18. Syndrome de Stockholm (*)
私が盲目になるまで
« 𝐔𝐍𝐓𝐈𝐋 𝐈 𝐆𝐎 𝐁𝐋𝐈𝐍𝐃 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐢𝐱 𝐡𝐮𝐢𝐭 ༄
Je vais y arriver.
Non, je ne vais pas y arriver.
Mais si, je peux le faire.
Et si c'est Shinso qui ouvre ? Qu'est-ce que je vais dire ?
Et si il me claque la porte au nez ?
Et si il me fait encore de l'effet et que je bégaye comme une idiote ?
Et si j'avais la confirmation que c'était bien un méchant et que je ne le reverrai plus jamais ?
summer depression girl in red
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Une main sur mon épaule me sortit de mes divagations. C'était celle de Nahoshi. Il m'offrit un doux sourire d'encouragement que je pris avec joie. Je jetai une oeillade à mes trois amis à mes côtés : je pouvais le faire. Ils assuraient mes arrières.
Je me décidai enfin à sonner à l'interphone de l'appartement de Shinso, situé en plein cœur de Musutafu. Le chanceux. Le nom affiché n'était pas le sien mais un certain Nemoto, peut-être ses parents étaient-ils divorcés ?
La porte principale s'ouvrit et nous débouchâmes dans un petit hall décoré d'un gigantesque miroir. Nous nous engouffrâmes dans l'ascenseur, direction le deuxième étage. Puis, je toquai à la porte, sûre de moi. Je savais ce que j'allais dire, j'avais revécu ce scénario dans ma tête des centaines de fois.
La poignée s'abaissa.
Quelle ne fut pas ma surprise quand ce fut une femme aux cheveux poivre et sel, peut-être la soixantaine, qui apparut.
— Bonjour euh... madame Shinso ? la saluai-je déconcertée.
— Oh non je ne suis pas madame Shinso, je m'appelle Nemoto Kokoro !
— Excusez-moi madame Nemoto, je me repris. Vous n'êtes donc pas la mère de Hitoshi ?
J'avais décidé de l'appeler par son prénom pour mimer une certaine proximité. Elle sourit.
— Non, je suis sa tante, la grand sœur de son père. Ses parents ne peuvent pas s'occuper de lui à cause de leur travail, alors Hitoshi vit chez nous, expliqua-t-elle. Vous êtes des amis ?
— Euh... je suis sa... petite amie, corrigeai-je avec une toute petite voix.
— Hitoshi a une petite amie ?! s'exclama-t-elle avec un grand sourire. Entrez vous et vos amis voyons, ne restez pas dehors !
J'eus un pincement au cœur face à son hospitalité. Elle nous laissa entrer dans l'appartement, et fonça préparer du thé dans la cuisine. L'endroit était assez moderne, en comparaison à la maison de Nahoshi. Il respirait l'occidentalisation.
Madame Nemoto revint avec un plateau et quatre tasses de thé colorées, puis nous installa sur le balcon. Celui-ci était relié au salon par une grande baie vitrée, et comportait une chaise pliante, une table basse rectangulaire, et tout un tas de plantes.
— Comme ses parents ne rentrent pas souvent, Hitoshi est rentré quelques jours chez eux. Tu viens juste de le rater, c'est dommage.
— Oh... laissai-je échapper pour exprimer mon honnête déception.
En vérité, j'étais peut-être rassurée de ne pas le croiser.
— Pourquoi est-ce que tu es venue jusqu'ici ?
— En fait, je lui ai prêté des cahiers pour les cours, et il a oublié de me les rendre. Je suis donc venue les récupérer.
Je fus étonnée par la qualité de mon mensonge. Et ficelé en si peu de temps !
Évidemment, Shinso n'était pas là, ce serait trop facile. Il fallait tout de même que je tente ma chance en fouillant sa chambre à la recherche du carnet s'il ne l'avait pas emporté, et j'avais dégoté le mensonge parfait. Après tout, il n'en avait plus besoin à présent.
— Ah je vois, quelle tête en l'air ! Je vais te montrer sa chambre.
Je posai mon thé, et elle me guida jusqu'à sa chambre. Mes amis semblaient avoir compris mon manège. Ils proposèrent de m'aider à chercher.
Quand madame Nemoto ouvrit la porte, je me mis à éternuer sans retenue. Oh non, pas encore...
— Vous avez un chat ?
— Non, mais Hitoshi passe son temps à nourrir les chats du quartier. Moi, je suis allergique, alors je n'arrive pas à mettre un pied dans sa chambres. Je vais vous laisser ici.
Shinso aime donc vraiment bien les chats... Je secouai la tête. Qu'est-ce que j'en avais à faire, de ce qu'il aime ?
Attendez, elle avait bien dit qu'elle n'arrivait pas à mettre un pied ici. Était-il possible qu'il profite de son affection pour les chats pour éloigner sa tante de sa chambre ?
Nous nous mîmes à fouiller. Sa chambre était dans un bazar pas croyable, pire que la mienne ; autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Fut un temps j'aurais aimé que ça soit lui qui me présente sa chambre, mais les choses étaient différentes désormais.
Je ne savais même pas ce que je cherchais exactement.
Je balayai de la main les cahiers et manuels sur son bureau, ouvris chaque tiroir et vérifiai qu'ils ne contenaient pas de double fond. La première chose qui m'étonna, était le nombre impressionnant d'objets de valeur qu'il possédait. Montres connectées, ordinateur portable, vêtements de marque, airpods... et la deuxième chose, c'était qu'aucune de ces choses là n'étaient rangées correctement. Tout était sens dessus dessous, sans aucun respect.
C'était comme si tout cela était d'une banalité trop affligeante pour en prendre soin. Ou plutôt... comme si tout l'ennuyait, comme si même des objets de valeur ne pouvaient combler le manque.
Enfin, ce n'était qu'une interprétation.
Au bout de plusieurs minutes, nous n'avions toujours rien trouvé. Sa tante risquait de se douter de quelque chose. Je décidai tout de même de gratter quelques secondes supplémentaires. Lorsqu'elle toqua à la porte, je sursautai.
J'empoignai le premier cahier que je trouvai et mes trois amis arrêtèrent tout de suite leur activité de recherche.
Madame Nemoto ouvrit doucement la porte.
— Tu as trouvé ? Vos thés vont refroidir.
— Oui madame c'est bon ! m'exclamai-je en brandissant ma trouvaille, un cahier de japonais.
— J'avais oublié que la chambre d'Hitoshi était dans un tel désordre, je suis désolée.
— Il n'y a pas de soucis madame, j'ai pu trouver ce que je cherchais.
Je m'améliorais décidément bien en mensonge.
Par la suite, elle nous accompagna dehors et nous la saluâmes comme il se doit. Je ressortis avec un pincement au cœur. À quoi je m'attendais, au juste ?
Nous retournâmes chez Nahoshi sans décocher un seul mot. Le trajet passa bien vite et nous prîmes place à la table basse, dépités de n'avoir rien trouvé.
— Je suis vraiment déçue.
— Moi aussi. Je voulais revoir Shinso.
— Mais je parle du carnet, pas de Shinso ! T'es complètement folle, me dis pas que tu l'aimes encore ? s'écria-t-elle, comme a chaque fois qu'elle faisait une scène.
— Non bien sûr que non je le déteste, je voulais juste savoir s'il allait bien.
— Mais allô, réveille toi ! On enquête sur ce qu'il s'est passé là par sur sa santé !
— On n'est que des pauvres lycéens, tu crois que c'est vraiment de notre ressort d'enquêter sur ça ? Je voulais juste me convaincre qu'il n'était pas si méchant, mais, je crois que j'avais tort et que c'est fini...
— Qu'il n'est pas méchant ? Mais ma parole t'es complètement folle ; il t'a kidnappée Yoko, KIDNAPPÉE ! Et tu cherches du bien en lui ? Mais c'est digne du syndrome de Stockholm ça !
— Je n'ai pas le syndrome de Stockholm !
— Si tu l'as ! s'égosilla-t-elle, avant de reprendre plus calmement. Yoko, il va falloir arrêter de vivre dans un conte de fée. Je sais que tu l'aimes, mais c'est un connard, il t'a manipulée depuis le début, il a essayé de t'emmener on ne sait où, et ses amis ont tenté de tuer ton propre père. Oui, c'est dur, mais tourne la page s'il te plaît. Tu sais qu'on sera toujours là pour te soutenir. Et puis, évidemment qu'on n'est pas de taille à affronter quelconque organisation qui te veut du mal, mais je veux faire mon maximum pour te protéger, parce que je m'inquiète pour toi. Maintenant arrête ce comportement enfantin.
J'aurais voulu m'effondrer en larme mais cela faisait un siècle que mes pleurs étaient taris. Je baissa donc les yeux au sol en soupirant. J'avais l'impression de me faire fâcher par mon père. Ses mots étaient vrais mais blessants.
— Les filles c'est pas le moment de se disputer, intervint un peu trop tard Nahoshi. On devrait faire la liste des choses étranges qui sont arrivées. Katsu' écrit.
— Pourquoi moi ?! réagit l'intéressé.
— Parce que t'écris bien, question suivante.
Il fallait avouer que Katsunaga écrivait particulièrement bien malgré son image de brute. Neru boudait de ne pas avoir été choisie.
— Shinso t'approche sous un faux nom. Masahiro se fait "cambrioler" et agresser. En même temps, Shinso et une bande de gars louches te kidnappent. On ne sait toujours pas la raison de ses manigances ni le lien avec ton père. Yoko, tu as quelque chose à nous dire ?
Il me jeta un regard insistant. Je savais ce qu'il voulait : que je leur avoue pour ma maladie. Mais je n'imaginais pas la scène qu'ils allaient causer en apprenant que je leur avais caché depuis plusieurs mois une information capitale. Et puis, ça ne paraissait pas important.
J'ajoutai alors :
— Genzo est mort.
Tout le monde s'arrêta sous le choc et me regarda. Nahoshi encore plus.
— Genzo Anzai, un ami de mon père. Je crois qu'on n'a pas de lien de parenté. Il est venu nous rendre visite, et a été victime d'un accident de voiture le soir même.
— Et s'il était venu vous prévenir d'un danger... ? proposa Neru.
— Il faut qu'on parle à Masahiro dès maintenant si c'est le cas, intervint Katsunaga.
— Je ne sais pas quand ça va être possible, mon père ne s'est pas encore réveillé...
— Je ne vois pas ce que tu pourrais apporter à Shinso, c'est à n'y rien comprendre, soupira Neru. Il n'y a pas eu de rançon, et ça m'étonnerait qu'il s'agisse vraiment de traffic de mineur vu les moyens déployés.
— Et puis pourquoi se risquer à un kidnapping alors qu'elle lui faisait aveuglément confiance ? ajouta Nahoshi. Ce n'est pas logique. Quelque chose ne va pas. On dirait qu'il a changé d'avis en cours de route.
La sonnette retentit. Je sursautai. C'était les pizzas que Nahoshi avait commandées.
Comme mes amis étaient occupés à parler, je décidai d'ouvrir. Je pris l'argent que nous avions cotisé sur la table, et m'en allai chercher le butin.
Mais, quand j'arrivai au niveau de la porte, mon corps se bloqua totalement.
Un frisson de terreur me paralysa. J'étais totalement, irrémédiablement incapable de bouger. Un mauvais pressentiment qui venait du fond de mes entrailles. Pourtant, ce n'était qu'un simple livreur de pizza. Je remarquai que je tremblais. Je n'arrivais plus à réfléchir.
Ouvre, bordel ! criais-je dans ma tête.
Mais rien n'y changeait.
J'avais envie de vomir de panique. Une peur profonde et ancestrale, je ne savais de quoi, semblait retenir mes chevilles. Qu'est-ce qui pouvait sortir de derrière cette porte ? Un danger ? Un individu malfaisant ?
Je retournai à la réalité quand une main me devança et abaissa la poignée. Katsunaga passa devant moi, et fit l'échange des pizzas contre la monnaie. Je laissa échapper un soupir. Ils en avaient commandé une dizaine pour trois, ces imbéciles. Il les déposa au sol, puis, posa une main sur mon épaule.
— Ça va aller, Yoko ?
Je ne répondis pas et fondis dans ses bras pour cacher mes larmes. J'avais eu peur, tellement peur, et je ne pouvais pas lui dire. Les mots ne sortaient pas de ma bouche. Comment décrire ce que je ressentais si moi-même je ne comprenais pas ?
Il sembla gêné puis répondit timidement à mon étreinte.
Nous partageâmes le tas de cartons et retournâmes avec les autres.
@anonyme9270
Aujourd'hui je me suis faite passer pour la petite amie de quelqu'un. Je devrais être agent secret.
@anonyme9734
Tu nous avais manqués !
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