-Richie !

Eddie sursauta au propre son de sa voix qui fendit le silence de la forêt. Toute la colère qu'il avait ressentie venait de disparaitre d'un coup, la remplaçant par une anxiété qui lui aurait donné la nausée. Il détacha ses skis et couru dans la neige jusqu'au blessé. Mike et Charly lui emboitèrent le pas, mais étant plus grand et sans l'emprise de l'adrénaline, ils se déplaçaient moins vite que lui.

Il se jeta à genoux près de Richie.

-Richie ! Re cria-t-il en le secouant.

Il revint à lui et Eddie senti un poids se retirer de sa poitrine, il ne le lâcha pas pour autant. Charly vint s'asseoir à côté de lui.

-Tu peux bouger ta jambe ? Demanda-t-elle.

Richie fit non de la tête avec une grimace. Il avait aussi au coup sur la tête là où il s'était pris l'arbre, il s'était un peu ouvert et comme toute blessure à la tête, elle saignait abondamment. En temps normal, Eddie savait qu'une petite blessure à la tête, tant qu'elle était bien traitée, n'était jamais grave, mais là, il était paniqué.

-Il faut aller chercher de l'aide. Dit Mike en s'approchant.

-Le soir va tomber, il faut faire vite. Ajouta Charly.

Eddie sentit les larmes lui monter une nouvelle fois.

-Mais comment ? Je me suis trompé de chemin plusieurs fois! Avoua-t-il honteux. On ne nous retrouvera jamais !

Charly ramassa de la neige pour la mettre sur la blessure crânienne de son cousin. La brûlure par le froid pour la cicatrisation. Il fit une nouvelle grimace de douleur.

-Eddie. Dit Mike avec le plus d'autorité possible, mais il était très loin d'avoir le charisme de Bill. C'est toi qui dois y aller.

Eddie écarquilla les yeux et resserra ses doigts sur les bras de Richie.

-Quoi ? Non ! Je ne bouge pas d'ici !

-Si Eddie, t'es le seul à pouvoir retrouver le chemin jusqu'ici. Continua Mike.

-Non ! Hurla une nouvelle fois Eddie. Je reste ici. Vous allez-y !

-Ed... Commença Richie en posant sa main sur la sienne.

Eddie se tourna vers lui en le fusillant du regard, ce qui le fit taire. Il reporta son attention sur le couple et inspira profondément.

-Vous allez prendre l'autre chemin et redescendre. Il doit rester environ une demi-heure de descente. Vingt minutes si vous allez vite... Mais je vous conseille de prendre votre temps et de bien marquer vos traces pour les retrouver quand vous remonterez avec la motoneige. Je vais rester ici avec Richie.

-Eddie...essaya d'insister Charly.

-Non. La coupa-t-il. Il est hors de question que je le laisse là.

-T'es pas obligé Eds... Intervint Richie.

-Toi ferme là ! Dit Eddie.

Il était peut-être bien encore fâché, ou plutôt, sa colère remontait au fur et à mesure que sa peur redescendait.

-Et ne m'appelle pas comme ça, crétin.

Mike hocha la tête d'un air entendu et retourna vers les skis.

-Tu viens Charly?

La cousine de Richie fit une moue inquiète avant de se relever.

-Prends soin de lui.

Aucun d'eux quatre ne sut à qui elle s'adressait vraiment ; Eddie ou Richie.

Quand Mike et Charly furent partis, il y eut un moment de silence entre eux. Richie brisa le silence.

-Alors... Tu étais inquiet ?

Eddie se tourna vers lui et lui décocha un coup violent dans l'épaule.

-T'es vraiment un idiot ! Tu pouvais pas faire attention ? Non il fallait que tu y ailles que tu te fasses mal !

Richie cracha un « aïe » et Eddie continua à s'emporter.

-T'en rates pas une pour m'énerver ! Je ne sais même pas pourquoi je me suis inquiété ! On est même plus ensemble !

Il réalisa les mots qu'il venait de dire et ces mots lui firent autant mal au cœur que si on lui avait directement shooter au fusil dans la poitrine. Il se décala de quelques centimètres sur le cotés et recroquevilla ses genoux contre lui en passant ses bras autour. Il y eut un nouveau silence pesant entre eux.

-Je suis désolé... Finit par déclarer Richie.

-Tu fais bien. Rétorqua Eddie, sans se laisser démonter.

Eddie sentait diverses émotions le traverser, il était en colère, il voudrait taper Richie, appuyer sur sa cheville -probablement cassée- pour lui faire du mal, pour qu'il ait autant mal physiquement, qui lui avait mal psychologiquement. Mais d'un autre côté, il avait envie de lui sauter au cou, il était soulagé qu'il aille bien.

-Qu'est-ce qui t'as pris de faire ça ? Finit par exploser Eddie en regardant méchamment Richie.

-Faire quoi ? Demanda Richie, un peu perdu.

-Tout ! S'emporta Eddie. Me dire que tu m'aimes et juste après embrasser Beverly ! Et puis, ne pas me parler de la journée et quand je viens te voir me larguer ! Et puis, te jeter dans ce trou ! Tu savais que c'était pas le bon chemin, tu voulais me faire plaisir.

Il le menaça de son index en terminant sa tirade.

Richie regarda sa jambe qui le faisait souffrir.

-Je ne sais pas...

Il prit une seconde pour réfléchir.

-Je t'ai dit que je t'aimais, parce que je le pensais... Même si c'est sorti tout seul, je le pensais vraiment. Et j'ai embrassé Bevy car j'étais ivre mort, triste et en colère.

Eddie sentit son cœur se remplir de douleur une nouvelle fois. Richie n'avait jamais été triste ou colère quand il s'agissait de lui. Le garçon à lunettes continua.

-Je t'ai dit de me larguer afin de te rendre ta liberté, vu que nos sentiments ne sont pas au même niveau. Et pour finir, j'ai sauté dans ce trou car je te fais confiance et que si tu disais que c'était le chemin, alors c'est le chemin. Basta.

Le petit châtain eu l'impression de recevoir une claque dans le visage. Richie avait dit tout ça avec une telle nonchalance qu'il ressentit des larmes faire du yo-yo jusqu'au bord de ses yeux.

-T'es vraiment un idiot Richie. Je veux que tu saches ça. Dit-il d'une voix blanche.

L'intéressé lui répondit un léger sourire voulant dire qu'il le savait. Eddie avait, en ce moment même une folle envie de l'embrasser et de le gifler à la fois. Richie fit une grimace de douleur.

-Tu peux détacher mon pied du snow ? Je crève de mal et j'aime pas trop l'angle que ça a.

Eddie tourna la tête et eu un haut-le-cœur. Effectivement, ce n'était pas hyper beau à regarder. Il alla détacher doucement la chaussure de ses entraves, ce qui arracha un cri de douleur à Richie. Eddie se retint de courir le prendre dans ses bras, à la place, il lui intima de souffrir en silence. Il mit le snowboard sur le côté et ramena ses deux jambes l'une contre l'autre.

-Tu t'es vraiment bien fait mal, gros crétin.

Il soupira et dit malgré lui.

-Je suis tombé amoureux d'un imbécile.

Il se rendit compte trop tard de ce qu'il venait de dire.

À suivre...

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