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Chapitre 4 : Doubt

Sun

Je m'étais précipité au sommet de la mezzanine alors que Kim se dirigeait nonchalamment pour ouvrir.

— Tu penses vraiment que si quelqu'un venait nous attaquer, il frapperait à la porte ?

Il se foutait de ma tronche. Lui avait grandi dans une société où des coups contre une porte ne présageaient rien de mauvais. Il vivait dans un monde différent du mien et avait eu la chance de naître du bon côté.

Caché du mieux possible derrière la rambarde, je gardais un œil sur l'entrée, prêt à déguerpir si besoin, voir me battre dans le pire des cas. J'avais été stupide de ne pas vérifier les issues de secours à l'étage.

— Kest ze qui se paaaz ? interrogea Lu d'une voix endormie.

Elle s'était redressée, les cheveux hirsutes et se frottait des yeux encore remplis de sommeil. Elle n'eut pas le temps d'avoir une réponse que, déjà, l'intrus pénétrait les lieux et offrit une accolade chaleureuse à celui qui lui avait ouvert.

— Kook, qu'est-ce qui t'amène ?

— T'as un souci avec ton portable ? Je tombe direct sur messagerie.

— Il est mort, je t'expliquerais.

— Eh bah, l'accueil c'est plus c'que c'était ! râla le nouveau venu en direction du chien vautré dans son panier. Tu viens même pas me dire bonjour ? Ingrat.

Sans les lâcher du regard, je vis du coin de l'œil le clébard lever paresseusement la tête et se tourner en direction de l'homme. Il dut juger que ça n'en valait pas la peine et se recoucha mollement dos à lui.

— Ah bah d'accord... Je note ! ronchonna l'intrus sous les moqueries de son ami.

— Ne t'inquiète pas, je t'aime, moi, mon Kookie, c'est le plus important !

— Mouais... T'es avec quelqu'un ? Je croyais être le seul à avoir le privilège de connaître l'endroit où tu « t'adonnes » à tes vices cachés ?

Merde ! Je me figeais d'un coup. Il m'avait repéré. À cause des fourmis dans ma jambe, j'avais tenté de changer de posture. Pour la discrétion, on repassera. Je me retournais vers ma sœur, lui intimais de ne pas bouger, un doigt posé sur ma bouche. Elle parut outrée que je fasse comme si c'était elle qui avait fait du bruit, mais je n'avais pas le temps de m'en préoccuper. Sa sécurité m'importait davantage.

— Mon entrevue avec Sun ne s'est pas passée comme prévu, annonça le maître des lieux. La soirée s'est révélée riche en émotions. Installe-toi, nous allons te raconter.

— Nous ? Donc y'a vraiment quelqu'un d'autre ici ?

Kim se dirigea en silence vers les escaliers, suivi de son compagnon à quatre pattes qui avait enfin décidé de se bouger.

— Tu peux descendre, tu ne risques rien. Je vais te présenter.

J'hésitais un instant. Conscient qu'il ne servait plus à rien de me cacher, je me relevais. Le chien arriva à ce moment et prit place dans le lit auprès de ma sœur qui se recoucha en l'étreignant. Je concédais à la laisser seule avec lui puis rejoignis les deux autres dans la pièce à vivre.

Kim ne me lâcha pas du regard jusqu'à ce que je parvienne à sa hauteur. Je sentais de la curiosité de sa part à ne pouvoir discerner mon visage, caché sous cette grande capuche bien qu'il ne fit aucune remarque. Il m'accompagna vers son comparse que j'avais immédiatement reconnu lorsqu'il avait ôté sa casquette, et nous fit signe de nous asseoir.

— Kook, je te présente Sun. Sun, voici Jungkook, mon meilleur ami.

Je rencontrais le fameux Jungkook, ex-habitant de l'Underground. On se toisa. Enfin surtout moi, lui ne devait pas percevoir grand-chose mis à part mon attitude froide et défensive qui transparaissait par tous les pores de ma peau. Je voulais qu'il comprenne que j'étais prêt à riposter si besoin, même s'il ne ferait qu'une bouchée de moi. En revanche, moi, je ne me gênais pas pour examiner l'homme que j'avais vu au bar lors de mes repérages. Conformément aux infos de mon dossier, il avait une carrure sportive, laissant deviner des muscles bien dessinés à travers son tee-shirt qui dévoilait un bras entièrement tatoué. Ses cuisses témoignaient de ses séances de boxe et la ceinture de son pantalon faisait ressortir une taille fine. Son look noir s'accordait à ses cheveux dont quelques mèches lui retombaient devant les yeux. Un piercing argenté à l'arcade complétait la paire avec l'anneau à sa lèvre. Je devais le reconnaître, sa prestance m'impressionnait. Entre le brun charismatique et le tatoué ténébreux, je ne me sentais vraiment pas à ma place.

— Enchanté, réagit alors le plus jeune.

Sans rendre la politesse, je me redressais dans le fauteuil, ouvris mon ordinateur que je n'avais pas lâché depuis l'arrivée de Jungkook et affichais, de nouveau, les images de la caméra de sécurité.

— Je te le dis encore une fois, mais tu ne crains rien ici, soupira Kim. Téra est un très bon chien de garde.

— Ouais, chien de garde qui n'a pas bronché il y a cinq minutes, grondais-je sans lever les yeux vers lui.

— C'est parce qu'il connaît Kook, il savait très bien qu'on ne risquait rien.

— Il ne t'a pas empêché de te faire kidnapper, de ce que j'ai pu compr...

— Comment ça, tu t'es fait kidnapper ? me coupa ledit Kook.

Ma lèvre abîmée ne lui avait pas échappé et, même si c'était le seul détail qui émergeait de sous ma capuche, mes boitillements pouvaient aisément laisser imaginer mon état global. Son pote ne portait aucune blessure apparente, il n'avait pas dû se poser plus de questions. Ma dernière remarque changeait la donne.

Kim soupira, se massa les tempes et se lança dans son récit :

— J'attendais Sun à notre point de rendez-vous, quand des mecs ont débarqué avec un fourgon et m'y ont fait rentrer de force. J'ai perdu connaissance à cause d'une substance qu'ils m'ont injectée.

— Pardon ? s'exclama le plus jeune, les yeux écarquillés, prêt à bondir.

— Ne t'inquiète pas, je vais bien. Laisse-moi finir l'histoire d'abord, tu iras « niquer des races » comme tu dis, après.

Kim massa la nuque de son ami pour le détendre. Je ne savais pas si c'était ses paroles ou son geste, mais cela fonctionna, car le tatoué acquiesça d'un signe de tête et se recala dans le canapé.

— Quand je me suis réveillé, j'étais enfermé dans un sous-sol avec lui, précisa-t-il en me désignant du menton. Visiblement, ils m'ont pris pour son partenaire. Ils travaillent pour un certain Choi et ont eu peur lorsqu'ils m'ont reconnu.

— Choi ? Tu penses aux parents de Rosé ?

— Je ne sais pas trop. C'est un nom tellement répandu. Mais oui, bien sûr. Après, ils n'avaient pas l'air d'être les ampoules les plus vives du lustre. Qui enlève la mauvaise personne ? Ils n'étaient clairement pas bien renseignés.

Cette dernière remarque m'arracha un ricanement, mais je m'abstins de tout commentaire. Je n'en pensais pas moins. Des amateurs.

— Comment t'as fait pour t'en sortir ?

— Quand ils se sont rendu compte de leur erreur, ils ont commencé à paniquer et ont voulu se débarrasser de moi. J'ai eu la présence d'esprit de feindre mon inconscience. Ils se sont alors contentés de m'abandonner devant l'immeuble.

— Mais qui fait ça ? C'est quoi ces boulets ?

— Je ne te le fais pas dire. En même temps, heureusement, s'ils s'étaient montrés plus méticuleux, on ne se parlerait pas à l'heure qu'il est. J'ai erré quelque temps, je me suis perdue puis je suis revenu au point de départ. Ensuite, j'ai aidé Sun à sortir et nous nous sommes enfuis. Ils nous ont poursuivies à travers la ville. Sun a réussi à masquer nos traces et à les semer. J'étais en train d'expliquer la situation de Jimin quand tu es arrivé.

— Je vois. Et le téléphone ?

— Oh ça, Sun s'est chargé de lui faire vivre ses derniers instants, précisa solennellement Kim, une main sur le cœur comme s'il pleurait la perte d'un être cher.

En réalité, il n'en menait pas large. Je pouvais aisément le repérer sur son visage. Ce mec transpirait ses émotions. Sous couvert d'humour, il cherchait à masquer sa peur et son inquiétude. Le déni de la dangerosité de la situation le préserverait sans doute de la crise de nerfs. Son ami n'avait fait aucune remarque me concernant, moi, ou la mission. Mon client parlait de moi comme si l'autre me connaissait. J'en déduisis qu'il lui avait tout raconté. Pas très étonnant. Après tout, si j'en croyais ses dires, c'était son ami qui lui avait fourni le moyen de me contacter. Restait à savoir comment lui l'avait eu en premier lieu.

— Tu étais pisté ! me justifiais-je, de retour à la conversation. Tout ton appart est truffé de caméras et je suis sûr que tes échanges, e-mails, communications et autres sont passés au peigne fin. Même le contenu de ton frigo et tes chiottes doivent être surveillés.

— Tu es parano !

— Génial ! Vous êtes déjà meilleurs potes ! railla Jungkook.

— Visiblement pas assez, sinon je ne me serais pas retrouvé dans cet état au fond d'un trou ! Et encore, on a eu de la chance dans notre malheur, d'être tombé sur des brêles.

— Ils en ont après toi selon tes dires, ce n'est pas la première fois ?

Touché.

— Je suis expérimenté dans mon domaine, et la célébrité n'a pas que de bons côtés.

— Si tu es si doué, comment ça se fait que tu te sois fait choper ? contre-attaqua Jungkook.

— Si vous n'avez pas confiance en mon travail, je n'ai plus rien à faire ici, crachais-je tandis que je me levais.

— On se calme les gars, tempéra Kim. Personne ne remet en cause tes capacités. J'ai besoin de toi et je suis prêt à suivre tes instructions.

Son ton sérieux à la limité du désespéré me fit me rasseoir non sans soupirer. Ce fric m'était nécessaire et l'occasion de pouvoir me venger de ce connard était trop tentante. Je posais mon ordinateur portable sur la table basse pour garder un œil dessus, appuyais mes coudes sur mes genoux et croisais mes mains au niveau de mon nez, toujours caché par ma capuche.

— Très bien. Que sais-tu de la ville et de l'Underground ? demandais-je, ignorant Jungkook qui me jetait un regard noir.

— J'en sais ce que l'on nous en apprend dans les livres d'histoire. Le peu que Kook m'a décrit est quand même assez édulcoré, par rapport à ce soir, reprocha-t-il à demi-mot à son ami d'enfance.

— C'est-à-dire ? voulus-je approfondir.

— Notre pays, comme tous les autres, possédait ce que nous appelions avant, une police, une juridiction ainsi que des prisons pour enfermer les criminels. Mais depuis une cinquantaine d'années, ce système est révolu. La police a été remplacée par des médiateurs. Ils servent uniquement à venir en aide aux citoyens ou à les départager en cas de litiges, fait qui arrive relativement peu souvent, récita Kim tel un bon petit élève.

Il ne me lâchait pas un seul instant du regard au cours de sa tirade, ce qui était assez perturbant. J'avais l'impression qu'il sondait mon âme, alors qu'il ne pouvait pas voir mes yeux.

— Des caméras de surveillance ont été installées partout et assurent la protection de tous. Les prisons et les tribunaux ont été réhabilités en hospices, orphelinats ou autres associations caritatives. Finalement, la seule menace pourrait venir de l'extérieur. Tous les pays ne fonctionnent pas comme le nôtre, même si la plupart commencent à s'y mettre. Mais encore une fois, nous ne craignons pas grand-chose, car les frontières sont prémunies par une unité spéciale créée par notre gouvernement.

Je me contentais d'écouter sans l'interrompre, sans laisser transparaître mes opinions. Sa naïveté m'affligeait.

— Celui-ci est composé d'un membre de chaque famille ayant participé à l'élaboration et à la prospérité de l'État Geoul*. Trois personnes se partagent le pouvoir, mais aussi les responsabilités à parts égales. Tous les quatre ans, les citoyens ont la possibilité de voter pour le maintien de ce système ou pour son abolition. Cependant, il n'a jamais été remis en question depuis sa création, même si la tendance depuis quelques années laissait supposer le contraire.

Il s'arrêta quelques secondes, reprit son souffle pour enchaîner :

— L'Underground est un quartier en attente de restructuration, déserté par ses occupants pour cause d'insalubrité. Ceux-ci ont été relogés dans des appartements neufs, grâce au soutien financier du gouvernement. Cet acte de générosité a été vu comme un moyen de rallier des personnes à ce projet, même si les motifs officiels étaient l'entraide et le partage.

Après son monologue, Kim fit une pause, sa leçon bien apprise. Le bourrage de crâne avait été fait jeune après tout.

— OK, ça, c'est ce qui est écrit dans les manuels scolaires. Quelle est ta version ?

— Pourquoi ma version différerait-elle ?

— Tu es intelligent, plus que la moyenne si je m'en réfère à ton dossier médical et scolaire. Tu as aussi voyagé à l'étranger. Ne me fais pas croire que tu as gobé cette histoire sans jamais la remettre en question.

— Je sais que si la reconstruction du quartier traîne, c'est parce qu'en fait, un réseau y réside caché. Il est impossible de reloger tout le monde, il y a beaucoup trop de personnes. Le gouvernement les laisse donc vivre tant qu'ils n'interfèrent pas avec le bien de la ville. De temps en temps, certains enfants sont recueillis dans un orphelinat, comme Jungkook. On leur propose de prendre en charge leur éducation et en échange, de garder le secret sur l'Underground et de réaliser quelques missions pas forcément avouables, mais nécessaires pour la protection de la population.

Je ne pus m'empêcher de sourire face à l'insouciance et la naïveté de mon client, encore une fois. Ce que l'on avait oublié de mentionner dans les manuels scolaires c'était que si notre gouvernement avait choisi ce nom, Geoul, ce n'était pas pour rien. Les jeunes générations l'appelaient Goal, car prononcées rapidement, l'erreur de prononciation était facile. Cette hallucination auditive avait arrangé le pouvoir en place qui n'avait jamais démenti cette appellation. La population y voyait là un symbole d'avenir, une avancée vers le progrès, comme un but ultime à atteindre. En fait, ce nom venait de notre langue ancienne et signifiait miroir, explicitant toute la perfidie de cette société. Un système miroir, lisse, basé sur le paraître, il reflétait notre image à l'identique, sans permettre de regarder à travers et donc ce qu'il se passe au-delà des frontières. Un État à la fois tranchant et paradoxalement fragile. Elle était là, la réalité de notre monde.

— Très bien, la première étape est de piquer le dossier médical de ton frère. Ça, je m'en charge. Ensuite, il va falloir comprendre pourquoi on s'en est pris à lui. Si on obtient le nom de la personne dont il avait les infos, on saura qui est derrière tout ça, répondis-je sans commenter sa confession.

— Donc, toi aussi, tu penses que son hospitalisation est anormale ?

— Son dossier médical nous le dira. Je n'écarte aucune piste.

— J'ai encore de vieux contacts, ajouta Jungkook. Je vais voir s'ils ont entendu parler de quelque chose, mais j'ai peu d'espoir, j'ai déjà fait des recherches et ça n'a rien donné.

— S'ils sont sous contrat, ils ne se risqueront pas à vendre les infos de leurs employeurs. Leur réputation est en jeu et si on ne peut plus leur faire confiance, ils n'auront plus de taf et ne survivront pas en bas. L'honneur, c'est la seule chose qu'il leur reste. Je vais voir si je peux trouver quelque chose de mon côté, mais continuez les recherches. Je ne te cache pas que je vais devoir soudoyer certaines connexions.

— L'argent n'est pas un problème.

— Alors nous allons pouvoir nous entendre, clôturais-je la discussion.

Sur ces mots, je remballais mon ordinateur dans mon sac et me dirigeais vers la mezzanine.

— Attends, tu t'en vas ? questionna Kim, d'un coup debout.

— On a vu tout ce qu'on avait à voir, je vais me mettre au boulot. Je te recontacterais quand j'aurai trouvé quelque chose.

— Tu peux rester ici si tu veux. Tu... tu ne vas pas m'en dire plus sur l'Underground ?

— Non, je ne te fais toujours pas confiance.

Je réveillais ma sœur qui dormait paisiblement, le chien emmitouflé dans ses bras. Le spectacle m'attendrit et je ne pus m'empêcher de les admirer quelques secondes. Les cheveux de Lu s'emmêlaient dans les poils du molosse. Si on jetait un coup d'œil rapide, on ne pouvait différencier la frontière entre les deux.

— Ils sont adorables. C'est rare qu'Amaterasu se montre proche de quelqu'un d'autre que moi et surtout aussi vite, souffla Kim qui m'avait rejoint.

Je secouais en douceur la seule femme qui faisait battre mon cœur, pris le plus de sacs possible pour l'alléger, malgré ma cheville foulée, et me dirigeais vers la sortie. Elle me suivit, encore somnolente, les vêtements couverts de poils de chien.

Je souriais à la congruence de la situation. Amaterasu était le nom de la déesse du soleil de certaines mythologies. Mes yeux se portèrent sur la longue chevelure de Luna qui tanguait au rythme de ses pas. Intéressant. Entre le nom du bar, celui du chien, leur rencontre fortuite, son lien avec Park. Personnellement, je ne croyais pas aux coïncidences.

🌙

— Aïe ! Mais quel bourrin, tu ne peux pas y aller plus doucement ?

— Mais quelle douillette !

— J'aimerais bien t'y voir ! C'est pas toi qui t'es fait tabasser, traîner à travers une fenêtre et qui as parcouru la ville en long en large et en travers avec des mecs armés au cul. Un peu de compassion serait la bienvenue.

— Mais quel Drama queen ! Arrête de gesticuler, je n'arrive pas à mettre le bandage comme il faut.

Je luttais depuis plus de dix minutes pour ne pas emplâtrer mon ami et partenaire qui essayait tant bien que mal de me soigner. Partis de chez Kim, on avait rejoint son appartement. Soulagé de nous savoir en un seul morceau, il nous avait sautés dans les bras. Le message envoyé un peu plus tôt devant l'ancienne caserne n'avait pas suffi à le calmer. Il avait encore plus paniqué à la vue de mon corps recouvert d'ecchymoses, ma lèvre fendue ainsi que ma cheville bleue et toute gonflée. S'ensuivit une avalanche de feulements et d'insultes de ma part. Il avait même osé s'introduire dans la salle de bain pendant ma douche, violant mon intimité. Après m'avoir répondu que ce n'était pas la première fois, et sûrement pas la dernière, qu'il matait mon joli petit cul, mon aîné avait obtenu gain de cause. Il avait réussi à m'approcher pour me soigner alors que je grognais toujours sur le canapé, évoquant toute ma pudeur bafouée.

https://youtu.be/TTAvUOJbAXk

— Voilà mon petit rayon de soleil ! Un peu de repos et tu seras comme neuf.

— Merci, ronchonnais-je.

— À quoi tu penses ?

— À Lu. Maintenant que notre appart a été découvert, on ne peut plus y retourner.

— Vous êtes les bienvenus ici. Vous pouvez rester autant que vous le souhaitez.

— Je sais, merci. Mais il vaudrait mieux qu'on ne soit pas ensemble. Si l'un de nous deux se fait choper, au moins l'autre sera en lieu sûr. En plus, ils ne te connaissent toujours pas. Je te mets en danger.

Une vague de culpabilité monta en moi. Sans compter la sécurité de Lu. C'était mon point faible, j'en avais bien conscience. Je lui avais appris à être constamment sur ses gardes, mais la peur demeurait. Si un jour quelque chose lui arrivait, ou à mon ami d'ailleurs, je ne me le pardonnerais jamais.

— Tu as eu le bon réflexe de détruire les datas de mon téléphone quand t'as compris que je m'étais fait choper, repris-je. Merci, vraiment. J'aurai été dans la merde.

— Je t'en prie. Heureusement que tu avais créé ce programme de réinitialisation à distance machin chose là, et que tu l'as installé sur nos portables à Lu et moi.

Il ébouriffa mes cheveux, signe que son stress descendait. Le contact physique l'aidait toujours à se détendre dans ces moments-là. Je grognais de mécontentement et enchaînais pour lui éviter de répliquer :

— Kim m'a dit qu'un message l'avait inquiétée quand ils étaient ensemble. Il a même demandé à son chien de la suivre. C'était toi ?

— Ouais, après avoir effacé tes données, je lui ai envoyé un texto. Elle a de toute façon dû recevoir la notif de ton truc. Mais qui fait suivre une inconnue par son chien juste parce qu'il s'inquiète ?

— Un psychopathe. Mais je dois avouer que le clebs a l'air de s'être attaché à elle, ce qui m'arrange. Il pourra la défendre en cas de soucis, tentais-je de me rassurer plus qu'autre chose. Quelle vie je lui offre ?

— Ne culpabilise pas. Tu gères comme tu peux, tu y arrives très bien. Tu sais qu'elle peut rester ici si tu veux. Elle sera en sécurité avec moi. Ça sera plus facile de te planquer tout seul et son lycée est tout proche. En plus, ils associent mon visage à celui de son frère.

— Ça m'ennuie qu'elle squatte ton lit, plaisantais-je pour cacher ma gêne.

— Tu rigoles, j'espère ! Je la considère comme ma propre sœur. C'est normal. Et puis ça me donne un prétexte pour dormir dans tes bras sur le canapé, répondit-il tout en haussant plusieurs fois les sourcils.

Quelle nouille ! J'aimais quand il faisait le pitre pour me remonter le moral. C'était lui, le rayon de soleil.

— Ahah, si je ne te connaissais pas aussi bien, je me demanderais si tu ne serais pas intéressé par les hommes, lui envoyais-je en même temps qu'un coussin dans la tronche.

— Qui sait ! Tu seras peut-être celui qui me fera virer de bord !

Il me dévisageait puis posa le regard sur mes cheveux, encore humides de la douche, qui gouttaient sur ma joue. Quand il me scrutait si intensément, ça me mettait mal à l'aise. À plusieurs reprises, il m'avait avoué me trouver beau, malgré mes protestations. Mes yeux si singuliers qui me complexaient tant, lui les trouvait magnifiques, « ils perfectionnaient tout mon charme » comme il aimait le dire. Je t'en foutrais moi du charme.

— Arrête de me reluquer ! râlais-je pour me redonner constance.

— Mais qu'est-ce que j'y peux ? Tu es beau.

Il le faisait exprès.

— Je suis défiguré !

— Et ta connerie, elle est défigurée ? Allez, viens me faire un câlin, qu'on se couche.

Mon aîné m'enlaça, mais je le repoussai d'un léger coup de coude dans les côtes dont il exagéra les douleurs, fidèle à la Drama queen qu'il était. Il réussit encore une fois à m'arracher un rire, il était l'un des rares à y parvenir. On s'installa chacun d'un côté du canapé, tandis que je mesurais la chance d'avoir cet ami dans ma vie. Il m'acceptait tel que j'étais.

— Hobi ?

— Hum ?

— Merci. Merci pour tout.

— De rien Sunny. Je t'aime.

🌙

Taehyung

Je m'étais levé avec le contrecoup de la soirée. Le corps tout courbaturé et les pensées dirigées vers une seule et même personne. Je n'arrivais pas à m'enlever le hacker de la tête. Son côté impénétrable m'intriguait.

Je m'étais repassé notre fuite en boucle et j'assimilais petit à petit les choses. Le surréalisme de la situation s'avérait impensable pour mon esprit. Je ne m'étais jamais senti à ma place, sans pouvoir l'expliquer, mais de là à remettre tout mon monde en question... Je conscientisais ma chance et me montrais reconnaissant de l'éducation que le père de Jimin m'avait offerte, même si à l'époque, j'aurais préféré jouer à longueur de journée. Au moins, j'avais vécu tout cela avec mon frère et la rigueur de notre apprentissage avait été teintée de complicité et d'entraide. Nous avions créé des liens extrêmement forts et je ferais tout pour lui. Visiblement, cela impliquait de me mettre en danger.

Au départ de Sun, j'avais fait le point avec Jungkook. Mon ami m'avait caché une partie de son histoire pour me protéger. En désaccord avec certaines accusations portées par mon cadet, je m'étais disputé avec lui. Il était parti en rouspétant que j'étais bouché et avais du kimchi dans les yeux pour ne pas voir la réalité en face. Cet échange nous avait bien sûr affectés, conscient tous les deux que le lendemain, tout serait pardonné.

Je soupirais un grand coup et c'est avec toutes ces réflexions en tête que je sortis ce matin pour me rendre à la clinique privée dans laquelle mon frère était hospitalisé. Comme à mon habitude, je fis une halte par le bar pour saluer mon équipe de jour et m'assurer que tout se passait bien, puis chez mon ami, pour y déposer Téra. À l'accolade qu'il me réserva, je compris qu'il ne boudait déjà plus.

— Je reviens vite, annonçais-je à ma boule de poil.

Il me lança un regard à me fendre le cœur, soupira et s'installa confortablement sur le canapé, ignorant les protestations du plus jeune contre ses poils.

— Je sais que tu aimerais venir le voir avec moi buddy. Mais les chiens ne sont pas admis. Sois patient s'il te plaît.

Après une caresse sur le sommet de la tête et un baiser sur la truffe, je remerciai Jungkook de prendre soin de mon animal, au détriment de son sofa et regagnai ma voiture.

Vingt minutes plus tard, je me garai sur le parking de la clinique, réservé aux visiteurs. Je fus accueilli par le personnel médical dans le hall de l'établissement. À force de venir tous les jours, je connaissais tout le monde.

— Bonjour, monsieur Kim, comment allez-vous aujourd'hui ?

— Bien et vous Soyeon ? répondis-je à l'infirmière chargée de mon frère.

— Je vais bien, je vous remercie, dit-elle le rouge aux joues.

Je lui faisais beaucoup d'effets, elle avait du mal à le cacher, même si elle se montrait toujours très professionnelle. Elle ne put s'empêcher de loucher sur le début de mes clavicules qui dépassaient de ma chemise noire, ainsi que sur mes avant-bras sous mes manches retroussées. J'étais habitué à ce genre de regard. Toute ma vie, on m'avait répété que mon physique plaisait et ma clientèle au bar me le confirmait sans cesse. J'avais grandi sans problème d'estime de moi, mais n'accordais que peu d'importance aux personnes intéressées uniquement par mon apparence. Je ne cherchais pas non plus à me camoufler, je savais mettre mes atouts en valeur et n'avais aucun souci avec ça.

— J'allais justement voir monsieur Park. Je vous accompagne ? proposa-t-elle d'une voix douce en sortant de son poste de garde.

— Avec plaisir.

Ravie, elle retint un sourire et accéléra le pas pour me rejoindre.

— De l'évolution ? questionnais-je dans l'ascenseur.

— Malheureusement, non. Mais soyez sûr que je vous avertirai aussitôt si c'est le cas.

— Merci Soyeon. Merci de veiller sur lui.

— Je vous en prie, je ne fais que mon boulot, s'inclina-t-elle avant de me précéder dans le couloir des chambres VIP.

Malgré mon absence de liens de sang avec Jimin, j'étais considéré par le corps médical de la même manière qu'un membre de la famille. Je leur avais plusieurs fois demandé de ne pas s'encombrer avec le protocole en ma présence. J'avais toujours eu du mal avec le fait qu'on me traite comme quelqu'un de supérieur. J'essayais de ne pas le montrer et me contentais de les remercier chaleureusement.

— Monsieur Park, regardez qui est venu vous rendre visite, énonça-t-elle en entrant dans la chambre.

Sur ses talons, je pénétrais à mon tour la pièce et découvris, comme à l'accoutumée, mon frère allongé sur son lit, les yeux dans le vague. Il n'eut aucune réaction. Je patientais dans un coin, le temps que Soyeon termine ses vérifications. En fond, on pouvait entendre les informations à la télévision. L'infirmière l'avait allumé pour lui tenir compagnie. Le journaliste expliquait qu'un immeuble en centre-ville avait pris feu suite à un dysfonctionnement électronique. L'incendie avait été maîtrisé grâce aux médiateurs et personne n'avait été blessé.

— Dieu soit loué, les médiateurs veillent sur la ville. Il n'y a pas eu de victime.

— Oui, c'est une chance, répondis-je succinctement, ne souhaitant pas m'étaler sur le sujet.

J'avais bien sûr reconnu l'appartement de Sun, preuve flagrante que le gouvernement manipulait les informations pour « préserver » la population. Cela fonctionnait. Personne ne remettait quoi que ce soit en question et paraissait même soulagé que les médiateurs aient sauvé tout le monde.

— Je pensais lui couper les cheveux. Ils ont beaucoup poussé. Si vous voulez, je vous attends demain pour le faire.

J'acquiesçais dans un sourire pour la remercier. Elle savait que j'aimais être présent pour participer à ce type de soins.

— Alors à demain monsieur Kim. Bonne journée.

— Bonne journée à vous aussi Soyeon. À demain.

Lorsqu'elle eut quitté la pièce, j'éteignis la télévision, puis m'installais sur le fauteuil près du lit.

— Hey, Chim, c'est moi.

https://youtu.be/MuxAUNusTLg

Je souriais à mon frère qui n'avait toujours pas bougé, même au son de ma voix. Je dégageai une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux. C'était vrai qu'ils avaient poussé. J'inspirai en profondeur quelques secondes pour mettre de l'ordre dans mes pensées afin de ne pas lui montrer que j'étais troublé. Le voir ainsi, me comprimait le cœur. Déjà trois ans et chaque fois, c'était un peu plus difficile. J'avais l'impression qu'une partie de moi mourait petit à petit au fil des jours.

— Je prendrai une photo pour maman demain, après ta coupe de cheveux. Tu lui manques aussi, ça lui fera plaisir.

Ma mère aimait Jimin comme son propre fils. Elle nous avait élevés sans aucune distinction, et même si elle n'était plus sa nourrice, elle avait gardé contact avec lui. Elle avait eu à cœur de lui apporter tout l'amour nécessaire lorsque la sienne était décédée peu de temps après sa naissance des suites de sa maladie.

— Je suis allé la voir hier avec Yerim et Rosé. Voilà pourquoi je n'ai pas pu venir.

Mon frère ne réagissait jamais, mais les médecins m'avaient conseillé de lui parler pour le stimuler. Ils m'avaient expliqué qu'il pouvait nous entendre et nous comprendre. Alors, je passais outre son air amorphe et lui relatais mon quotidien dans les moindres détails. J'aurais voulu lui raconter la suite de ma journée. La rencontre avec Sun, lui dire que je ne l'abandonnais pas et continuais les recherches pour le sortir de là. La présence de potentielles caméras m'en dissuadait. Si j'avais appris une chose de ces deux derniers jours, c'était que je ne devais plus faire confiance à quiconque. J'étais surveillé de près. J'avais bien retrouvé le petit cadeau de Sun sur le comptoir de ma cuisine.

— Ah et j'ai récupéré dans ma chambre quelques livres. J'avais oublié qu'une partie de tes affaires étaient chez maman. Lequel je te lis aujourd'hui ?

J'en choisis un parmi ceux présents dans mon sac et déposai le reste sur la table de nuit. Après m'être installé confortablement, j'attrapai la main de mon frère et commençai ma lecture, fidèle au rituel que j'effectuais à chaque visite. Nous passions beaucoup de temps, plus jeunes, à nous lire des histoires. Jimin adorait ma voix et moi, j'aimais m'évader dans des mondes imaginaires. Naturellement, j'avais instauré ce petit moment entre nous, dans l'espoir qu'il fasse une différence dans sa convalescence.

Au bout d'une heure, j'achevai mon récit à la fin d'un chapitre, la bouche pâteuse.

— Bien, je te lirai la suite demain si tu veux.

Sur ses mots, je me levai, refermai l'ouvrage que j'abandonnai au sommet de la pile. Je serrai une dernière fois la main de Jimin et lui déposai un baiser sur le front.

— À demain, Chim, je t'aime.

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* Geoul : 거울 [Gōoul] Miroir en coréen

Bon dimanche à tous et à toutes, on se retrouve pour ce chapitre 4.

Et oui, la potentielle menace qui sonne aux portes n'est autre que Kook.

J'espère ne pas vous avoir assommé.e.s avec toutes les infos sur les deux mondes, mais celles-ci sont importantes pour la suite ^^Vous avez les raisons de la mission, quelques indices par-ci par-là, les choses sérieuses vont pouvoir commencer.

On se retrouve la semaine prochaine, prenez soin de vous ^^

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