𝘑𝘢𝘮 𝘢𝘯𝘥 𝘉𝘶𝘵𝘵𝘦𝘳𝘧𝘭𝘺
𝘍𝘦𝘦𝘭𝘪𝘯' 𝘴𝘸𝘦𝘦𝘵 𝘪𝘯𝘴𝘪𝘥𝘦
𝘊𝘢𝘳𝘢𝘮𝘦𝘭𝘭𝘰 𝘏𝘪𝘨𝘩
𝘞𝘩𝘦𝘯 𝘐 𝘵𝘢𝘬𝘦 𝘢 𝘣𝘪𝘵𝘦
𝐉𝐚𝐦 𝐚𝐧𝐝 𝐁𝐮𝐭𝐭𝐞𝐫𝐟𝐥𝐲 - 𝐃𝐏𝐑 𝐋𝐢𝐯𝐞 𝐟𝐞𝐚𝐭. 𝐂𝐮𝐬𝐡 & 𝐄𝐚̀𝐣

∘◦ 🌊 ◦∘

La lumière du soleil s'est frayée un chemin par l'ouverture de la tente mal fermée de Jisung. Une traînée de poussière traverse l'espace pour s'arrêter sur les yeux de l'endormi qui grogne en se cachant la tête de son drap, désireux de continuer sa nuit qui n'a commencé qu'au petit matin.

    —  Jisung, on part à la plage, tu nous rejoins ? 

    —  Hein ? marmone le brun, comateux tandis que la tête de sa mère apparaît devant lui.

Les yeux plissés, il se redresse sur un coude avant de regretter son geste brusque tant sa tête tourne.

    —  On va à la plage, répète sa mère. T'es rentré à quelle heure hier ?

    —  J'sais pas maman, souffle Jisung en retombant sur son oreiller, un bras sur les yeux. 

    —  Bon, tu m'appelles si tu nous rejoins ? 

Jisung anone une réponse et sa mère s'éloigne, le laissant seul face aux souvenirs de sa soirée de la veille qui l'assaille d'un coup. Le visage de Minho à quelques centimètres du sien lui revient et la panique s'empare de son corps.

    —  Putain, souffle-t-il en basculant sur le ventre, la tête dans son oreiller.

Il n'est même pas sûr de se souvenir complètement de la soirée, il se rappelle avoir sifflé la bouteille en discutant avec Minho, de leur promiscuité qui n'était passée inaperçue pour personne, du joint qu'ils s'étaient fumé dans les alentours d'une heure du matin puis du retour vers sa tente, le monde tanguant autour de lui, le bras de Minho autour de sa taille pour l'aider à marcher droit. 

Avec la douloureuse impression d'avoir une fanfare sous le crâne, il repousse son drap et se lève. Tel un zombie, il sort dans la lumière du jour et se traîne jusqu'à la tente de sa mère pour y récupérer un doliprane avant d'attraper une serviette et de filer prendre sa douche. L'eau froide lui fait du bien et chasse peu à peu sa migraine tandis qu'il fait le point. Il lui reste cinq jours ici. En cinq jours il peut se passer beaucoup de choses, alors il va faire ce qu'il fait toujours : foncer sans réfléchir, puis regretter. 

Il est treize heures lorsqu'il sort de la douche et la chaleur étouffante du mois d'août le prend à la gorge. Une casquette sur la tête, son short de bain comme seul vêtement, il se dirige vers le club enfant. Rapidement, il repère une nuée de pré-adolescents qui courent après un ballon sur un terrain de basket avec Chris dans un coin. Ce dernier porte un short de bain et un tee-shirt blanc sur lequel s'étale le logo du camping ainsi qu'une casquette et un sifflet autour du cou. Il rigole avec une fille qui porte le même tee-shirt que lui en encourageant les enfants. Jisung s'approche d'eux et s'accoude à la barrière qui entoure le terrain. 

    —  Oh salut Jisung ! le salue Chris en le remarquant. Ça va ce matin ? T'avais l'air bien arraché hier, rigole-t-il.

    —  Bof, une p'tite migraine ça n'a jamais tué personne, sourit le brun. 

    —  Tu cherches Minho ? 

Jisung plisse ses yeux. La question de Chris n'a rien de méchant ou d'inquisiteur mais il a un peu honte de lui avouer que, oui, s'il est là c'est simplement pour lui indiquer où se trouve le roux. Alors il hoche la tête et Chris échange un regard entendu avec la fille à côté de lui.

    —  Il doit être à l'intérieur.

Il lui montre un bâtiment derrière le terrain de basket et Jisung le remercie à mi-voix. 

Un soupir de bien-être s'échappe de ses lèvres quand il entre à l'intérieur, appréciant la fraîcheur qu'il y fait par rapport à la fournaise de l'extérieur. Son regard se promène autour de lui, de toute évidence il se trouve dans le bâtiment réservé au club. Il y a des peintures au mur, des photos un peu partout, une odeur de chocolat et de colle bon marché y flotte et Jisung grimace. Il n'a jamais aimé les centres aérés, les autres gamins lui en faisaient toujours voir de toutes les couleurs. 

    —  Tiens donc, quelle surprise. 

Il pivote sur lui-même et lève un sourcil en regardant Minho descendre d'un petit escalier qu'il n'avait pas vu en premier lieu. Ce dernier a les mains dans les poches de son short en jean et un tee-shirt beige sur le dos, et surtout son regard qui le contemple de haut en bas, s'attardant plus qu'il ne le faudrait sur la peau bronzée de son torse. 

    —  Ça va, tu mates ? 

Le roux relève la tête en s'arrêtant devant lui. 

    —  Oui. T'es pas mal dans la lumière du jour. 

    —  Je te préfère la nuit moi. Comme ça je vois pas ton sourire à la con.

Un ricanement s'échappe des lèvres de Minho et Jisung sourit. 

    —  T'as bien décuvé ? 

    —  Et toi ?

    —  J'étais pas aussi mort que toi, je voyais où je mettais les pieds au moins. 

Jisung lève les yeux au ciel. La douce chaleur qui rôde dans son ventre ne demande qu'une chose : s'échapper. Alors il s'approche du roux et relève légèrement le menton pour maintenir le contact entre leurs regards. Dans les yeux de Minho il peut lire beaucoup de choses : de l'étonnement rapidement remplacé par de l'amusement, un soupçon de désir mais surtout une assurance sans faille. L'homme qui se tient en face de lui connaît sa valeur, il sait qu'il plaît et il en joue. Peu importe ce qu'il se passe entre eux, Minho n'en est pas surpris. Il a jeté son dévolu sur Jisung, tel un chat choisissant la musaraigne qu'il souhaite pour son repas, et Jisung l'a laissé faire. Avec un sourire en coin, il s'approche encore jusqu'à ce que leurs souffles se mélangent et que les yeux de Minho descendent jusqu'à ses lèvres. Mais Jisung ne lâche pas son regard, ses yeux refusent de descendre plus bas et Minho finit par lâcher ses lèvres des siens pour revenir se plonger dans son regard. Ses yeux se plissent lorsqu'il y trouve l'amusement sans fin que semble ressentir Jisung et il recule d'un pas. Alors Jisung se penche et son souffle vient s'échouer dans le cou du plus grand, faisant frissonner ce dernier. 

    —  Moi aussi je peux jouer, souffle Jisung avant de se reculer, satisfait de son effet. 

Il lui faut un clin d'œil et recule d'un pas. Minho le fixe, les sourcils légèrement froncés et la bouche entre-ouverte. Bouche qui ne tarde pas à se tordre en un sourire joueur. Ses mains n'ont pas quitté les poches de son short, mais son corps tout entier et tendu vers le brun qui trouve en face de lui, et Jisung en est bien conscient. 

    —  Tu veux jouer, Jisung ? sourit Minho. 

Mais Jisung ne répond rien, il hausse les épaules et tourne les talons. 

    —  Je viens te chercher devant ta tente à vingt heures ce soir p'tit cœur, ne sois pas en retard. 

Un sourire flotte sur les lèvres de Jisung tandis qu'il salue Chris en passant à côté du terrain de basket. Ce jeu du chat et de la souris lui plaît plus que de raison. Minho lui plaît, déraisonnablement. Il joue avec lui comme la lune et le soleil avec les marées. 

Attrapant son téléphone dans sa poche, il jette un regard à l'heure : deux heures moins le quart. Il lui reste plus de six heures à tuer avant de retrouver Minho, autant en profiter pour aller se poser quelque part et faire quelque chose à quoi il pense depuis la veille et sa rencontre avec le beau roux : appeler sa meilleure amie. 

Il repasse donc par sa tente pour enfiler un tee-shirt et lui envoie un message, lui demandant si elle est disponible pour s'appeler, précisant qu'il a quelque chose de "croustillant" à lui raconter. Elle lui répond dans la minute qu'elle est toujours prête pour ses anecdotes croustillantes et il rigole en ressortant de sa tente, ses écouteurs dans les oreilles et le regard fouillant le camping à la recherche d'un coin tranquille. 

    —  Vas-y, spill the tea, déclare la voix rauque de Ryujin au moment où elle décroche. 

    —  Bonjour peut-être d'abord ?

    —  Bonjour Jiji, je suis heureuse d'entendre ta voix. Maintenant raconte.

Jisung éclate de rire, retrouvant avec bonheur l'impulsivité bien connue de sa meilleure amie. Il étend ses jambes devant lui, appréciant la douceur du sable qui mène au petit lac qui se trouve derrière le camping.

    —  J'ai rencontré quelqu'un, dit-il en sachant pertinemment qu'un sourire niait habille ses lèvres et qu'il s'entend dans sa voix.

    —  Un mec ? 

    —  Oui, un mec.

Jisung se considère bisexuel, mais la plupart de son entourage, à commencer par Ryujin, est persuadé qu'il est gay et qu'il ne veut pas se l'avouer. "Non Jisung ce n'est pas parce que tu crush sur la maknae d'Everglow que tu es bi" avait l'habitude de lui dire sa meilleure amie, le faisant souffler lourdement et gâchant sa joie d'avoir eu la photocard de Yiren dans leur dernier album. 

    —  Jisung, t'es avec moi ? 

    —  Yes.

    —  Bon alors raconte, il s'appelle comment ? Tu l'as rencontré où ? Il a quel âge ?

    —  Ah c'est vrai que c'est une bonne question son âge.

    —  Tu connais pas son âge ?!

    —  Mais si...

    —  Jisung.

    —  Ok je sais pas, mais c'est bon il doit avoir la vingtaine, à peine plus vieux que moi je pense.

    —  Tu tapes chez les plus âgés toi maintenant ? 

    —  Faut croire. Mais c'est lui qui est venu me draguer en premier. 

    —  Comment il s'appelle ? 

    —  Minho.

Et il lui raconte tout, la rencontre, la tension, l'alcool et le joint, leur petit jeu du chat et de la souris et le rendez-vous de ce soir. Plus il raconte, plus le côté impromptu de leur rencontre lui apparaît et il ne peut s'empêcher de sourire. Une telle alchimie ça n'arrive jamais, ils sont sur la même longueur d'onde et ce que ça peut être agréable de lâcher tous ses rôles pour un temps, même si ce n'est que pour cinq jours. 

    —  Bah dis donc, souffle Ryujin une fois qu'il arrive à la fin de sa petite histoire. T'as tiré le gros lot là. J'espère que tu comptes bien le faire ramer.

    —  Tu me prends pour qui ? Je vais le faire galérer comme jamais oui.

    —  Ça c'est mon Jiji ! 

Ils ricanent comme deux idiots avant que Ryujin ne reprenne la parole. 

    —  Mais tu le vis bien en vrai ? Ça te stress pas ?

    —  Bof, je réfléchis pas trop du coup ça va. J'aurai le contre-coup en rentrant.

    —  Et tu comptes garder contact ?

    —  Ça m'étonnerait. Il a plutôt l'air d'être du genre libre comme l'air tu vois ?

    —  OK et bah écoute, bonheur hein ? Tu me tiens au courant de l'avancée du bordel, hein ?

    —  Bien sûr, princesse. 

    —  Dégage ton surnom, trou du cul.

Et Jisung éclate de rire en raccrochant, se demandant ce qu'elle dirait en sachant qu'un certain garçon aux cheveux auburn l'appelle "p'tit cœur" et qu'il ne manque jamais de rougir à chaque fois qu'il le fait.