Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 2


La maison de nuit, qui porte le doux nom de « fleur éclose », est à la frontière entre le quartier artistique et le quartier populaire. Architecturalement, il ressemble à un couvent ou une abbaye avec un paisible cloitre en son centre, mais les activités auxquelles ses habitants s'adonnent sont d'une toute autre nature. La façade est lisse et sobre, constituée de la même pierre ocre et ô combien salissante que les palais aristocratiques des quartiers huppés. Vinezia, l'actuelle régente, maquerelle en chef ou tenancière -quel que soit le titre qu'elle exige qu'on lui accorde – peste régulièrement contre cette absurdité prétentieuse des fondateurs qui ont voulu un bâtiment clair comme le sable dans le quartier le plus sale de Valanka. Il est vrai que près d'un dixième du budget passe dans le nettoyage de la façade ...

La décoration intérieure est toute autre ! Un étranger naïf – appelons le Rica- qui verrait l'extérieur du bâtiment pourrait certes le prendre pour un lieu de repos spirituel mais les fresques particulièrement explicites et les statues arrogantes qui trônent dans le hall laissent peu de place à l'imagination ou à la candeur.

Je traverse le bâtiment sans prêter attention à l'exubérante décor. Je vis dans ces bâtiments depuis vingt-et-un ans. Je pourrais m'y déplacer les yeux fermés. J'emprunte le large escalier translucide qui monte aux quartiers des Jilyndos. A chaque fois que je pose le pied sur une marche, celle-ci se met à luire d'une douce opalescence. Les architectes ont voulu rendre le lieu à l'image du peuple qui l'habite : beau, mystique et incroyablement fascinant. Même quand on sait que la luminescence provient de cristaux piézo-électriques espacés à intervalle régulier dans les marches, l'escalier semble toujours infusé d'un soupçon de magie. Je monte l'escalier lentement, de peur d'abimer ce chef d'œuvre, mais dès que j'ai atteint le pallier je cours comme une dératée dans le couloir jusqu'au boudoir privé.

- JANNAAAAAAA !!! Je hurle sans aucune considération pour l'acoustique résonnante de la pièce (qui conçoit un boudoir comme ça sérieusement ?). Elle me jette un regard noir ou plutôt l'équivalent d'un regard noir dans la culture Jilyndo.

- Qu'est-ce que tu veux Valériane ? dit-elle d'une voix profondément lasse en se tenant la tête.

Oulà, utilisation de mon prénom complet. Dure journée pour elle apparemment ! Je baisse immédiatement d'un ton. D'une bonne dizaine de tons, plutôt ... je pars de loin. Je lui adresse un grand sourire jubilatoire.

- Tu ne vas pas me croire, j'ai vendu ta parure ! Et pas mal d'autres bijoux aussi ! m'adressant aux autres.

Elle me répond par un sourire léger, totalement dénué de surprise mais pas d'arrogance.

- Premier contact avec la haute, hein ? Tu verras, on s'habitue à ces énergumènes. Pas réputés pour leur subtilité ...

Je lui jette un regard interrogateur. Janna n'a jamais été la plus subtile dans ses créations. Elle me répond par un sourire narquois.

- Je m'adapte, que veux-tu ? Ils sont mes clients depuis bien avant ta naissance fillette !

Habituellement, l'employeur de ce sobriquet se verrait infliger un subtil coup dans une partie sensible quelconque, mais Janna est ... eh bien Janna ! Elle m'a pratiquement élevée ! Dans la culture jilyndo, les enfants sont élevés en communauté, sans doute en raison de leur mode de reproduction un peu particulier. Depuis trente ans Janna règne sur le quartier jilyndo avec une balance parfaite entre douceur et fermeté. J'ignore si elle avait déjà ces capacités avant d'entamer une carrière dans la prostitution ou si elle les a acquises avec le temps, mais si elle se présentait aux prochaines élections, je voterais pour elle immédiatement. Elle ferait une présidente formidable ... enfin si les Jilyndos pouvaient être présidents ...

- Dis-moi Janna, tu n'as jamais envisagé une carrière politique par le plus grand des hasards ?

Oups, je ne voulais pas formuler ça à voix haute. C'est une mauvaise habitude que j'ai ... Et apparemment, Janna a l'habitude de mes questions hors de propos, parce qu'elle y répond le plus naturellement du monde :

- Le temps viendra, Val, où je ne serai plus capable d'exercer mon occupation actuelle. Mais j'ai encore deux ou trois dizaines d'années devant moi avant d'être rassie selon les critères des humains ... Et si tu me racontais ton premier marché ? Enfin si tu es capable de parler à un volume normal ...

Re-oups, je ne m'étais pas rendue compte que j'avais recommencé à hurler.

- C'était du grand délire, Janna ! Les gens achètent les pierres par brassées ! Les places du marché doivent être si chères, comment tu m'en as dégotée une ?

- Tu peux remercier Vinezia en fait ! Un client lui a demandé une faveur pour un orgie et ...

- Beaucoup trop de détail, merci Janna !

J'ai beau avoir grandi dans une maison close, je n'ai jamais participé aux activités locales. En fait, l'environnement vous rend plutôt insensible à ce genre de choses. Tout l'aspect mystérieux ou fascinant du sexe et de ses pratiques disparait quand la première chose que vous voyez le matin en partant à l'école sont les parties génitales d'un client égaré et complètement ivre.

Bon d'accord, ça ne m'est arrivé qu'une fois ! Il faut dire que ma chambre est assez éloignée de tout ce qui est batifolage nocturne -voire diurne, ne soyons pas trop sélectifs. Elle se trouve rez-de-chaussée, derrière l'immense cuisine et le réfectoire, avec toutes celles des résidents permanents du bordel qui ne participent pas directement aux rentrées d'argent. On y trouve le dortoir des enfants, dans lequel j'ai vécu jusqu'à l'âge de quinze ans, les chambres des serviteurs – j'ai occasionnellement dû remplacer Léol pour nettoyer une scène de cr... les restes d'une soirée, et ce sont les pires souvenirs de ma vie-, des médecins -les accidents liés à des pratiques originales sont plus fréquents qu'on ne l'imagine- des comptables et des secrétaires. Et la mienne !

J'ai pu y emménager quand j'ai commencé à servir de négociante en pierres précieuses pour la communauté jilyndo. Avant ça, ils devaient se contenter de refourguer leurs pierres à des clients après l'acte, ou pendant, mais mon existence et ma disponibilité leur a ouvert un tout nouveau marché. La plupart des gens des hauts-quartiers n'aiment pas être associés à un tel établissement. Être pris la main dans le sac, si vous voulez. Ou dans une culotte, en l'occurrence.

Je pousse la porte du pied et m'effondre à plat ventre sur ma paillasse. J'ai beau avoir ma propre chambre, ce n'est pas le grand luxe. Mon travail de négociante ne me rapporte qu'un pourcentage négligeable des ventes et la très grande majorité des bénéfices va aux artistes. Et mon père est le plus talentueux d'entre eux. Malheureusement, je n'ai pas hérité de ses mains d'artiste. Ma partie humaine sans doute. Les Jilyndos sont d'une nature calme et réservée. Et leur patience exemplaire leur permet de fabriquer des œuvres d'orfèvrerie de précision. Moi, je suis une vraie boule de nerfs et d'énergie. Sans doute le résultat de deux natures conflictuelles qui s'affrontent en permanence. Il suffit de voir ma tête pour s'en rendre compte, bon sang ! Même mes ADNs se battent pour avoir le dessus...

La question de savoir ce que j'allais faire de ma vie est longtemps restée en suspens à cause de ça. Devenir négociante – devenir le visage – d'une grande partie de la communauté Jilyndo n'était pas une évidence. La confiance des clients est dure à acquérir quand on a des traits aussi atypiques que les miens. Mais tout compte fait, je suis un heureux accident. Les Jilyndos ne font pas confiance aux autres races quand il s'agit de la vente de pierres. Pour eux, ma naissance était une bénédiction. Aller, je sens que ça vous perturbe : les mâles jilyndos ont une poche spéciale qui s'ouvre à l'accouchement. Soulagés ? Bref, toujours est-il que je n'ai pas trop eu le choix quant à ma carrière. Mais je ne m'en plains pas. Je suis jeune après tout. Surtout si l'on considère l'espérance de vie de la race de mon père, quatre fois supérieure à celle des hommes.

Il doit avoir commencé sa nuit de travail à présent. Je lui parlerai plus tard. La journée a été longue. Et tandis que les soleils se couchent, ma peau se pare d'une multitude de taches dont la faible lueur blanche éclaire la pièce. Et mes paupières se ferment.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro