https://youtu.be/ploXS-kiEH0

Sun

— Qu'entends-tu par on ne devrait plus faire ça ?

Kim se crispa, son attitude changea du tout au tout.

— Écoute, je... On... on mélange tout tu... tu ne crois pas ? Tu m'as engagé pour un objectif bien précis et on doit en venir à bout.

— Mais que te prend-il tout d'un coup ? Je ne comprends pas ! La mission n'a rien à voir avec cela !

— Justement. Concentrons-nous dessus.

— J'arrive parfaitement à faire la part des choses. L'un n'empêche pas l'autre. Depuis quand cela te gêne ?

— Je...

En réalité, je ne savais quoi répondre. J'essayais de me convaincre que c'était la meilleure solution. Je n'y croyais pas moi-même.

— Est-ce réellement ton souhait ?

— Hein ?

— Veux-tu vraiment tout arrêter entre nous ?

— Je... Mais quel nous ? soufflai-je désabusé.

La mâchoire de Kim se serrait tellement que j'avais peur qu'elle éclate. Je ne comprenais pas pourquoi il se fâchait autant alors que c'était clair entre nous depuis le début : c'était juste du sexe. S'énervait-il, car je mettais fin à une expérience nouvelle qu'il cherchait à explorer ? Si c'était le cas, ça me confortait dans ma décision de couper court à tout ça. Je ne voulais pas servir de cobaye.

— OK, je vois, lâcha-t-il sèchement. Très bien.

Il se leva d'un coup et ses mouvements saccadés le guidèrent jusqu'à sa chambre. Encore une engueulade à ajouter à notre actif. Je ne les comptais même plus.

🌙

Le lendemain, j'eus évidemment le droit à la soupe à la grimace. Ma tasse était de meilleure compagnie. Déjà qu'il n'était pas du matin, mais là, il semblait vraiment contrarié.

— Du nouveau au sujet de Jimin ?

— Bonjour à toi aussi, râlai-je.

Kim allait répliquer quand Jungkook entra dans la pièce.

— Hello everybody ! Oh... je vois. Vous vous faites la gueule ? Tout va bien alors. Qui veut du refill de café ?

Le gamin devenait comme lui. Il foutait des mots anglais partout et son cynisme lui déteignait dessus.

— Et donc ? relança Kim.

— Jimin s'est réveillé, il a pu manger un truc léger quand il est sorti du brouillard. Il reste encore trop faible pour parler ou se lever.

Kim se contenta de poursuivre son petit déjeuner en silence.

— Les prochaines heures seront décisives. Avec la quantité de merde que Park lui a refilé, on ignore comment son organisme va réagir. Il se peut qu'il garde des séquelles.

Sa mâchoire se contracta davantage si cela était possible.

— Comment on peut faire ça à son propre fils ? commenta Jungkook à voix haute.

— Nous ne maîtrisons toujours pas cette donnée ! éructa Kim.

— Hyung ! Il te faut quoi comme preuves ? Même s'il ne l'a pas ordonné, il était au courant et a laissé faire.

— C'est toi qui lui as retourné le cerveau, cracha Kim tourné vers moi.

— De quoi parles-tu ?

— Je vous ai entendu l'autre soir. Je peux savoir pourquoi tu le détestes autant ? Et ne me sors pas encore cette histoire de drogue, tu ne détiens aucune confirmation. Je commence à te connaître, tu ne t'acharnerais pas contre lui avec aussi peu d'éléments en ta possession. Que me dissimules-tu ?

Sa colère était froide, sa voix grave, son expression dure. Ses traits tirés témoignaient de son manque de sommeil, pourtant il restait charismatique et magnifique.

— Je...

Devais-je lui dire ? Ça ne me concernait pas, toutefois je doutais de pouvoir lui redonner confiance en moi si je continuais à lui cacher des informations.

— Hyung, qu'est-ce qui se passe ?

— Je vous demanderais de ne pas en parler à Luna.

— Quoi ? Mais pourquoi ?

— Promettez-moi ! Elle sait comment je gagne ma vie, elle ignore pourquoi. J'ai juré à Hobi de ne rien dire alors tenez vos langues.

Leurs deux têtes acquiescèrent d'un même mouvement. Le gamin me scrutait avec de grands yeux, avide d'apprendre la suite tandis que Kim, les bras croisés, se montrait sur la réserve.

— En réalité, si j'essaie de le faire tomber, c'est pour Hoseok. Ce n'est pas à moi de vous raconter le pourquoi du comment. Je peux juste vous dire qu'il cherche à venger la mort de ses parents.

— Tu plaisantes ? souffla le plus jeune.

— Malheureusement non. Ils ont tous deux été assassinés suite à un ordre de Park.

— C'est impensable. T'es sûr de toi ?

— Certain. J'ai des preuves.

— Tu mens, lança froidement mon client, resté silencieux depuis mes aveux.

— Si le croire te fait plaisir.

— Mais hyung, pourquoi tu t'en es pas déjà servi ?

— Parce que son pouvoir est bien plus fort. Il balayerait mes arguments d'un coup de main, comme un château de cartes. Il n'aurait même pas à lever le petit doigt pour étouffer l'affaire.

— De quelles preuves disposes-tu ?

— Un témoin.

— Et j'imagine que tu ne nous dévoileras pas son nom ?

— Si. Jung Hoseok.

— Ça veut dire... qu'il a fait tuer les parents de Hyung devant ses yeux ?

— Exactement.

— Mais pourquoi ?

— Comme je vous l'ai dit, ce n'est pas à moi de vous raconter cette histoire.

Mon client resta froid, la posture rigide, les muscles tendus. Il se leva sans un mot, attrapa sa veste, siffla son chien et quitta les lieux en silence.

🌙

Je continuais de me prendre la tête sur le hacking du PC de Park, tout seul à la caserne. Le gamin parti après le déjeuner pour donner ses cours de sport, je n'avais pas eu de nouvelles de Kim depuis ce matin. J'avais cru comprendre qu'il s'occupait de sa fille cet après-midi, sans plus d'informations.

Madame Kim avait réussi, sous les conseils de l'infirmier, à perfuser Jimin correctement. Il avait repris connaissance et, bien que faible, avait déjà meilleure mine. Par contre, il n'avait toujours pas prononcé un mot. Il parvenait à se tenir assis tout seul dans son lit, ne marchait pas encore. Le sosie de madame Kim était arrivé à destination sans encombre et simulait ses vacances dans le fin fond du pays. Enregistrée à l'hôtel, elle avait envoyé un email à Kim depuis un mobile prépayé, expliquant sa nécessité à prendre du recul avec la situation, trop affectée par la mort de son « fils de cœur ». Elle avait précisé avoir oublié son téléphone dans sa voiture au parking de la gare, ne souhaitait pas être contactée pour le moment, son besoin de se retrouver seule prévalant. Mon client avait joué le jeu et lui avait répondu qu'il comprenait et l'attendrait. Pour ma part, je continuais de surveiller tout ce petit monde parallèlement à mon piratage. Je devais me rendre à l'évidence, j'allais devoir m'introduire chez Park pour infiltrer son ordinateur directement.

Mon portable, posé sur la table basse, sonna la mélodie attribuée aux messages en provenance de Kim.

De J'ai un beau cul et je le sais à 15 h 38 :
« J'ai découvert quelque chose d'important, rejoins-moi à l'appartement avec ton matériel. »

Je ne me formalisais pas de son ton froid. Sans prendre la peine de lui répondre, je fourrai mon ordinateur portable dans ma sacoche, attrapai ma veste et filai en direction du bar. Je savais que j'avais bien fait de me maquiller ce matin et de mettre mes lentilles.

🌙

https://youtu.be/zh-4r6bmiPI

Une petite bouille pleine de chocolat ouvrit la porte de l'appartement de mon client.

— Bonjour ! Papa arrive. T'es venu jouer aux dragons avec moi ?

Yerim m'avait reconnu sans aucun effort, malgré ma coupe de cheveux et mon changement de look. Ce détail m'interpella, je devrais en toucher deux mots à ses parents. Elle ne devait absolument pas en parler à ses grands-parents.

— Bonjour la miss, pourquoi pas ?

Il valait mieux avoir un enfant avec soi, que contre soi.

— Tu veux du goûter ?

— Je te remercie, mais j'ai déjà mangé avant de venir.

— C'est les cookies de mon papa. C'est les meilleurs du monde !

— Ah bon ? Il ne m'en a jamais fait à moi, rouspétai-je pour de faux.

— C'est parce que tu n'es jamais sage, répondit Kim qui sortait de sa chambre pour nous rejoindre. Désolé, coup de fil urgent d'un fournisseur. Tu devrais accepter, rare sont les fois où elle partage son goûter avec qui que ce soit.

Il me désigna l'assiette posée sur la table pleine de biscuits avec d'énormes pépites de chocolat. Je devais bien avouer qu'ils faisaient envie.

— Tu es sûre que je peux ?

— Oui, toi c'est bon tu peux. Yujin m'a volé mes cookies. C'était le pire jour de ma vie !

Je m'assis avec elle alors que Kim me préparait une tasse de café sans que j'aie besoin de lui demander.

— Et qui est Yujin ?

— Bah, une fille de ma classe, énonça-t-elle comme si c'était évident.

— Ah bah oui. Et qu'as-tu fait ?

— Le soir à la maison j'ai dit à oncle Kookie pourquoi j'en avais plus pour lui.

— Ah, j'imagine qu'il n'était pas content.

— Non, rigola l'enfant. Il veut lui casser la gueule !

— Yerim ! Language !

— Mais c'est oncle Kookie qui l'a dit ! geint-elle comme si rapporter les propos grossiers du gamin la dédouanait de les proférer.

— Et après ?

— Après, mon papa a appelé la maîtresse. Il a tout raconté ! Il a dit de ne pas tismatiser ma camarade et de pas l'humilier devant tout le monde. Et qu'il fera des gâteaux pour toute la classe.

— Stigmatiser ma chérie, la corrigea Kim

— Ha oui, stigmatiser, répéta-t-elle en séparant chaque syllabe pour bien prononcer le mot.

— Et bien sûr, tu sais ce que stigmatiser et humilier veulent dire ?

— Bah oui ! C'est mon papa qui m'a appris, chantonna-t-elle toute fière.

— Princesse, va te nettoyer la bouche et les mains s'il te plait. Tu pourras aller jouer après.

Sans demander son reste, la petite partit comme une flèche en direction de la salle de bain tandis que Kim déposait une tasse devant moi.

— Stigmatiser... à quatre ans ? T'es sérieux ?

Kim haussa les épaules sans rien dire. Il allait en faire un monstre.

— Alors ? Pourquoi tu m'as convoqué ? enquêtai-je en croquant dans un biscuit.

— Ce matin, Yerim a voulu laver Téra.

— Ah, voilà pourquoi il se planque.

Il ne réagit pas. OK, trop tôt pour les blagues.

— Elle a tenu à lui enlever son collier elle-même, mais à trop forcer dessus elle l'a cassé. En le réparant j'ai trouvé cela qui dépassait du revers en cuir.

Il me tendit une micro carte SD, pas plus grande que l'ongle de mon petit doigt.

— Tu peux en retirer quelque chose sans être repéré ?

— Oui, mais pas ici. Ta fille ne fait pas le distinguo entre Levi et Kilian. Je ne veux rien entreprendre pour la mission devant elle. On ne sait pas ce qu'elle peut comprendre et répéter. Je regarderai ce soir.

Au moment où l'enfant nous rejoignit, il valida mes propos d'un signe de tête.

🌙

— Tu sais, j'ai déjà deux papas.

— Ah oui ? La chance !

— Je peux pas en avoir trois. C'est trop.

— Je comprends, c'est beaucoup à gérer.

— Oui.

— Surtout que tu as oncle Kookie aussi.

— Oui, c'est dommage.

— Qu'est-ce qui est dommage ?

— Je t'aimais bien.

Je ne pus m'empêcher de rire aux propos de la mini Kim. Aucun doute possible sur la personne qui l'avait élevé. J'avais passé le restant de l'après-midi à jouer aux Lego et aux dragons avec elle. Personne de disponible pour la garder, Kim se faisait harceler toutes les cinq minutes au téléphone, j'avais accepté de m'en occuper, mon portable en alerte en cas de souci.

— On les rejoint ? Ta mère ne devrait pas tarder et peut-être que Luna est déjà là.

On avait prévu de tous se retrouver au bar pour se détendre et souffler. Il était préférable d'éloigner pour un temps Rosé et la petite, car Kim avait peur que les retombées du plan ne les affectent. Ça serait peut-être la dernière soirée tous ensemble avant qu'elles ne partent. Restait à savoir comment leur annoncer et sous quel prétexte.

— Lunaaaaa ! cria Yerim alors que l'on descendait les escaliers du pub.

— Coucou toi, tu as passé une bonne journée ?

— Oui ! J'ai joué avec Levi aux Lego !

— Trop chouette ! s'​​​​​​​exclama ma sœur, m'adressant un grand sourire.

Je le lui rendis sans hésitation, heureux de constater l'absence d'animosité dans son regard. La tension entre nous semblait apaisée.

— Hello my sunshine ! Salut jolie princesse ! chantonna ​​​​​​​mon meilleur ami sous les rires de l'enfant.

On s'installa à notre table habituelle, un peu en retrait, pour profiter du moment. Les conversations allaient bon train, mais je n'y participais pas. Mes yeux étaient rivés sur le bar où Kim continuait de servir les clients, dont un en particulier qui lui tenait la jambe. Clairement, il le draguait et ça avait le don de m'énerver au plus haut point. Déjà parce qu'il accaparait Kim, et pour une société qui se voulait irréprochable et basée sur l'apparence, je trouvais ça très gros d'afficher son attirance pour un homme. Kim, lui, ne semblait pas gêné le moins du monde. Il lui souriait, buvait avec lui, discutait, rigolait à ses blagues. Il continuait de servir les autres consommateurs pour revenir vers lui ensuite. Il était beau, sa chemise noire retroussée sur ses avant-bras, son aura dominante et séductrice. C'était insupportable. Il jouait avec cet homme comme parfois avec ses clientes et ça me hérissait le poil.

— Eh, bro, ça va ?

— Hum ?

— Tu as l'air tendu, poursuivit Hoseok.

— Ouais, t'inquiètes.

La soirée perdura de la même façon, jusqu'à ce que Yerim, complètement épuisée, commence à somnoler.

— Je rentre coucher la puce, annonça Rosé. Il se fait tard.

— Nous aussi on ne va pas traîner, imita ma sœur qui se leva avec le gosse. Demain, on démarre tôt et notre entraîneur est impitoyable.

— Hey ! rouspéta ledit entraîneur. On s'arrache mon petit rayon de soleil ? Tu dors à la maison ? Ça fait un bail.

— Hum, grommelai-je sans lâcher la sangsue au bout du bar. Je te suis.

— Vous partez ? questionna le barman tandis qu'on s'approchait de lui pour payer et dire au revoir.

— Oui, la puce est épuisée. Tu viens boire le café demain ?

— Bien sûr. Bonne nuit mes amours, répondit-il d'un baisé sur la joue de Rosé puis sur le front de sa fille qui roupillait dans les bras de sa mère.

— Salut hyung, à demain.

— Bonne nuit Taehyung.

— Bonne nuit tout le monde. Rentrez bien.

Alors que je pensais qu'il en resterait là, il se tourna vers moi et ajouta les sourcils haussés :

— Tu pars aussi ?

— Oui, je dors chez Hobi, j'ai trop bu pour conduire, mentis-je pour brouiller les pistes devant la sangsue qui me dévisageait.

Kim sembla étonné de mon choix, mais ne commenta rien. Pourquoi ? S'attendait-il à ce que je rentre avec lui ? Pour quoi faire ? Voulait-il en fait s'assurer d'avoir le champ libre pour ramener ce type avec lui ? Coucheraient-ils ensemble ? Est-ce que ce mec pourrait lui apporter ce dont j'étais incapable ?

La tête pleine de questions, je quittais le bar sur les pas de mon meilleur ami qui avait bien compris que quelque chose clochait. J'allais avoir le droit à un interrogatoire, je le sentais.

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Hello tout le monde !Chapitre de transition avec quand même son lot d'indices et d'éléments importants pour la suite.

À votre avis que contient la carte SD ? Qui l'a mise là ? J'ai beaucoup aimé écrire les passages avec Yerim. Un peu de douceur et d'innocence avant les emmerdes. ^^

N'hésitez pas à me partager vos théories pour la suite en attendant la semaine prochaine.Prenez soin de vous !