit à Ethan.
— Voilà, toutes les meilleures musiques de voyage possible !
Anna approuva vivement cette idée et choisis un disque au hasard qu'elle enfonça dans le lecteur, puis elle enleva ensuite le frein à main et commença à rouler. Nous étions partis pour sept cents kilomètres et pas moins de six heures de route, mais tout le monde étant d'humeur enjouée, y compris moi, ça n'était pas un gros problème. Anna mit un bon quart d'heure avant de sortir de la ville où nous vivions, puis entra dans une grande route qui devait être l'autoroute. Je ne l'avais prise qu'une fois quand on avait déménagé, et cela remontait à si longtemps que je ne m'en souvenais même pas. Je jetais un regard par la fenêtre en direction des maisons qui s'éloignaient et un frisson me parcourue, mais je ne saurais dire réellement si c'était de l'inquiétude ou l'envie de découvrir un nouvel endroit. Sûrement un peu des deux. Iléa, côté conducteur, commençait apparemment déjà à s'ennuyer :
— Bon, c'est bien beau tout ça, mais qu'est-ce qu'on fait ?
— Très bonne question, chère amie.
— Eh bien moi je vais vous laisser pour le moment, et je vais piquer une petite somme.
On se retourna toutes les trois pour voir Elyss s'étaler sur les trois sièges, gérant sa ceinture pour qu'elle ne le gêne pas, et se faisant un nid, si je puis dire, d'oreiller et de couvertures qui avait toutes été mises à l'arrière. Téah râla :
— Mince, j'aurais dû penser à faire la même chose, ça doit être confortable. Quoique ça puisse encore s'arranger, en fait, même si le confort ne sera pas terrible.
Là-dessus, elle tenta de se coucher aussi, sa tête de mon côté, les pieds de celui d'Iléa, qui la repoussa vivement en rigolant :
— Tu es sérieuse, là ? Non merci mais passer le voyage avec tes pieds ne m'intéresse pas du tout.
Téah leva les yeux vers moi :
— Ça te dérange, toi ?
— Pas vraiment, mais je trouve ça étrange, comme façon de s'installer.
Elle se releva, tout sourire et s'adressa devant, bien décidée à ce que personne ne s'ennuie.
— Alors, Ethan, ça fait quoi de partir en vacances avec autant de filles ?
— C'est trop bien ! Je suis super heureux !
Iléa ne prit même pas la peine de tourner la tête pour parler à celui qui avait répondu alors que la question n'était pas adressée à lui à la base.
— Ce n'est pas à toi qu'on a posé la question. Et puis, je croyais que tu allais dormir, toi ?
— À mon grand regret, il n'a pas totalement tort. Ethan souri en nous regardant à tour de rôle toutes les quatre. Vivement qu'on aille à la plage.
Téah lui lança une petite tape qu'il esquiva en reculant autant que sa ceinture le lui permettait.
— Ethan, tu n'as pas honte, vraiment ? Et puis même dans ce cas-là, il n'y aurait que moi que tu devrais regarder, je te signale.
Elle était à demi en colère, à demi amusée. Ethan faillit dire à nouveau quelque chose, mais elle le fit taire d'un nouvel assaut qu'il esquiva à nouveau, avant d'approcher rapidement son visage d'elle pour lui coller un baiser sur ses lèvres. Elle se laissa faire puis recula dans le fond de son siège, bras croisés.
— Mouais, tu ne te rattraperas pas de cette manière tout le temps.
À côté Iléa fit la grimace :
— Bouah, pas que je n'aime pas voir de couple s'embrasser, ce genre de chose, je trouve ça très mignon, mais s'il vous plait, éviter de trop en faire, je ne le supporterai pas.
La voix d'Elyss parvint une nouvelle fois de derrière :
— Dix-neuf ans de célibat l'ont rendue sensible à ce genre de choses.
— La ferme, Elyss !
— Ah ? Tu n'as vraiment jamais eu de copain ?
Elle secoua la tête à la question de Téah.
— Je te l'ai déjà dit, non ?
Ethan en profita pour lancer :
— Je crois que Téah a parfois la mémoire qui lui fait faux bond, il ne faut pas lui en vouloir.
Celle-ci, l'expression boudeuse, tira la langue à son copain qui lui répondit d'un coup d'œil taquin, avant de se tourner vers moi :
— Ben alors, Lana, tu as perdu ta langue ?
Je lui lançai tout naturellement d'un ton ironique, qui me surprit moi-même:
— Pourquoi ? Moi je trouve que vous entendre tous les quatre est déjà assez bruyant. Et je ne suis pas la seule à ne rien dire.
Anna comprit que je parlais d'elle et se justifia :
— Je vous écoute, c'est amusant. Et puis qu'est-ce que je pourrais ajouter à des conversations de jeunes comme vous ?
Téah haussa les sourcils et remarqua :
— Tu te fiches de nous ? Je suis sûre que tu es à peine plus vieille qu'Iléa et Ethan, si ce n'est pas plus jeune, d'ailleurs.
— Euh, je dois prendre ça comment, moi ?
Ethan parut indigné, et mon mentor se mit à rire.
— Détrompe toi, je ne suis peut-être pas si veille en âge, mais j'ai depuis bien longtemps cessé de penser en tant que lycéenne.
Nous continuâmes de discuter ainsi un bon moment, en changeant de sujet toutes les dix phrases. À l'arrière, on n'entendait plus Elyss, qui avait fini par s'endormir, ce qui, selon sa sœur, était tant mieux pour nous. Je remarquais bien vite que, pour finir, Ethan était bien moins distant avec Iléa qu'avec son frère. Cela ne manqua pas de m'étonner, et je me promis de lui faire la remarque plus tard.
Après deux heures de route, nous nous arrêtâmes sur une aire de repos pour nous dégourdir les jambes, puis ce fut à Iléa de prendre le volant. Nous avions trouvé plus prudent de laisser Ethan prendre le dernier tiers de la route, étant donné la conduite assez effrayante d'Iléa, ça n'était pas trop conseillé qu'elle conduise en montagne, et cette décision avait été unanime.
Dans le même temps, changement de disposition des places. Cette fois ci, je me retrouvais au milieu de la voiture, avec mon mentor. Téah et Ethan se mirent derrière nous tandis que les deux loups étaient à l'avant. Iléa démarra et reprit la route, conduisant comme d'habitude plutôt vite, bien que, cette fois-ci, elle fasse attention à ce qui se passait. Derrière moi, Téah décréta :
— Mmh, pas que, mais faut s'occuper. Je vous propose de décider ce que l'on fera chacun une fois arrivés sur les pistes.
— C'est-à-dire ? Je demandai.
— Eh bien, est-ce qu'un tel préférerait faire du ski, ou du surf.
Tout le monde fut d'accord, mais si on avait nos idées de départ, on pouvait changer à tout moment dans la semaine. Ensuite, Iléa décréta qu'il fallait qu'on se motive encore, et demanda à son frère de mettre une bonne musique d'ambiance. Obéissant, il mit une compilation des chansons du moment que tout le monde chanta à cœur avec entrain. Je me surpris même à fredonner les airs, ne connaissant pas réellement les musiques.
Encore deux petites heures après, nouveau changement avec cette fois-ci Ethan et Téah devant, Iléa et Anna au milieu, et moi et Elyss à l'arrière. Il m'avait demandé et je ne voulais pas entacher sa bonne humeur et celle des autres. De nouveau en route, les montagnes ne mirent bientôt plus très longtemps avant de faire leur apparition. Jusque-là, quelques collines étaient visibles, mais elles n'étaient pas très hautes, mais après une demi-heure, les monts rocheux couverts de neige commencèrent à se dresser autour de nous, devenant plus grand au fur et à mesure qu'on avançait. Je contemplai le paysage, subjuguée, et ayant de plus en plus hâte d'arriver.
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Tout d'abord, merci pour les 300 vues !!! C'est ce petit chiffre qui augmente un tout petit peu de temps à autre qui me motive a poster alors merki :3
Voici la suite pour vous, en espérant encore et toujours que ça vous plaise !
Si vous avez cinq minutes, n'hésitez pas a critiquer mon histoire, ça fait toujours plaisir, et puis ça aide a l'améliorer. Vous pouvez aussi laisser un petit vote :3.
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