12. mon nom est Shinso (*)
Hey, désolée pour la publication irrégulière, je fais face à quelques problèmes de santé
Bonne lecture :)
私が盲目になるまで
« 𝐔𝐍𝐓𝐈𝐋 𝐈 𝐆𝐎 𝐁𝐋𝐈𝐍𝐃 𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐨𝐮𝐳𝐞 ༄
paris else
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J'ouvris les yeux. Le sol était glacial, le plafond sombre. Mes paupières pesaient comme des enclumes, je me rendormis.
J'ouvris les yeux. Il faisait vraiment froid. Un frisson parcourut tout mon flan écrasé contre le sol. Ma tête et mon corps entier tournaient, tanguaient dans l'espace ; je n'arrivais plus à savoir où et dans quelle position j'étais. J'étais en chute libre, en apesanteur.
Je fermai les yeux, trop fatiguée pour me maintenir éveillée. Difficile de trouver une position confortable ; j'étais entortillée comme une chenille, muscles endoloris, ligotée.
Ligotée ?
Je criai mais rien ne sortit de plus de ma bouche qu'un spasme étouffé sous un large bout de scotch. Je crachai mes poumons de panique à n'en plus avoir d'air pour respirer ; impossible de faire un bruit, impossible de bouger.
Était-ce un cauchemar ? Je me tordais et me retordais, le scotch épais qui liait mes chevilles et mes poignets derrière mon dos ne cédait pas. L'angoisse et la frustration accéléraient mon rythme cardiaque plus que de raison. Incapable de faire preuve de plus de réflection, je tirai sur mes muscles, roulai dans tous les sens, et finis par me cogner la tête contre le mur.
La douleur me sonna un peu. Je clignai des yeux.
Il n'y avait pour seule lumière que le reste de soleil orangé qui dépassait de l'unique fenêtre. Le reste de la pièce était plongée dans le noir. Allongée sur le côté, je n'avais qu'une vision très réduite de l'endroit inconnu où je me trouvais.
Je tentai dans un premier temps de calmer ma respiration, mesure de survie, mais l'air qui passait par mes narines semblait insuffisant. La seule chose qui venait à mon cerveau était que je devais d'abord me défaire de mes liens pour penser correctement.
Je me remémorai les enseignements de mon père, et entrepris de frotter mes poignets l'un contre l'autre pour faire fondre la colle de l'adhésif. Seulement, ils étaient bien trop serrés pour les déplacer suffisamment. La matière ne s'était pas encore détendue : on m'avait ligotée récemment.
Je me tortillai contre le mur pour essayer de me relever. Je dus faire jouer de mes abdos et échouai plusieurs fois en m'écrasant au sol, mais j'ignorai la douleur. Il fallait que je me concentre, ou le vacarme que je créais risquait d'attirer mon ou mes agresseurs. En collant mon oreille au sol, je pouvais capter des bribes de voix mais rien de compréhensible.
Enfin, après plusieurs minutes d'essai, je parvins à tenir debout. Je n'avais qu'un essai possible, au risque de devoir répéter tout ce cirque une seconde fois.
Je pris une grande inspiration. Alors, je croisai mes chevilles dans la mesure du possible, et me laissa tomber dessus en écartant les genoux. Mon poids déchira une grande partie du scotch, et je n'eus qu'à tirer un bon coup à l'aide de mes jambes pour m'en débarasser enfin. Tandis que je remerciais intérieurement de tout mon cœur mon paranoïaque de père pour m'avoir appris un tas de techniques, et mon cerveau pour s'en souvenir dans un état aussi critique, la poignée de la porte s'abaissa.
Prise d'une peur panique, je me jetai en arrière contre le mur, les bras toujours liés derrière mon dos. Avec l'euphorie de la réussite, j'avais oublié la menace humaine qui m'attendait. Je regardai à gauche et à droite, désormais capable d'inspecter l'ensemble des lieux. A gauche, des étagères vides dans un coin. A ma droite, la fenêtre du mur sur lequel je m'appuyais était facilement ouvrable même dans ma position. Si je l'atteignais à temps, je pouvais m'enfuir. Mais c'était du pur suicide avec les mains liées, car je savais à présent que j'étais au moins au premier étage, peut-être plus. Pire encore... Si mon ravisseur possédait une arme, j'étais fichue.
Temps écoulé. La porte s'ouvrit. Je frissonnai comme un animal apeuré et me collai un peu plus au mur.
— C'est quoi tout ce boucan ? se plaint le nouvel arrivant.
J'aurais souhaité voir Neru débarquer héroïquement. Ou bien Katsunaga, Nahoshi, Kyoka, n'importe qui.
Mais la personne qui se tenait devant moi m'était totalement inconnu. Je devinais sous son masque en tissu noir un quarantenaire à la peau mate et peu entretenue. Ses muscles épais roulaient sous un chandail kakis et un pantalon cargo. Je comptai au moins dix potentielles cachettes pour une arme dans son accoutrement.
Je retins ma souffle. Il me regarda de haut en bas, une main balourde toujours posée sur la poignée.
— Je savais qu'on aurait dû forcer la dose putain, grogna-t-il, avant d'appeler : gamin ! C'est la tienne, va t'en occuper.
Des voix s'échappèrent de l'ouverture, et bientôt des pas leur répondirent dans le couloir. L'homme disparut sans demander son reste en claquant la porte. Moi, je ne perdis pas une seconde pour frotter mes liens contre l'étagère rustique qui consistait en des barres de fer. De la sueur coagulait sous mon t-shirt à cause de l'effort. La dernière chose dont je me souvenais était d'avoir enfilé le vieux sweat Radiohead que Kyoka m'avait légué, bien que je n'écoutais pas ce groupe ; où était-il à présent ?
Mes jambes commençaient doucement à trembler et mes forces me quittaient. Malgré ma persistance, le bord de la ferraille était trop émoussé pour abîmer le scotch.
Mon nez me piquait, mais je refusais de pleurer. Je ne pouvais penser à autre chose qu'à ma propre survie, accaparée par une sorte d'alerte rouge dans ma tête. Je trouvai tout de même l'occasion de me promettre que, si jamais je m'en sortais, je remercierai mon père de m'avoir préparée à ce genre de situations.
La porte s'ouvrit à nouveau lentement. Alors qu'elle pivotait, sa face intérieure se teignait peu à peu de la couleur déclinante du soleil. L'orange vif atteignait seulement les genoux du nouvel arrivant.
Il avait la tête baissée sous une capuche noire. Il ne me semblait déceler aucune émotion dans sa figure. Mais je reconnaissais cette carrure, je reconnaissais les mèches mauves qui dépassaient sur son front.
A ce moment précis, je me sentis tellement, énormément, incroyablement stupide, naïve et pathétique. Bien sûr que toute cette histoire sonnait louche, que quelque chose ne tournait pas rond chez ce Shinso. Je le savais mieux que quiconque. Mais j'étais prête à pardonner son comportement étrange et secret à cause de son histoire douloureuse. Je m'en étais même voulue de l'avoir suspecté, et avait tout fait pour gagner sa confiance. Alors, qu'en vérité, c'était l'inverse.
Et puis... Je n'étais pas dans un putain de roman ! A quel moment une telle situation arrivait dans la vraie vie ? Au pire des cas, il n'était censé être qu'un pauvre type manipulateur et toxique... Certainement pas un kidnappeur !
D'accord, j'étais volontairement rentrée dans son jeu. Mais cette situation était en tout point ridicule. Comment pouvais-je deviner que je me retrouverai ligotée dans un bâtiment en décrépitude comme dans un livre ou une série ? Qui donc pouvait m'écrire une histoire aussi absurde ?
Peut-être à cause des calmants, du désespoir, ou parce que j'étais idiote, mais je me mis à rire à gorge déployée.
— Alors c'était donc ça, le plan. Te faire passer pour So, le garçon seul et harcelé, pour attirer une lycéenne et la kidnapper.
— Mon nom est Shinso, tu devrais le savoir grâce à ta copine Ueno, répliqua-t-il ennuyé.
Je crois que je ne savais même plus quelle émotion je ressentais. Du dégoût, de la colère, de la tristesse, une irrépressible envie de dormir ? Non, rien. Je ne sais pas, je ne sais pas. Comme si mon âme avait fermé les yeux. Comme si ma conscience avait quitté mon corps.
Mon nom résonnait dans ma tête. Yoko. Yoko Anzai. C'était moi, ça ? La fille recroquevillée comme un faon à peine né ? Ça ne pouvait pas être possible, ce n'était pas moi, rien de tout cela ne m'était arrivé. Je n'étais rien de plus qu'une présence qui flottait dans l'air. C'est ça, je regardais un film.
— Bon, écoute moi, je ne fais que mon boulot, ça n'a rien de personnel. Si tu pouvais te tenir tranquille jusqu'à l'aube, ça arrangerait tout le monde tu peux me croire.
— Te croire ? Tu me demandes de te croire ? Mais jusqu'où tu m'as menti pour en arriver là ?
Ma tête tanguait.
— Disons que nos rencontres n'ont jamais été l'œuvre du destin.
Je ne l'avais pas regardé dans les yeux une seule fois depuis le début. Je n'avais pas vu son air fatigué, si fatigué de vivre et de se démener pour un rêve d'enfance.
— Qu'est-ce que... Vous allez faire... De moi... peinais-je à articuler avant de m'effondrer sur moi même.
— Dors, avait-il ordonné. Dors.
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