Chapitre 7 : More
Sun
Deux semaines s'étaient écoulées depuis notre pseudoréunion pour infiltrer l'hôpital. J'avais récupéré l'emploi du temps de l'infirmière qui, manque de pot, était en vacances et ne revenait que le lundi suivant, soit dans quatre jours. Jour où nous avions décidé de pénétrer leur réseau. J'avais mis ce temps à profit pour peaufiner certains détails du plan, acheter le matériel nécessaire, et remplacer en partie celui perdu lors de ma fuite avec Kim. Ce dernier m'avait proposé de rester chez lui durant notre collaboration et, malgré mes réticences, j'avais accepté. Même si l'idée ne m'enchantait guère, plusieurs avantages en résultaient. Je pouvais plus facilement garder un œil sur lui, sans risque pour mes proches. Ma sœur squattait chez mon collègue, par sécurité. Ensuite, je devais avouer que la planque de Kim s'avérait vachement pratique. De rares personnes venaient dans ce quartier, pas besoin de conserver sans arrêt les yeux rivés sur la caméra de la rue. Je maintenais tout de même sa diffusion dans un coin de mon écran, au cas où. Mon hôte m'avait aménagé une table dans le salon pour mon parc informatique. Il m'avait proposé de me laisser sa chambre et de rester lui-même à son appartement au-dessus du bar seulement, il était plus prudent de ne modifier aucune de ses habitudes. J'avais décliné l'offre et dormais sur son canapé. Quant à mon job à la supérette, j'avais demandé un congé exceptionnel pour ne pas risquer de dévoiler ma double identité.
Nous cohabitions depuis quinze jours maintenant. Je me reposais et me douchais lorsqu'il partait travailler et veillait quand il était présent, au cas où il aurait l'idée de mater mon visage durant mon sommeil. Les heures passées en ce lieu me permirent d'approfondir mon enquête, de fouiller son logement de fond en comble et de mieux cerner le personnage. Il brillait par son intelligence, ce qui rendait nos discussions intéressantes où sa haute éducation ressortait. Le paraître que la société imposait, se percevait dans son comportement et sa façon de s'exprimer, notamment pendant ses entretiens téléphoniques pour le boulot. Seuls ou en présence de son ami, il se détendait et parlait de façon un peu moins coincée.
Kim aimait l'art et il me confia avoir peint les tableaux présents dans son bar ou dans son appart. Il se dévouait beaucoup à son travail, testait de nouvelles recettes lors de ses jours de repos et rentrait chaque soir à pas d'heure. Je le suspectais de rester parfois ici pour me tenir compagnie.
Un petit doute subsistait quant à son implication dans les affaires louches de Park, mais je devais avouer que mes soupçons s'amenuisaient. J'avais analysé les vidéos des caméras récupérées chez lui et après de nombreuses recherches, j'avais identifié comme des hommes de l'Underground les poseurs des dites caméras. Il était bien sous surveillance. Soit il jouait parfaitement la comédie, soit il n'avait rien à voir avec le père de son ami. Je restais donc un minimum sur mes gardes, prenais mes précautions et le pistais chaque fois qu'il sortait.
— Il faudrait que tu te procures ses médocs, signifiais-je, alors que nous affinions notre plan.
— Ne seront-ils pas inscrits dans son dossier médical ?
— Pas s'ils l'ont trafiqué. Je ne sais pas à quoi m'attendre. Si tu réussis à en choper, je pourrais les faire analyser pour les comparer avec son ordonnance. Ça nous donnera une piste.
— Mais si je lui en dérobe, cela veut dire qu'il n'aura pas le bon dosage. Qu'en est-il des répercussions sur sa santé ?
— Ce n'est pas parce qu'il ne les aura pas pris une fois, qu'il va en mourir, ripostais-je excédé.
— Es-tu médecin ?
Il devenait tendu dès qu'on parlait de son frère. Ses sautes d'humeur me passaient au-dessus de la tête. Je n'étais pas là pour faire du social.
— Si tu souhaites savoir pourquoi il est enfermé, j'ai besoin de concret. On n'y arrivera pas avec des suppositions. Il faut parfois faire des sacrifices. Sors de ton monde de bisounours un peu.
Ses grands yeux noirs me foudroyèrent. Il se leva d'un bon, siffla son chien, en enfilant sa veste et quitta le hangar après avoir lâché un « I go to work ». La porte claqua si fort que les vitres de son atelier tremblèrent. Je soupirais, m'affalais sur son canapé et profitais de son absence, pour retirer capuche et masque. Je pus enfin respirer un peu mieux. Vivement que cette mission se termine.
Un bruit ignoble de siphon qui se vide me rappela de façon subtile l'heure de manger. Je me dirigeais vers le frigo pour sortir les restes du repas que Kim rapportait à son retour du boulot. Il commandait souvent depuis le bar. Ce n'était pas un adepte des fourneaux et je devais avouer que ça m'arrangeait bien. Je mis mon plat à réchauffer au micro-ondes et constatais qu'il était parti sans déjeuner. Tant pis pour lui.
La sonnerie de mon téléphone retentit en même temps que celle du four.
— Hello, my sunshine !
— Toi, tu es en forme, répondis-je d'une voix neutre, tout en attrapant une cuillère dans le tiroir.
— Non, tu me manques ! Tu nous manques à tous les deux.
— Lu me manque aussi.
— Hey !
Avec un demi-sourire, je m'installais sur le canapé.
— Comment va-t-elle ?
— Fidèle à elle-même. Elle ne parle pas du lycée et me supplie d'aller au studio après chaque journée de cours.
Officiellement, Hoseok, que nous considérions comme notre frère, était professeur de danse dans une école non loin de notre ancien appart et donc du bar de Kim. Ma sœur avait toujours adoré danser et quand celle-ci avait appris sa profession, il avait gagné plus de points dans son estime que je n'en aurais jamais. Depuis, il la coachait et ce n'était pas rare de l'y retrouver à chaque temps libre.
— Merci d'être là pour elle. Cette histoire devrait se résoudre rapidement.
— Ne t'en fais pas pour ça. Sinon, moi, je vais bien, puisque tu demandes.
— Tu as pu te procurer tout ce que je t'ai commandé ?
— C'est pour ça que je t'appelle. Ça n'a pas été facile, mais j'ai trouvé une voiture. J'ai déjà changé les plaques et les numéros de série sont intraçables. Je passerais vous prendre au point de rendez-vous le jour J.
— Nickel. Et pour l'oreillette de Kim ?
— C'est tout bon.
— Super, tu gères. Tu penses pouvoir lui déposer à son appart, avant ce soir ?
— Aucun souci mon petit rayon de soleil.
— Bien envoie moi un message quand c'est fait. Je lui dirai d'aller les récupérer.
— Dacodac ! À plus tard, répondit-il d'une voix enjouée avant de raccrocher.
Le plan était en marche. D'ici quatre jours, on serait fixé.
🌙
Comme à son habitude, Kim rentra en plein milieu de la nuit. Il prit soin de ne pas faire de bruit. Puisque je ne dormais pas réellement, je l'avais entendu arriver. À pas de loup, il se dirigea vers la cuisine. Un faisceau de lumière m'indiqua qu'il ouvrait la porte du frigo et un froissement de sac en plastique me révéla qu'il avait encore une fois commandé. Cependant, il ne s'attarda pas pour manger, monta directement dans sa chambre et fit grincer la deuxième et sixième marche de l'escalier. Il s'arrêta un instant dans son ascension, puis reprit sa route pour s'enfermer dans la salle de bain. Il en sortit quelques minutes plus tard pour se coucher. Son chien grignota quelques croquettes et le rejoignit pour la nuit.
Le lendemain, quand il descendit, j'étais déjà attablé, en train de boire mon café. Si mes calculs étaient bons, c'était son jour de congé.
— Bonjour, laissa-t-il échapper d'une voix rauque, les yeux collés de sommeil.
— Jour.
Je l'observais se servir une tasse de café fumant et s'installer en face de moi. Quelque chose le tracassait, je pouvais le constater sur ses traits. Ce mec possédait un tel panel d'expressions faciales, c'était fascinant. Je me surprenais à l'étudier, voir le dévisager sans m'en rendre compte.
— Je vais le faire !
Oui ? Mais encore ? Habitude déroutante chez lui : sortir des phrases de nulle part, hors contexte, comme si on avait suivi toute la conversation dans sa tête.
— Récupérer les médicaments de Jimin. Je vais le faire.
— Bien.
On termina de déjeuner en silence.
🌙
Il avait passé la matinée en cuisine à essayer de nouvelles recettes de cocktails pour son bar et m'avait interrompu sans arrêt dans mon travail pour me demander de goûter. J'avais eu le malheur, un soir, de lui avouer être amateur de whisky, même si j'en buvais rarement à cause du prix. Il m'avait promu testeur officiel. Sa mission ? Me prouver que mélanger mon alcool préféré avec autre chose n'était pas un blasphème, mais pouvait le sublimer. Il m'avait aussi parlé d'un truc comme le food pairing, je crois, me laissant entendre que ça serait la prochaine étape. La prochaine étape de quoi ? Je ne savais pas trop.
Nous avions déjeuné avec son ami tatoué qui nous avait rejoints entre deux séances de sport. Il s'était ensuite enfermé dans son atelier, m'accordant le loisir de bosser tranquille. Je continuais mes recherches, car certains détails me turlupinaient. J'avais le sentiment d'être passé à côté de quelque chose et je voulais en avoir le cœur net.
Ce n'est que vers vingt-trois heures que je consentis à lâcher mon clavier. Kim n'avait toujours pas refait surface et je commençais à avoir faim. Mon ventre me guida en direction de la verrière, au style industriel, qui séparait l'espace de sous la mezzanine, du reste du séjour. Sa pièce de création n'était pas à proprement fermée, mais délimitait de façon bien distincte les deux zones.
Je m'appuyais dans l'encadrement de la porte, les bras croisés sur la poitrine et l'observais en silence. Kim peignait sur une immense toile à même le sol, dos à moi. Il portait une chemise en lin beige aux manches retroussées, assez large pour flotter dedans, un pantalon marron ample et je pus constater que ses pieds nus étaient aussi grands, fins et délicats que ses mains. Ses avant-bras laissaient apparaître des taches de couleur entre ses veines sinueuses. Même recouvert de gouache, les cheveux en batailles, je ne pouvais nier son charisme et sa beauté.
— Quoi ? lança-t-il après quelques secondes.
Il avait dû sentir ma présence depuis le début. En même temps, je n'avais rien fait pour rester discret.
— Rien.
— Pourquoi me regardes-tu ainsi ?
Qu'entendait-il par « ainsi » ? Il ne pouvait pas voir mon visage et encore moins mes yeux. J'en conclus que son « ainsi » voulait dire « avec insistance ».
— Tu as un don pour l'art. Et encore plus pour transmettre tes ressentis, signifiais-je honnêtement.
Il se releva, laissa son pinceau dans un pot d'eau présent à côté de sa toile et s'avança vers moi. Ses iris se plongèrent dans je ne savais trop quoi et cherchaient à percer l'obscurité de ma capuche pour y sonder mon âme. Son regard me déstabilisait. Ce mec pouvait se montrer d'une naïveté sans nom, aussi pur qu'un enfant dont on pouvait lire chaque émotion comme un livre ouvert et l'instant d'après, se transformer en un homme charismatique, ténébreux et extrêmement sûr de lui, impossible à déchiffrer. Je crois que c'est ce qui me captivait le plus chez lui : le fait que je ne sache jamais à quoi m'attendre. Il me fascinait autant que je m'en méfiais.
— Qu'est-ce que tu caches ? demandais-je pour reprendre une constance.
— Comment ça ?
— Pourquoi tu vis dans une ancienne caserne ? Pourquoi personne, à part ton pote, ne le sait ? Pourquoi il n'y a pas de caméras dans ton bar ?
Pour quelqu'un qui ne connaissait l'Underground qu'en « surface », je le trouvais bien secret, c'était beaucoup trop louche. Bien sûr, j'avais cherché des explications et fouillé les lieux pendant son absence sans dénicher quoi que ce soit.
— C'est à cause de mes ressentis, justement, avoua-t-il dans un soupir.
https://youtu.be/8dDPr8EAqqk
Il s'écarta pour me laisser rentrer dans son atelier et détailler ses toiles d'un peu plus près. Et là, d'un coup, je compris. Ses peintures criaient de vérité, de ressentis, d'émotions. Elles étaient vivantes. Tout ce que ce monde refusait. On y observait, sur la majorité, des portraits avec une partie hyper réaliste et une autre complètement anarchique, déstructurée et abstraite. Les sentiments, les perceptions de ces personnages explosaient pour sortir de leurs corps et s'exprimer sans retenue. Je pouvais y voir une critique de la société, du paraître, des lois. Certains tableaux en tons de gris affichaient des « giclures » de couleurs vives. J'y interprétais une représentation de la colère contre le monde et ses carcans que nous imposait cette société. D'autres, hyper bigarrés, aux teintes virulentes, interpellaient sur la toxicité de notre système. Encore une fois, j'avais sous les yeux un large panel d'émotions. C'était lui. Sans masque, sans faux-semblant, sans dissimulation. Tout simplement lui. Pour quelqu'un comme moi qui avais du mal à ressentir ses propres émotions, encore plus à les exprimer, j'étais impressionné par la justesse de ces représentations. Au final, je ne saurais dire si c'était sa passion ou la mienne que j'éprouvais face à ses œuvres.
— Tu penses bien que, dans notre société, jamais je ne pourrais manifester mon art librement.
Son intervention me reconnecta d'un coup à la réalité. J'avais tout occulté autour de moi, complètement perdu dans ma contemplation. Jamais je n'avais ressenti ça. C'était un sentiment étrange.
— Ma position sociale m'oblige à respecter certains codes et la réputation d'autres personnes découle de mes faits et gestes. Celle de mon frère, mais aussi son père. Tu imagines, si ses partisans accédaient à mes toiles ? Qu'en penseraient les gens ?
En effet, je comprenais qu'il ne pouvait exposer son art aux yeux de tous. Je pouvais aisément envisager leur réaction : jamais ce ne serait permis. Il serait censuré direct.
— C'est pourquoi je les garde pour moi. J'ai besoin d'extérioriser tout cela, mais je ne souhaite pas que l'opinion de personnes qui me découvrent réellement ait une incidence sur mes proches et ceux que j'aime. Voilà la raison de cet endroit. Pour que je puisse créer en toute discrétion. Si aucune caméra n'est présente au bar, c'est parce que je ne veux pas que le père de Jimin puisse constater tout cela, dit-il en englobant la pièce du bras. J'ai beaucoup d'estime pour lui et je lui dois tout. Il ne cherche pas vraiment à surveiller mon activité, il me fait confiance. Mais si jamais il voyait mes tableaux, il exigerait d'apprendre où je me les suis procurés et donc découvrirait le reste.
Il fit une pause. Ses yeux étaient perdus dans le vague et j'ignorais s'il s'adressait à moi ou à lui-même.
— Je ne veux pas le décevoir, chuchota-t-il. Mais j'ai aussi besoin d'être moi-même.
Il avait vraiment l'air coupable et désolé. Je ne comprenais pas en quoi l'avis de ce connard pouvait autant compter pour lui. J'imaginais qu'il était à mille lieues de piger qui était réellement ce monstre. S'il savait.
— Pour moi, un artiste cherche à faire passer un message, ses émotions, son histoire, enchainais-je. Il ne devrait pas avoir à s'adapter à son public. C'est au public d'écouter, de lire ou de voir les choses qu'il apprécie. On ne peut pas plaire à tout le monde, c'est sûr, mais tant pis. Je dirais même heureusement. Ça voudrait dire que l'on pense tous pareil. Cette société cherche à nous matrixer. Nous transformer en moutons. Pour moi, ceux à qui on ne convient pas trouveront quelqu'un d'autre à lire, à écouter. Quel est l'intérêt de cracher sur ce qu'on n'aime pas ? On devrait dépenser cette énergie à soutenir ceux qu'on aime plutôt que de rabaisser son voisin. Si tu t'adaptes à ton public, pour moi, tu t'égares dans ton processus de création. Tu n'es pas vrai, ton message perd de sa force, de son authenticité et c'est triste.
J'ignorais d'où me venaient cette assurance et ce lâcher-prise pour me livrer à quelqu'un à qui je ne faisais pas encore confiance. Sa vision des choses m'avait rappelé des souvenirs de mon enfance, et ma bouche avait parlé sans que je lui en donne l'ordre.
— Tu peins toi aussi ?
https://youtu.be/797CJMRF--k
Sa question, justifiée par mes aveux, me ramena à la réalité. Je n'avais pas remarqué qu'il s'était rapproché de moi pendant mon monologue. Il avait repris son regard noir et envoûtant.
— Non.
Ce que j'affirmais pouvait se transposer à toute forme d'art et d'expression. Ma sœur et Hobi dansaient, et petit, ma mère m'avait appris la musique. Mais ça, c'était avant que...
Je me reconcentrais sur Kim, pour chasser ces souvenirs de mon esprit. Il s'était encore approché. J'essayais de reculer afin de réinstaurer une distance convenable entre nous. Mon dos rencontra le mur, m'empêchant d'aller plus loin. Je me figeais, tendu de cette proximité. Ce mec était imprévisible et là résidait le danger avec lui.
Ses yeux sombres fixaient le bas de mon visage. Mes lèvres, peut-être ? Ses gestes lents, prudents, sans agressivité, m'indiquaient qu'il ne me voulait aucun mal. Il humidifia ses propres lèvres d'un coup de langue rapide et s'immobilisa à quelques centimètres de moi. Je rêvais où il voulait m'embrasser ? Tout dans son attitude amenait à le penser. Dire que je n'en avais pas envie serait mentir. Kim m'attirait. Si je l'avais rencontré dans d'autres circonstances, je ne me serais pas gêné pour me le taper. Sans aucune hésitation. Toutefois, je ne pouvais pas compromettre la mission pour une partie de jambes en l'air. Encore moins mon identité.
Mon corps le voulait, mon cerveau s'y refusait et heureusement pour moi, ce dernier avait repris le dessus.
— Qu'est-ce que tu fous ?
Je n'avais pas bougé ni montré aucun signe de résistance ou de rejet. Mes mots avaient suffi à le figer.
— Aucune idée, j'en ai envie, souffla-t-il contre mes lèvres.
— Pourquoi t'aurais envie de m'embrasser ? Tu ne sais même pas à quoi je ressemble.
— Je me moque de ce à quoi tu ressembles. Que tu sois beau, moche, un homme, une femme. C'est ta personnalité et tes valeurs qui m'attirent et non ton physique ou ton genre.
Il avait le mérite d'être clair. C'était la merde. À ce rythme-là, je n'étais pas sûr de pouvoir le retenir.
— Tu as déjà eu des expériences avec les deux sexes ? demandais-je dans un vain espoir de lui faire réaliser que le monde dans lequel nous vivions ne lui pardonnerait aucune incartade.
— Non et toi ?
— Oui.
— Parfait, tu me guideras, renchérit-il avec un sourire séducteur.
Putain ! Je sentais mon excitation monter. Cette assurance qu'il dégageait face à l'inconnu renforçait l'attirance que mon corps avait pour lui. Il ne semblait pas éprouver la moindre peur vis-à-vis de mon aspect physique dont il ignorait tout, ce qui boostait un peu ma confiance en moi. Il m'était donc possible d'être désirable. J'allais céder. Contre tous mes principes, tout ce que je m'étais imposé jusqu'à maintenant.
Comme une délivrance, une sonnerie retentit et permit à mon cerveau de reprendre le contrôle. Kim sursauta puis fronça les sourcils.
— Qui peut bien m'appeler à une heure pareille ?
Il se dirigea vers un établi où son téléphone gisait, au milieu de son matériel de peinture éparpillé.
— Mince ! Il doit y avoir un problème au bar.
Lorsqu'il décrocha, l'expression de son visage changea du tout au tout. Son air s'assombrit d'un coup. La colère présente sur ses traits m'arracha un frisson. Je pouvais entendre la voix d'une femme, mais elle parlait de façon trop confuse pour que je puisse comprendre ses dires à cette distance.
— Dami ! Écoute-moi. Respire. Te sens-tu capable d'aller jusqu'à la porte et de la fermer à clé ?
Dami... C'était le nom de son employée. Kim sortit en trombe de l'atelier. Après avoir enclenché le haut-parleur, il attrapa un pull qui traînait sur le canapé, l'enfila par-dessus sa chemise pleine de peinture. Il continuait de lui murmurer des paroles calmes et réconfortantes, contrastant avec ses gestes saccadés et précipités.
— Quel son t'apaise le plus ?
— Euh...
— N'importe quoi, un bruit qui te fait plaisir.
— Le hotteok* qui frit.
Il se mit à produire un chuintement bizarre avec sa bouche, censé copier un bruit de friture. Son imitation était à chier, mais au moins, la serveuse sembla se détendre et même rire un peu.
— J'arrive tout de suite, je te garde en ligne, ne t'inquiète pas.
Il attrapa ses clés ainsi que la laisse du chien qu'il n'eut pas besoin d'appeler. Ce dernier se leva instantanément de son panier quand il vit son maître se diriger vers la porte avec son harnais. En moins d'une minute, il avait filé.
Je n'avais toujours pas bougé et j'expirais lentement. Je me rendis compte que j'étais resté figé depuis que ses lèvres avaient commencé à frôler les miennes.
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Hotteok : Type de pancake coréen fourré d'un mélange sucré à la cannelle au sucre brun miel et pistache.
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Hello, hello, j'espère que vous allez bien.
Beaucoup de choses qui me tiennent à cœur dans ce chapitre.
Tout d'abord, l'étonnement de Sun face à la considération de Kim pour sa personne alors qu'il ne sait pas à quoi il ressemble. Aussi fou que ça puisse paraitre, oui on peut aimer/apprécier/désirer/ce que vous voulez, quelqu'un, quelque soit son genre, son physique, mais juste pour l'Humain qui se trouve devant soi. C'est dingue, hein ? Je crois que c'est la première raison pour laquelle j'ai commencé à écrire cette histoire. Je n'en dis pas plus, vous découvrirez par la suite (si vous continuez de la lire) ce que Sun fait de cette info et comment Kim réagit.
La deuxième chose, c'est la discussion autour de l'art. L'échange entre Sun et Kim m'est venu suite à une conversation avec une amie (coucou @PurpleLeftOver si tu passes par là). Je ne comprends pas la haine et l'acharnement des gens contre les personnes qu'ils n'aiment pas. Pourquoi perdre de l'énergie plutôt que de consacrer son temps à ce qui compte vraiment pour nous ? Tu n'aimes pas telle peinture/photo/musique/personne/... fine ! Passe ton chemin. Pourquoi lui cracher dessus ?
Bref je pourrais débattre sur le sujet pendant des heures, mais la n'est pas le but. Si vous souhaitez en discuter (avec bienveillance et civisme, c'est tout à fait possible en commentaire).
La semaine prochaine, la première phase du plan commence, j'espère que vous êtes prêt.e.s.
Prenez soin de vous d'ici là !
🌙
Si ça intéresse certain.e.s, je vous poste des peintures d'un artiste que j'apprécie beaucoup et dont je me suis inspiré pour décrire l'art de Taehyung. N'hésitez pas à me partager votre avis (de façon constructive, please). Pour info, je l'ai découvert grâce à mon tatoueur qui a eu l'honneur de le rencontrer et de se faire offrir un original ^^
Russ Mills : https://www.byroglyphics.co.uk/
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