I
Le seul bruit des bourrasques de vent fouettant leurs cheveux raisonnait tout comme l'écume blanche que les vagues salées amenaient sur le sable fin. Tous deux assis dans ce matelas de grains blancs à contempler les remous incessants de la mer déchaînée sous ce temps maussade. Néanmoins, cette douce mélodie aux oreilles du brun fut interrompue par l'intervention inattendue du plus petit.
« « Est-ce qu'il t'arrives d'avoir peur ? » »
D'un réflex, sa tête se tourne vers l'autre qui fixe un point invisible parmi le ballet des vagues. Leur danse, rythmée par l'inlassable tempête le fascine, l'hypnotise. Le brun fixe, lui, ce visage rebondi aux traits doux et fins sans jamais réussir à capter le regard pénétrant de son interlocuteur. Finalement, après de longues secondes écoulées:
« « Oui. Tout le temps. » »
Le blond tourne finalement à son tour la tête vers l'autre, leur regard s'ancrant l'un dans l'autre sans pouvoir s'en détacher, comme aimantés. L'intensité de leur échange ne s'atténue point au fil des secondes qui s'écoulent comme les grains de sables d'un sablier. Ici, le sable est sous leurs pieds, prêt à s'engouffrer et les emporter dans les entrailles de leur tourments. Des milliers de questions assaillissent le petit blond en ce moment.
« « Et qu'est ce qui te fait peur ? » »
Un simple sourire anime le plus grand. Une grimace étirant la commissure de ses lèvres, remplie de tristesse, de souffrance et d'amertume. Il sait ce que l'autre ignore. Il cache ce que l'autre voudrait savoir. Il protège l'autre de ce qui pourrait l'anéantir. Une routine tissée dans une toile de mensonges, toile dans laquelle s'empêtre irrémédiablement la vérité, sa sincérité et son honnêteté. D'un mouvement de tête il rive son regard vers les vagues. Il envie leur immortalité, tel le phoenix elles renaissent de leurs cendres après s'être échouées. Lui ne renaîtra pas. Il meurt seulement à petit feu, consumé par la vermine, pris par le temps...
« « Le temps... » »
Le blond fronça les sourcils, un regard empli d'incompréhension posé sur le plus grand des deux, à sont tour envoûté par la magie du spectacle que leur offre la nature déchaînée. Enchaîné à des fers invisibles, voilà ce qu'est le brun. Enfermé dans une cage sans porte, perdu dans un tunnel sans sortie. Un simple animal qu'on jette en cage et qu'on laisse pourrir là, jusqu'à la moelle. Captif de ce corps trop faible, de cette enveloppe charnelle qui l'empêche de voler, qui le détruit lentement et dont il ne peut s'échapper. Ne captant pas l'attention du grand, le plus vieux demande:
« « Pourquoi ? » »
La question était évidente et il aurait voulu lui répondre d'une manière aussi claire et concise que la demande qui lui avait été faite. Mais ce n'était pas aussi simple et évident. C'était douloureux et difficile d'exprimer ce qu'il savait. Il inspira un bon coup l'air frais de la mer, l'odeur agréablement iodée lui chatouillant les narines, un fin sourire de plaisir étirant ses lèvres. Il rejeta sa tête en arrière, les yeux fermés et expira tout l'air que contenaient ses poumons jusqu'à n'en plus pouvoir souffler. Quand il rouvrit ses yeux et que son regard rencontra de nouveau celui du blond, son sourire disparut rapidement, aussi vite que l'agréable sensation de plénitude qui l'eut envahit quelques instants plus tôt. Il n'ouvrit la bouche qu'après de longues secondes interminables pour le plus vieux:
« « Parce que j'ai peur de ne pas avoir le temps de t'aimer suffisamment. » »
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