— Baisse-toi !

J'obtempérai et m'agenouillai rapidement avant de sentir la lame d'Anna passer au-dessus de ma tête, mais malheureusement, la cible avait une nouvelle fois évité l'offense et s'était vivement décalée. Nous étions en pleine chasse en ce mercredi soir, dans une rue déserte, nous avions été envoyées en mission sans avoir pu se préparer vraiment, car il s'agissait cette fois-ci d'un cas assez urgent. Le vampire cible était un enfant, un garçon qui ne devait pas avoir plus de onze ans. Le visage d'Anna lorsqu'elle m'avait annoncé cela s'était un peu attristé. Je comprenais qu'il était dur de devoir attaquer un si jeune garçon, mais, de mon côté, je ne faisais pas de sentimentalisme. On devait s'occuper de lui, car les enfants, et on me l'avait bien dit pas mal de fois pendant les entrainements, sont plus agiles, et réfléchissent moins à ce qu'ils font. Un dégénérescent adulte, lui, cherche à se faire moins repérer, instinctivement.

Tandis qu'Anna se rua une nouvelle fois sur la cible, épée en arrière pour pouvoir se créer un élan, je tentai de viser l'enfant avec mon pistolet, mais il esquiva de justesse les balles. Je grommelai de dépit et essayai de le toucher alors qu'il se déplaçait. Peine perdue, et en plus, mon chargeur s'en retrouva vide. Je ne pus m'empêcher de lâcher un juron.

— Comme tu dis !

L'approbation d'Anna me fit sourire nerveusement quand je changeai de chargeur, tremblante comme pas permis.

— Attention, Lana !

J'émis un hoquet de surprise en relevant la tête et en apercevant le garçonnet qui tentait une nouvelle fois de m'attaquer. Dans la précipitation, j'enlevai la sécurité de mon arme, que j'avais remise pour la recharger, et tirai sur le petit dégénérescent, qui évita une nouvelle fois la rafale de balles, mais cela eut au moins pour effet de l'empêcher de me sauter à la gorge.

Une nouvelle attaque de mon mentor l'écarta encore un peu plus de moi, ce qui me laissa le temps de reprendre un peu mes esprits. Après une légère réflexion, je demandai :

— Tu saurais le garder occupé un petit instant, le temps que je tente d'appeler des renforts ?

— Pas une mauvaise idée, je vais essayer, je ne te promets rien.

Son front perlait de sueur, son visage était crispé de fatigue, alors que, devant elle, le garçon ne paraissait pas épuisé, si ce n'était qu'il respirait plus bruyamment qu'avant, mais je pensais que c'était surtout à cause de l'adrénaline, pas de la fatigue. J'allai me cacher, bien que ce soit inutile étant donné l'acuité des sens du dégénérescent, posai mon arme à côté de moi et sorti mon portable, je pianotai très vite dessus et appelai. Après trois sonneries, toujours personne.

— Mais décroche, bon sang !

A la cinquième sonnerie, on daigna enfin me répondre.

— Oui ?

— Bon, Ethan, je te la fais courte, on a besoin de toi et si possible de ton mentor parce qu'on est en légère difficulté, là tout de suite.

— Oulah, ça m'a l'air plus que sérieux, là, vous avez quoi ?

Je sentais dans sa voix qu'il s'activait chez lui.

— Un jeune, environ une dizaine d'année.

— Zut...

Ce mot en disait long sur ce qu'on lui avait raconté de ce genre de situation. Je lui donnai notre emplacement et il me promit d'arriver le plus vite possible. Je raccrochai et rangeai mon téléphone dans ma poche avant de reprendre mon arme en main et retourner près d'Anna, qui était quelque peu en mauvaise posture, acculée dans un coin, et ne tenant l'ennemi à distance qu'en gardant sa lame de biais en face d'elle. Je tirai sur l'enfant, et réussi cette fois-ci à l'érafler et ainsi à le faire s'écarter. Profitant du moment d'inattention de la cible, Anna se dégagea de son imposture et vins me rejoindre, se tenant l'épaule de sa main gauche. Je l'interrogeai du regard.

— Tout va bien, c'est juste une esquive mal effectuée qui m'a faite prendre un mur.

Devant nous, les yeux du jeune dégénérescent, déjà à l'origine bien rouges, prirent une telle teinte écarlate que je pensais pouvoir y voir jaillir du sang à tout moment. Il se dirigea lentement vers nous, le regard plein de haine.

— Il ne s'endort pas ?

— Ceux-là sont solides, une éraflure comme celle-là ne peut que les ralentir un peu.

Nous nous séparâmes brusquement quand le vampire chargea et décida de me prendre en chasse. Je pestai une nouvelle fois juste avant qu'un sifflement ne se fasse entendre derrière moi et que les bruits de cavalcade du jeune garçon se stoppèrent. En me retournant, je le vis arrêté, une flèche plantée dans le mur de crépi, à un mètre à peine de lui. En tournant la tête, je vis Ethan qui brandissait une nouvelle fois son arc, mais la manœuvre prenait trop de temps et l'enfant eut le temps d'éviter la deuxième flèche, laissant juste le temps à Ethan de venir me rejoindre.

— Je n'ai jamais pédalé aussi vite de ma vie !

— T'es venu en vélo ?

— Tu m'as demandé de faire vite, je n'allais pas venir... mince il revient !

En effet, le coriace jeune vampire ne lâchait pas l'affaire, et la vue d'un nouvel ennemi eu pour seul effet de lui donner davantage de force et d'excitation.

— Il faudrait le conduire à une impasse pour pouvoir lui laisser moins de chance de fuite.

— On a déjà essayé, il arrive à s'échapper quand même.

— Pas si on est à trois.

Son visage déterminé m'encouragea à courir encore un peu malgré la fatigue que je ressentais dans les jambes. Heureusement, Anna nous rejoignit bientôt et nous pûmes mettre un vague plan en place, et, bientôt, le petit vampire se retrouva à peu près coincé, mais comme la ruelle restait large et il arrivait toujours à éviter les projectiles d'Ethan et les miens.

— Continuez de le distraire !

Nous acquiesçâmes et tirâmes d'une vitesse à peu près stable, et bientôt la cible ne fit plus attention à Anna, qui prit son élan et fit un saut en prenant appui sur une benne, juste derrière nous. Nous arrêtâmes nos tirs au moment où elle atterrit à côté du garçon tout en lui entaillant une épaule, qui commença à saigner de manière abondante. Enfin, il commença à perdre connaissance, et il s'écroula à terre. Anna se précipita pour couvrir la blessure et lui éviter de mourir par hémorragie tandis que je m'écroulais de fatigue tout en perdant doucement connaissance.

Lorsque je me réveillai, je me demandai d'abord ce que je pouvais bien faire dans mon lit. Je m'asseyais en me frottant les yeux pour chasser les traces du sommeil dans lequel j'avais été plongée. Les souvenirs de la chasse me revinrent doucement en tête, et je devinai qu'Anna ou peut-être Ethan devait m'avoir ramenée chez moi. Je secouai la tête pour m'éclaircir les idées. Mon réveil annonçait qu'il n'était pas plus de quatre heures et demie du matin et je n'avais plus sommeil. Je commençai par me changer et j'enlevai mon jean qui avait bien besoin d'être lavé, mon gilet qui avait lui aussi bien subit pendant le combat et mon t-shirt, que je remplaçai par un autre, bien trop grand pour moi et qui avais atterrit un jour dans ma commode sans vraiment savoir pourquoi, depuis, je l'utilise à des fins comme celle-ci, en tant que chemise de nuit, quand je compte errer sans rien faire au milieu de la nuit.

J'entrepris ensuite de descendre à l'étage, où je me posai dans un fauteuil et allumai la télévision, ce qui m'arrivait pourtant rarement, généralement je préférais dessiner. A cette heure-ci, il ne s'y passait pas grand-chose d'intéressant, si ce n'était des reportages sur de quelconques rivières ou montagnes, ou alors des séries romantiques que je ne comprenais pas. Pourtant ce fut sur l'une d'elle que je restai, au moins pour m'occuper. Je restai ainsi bien une heure ou deux, à regarder cette série dont les événements se succédaient tellement vite que ça en paraissait improbable. Seulement, cela me fit penser aussi à ce que je vivais en ce moment. De grande solitaire enfermée, je passais à une chasseuse de vampires qui s'était faite des amis malgré son caractère renfermé. Qui sait ce qui pouvait arriver par la suite... Ces réflexions m'en firent venir à la conclusion que cette série n'était finalement pas si nulle que cela, malgré des points vagues. Vers sept heures du matin, mon père se leva et n'eut pas l'air étonné de moi voir debout si tôt.

— Bien le bonjour, j'imagine que tu as faim, non ?

J'acquiesçai d'un hochement de tête. N'ayant pas mangé depuis la veille au midi, j'avais le ventre plus vide que vide. Il se mit en tête de faire des crêpes, ce qui ne fut pas pour me déplaire, et bientôt, mon estomac grogna de contentement tandis qu'il commençait à se remplir de nouveau. Le temps passa et je m'aperçus soudain que les cours avaient déjà dû commencer, pourtant, je n'allais pas me préparer.

— Je ne veux pas y aller aujourd'hui.

— Si tu ne te sens pas, n'y vas pas, tu n'auras qu'à dire que tu as eu un coup de fatigue, ce n'est pas ton ami qui ira démentir.

— Ethan ? Tu l'as rencontré ?

— C'est lui qui t'a ramenée hier soir, d'ailleurs, il m'a dit qu'Anna s'était occupée du garçon.

— D'accord, merci.

Je me levai de table et montai dans ma chambre où j'allai prendre une douche et mettre de nouveaux vêtements, puis je m'installai à mon bureau et entrepris de griffonner quelques croquis. A l'heure du midi, je reçu un appel qui venait de Téah, elle ne passa même pas par une salutation :

— Bien alors, tu ne viens plus en cours ?

Je réfléchis un instant et lui répondis en reprenant les mots qu'avaient employés mon père :

— Je ne me sentais pas de venir, j'ai eu un coup de fatigue après hier soir.

— Hier soir ? Il faudra que tu m'expliques, ça à l'air palpitant, comme histoire.

— Au fait ... Merci.

— A propos de ?

— De nous avoir pardonnés.

— Rectification : à toi, pas à lui. Par contre, je te dois des excuses pour m'être emportée.

— Non pas la peine, c'est compréhensible. Mais, je ne pensais pas qu'on se reparlerait aussi vite.

— Bah, en fait, généralement, j'ai tendance à en vouloir beaucoup à une personne, avant de culpabiliser et m'en vouloir beaucoup à moi-même.

Nous parlâmes par la suite un petit moment de choses intéressantes ou non, puis elle dut partir manger alors nous raccrochâmes. L'après-midi passa étonnamment vite, tandis que je m'adonnais à mon occupation première et à la fin de la journée, je reçu un message d'Ethan :

"Je passe chez toi pour te donner les cours, ça dérange ?"

Non, ça ne me dérangeait pas, mais ça m'embarrassait un peu qu'il vienne chez moi sans qu'il n'y ait Téah. Quand j'étais éveillée j'entends. Je finis tout de même par répondre :

"Si tu veux."

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Hello!

Je me rend bien compte que jusqu'ici les chapitres sont assez court, mais ils deviennent plus long au fur et à mesure de l'avancée :3.

J'espère que ce nouveau chapitre plaira!