28. Discours
私が盲目になるまで
« 𝐔𝐍𝐓𝐈𝐋 𝐈 𝐆𝐎 𝐁𝐋𝐈𝐍𝐃 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 vingt 𝐡𝐮𝐢𝐭 ༄
— Shinso, je dois m'en aller, lui glissai-je à l'oreille.
— Hm ? Et tu crois que je vais t'aider ?
Soudain, le son d'une cuillère que l'on tapait contre un verre résonna du centre de la pièce. La quarantaine d'invités se tut et s'approcha, nous avec.
— S'il te plaît ? insistai-je.
— C'est pas en me faisant tes yeux de chat que je vais changer d'avis.
— Tu me dois bien ça, non ?
Nous nous fixâmes dans le blanc des yeux. Je maintins fermement mon regard comme si ça pouvait le convaincre. Nos visages étaient très, trop proches. Je sentais son souffle chaud contre mes lèvres.
Soudainement, il se rapprocha un peu plus et passa son bras dans le creux de mon dos. Son autre main se balada sur mon épaule avant de se loger sur ma joue. Je me sentis devenir rouge de la tête aux pieds, mes mains tremblaient. Je voyais de trop près ses pupilles améthystes qui brillaient comme des constellations et ses longs cils noirs. Je voulais lui demander ce qu'il faisait mais aucun son ne sortait de ma bouche entrouverte. Il n'y avait plus un bruit et personne ne faisait attention à nous, trop occupés à attendre le discours qui arrivait.
Puis, il me pinça la joue, et la tira comme on ferait à un enfant.
— Tu croyais que j'allais faire quoi ? ricana-t-il en s'écartant, et en replaçant ses mains dans les poches de son costard.
— Hitoshi Shinso, je te déteste ! m'écriai-je en cachant mon visage.
— C'est réciproque.
Il gloussa de plus belle.
— Bref, de ma grande bonté, j'ai décidé de t'aider.
Je le remerciai en sautillant, il sourit doucement. Puis, la personne qui avait réuni la foule au milieu se mit à parler. Je ne voyais rien à travers les corps alors je me faufilai vers la voix, Shinso sur les talons.
— Je voudrais tout d'abord vous remercier d'avoir répondu à mon invitation et vous souhaiter une excellente soirée, commença Shō Sano. Si nous sommes réunis aujourd'hui, c'est pour célébrer une très bonne nouvelle pour notre société.
Je donnai un coup de coude à Shinso et chuchotai :
— Il parle du Shin Sekai ?
— Oui, tous les invités font partie de la société, répondit-il à voix basse avant de se reconcentrer sur son père.
Je le regardai avec des yeux ronds. Je me sentais soudainement encore plus en danger.
— Comme certains le savent, nous avons pu remettre la main sur l'élément clé de notre dernier projet. Évidemment tous les détails ne peuvent être révélés en ce lieu, mais nous avons ainsi pu éviter une catastrophe nationale.
— Tu sais de quelle catastrophe il parle ?
Shinso haussa les épaules.
Quelque chose me disait que ça allait un peu plus loin que simplement en avoir après l'amélioration de mon alter. Pourquoi avoir tenté de tuer mon père, dans ce cas ?
— Cela signe très certainement un très grand pas, une merveilleuse avancée pour la société. Ce projet porte à la perfection nos valeurs et rejoint la source même du Shin Sekai. Je voudrais remercier tout ceux qui nous sont restés fidèles, et déplore la récente trahison de Monsieur X qui a rejoint le camp de Jiang Lei.
Je tiquai à l'entente d'un nom chinois.
— Monsieur X, c'était le superviseur de ma mission, m'informa Shinso. Et Jiang Lei, c'est un autre dirigeant de la société. Ils ne s'entendent pas du tout et se disputent le pouvoir, leurs méthodes sont aussi très différentes. D'après ce que j'ai compris, ton premier enlèvement et l'agression du gang ont été orchestrés par Lei. Il voulait te renvoyer en Chine, nous étions censés prendre l'avion, mais je n'ai aucune idée de pourquoi.
Je hochai la tête en silence. Rejoindre la Chine ? Mais pourquoi, qu'est-ce qu'il se passait à la fin avec ce pays ?
Il parla encore quelques minutes de formalités et de choses incompréhensibles.
— Enfin je remercie brièvement mon fils, qui fait ses premiers pas dans l'organisation, et ma femme, qui m'a toujours soutenu. Je vous souhaite à nouveau une très bonne soirée et vous laisse retourner à vos activités, merci pour votre attention.
Quelques applaudissements fusèrent, et une fois que toute la salle eut tapé des mains, le brouhaha reprit. Shinso semblait réfléchir.
— J'aimerais bien ne pas passer ma nuit ici si possible, le pressai-je.
— Attends, je réfléchis à un plan pour sauver tes petites fesses, répondit-il grognon.
Soudain, son visage s'illumina.
Let's Go Stuck In The Sound
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— Yoko, je vais chercher tes affaires, attends-moi devant les toilettes, c'est ces deux portes, m'ordonna-t-il en pointant du doigt une sortie.
Je secouai affirmativement la tête et il partit comme une flèche par là où l'on était entrés. Je me rendis au lieu convenu ; heureusement, personne ne me regardait. Je profitai de son absence pour faire un petit tour de ce que j'avais appris ce soir. J'ai découvert ce qu'était le Shin Sekai, qui étaient les parents de Shinso, qu'il y avait bel et bien des conflits internes, et que quelque chose se passait en Chine. Maintenant, il fallait faire le lien entre tous ces éléments, ce qui était une tâche plutôt ardue pour mon petit cerveau. Il me manquait des informations capitales. Il fallait absolument que j'apprenne ce qu'était le projet Hollow, j'étais persuadée qu'il s'agissait de plus que simplement étudier mon alter.
Je repensai à mes amis qui devaient s'inquiéter pour moi. J'avais hâte de quitter ce lieux pour leur raconter mes trouvailles. Cette histoire commençait à m'obséder bien plus que de raison.
Alors, je vis Shinso se faufiler discrètement vers moi, un sac à dos noir dans les mains. Il me fit entrer dans les toilettes, et me tendit le compartiment en me précisant de me hâter. Je rentrai dans une cabine, sortis mes affaires et me changeai prestement. Je rangeai alors la robe verte dans le sac et décidai de l'emporter avec moi, elle m'allait trop bien pour que je l'abandonne. Par contre, je laissai les escarpins noirs ici.
Je ressortis parée de mon manteau kakis, un col roulé à manches courtes, mon short et mes baskets. Shinso commença l'explication du plan.
— Il y a une partie qui a été rénovée récemment, elle comporte cette pièce et les cuisines, expliqua-t-il.
Je remarquai effectivement que les toilettes étaient très modernes par rapport au reste du manoir et que le plafond se trouvait beaucoup plus bas.
— On va passer par les conduits d'aération pour rejoindre les cuisines. Si on passe par l'entrée principale, on tombera sur des gardes. Une fois là bas, on empruntera un passage secret utilisé par les bonnes pour se déplacer rapidement dans la maison. Il débouche sur le jardin arrière.
J'acquiescai et il se dirigea vers les lavabos. Il grimpa souplement dessus, se leva, tendit les bras, puis déplaça une dalle du plafond. Il se hissa alors par dessus. Il me dit de me dépêcher car quelqu'un pouvait entrer à tout moment, et je m'exécutai, le cœur battant à cent à l'heure. Il m'aida à monter en me tirant.
Je le suivis tandis qu'il s'engouffrait dans un petit tunnel assez large pour que l'on puisse s'y faufiler. Je me remerciai intérieurement de ne pas être claustrophobe et m'y glissai. C'était super oppressant, mais je continuai sans dire un mot. Nous fîmes plusieurs fois demi tour, jusqu'à ce qu'il tombe enfin sur la cuisine. Il dévissa la plaque d'aération à l'aide d'un tournevis qu'il avait récupéré en allant chercher mes affaires et la fit tomber bruyamment. Je serrai les dents.
Il sauta et m'invita à faire de même. Je déglutis et obéis malgré ma peur, atterrissant dans ses bras.
Il n'y avait pas un chat. Les cuisiniers avaient fini leur service et ne reviendraient que pour débarrasser. Je le suivis à travers la pièce en jetant un œil à à peu près tout ce qui m'entourait, des légumes, aux épices, jusqu'aux plaques de cuisson. J'aidai ensuite Shinso à déplacer un gros frigo métallique dans un grincement terrible, il pesait une tonne. Chaque fois que nous faisions un bruit je sursautais.
Derrière se dévoila une porte d'environ un mètre quatre-vingt, qui était juste assez grande pour lui. Il la poussa et s'engouffra dans le passage de pierre en retirant les toiles d'araignée.
Je m'y aventurai également sans un bruit, frissonnant car la température y était très froide. Je me pris un bon nombre de toiles d'araignée malgré le fait que ça soit Shinso qui ouvre le chemin et je découvrirai sûrement le lendemain que mon manteau était couvert de crasse.
Un courant d'air frais me frappa le visage. Nous étions sortis à travers une trappe. Je traversai les buissons qui cachaient l'endroit, me griffant au passage, et pus enfin relâcher ma respiration.
— C'est pas tout, chuchota Shinso. Il faut qu'on fasse le tour de la maison pour accéder au portail, sinon on ne pourra pas sortir.
— Quoi ? Tu pouvais pas le dire plus tôt ?!
— Parle moins fort ! Et j'ai volontairement omis ce détail pour gagner du temps, maintenant tais-toi et suis moi.
J'obéis à contrecœur. Nous longeâmes le mur extérieur, cachés par la pénombre. Le jardin n'était que faiblement éclairé et je ne profitai même pas de la vue, trop concentrée sur mon objectif. Alors que nous arrivions à la fin, il me plaqua soudainement au mur.
Mon cœur battait encore une fois bien trop vite, il était collé à moi. Je compris la raison en captant des voix.
— Alors, vous avez vu quelque chose ?
— Non, mais toutes les sorties sont gardées et personne n'est sorti, ils ne sont sûrement pas dehors. A l'heure actuelle toutes les pièces sont en train d'être fouillées.
— Vérifiez quand même les alentours, on ne sait jamais.
— Oui patron. Je vérifierai ce côté et je vais poster un homme de l'autre.
Le bruit d'un talkie-walkie, d'un ordre, puis plus rien.
Nous entendîmes les pas des deux personnes crisser contre le gravier à mesure qu'ils s'éloignaient chacun de leur côté. Shinso s'avança légèrement puis s'arrêta soudainement, je glissai ma tête pour voir ce qu'il se passait. Un garde, je devinais celui qui avait parlé précédemment, faisait des aller-retours en cherchant chaque buisson.
— T'es prête à courir ? me dit Shinso.
— Attends, on va se faire attraper si on fait ça !
— T'as une autre solution peut-être ?
— Utilise ton alter ?
— Tout le personnel ici me connait et est au courant de mes capacités, ça ne marchera pas.
Il marquait un point. Je me collai au mur, désespérée. Je réfléchis à toute vitesse à comment nous sortir de là. Je pouvais bien utiliser mon alter, mais si celui-ci ne marchait pas, on était mort. Alors, j'entendis une voix résonner.
« Utilise moi, Yoko. »
— Quoi ? Qui me parle ?
— Personne n'a parlé, dit Shinso intrigué.
« Je suis dans ta tête, idiote. »
— Qu'est-ce que tu fais dans ma tête ?!
« Je suis ton alter, au cas où tu n'aurais pas compris. »
— A qui tu parles Yoko ? demanda Shinso qui devait se demander si j'étais devenue tarée.
— Tais-toi Shinso, dis-je en le regardant avant de me retourner vers la direction opposée pour chuchoter. Et depuis quand est-ce que tu peux parler ?
« J'ai gagné une conscience en même temps que des pouvoirs, c'est tout. Ou bien tu es complètement folle. »
— Ok, alors dis-moi quel est ton plan, monsieur l'alter ? Ou madame ?
— Mais à qui tu parles à la fin ? répéta Shinso.
— Ferme là je me concerte avec mon alter, répondis-je les sourcils froncés.
« Tu peux aisément empêcher ce garde de vous suivre, aie confiance en tes capacités. »
— Ça ne marchera jamais, il faudrait que je le regarde pendant trois heures pour que sa vue s'altère assez longtemps.
« Et si je t'accordais quelques minutes supplémentaires ? »
— Je te jure que si tu me fais faux bond je retourne dans mon monde intérieur et je t'arrache les dents une par une !
Je me tournai vers Shinso.
— Je vais utiliser mon alter pour l'empêcher de nous poursuivre, et on court, ok ?
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