Quatrième Vague
𝟣𝟪, 𝘱𝘪𝘤𝘬𝘪𝘯𝘨 𝘶𝘱 𝘵𝘩𝘦 𝘥𝘳𝘪𝘯𝘬
𝘍𝘦𝘭𝘵 𝘬𝘪𝘯𝘥𝘢 𝘯𝘪𝘤𝘦 '𝘤𝘢𝘶𝘴𝘦 𝘐 𝘥𝘪𝘥𝘯'𝘵 𝘩𝘢𝘷𝘦 𝘵𝘰 𝘵𝘩𝘪𝘯𝘬
𝐆𝐮𝐭𝐭𝐞𝐫 - 𝐕𝐞𝐧𝐛𝐞𝐞
∘◦ 🌊 ◦∘
Un jour est passé, puis deux, puis trois. Ils n'ont pas pris le numéro de l'autre, ne se sont pas donné leurs réseaux sociaux, pourtant Jisung en a eu envie un nombre de fois incalculable, affolé à l'idée de voir le temps s'écouler sans qu'il ne trouve moyen de le ralentir. Le sable à continué de couler dans le sablier, glissant entre ses doigts comme entre ses pieds lorsqu'il marche sur la plage avec Minho. Leurs rencontres sont parfois prévues, parfois le destin se joue d'eux et les fait se retrouver à l'improviste. Tout le monde a compris ce qu'il se trame entre eux. Dans la pénombre de la nuit ou dans la clarté du jour, leurs regards ne trompent personne, pas plus que leurs mains qui se lient, que leurs piques, que leurs lèvres qui s'échouent parfois sur la peau de l'autre, salée par l'océan. Pourtant, malgré ces indices, ces rencontres, ces discussions qui les mènent de la création de l'univers à celle des glaces italiennes, Jisung a l'impression qu'il ne se passe rien. Il ne se passe rien et en même temps il se passe tellement. Mais le poids du retour pèse sur ses épaules.
Aujourd'hui est sa dernière nuit.
Ce soir-là, Chris et les autres ont décidé de laisser la plage derrière eux et d'aller se perdre dans les méandres de la seule boîte de nuit qui se trouve dans ce petit village balnéaire. Jisung a tiqué lorsque Minho lui en a parlé. Il faut dire que ces endroits ont souvent été synonymes de mauvaises rencontres, de pleurs et de panique. Mais lorsqu'il a ouvert la bouche pour signifier son absence, le cœur serré, Minho a pris la parole. Il lui a parlé de l'habitude, de la fuite, de l'évitement, de surpasser ses peurs jusqu'à se rendre compte qu'elles n'étaient pas si effrayantes que ça. Il lui a parlé de sa fuite à lui. Et Jisung a vu les autres d'un autre angle.
Alors il a souri et Minho le lui a rendu.
Jisung est entré dans la boite accompagné de Chris, Soyeon et Yuqi. Les autres les ont rejoint plus tard et lorsque son regard est tombé sur Minho tout souvenir de leur "jeu" a disparu de son esprit. Il s'est retrouvé les bras ballants à contempler la créature divine qui était apparue dans son champ de vision. Et leurs regards se sont croisés. Aucun sourire n'est venu habiller leurs lèvres, juste une appréciation objective de la beauté pourtant subjective de l'autre.
Savaient-ils à quel point ils se trouvaient beaux ?
Ils se sont perdus de vue, Minho a disparu dans la foule. Jisung a fait semblant d'écouter les conversations, puis lorsque l'envie s'est fait trop forte, surpassant les voix dans sa tête lui hurlant de rester assis dans son coin, il s'est levé, s'est approché du bar, a commandé un verre bien trop sucré pour faire passer le goût de l'alcool. Il l'a bu d'une traite puis s'est retourné pour observer les corps brillant dans la pénombre, éclairés par les jeux de lumières qui se reflètent sur les peaux luisantes de sueur. Ils se collent, se touchent, les mains se tendent vers le plafond, les lasers dessinent des cicatrices aux couleurs néons sur les visages. Les yeux fermés, en transe : ils dansent.
Les basses font vibrer leurs poitrines et le regard de Jisung accroche celui de Minho. Chacun à une extrémité de la boîte de nuit, ils se défient. C'est à celui qui détournera les yeux en premier. Les lèvres de Minho sont relevées. Son sourire, Jisung le connaît par cœur. Il connaît chaque courbe que forment ses lèvres, la couleur exacte de ces croissants de chair qu'il a imaginé bien trop de fois se poser sur les siens. Jisung ne sourit pas, lui. Ce duel, il le prend au sérieux.
Et ils tiennent.
Leurs regards ne se lâchent pas. Entre eux se trouvent les corps bouillants d'inconnus qui, comme eux, sont venus chercher un endroit pour s'échapper de leur monde terne. Ici tout brille, la lumière est artificielle comme leur sensation de liberté, mais ils se satisfont de cela malgré le goût amer du mensonge - dissonance cognitive au goût de cocktails trop sucrés.
Et là, Minho l'a perdu. Une fille est passée devant eux, rompant le contact visuel. Le regard de Minho glisse le long de son dos dénudé. Les néons se reflètent sur sa jupe pailletée, envoyant des gouttes de lumière partout autour d'elle.
Jisung se sent bouillir. Il fait un pas et le regard de Minho revient se fixer au sien.
Il se fige. Minho avance.
Jisung le regarde s'avancer vers lui, contournant l'amas de corps qui les sépare, se frayant un chemin dans cette forêt de strass et de chemises en satin, ne rompant à aucun moment le lien qui les relie.
Lui aussi semble briller. Un halo l'entoure et pourtant aucune trace de diamant sur son corps si ce n'est celui qui habille son sourcil et son oreille droite. Il se fige devant lui, le dominant des quelques ridicules centimètres qu'il possède de plus que lui.
- Jaloux, Han ?
Les sourcils de Jisung se froncent. Il déteste son sourire autant qu'il le désire. Ce putain de sourire en coin si beau mais pourtant si dévastateur. Ce sourire à la con qui lui donne l'impression d'être face à une panthère qui attend le moment opportun pour se jeter sur lui, sa proie. Jisung n'aime pas ce sourire car il représente tout ce qu'il rêverait d'être. Il l'aime car il rêve de le posséder, ce sourire, de jouer avec, de le tordre dans tous les sens par la seule force de sa présence.
Alors il lui tourne le dos et s'enfonce dans la foule. Il laisse la musique s'emparer de son corps, emplir ses sens, combler son cœur. Lui aussi se satisfait de cette dissonance cognitive qui adoucit sa rancœur.
Il danse. Les gens autour de lui ne sont plus que des mirages. Sa vision est floue, stroboscopique. Et juste comme ça il se fait emporter dans un tourbillon coloré, les drums de la musique électro le faisant oublier peu à peu tout ce qu'il a laissé à l'extérieur. Il sourit. Autour de lui on se serre, on se prend les mains, on crie, on rit, on pleure. C'est un amas d'émotions humaines dans leurs formes les plus élémentaires. C'est beau. Jisung adore ça.
Un bras vient se glisser autour de sa taille et sans qu'il ne s'en rende compte le voilà à quelques centimètres d'un torse qu'il connaît bien. Alors il sourit et passe ses bras autour du cou de Minho qui sourit à son tour. Il a laissé tomber le sourire en coin, cette fois-ci le sourire est sincère. C'est un sourire d'amusement et pour la première fois Jisung à l'impression de vraiment le voir, que celui qui se trouve en face de lui a laissé tomber son masque, même si ce n'est que le temps d'une musique électro.
Comme un seul homme, leurs corps suivent le rythme de la musique, leurs respirations se calent sur celle de l'autre et leurs âmes se mélangent pour un instant.
La main de Jisung remonte le long du cou de Minho pour venir se caler sur sa joue. Leurs regards ne se lâchent plus et Jisung sent ses joues rougir de ce contact visuel qui ne veut plus cesser. Les mains de Minho se fraient un passage sous son tee-shirt trop petit qui remontent sur ses côtes et Jisung frisonne de sentir la chaleur de ses doigts sur sa peau moite.
Si leurs mains restent sages, il n'en est pas de même pour leurs yeux qui ne cessent de s'admirer, le regard plein de luxure. Alors Jisung se rapproche et leurs corps sont collés l'un à l'autre. Leurs souffles s'échouent sur les lèvres de l'autre. Et leurs yeux ne se lâchent pas.
La musique a changé. Ils ont arrêté de danser.
Ils sont immobiles au milieu de la foule. Les yeux dans les yeux, l'âme en vrac, le cœur chamboulé et le corps tendu vers l'autre. Les lumières rouges et oranges les entourent comme l'incendie qui brûle dans leurs ventres. Colorimétrie de l'alchimie qui les a mené à cet instant. Le rouge de la passion, le orange de l'aventure et la spontanéité. Le rouge et le orange qui se mélangent dans leurs pupilles alors qu'ils se penchent l'un vers l'autre. Toujours plus proche, à deux doigts d'abattre la galaxie qui continuent de s'élever entre eux, de réduire à néant le trou noir de leurs doutes.
Une pluie d'étoiles filantes alors que leurs lèvres se touchent.
Les basses continuent de vibrer dans leurs cages thoraciques. Les mains de Minho sont dans son dos, celles de Jisung encadrent ses joues. Ils s'embrassent, se découvrent, caressent la peau douce qui se présente à eux. Le contact visuel a été rompu et leurs yeux sont fermés, appréciant la perte d'un de leur sens pour se concentrer sur les autres.
L'euphorie s'est emparée de Jisung. Embrasser Minho est encore mieux que tout ce qu'il aurait pu espérer. L'envie qu'ils ont cultivée toute la semaine les a mené à cet instant précis avec la chaleur étouffante du désir qui bout dans leur corps collés l'un à l'autre.
Minho s'éloigne pour chercher de l'air, Jisung ouvre les yeux, leurs regards se rencontrent et ils sourient. Les mains de Minho se décollent de son dos et l'une d'entre elles vient chercher celle de Jisung qui n'a pas bougé de son visage. Leurs doigts se lient et Minho se penche vers son oreille.
- On va à la plage ?
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