16. Mais au fond, rien ne m'intéresse (*)
私が盲目になるまで
« 𝐔𝐍𝐓𝐈𝐋 𝐈 𝐆𝐎 𝐁𝐋𝐈𝐍𝐃 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐞𝐢𝐳𝐞 ༄
- Hitoshi, tu ne pourras plus retourner à l'école pendant un moment, déclara un homme d'une cinquantaine d'années.
- Bien, répondit l'intéressé comme on répondrait à un supérieur militaire.
- Cet incident est fort regrettable, je ne sais pas ce qu'il adviendra de toi. Il te faudra peut-être changer d'identité.
- Mais, je vous assure qu'elle ne me dénoncera pas.
- Qu'est-ce qui te rend aussi confiant ?
- Faites moi juste confiance. Si je me trompe, je changerai d'identité et de pays.
- Cela veut dire que tu ne pourras plus jamais retourner à UA, tu en as conscience ?
Il hocha la tête.
En fait, Hitoshi espérait qu'elle le fasse. Il souhaitait qu'elle mette un terme à tout cela, qu'on l'envoie à sa place, c'est-à-dire en prison.
- Je n'en reviens pas que Monsieur X ait pu nous trahir ainsi, quelle idée d'aller l'enlever ? Nous devons trouver qui a donné ces ordres. Par sa faute, nous allons devoir surveiller la cible de plus loin ; il serait trop risqué d'envoyer quelqu'un d'autre à ta place.
Il soupira puis reprit :
- Sekai est très fâchée, tu sais. Tu risques de passer un sale quart d'heure. N'oublie pas : garde la tête basse et répond avec humilité et respect. Et si elle te frappe, laisse toi faire.
Le lycéen secouait la tête de haut en bas en baissant les yeux. Il ne comprenait pas tout ce qu'il passait, et à présent, ne savait plus qui croire. Il lança :
- ... Pourquoi est-ce que l'on fait tout ça ? Qu'a-t-elle de spécial ?
- Cette fille est dangereuse Hitoshi. Il en va de la sécurité de la nation.
Il avait pris cet air de "ne pose pas plus de questions", alors le jeune homme décida de se taire et d'accepter cette réponse. Cette histoire l'intriguait tout de même. Elle, dangereuse ? Cette fille naïve et faible ?
Hitoshi sentait le téléphone portable dans sa poche. Ce n'était pas le sien, celui-ci était dans son sac. Il y avait un petit lapin en plastique accroché par un cordon. C'était celui de Anzai.
☽︎☾︎
- À quoi tu penses ?
- À rien.
- Mais tu penses forcément à quelque chose, non ?
- Non.
lovefool no vacation
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On avait eu la bonne idée de me coller un psychologue aux baskets. À ce qu'il paraît, j'avais besoin de soutien émotionnel après l'événement traumatisant qui m'était arrivée. Seulement petit un je ne faisais pas confiance aux adultes, petit deux, je pouvais très bien m'en sortir seule.
C'est pour ces raisons que je ne me voyais pas être, comment dire... coopérative. Je me contentais de réponses monosyllabiques, et de me moquer de la vieille femme qui se disait thérapeute. Ce qui, au final, n'arrangeait pas mon cas, car celle-ci considérait mon manque de verbosité comme les symptômes d'un syndrome post traumatique.
- Tu peux m'expliquer ce qu'il s'est passé ?
- Je ne sais pas.
Ça, c'était à peu près vrai. Je ne comprenais absolument rien à ce qui avait pu m'arriver. Le dossier avait été très (trop) rapidement classé comme enlèvement pour trafic de mineur, ce qui paraissait plutôt crédible. Je me souvenais vaguement du sentiment intense de panique qui ne m'avait pas quitté tout le long, de mes stratégies pour m'enfuir et du regard froid de Shinso.
Shinso.
J'éprouvais désormais une haine sans nom à l'égard de cet homme. Il avait brisé ma confiance, il m'avait manipulée comme une vulgaire pièce d'échec. Je ne me voyais pas le pardonner un jour. D'autant plus que... je l'appréciais fortement, si vous voyez ce que je veux dire. Alors cette trahison avait donné un coup à mon ego. J'aurais préféré ne pas perdre mon temps avec lui.
Mais, je n'avais pu me résoudre à le dénoncer. Il m'avait aidée à m'en sortir. Il ne faisait qu'obéir aux ordres. Si je le dénonçais, il pouvait bien dire adieu à son futur de héros. J'aurais dû m'en ficher, j'aurais dû ne pas me laisser atteindre, mais j'étais bien trop gentille. Je n'avais de cesse de tenter de me convaincre qu'il avait de bonnes raisons. Et puis, c'était trop tard, maintenant que je ne l'avais pas dit dès le début.
Je regardai l'heure sur la pendule. La lumière de la fenêtre me piquait les yeux, je n'arrivais pas à les maintenir ouverts. J'étais à deux doigts de m'endormir sur place. J'attendais seulement de voir combien de temps la psy pouvait tenir face à mon mutisme.
- Tu arrives à dormir la nuit ?
- Non.
- Tu prends des médicaments ?
- De la mélatonine.
- Et tu penses à quoi, le soir ?
- Rien.
Si elle me demandait encore une seule fois ce à quoi je pensais, j'allais sauter par la fenêtre.
Après une demi-heure de consultation remplie de vides et de silence, elle me laissa m'en aller. Elle me guida à travers le couloir jusqu'à la file d'attente où m'attendait monsieur Kiba, tout claudiquant.
Monsieur Kiba, le père de Nahoshi, lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. C'était une version plus vieille que lui, au crâne parsemé de cheveux blancs et aux rides bien marquées, mais qui lui donnaient un air charismatique. Il connaissait mon progéniteur depuis de nombreuses années, puisqu'ils servaient ensemble à l'armée. Il faisait partie de ses meilleurs amis, au même titre que les mères de Neru.
La raison pour laquelle il venait me chercher était que je logeais chez les Kiba pour une durée indéterminée. En effet, mon père n'était toujours pas en état de sortir de l'hôpital, et n'avait toujours pas repris conscience depuis. J'étais donc sous la responsabilité de la famille de Nahoshi. Cette cohabitation ne me déplaisait pas, mais je m'inquiétais pour mon paternel. Oui, mon père s'était fait tirer dessus par un soi-disant cambrioleur ; heureusement que Neru était là pour éviter le pire. Drôle de coïncidence, que la police refusait catégoriquement de creuser.
Après un petit trajet en voiture, nous arrivâmes à la maison. Il s'agissait d'un petit foyer fort modeste, les Kiba n'avaient pas beaucoup d'argent. L'homme de la famille était au chômage depuis qu'il avait quitté l'armée à cause d'une blessure, et s'occupait à présent des tâches domestiques.
Je me déchaussai et rejoins la chambre de Nahoshi. Celui-ci était, sans surprise, collé à son ordinateur à double écrans avec clavier mécanique et tout un tas de petites loupiotes colorées.
- Qu'est-ce que tu fais ? demandai-je en m'asseyant sur son lit.
- Je code un programme en C.
- C'est quoi, le C ?
- Un langage de programmation impératif et généraliste. Il est à l'origine de nombreux autres langages comme le C++ ou le C#.
- Wow... je lâchai, impressionnée par ses compétences. Tu m'apprendras, un jour ?
- Si tu veux. Mais tu devrais commencer par le Python, c'est plus facile pour toi.
J'acquiesçai en silence, bien que je ne comprenais pas pourquoi il me parlait de serpent.
- Et pourquoi t'as besoin d'un ordinateur si ton alter te permet de t'en passer ?
- Mon alter me permet seulement de pénétrer à l'intérieur en le touchant, pas de faire les calculs moi même. Disons que mon alter me permet de lire et manipuler les photons et électrons d'une machine, mais je n'ai pas d'ordinateur dans la tête.
Nouveau silence.
- Je t'envie, tu sais, repris-je.
- Ah oui ?
- Tu as une passion dans laquelle tu excelles et tu te dédies corps et âme. Tu as un but dans la vie, un métier de rêve. Même ton alter concorde à merveille. Moi, je n'ai rien.
- C'est joli dit comme ça, mais je ne suis qu'un no life. Un génie certes mais un no life. Toi, tu ne fais rien de tes journées ?
- Je regarde le mur. Je lis des livres sans intérêt. Je marche sans but. Je regarde des émissions idiotes. Mais au fond, rien ne m'intéresse.
- Tu trouveras bien un hobby, si tu essaies. Il suffit d'expérimenter.
- Peut-être.
Je me laissai tomber en arrière. Cette passion pour l'informatique lui venait d'un côté de sa mère, dont c'était le métier, et de l'autre, bien évidemment de son alter. Ça et son intelligence hors norme faisaient de lui un petit génie. Un génie arrogant et beau. Mais, il avait bon fond.
- Yoko ?
- Oui ?
- J'ai quelque chose à t'avouer.
- Quoi, tu aimes Katsunaga ?
- Non ! Enfin euh... Je suis au courant. Pour ta maladie, je veux dire. En fait, Masahiro me l'a dit au téléphone le jour où vous êtes arrivés.
- Ah.
Cette saleté de traître.
Je ne savais pas trop quoi en penser. Mes amis n'étaient pas censés savoir, mais, le fait que Nahoshi soit au courant ne me dérangeait pas plus que cela. Peut-être parce que contrairement à Neru et Katsunaga, il ne montrait que très rarement son inquiétude.
- Tu devrais en parler aux autres.
- Jamais de la vie.
- Yoko, ils ont le droit de savoir. C'est important.
- J'en parlerai quand je serai prête. Pour l'instant, ça ne sert à rien.
- D'accord, je n'insisterai pas plus.
Le lendemain, je n'allai pas en cours. On m'avait dispensée d'école jusqu'à ce que la psy annonce que j'étais en état d'y retourner, ce qui n'était pas prêt d'arriver. Au final, ça m'arrangeait. Je n'avais pas envie d'y aller. Je n'aimais pas les cours.
Je me retrouvais donc seule chez les Kiba, à ne rien faire de mes journées. Je marchais dans toute la maison, je scrollais mon fil Twitter pendant des heures, j'essayais de me mettre au sport sans succès. Je me nourrissais de nouilles instantanées.
Bref, cela m'avait conduit à attraper mon téléphone et à composer le numéro de Shinso. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais il ne décrocha pas. Évidemment. Il n'allait pas me répondre "Eh, salut Yoko, comment ça va depuis la dernière fois que je t'ai kidnappée ? Pas trop de courbatures ?".
Mais je voulais vraiment savoir ce qu'il était devenu. Est-ce qu'il continuait sa petite vie l'air de rien ? L'idée qu'il puisse faire comme si de rien n'était m'agaçait et me donnait presque envie de le dénoncer finalement.
Je m'allongeai sur le sol. C'était en quelques sortes agréable. Je ressentais une sorte de poids sur le cœur, en pensant à Shinso, à la solitude qui me murait dans la déprime, à mes amis qui riaient ensemble en cours sans moi. C'était l'été, le ciel bleuissait, le soleil cognait à travers la pièce, mais je restais là à ne rien faire, en intérieur. Je n'avais pas la force ni l'envie de faire quoique ce soit. Je n'étais pas triste, non. J'avais le visage et le cœur tout secs.
Une idée folle traversa ma tête. Et si je me rendais à UA pour le retrouver et le confronter ? J'avais tant de choses à lui demander, à éclaircir.
Je passai un coup de peigne dans mes cheveux et quittai mon pyjama. J'hésitai à me maquiller, mais abandonnai l'idée. Je jetai un coup d'œil à mon accoutrement : un grand t-shirt bleu marine, un short cycliste noir, mes baskets blanches -plus très blanches, et mon gros manteau kakis que j'avais volé à mon père. Puis, je me souvins que je n'étais pas censé me soucier de mon apparence pour aller voir ce vile personnage. Et accessoirement qu'on était en été et que je n'avais pas besoin de manteau.
Je quittai l'endroit et rangeai la clé dans ma poche.
Nahoshi habitait assez loin de UA, dans un coin assez pauvre de la banlieue de Musutafu, à Senshima. En empruntant plusieurs bus, j'arrivai donc pile à l'heure pour la sortie des cours. Cela me rappelait le jour où, avec Neru, nous avions tenté de le suivre. En voyant maintenant dans quoi il trempait, cela ne m'étonnait plus qu'il ait réussi à nous perdre aussi aisément.
Je reconnaissais quelques étudiants que j'avais vu à la télé. Je n'avais plus leurs noms en tête, mais la plupart d'entre eux étaient assez reconnaissables. Comme par exemple, ce blond à éclair noir qui m'approcha. Kima...
Kami... Kaminari peut-être ?
- Salut beauté, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu attends quelqu'un ?
Je rougis bêtement. Je n'avais pas l'habitude qu'on me drague.
- Euh, oui... Shinso Hitoshi, est-ce qu'il est là ?
- Aucune idée, je ne l'ai pas croisé aujourd'hui. Attends, je vais demander à quelqu'un, dit-il en interpellant un camarade. Neito, tu as vu Shinso ?
- Je suis pas dans sa classe, imbécile de seconde A, répondit l'autre blond avec dédain, avant d'appeler encore une autre personne. Togeike, y'a la copine de Shinso qui le cherche.
- Hm ?
Une fille brune à la queue de cheval basse me toisa de haut en bas.
- Il est malade, il n'est pas venu de la semaine, affirma cette Togeike.
Je restai interdite. Au fond, ça ne m'étonnait pas tant que ça. Il n'avait aucune raison de venir innocemment en cours après ce qu'il s'était passé. Mais j'éprouvai tout de même un petit sentiment de déception. Je saluai les personnes qui m'avaient aidée, et m'en allai la queue entre les jambes. Tout ce trajet pour cinq minutes. Je tentai alors de mentir :
- Dites, vous n'auriez pas son adresse... ? On est ensemble depuis peu, et il ne répond pas au téléphone. Je m'inquiète pour lui.
Je me félicitai intérieurement de ma performance, ils n'y virent que du feu.
En rentrant, je me rendis compte que j'avais un paquet d'appels manqués.
@anonyme7332
Quelqu'un sait où est passé anonyme9270 ? Il me faisait bien rire...
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