Chapitre 29 : Joker
Taehyung
https://youtu.be/omgSWqwVTjY
— Combien de temps restera-t-il dans cet état ?
J'avais rejoint Sun à la caserne après une dernière visite à l'hôpital. Il m'expliqua s'être procuré les vivres et le matériel nécessaire aux soins de Jimin, avoir engagé une mercenaire de l'Underground qui jouerait le rôle de ma mère et avoir loué une voiture sous une fausse identité. Un scénario digne des films hollywoodiens. Nous regardions désormais, via les caméras présentes dans la chambre, l'infirmier sous couverture, procéder à la phase cruciale de notre dessein.
Il injectait le produit censé feindre la mort de Jimin. Il aurait tout le loisir de rejoindre le bureau des soignants le temps que celui-ci agisse. Le cœur de mon frère ralentirait petit à petit, simulant un arrêt cardiaque pendant la nuit. Putain, mon frère... Jimin était mon frère. Je l'avais toujours considéré comme tel alors pourquoi cette vérité me perturbait-elle autant ?
Notre homme récupéra toute trace des médicaments fournis depuis l'Underground et un bruit de chasse d'eau nous informa de leur destruction. Une armada ferait bientôt irruption dans cette chambre. Tout risque était à proscrire.
— Une dizaine d'heures. Le temps que sa mort soit constatée et qu'on l'emmène à la morgue. Il lui donnera ensuite un somnifère pour le garder tranquille jusqu'à ce qu'il se réveille avec ta mère à son chevet.
J'acquiesçai sans un mot et chassai la tension de mes cervicales d'un craquement de tête sur le côté. Je me levai, attrapai deux verres et les remplis de sa liqueur préférée. J'ignorais comment combler l'attente. Elle était longue. Très longue. Sun continuait de travailler sur son ordinateur, lâchait ponctuellement ses écrans pour me jeter un coup d'œil, tandis que, scotché à mon fauteuil, je ruminais la main perdue dans les poils de mon chien.
— Pourquoi j'ai le sentiment qu'on t'annonce réellement sa mort alors que tu sais que c'est pour de faux ?
— Hum ?
— Tu t'inquiètes pour lui, mais il n'y a pas que ça, n'est-ce pas ?
Je me redressai dans mon assise, erronément concentré sur mon verre. Depuis que nous étions rentrés de chez ma mère un peu plus tôt dans la journée, nous n'avions pas eu l'occasion de reparler de ces deux jours avec elle. Toutefois, il avait perçu mon changement de comportement.
— Honestly, j'ai encore un peu de mal à digérer les aveux de ma mère, notamment qu'elle m'ait menti tout ce temps. J'ai conscience qu'elle a agi pour me protéger, mais cela reste difficile à accepter.
— J'imagine.
Il hésita à ajouter quelque chose, mais s'abstint. J'appréciais qu'il ne cherche pas à me réconforter ou à me lancer des phrases bateaux pour tenter d'apaiser une peine qu'il ne pouvait comprendre.
— Sers-toi de ce sentiment pour ton rôle à venir, conseilla-t-il finalement. Utilise cette tristesse pour l'enterrement, cette impression de trahison pour ne pas perdre le cap, cette impuissance et cette colère comme motivation. Ce n'est pas le moment de flancher. Le plus dur reste à jouer.
Je m'apprêtais à répliquer quand le bip du moniteur résonna à travers les enceintes de son ordinateur. La machine s'emballa, puis le son strident et continu signa le début des hostilités. Vingt secondes plus tard, une armée de blouses blanches envahit la chambre. Les soignants s'agitaient dans tous les sens, injectaient à Jimin différents produits, tentaient le massage cardiaque, le défibrillateur, rien ne perturba la complainte aiguë de l'électrocardiogramme. Des ordres furent criés, une personne disparut au pas de course, d'autres échangeaient leur position jusqu'à ce qu'une voix interrompe la cohue.
— Que s'est-il passé ?
Ma mâchoire se serra lorsque j'identifiai le nouveau venu.
— Directeur Choi, le patient est victime d'un arrêt cardiaque, expliqua, je supposais, l'infirmier en chef. Nous avons suivi le protocole. Impossible de le faire repartir.
— Très bien, depuis combien de temps ?
— Six minutes vingt-trois secondes, informa une jeune femme, les yeux rivés aux moniteurs.
— Débranchez-le. Heure du décès, cinq heures, treize.
Ma poitrine se serra. Ma tête conscientisait cette fausse mort, pas mon cœur. L'état de mon frère se dégradait depuis tant d'années qu'il ne semblait pas avoir intégré cette mascarade. Les images de sa chute aux enfers vinrent polluer mon esprit et me forcèrent à me concentrer sur la scène pour ne pas me laisser aller à ma tristesse pudiquement enfouie depuis le premier jour.
— Qui est l'infirmier en charge de Park Jimin ?
— C'est moi monsieur, s'avança la personne sous couverture.
— Avez-vous remarqué quelque chose d'inhabituel lors de vos derniers examens ?
— Rien qui n'est pas mentionné dans le rapport, monsieur le directeur. Monsieur Park semblait de plus en plus fatigué, éprouvait des difficultés à respirer malgré le traitement fourni. Son cœur était fragile, mais pas au point d'un infarctus.
— Préparez-le à descendre. Le médecin légiste confirmera les causes du décès. Prévenez-moi lorsque c'est fait, je me chargerai d'annoncer la nouvelle à sa famille.
Confirmera et non déterminera. Choi ne s'épuisait même pas à faire illusion. Toute la haine que je ressentais pour sa personne s'enflamma d'un coup.
— Bien monsieur le directeur, ça sera fait.
Choi quitta la chambre, l'infirmier en chef et son équipe sur les talons, tandis que notre taupe débranchait Jimin, assisté d'un collègue.
— Je vais chercher un brancard, prévint l'interne.
Notre homme consentit d'un mouvement de tête. Enfin seul, il s'approcha de la caméra, nous octroya un gros plan sur son visage avant que la communication ne se coupe définitivement. À partir de maintenant, une dizaine d'heures s'offrait à nous afin de préparer notre prochain mouvement.
— Et ensuite ?
— Ensuite, on attend. Encore. La nuit a été longue, tu devrais te coucher. Je te préviendrai s'il y a du nouveau.
— Crois-tu sincèrement que je réussirais à dormir ?
— Va au moins t'allonger, une heure ou deux. Tu auras besoin de force quand Park t'appellera.
Je me résignais à regagner la chambre, imité par Téra pendant que Sun continuait de bosser sur le logiciel espion qu'il comptait implanter dans l'ordinateur de monsieur Park.
Bien sûr, je ne pus fermer l'œil. La douche glacée ne suffit pas à me détendre et je ne saurais dire de quoi parlait le livre feuilleté, blotti sous un plaid aux côtés du hacker que j'avais finalement rejoint.
La confirmation des faux rapports d'examens auprès de Choi ne nécessita qu'une heure. L'autopsie n'avait pas été réalisée. Monsieur Park s'était déplacé pour constater les faits et avait demandé à ce qu'il soit préparé puis disposé dans son cercueil. Deux heures plus tard, le reste de la famille et les proches étaient prévenus. Je quittai alors la caserne pour rejoindre ma mère et Rosé. Une phrase tournait en boucle dans ma tête : « Heure du décès, quinze heures, treize ».
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https://youtu.be/cQxVBwC4GcY
Un malaise grandissait au fond de mes entrailles tandis que je m'approchais du corps de Jimin. Mon frère, mon véritable frère. La tristesse qui m'accablait ces dernières heures cohabitait avec la peur que l'on découvre notre supercherie. Je m'attendais à tout moment à ce qu'il se lève de son cercueil, bien vivant, dans son magnifique costume quatre pièces et ses chaussures préférées. Des Lys blancs encadraient son portrait apposé sur le petit autel, leur parfum lourd et sucré renforçait la nausée éprouvée depuis que j'avais quitté Sun. Ses paroles me revinrent à l'esprit et je tentais de me servir de ce tumulte d'émotions pour rendre mon jeu d'acteur crédible. Rosé, penchée au-dessus de son époux, pleurait toutes les larmes de son corps contrairement à ma mère, en retrait dans le but de se montrer discrète de par sa position au sein de cette famille. Monsieur Park, quant à lui, reflétait cette société à la perfection. Aucune faiblesse ou sentiment ne s'illustrait sur son visage. L'annonce du décès de son fils unique s'était répandue comme une traînée de poudre. Cependant, la foule avait été contenue lorsqu'il imposa un recueillement en petit comité. Son influence finit de dissuader les plus réfractaires et curieux. Il accorda tout même quelques mots à un journaliste papier : « Sa mémoire vivra à travers nos souvenirs et les valeurs de notre famille qu'il incarnait. »
Lorsqu'elles eurent terminé leur litanie, les deux femmes les plus chères à mon cœur rejoignirent la salle attenante où, selon la tradition, un repas était servi. Je leur signifiai mon refus à les suivre, prétextant vouloir rester auprès de monsieur Park en soutien. En réalité, je souhaitais m'assurer jusqu'au dernier moment de la réussite de cette mascarade.
Le bal des visites prit fin après trois longues heures. Mes reins souffraient de ma tenue debout sans bouger. L'hypocrisie des gens m'avait exténué. Une tristesse affichée disproportionnée alors qu'ils n'avaient jamais rencontré Jimin. Ceux dont la bienséance due à leur position sociale les obligea à se montrer. Et le clou du spectacle : le père de Rosé, venu présenter ses hommages, déplorant la situation malgré tous ses « efforts » pour le sauver. J'avais envie de vomir. Heureusement, parmi tout ce monde, une poignée de collaborateurs me paraissaient authentiques.
— Tae, mon chéri, tu vas bien ? Tu es tout pâle.
— Taehee, bonjour.
Monsieur Park me coupa dans ma réponse et salua son ex-employée pour la première fois depuis son arrivée.
— Monsieur Park, bonjour. Toutes mes condoléances. Sincèrement, je n'ai pas les mots.
Ma mère était la seule ici à avoir connu le père de Jimin avant la naissance de celui-ci. Elle avait commencé à travailler pour la famille à l'âge de quinze ans. Présente lors du décès de sa femme, elle assistait de nouveau à son deuil. Son visage reflétait la peine et l'empathie qu'elle ressentait pour cet homme. Avait-elle encore des sentiments pour lui ? L'avait-elle toujours regardé ainsi ? Comment avais-je pu louper le moindre signe de leur liaison ? Jimin le savait-il ?
— Merci Taehee. J'aurais souhaité vous revoir dans de meilleures conditions toutefois, cela reste un plaisir. Je vous dis à demain.
Sur ces paroles que j'ignorai comment interpréter au regard de mes découvertes sur leur relation, il nous abandonna au profit du responsable des lieux. Dix minutes plus tard, le cercueil fut fermé et emmené pour les préparatifs du lendemain. Cette première étape réussie ne suffit pas à apaiser mes craintes. Et si Jimin se réveillait avant d'être libéré ? Je n'osais imaginer l'angoisse de reprendre conscience entre ses six planches. Ce scénario, additionné aux images du couvercle en train de glisser lentement au-dessus de Jimin, eut raison de mon estomac. Je me précipitais aux toilettes pour me vider, me purger de toutes ces émotions.
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Sun
Kim revint en début d'après-midi, accompagné de son meilleur ami, pile au moment où je terminais les derniers paramétrages de mon logiciel.
— Tout s'est bien passé ? m'enquis-je alors que le chien me poussait pour s'allonger contre moi sur le canapé.
— Oui, les invités ne semblent s'être aperçus de rien.
— Ne pas respecter les traditions de l'ancien régime nous arrange bien. Nous n'aurions pas pu nous permettre d'attendre plus.
— Pour une fois qu'ils ont une bonne idée, grogna le mioche.
De coutume, les funérailles duraient trois jours, dont un entier dédié aux au revoir et au recueillement devant le défunt. Les proches de la famille les accompagnaient dans le deuil, mangeaient et jouaient aux cartes avec eux pour les garder éveillés pendant ces instants éprouvants. Ils essayaient de maintenir une atmosphère aussi légère que possible, les croyances suggérant qu'une tristesse trop présente enveloppait le disparu de regret et l'empêchait de quitter le monde des vivants. Le dernier jour, le corps était inhumé. S'ensuivait tout un rituel de salutations et d'offrandes, pendant une semaine. Peu de personnes respectaient ces anciennes coutumes à Geoul. Dans cette société aux volontés de perfection, la mort était un sujet tabou, le chagrin, une honte, et les larmes, motifs de jugement. Encore plus chez les hommes. La sépulture, devenue simple procédure, devait être la plus rapide possible et en comité restreint.
— Il est vrai. La crémation aura lieu demain.
Bien sûr qu'il avait choisi la crémation. Meilleur moyen pour masquer ses arrières au cas où il devrait rendre des comptes. Sans le savoir, il nous arrangeait, car s'il dissimulait ses traces, il couvrait aussi les nôtres.
— Et pour Yerim ? m'inquiétai-je.
— Lu a accepté de la récupérer dès aujourd'hui. Elle la garde jusqu'à demain soir, précisa le plus jeune.
— Rosé prétend la loger chez une amie afin de lui éviter ce traumatisme, clarifia Kim. Bien que cela n'ait pas plu à monsieur Park, elle a réussi à imposer son point de vue. Pour prévenir un scandale avec la belle famille, il n'a pas insisté.
— Parfait. Bon, le logiciel est prêt. Tout ce que tu as à faire, c'est de brancher la clé USB sur son ordinateur. Je me chargerai du reste, expliquai-je en lui tendant le dernier petit bijou que je venais de confectionner.
— T'auras pas besoin d'être proche, comme la fois à l'hôpital ?
— Non, c'est la raison pour laquelle j'ai mis autant de temps à bosser dessus. Je peux le faire à n'importe quelle distance, précisai-je au gamin avant de me retourner vers mon client. Je me sers de différents relais grâce à un nouveau programme installé dans tes lunettes. En plus de me permettre de suivre ta progression, je pourrais me connecter directement sur place pour implanter mon petit bébé sur sa bécane.
— Très bien. Combien de temps devrais-je attendre ?
— Moins de cinq minutes. Ensuite, tu retires le périphérique et je m'occupe du reste. Demain, après la crémation, ta mère prendra la direction de la gare. On fera l'échange de voitures et ils disparaîtront pour la maison secondaire.
— OK et quand est-ce que tout part en couille ?
— Language !
— Quoi ? C'est vrai ! On est tous conscients, ici, que ça ne se passe jamais comme prévu !
— Le gamin a raison.
— Hyung ! Arrête de m'appeler comme ça !
— J'ai planifié plusieurs alternatives, au cas où, expliquai-je sans relever son mécontentement. En parler maintenant ne sert à rien. On verra le moment venu.
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La berline de Kim s'arrêta devant un immense portail gardé par deux vigiles.
— Bonsoir monsieur Kim.
Mon client acquiesça et redémarra son véhicule une fois la grille ouverte. Il roula moins d'une minute dans cette gigantesque propriété jusqu'à arriver devant le perron d'une villa imposante. Un homme se précipita pour tenir la portière de sa voiture et probablement garer celle-ci un peu plus loin.
— Bonsoir monsieur Kim.
Je perçus, encore une fois, uniquement son mouvement de tête à travers le verre de ses lunettes. À force de vivre avec lui, j'en avais oublié le milieu opulent dans lequel il avait été élevé. Au quotidien, à part sa façon de parler, rien ne laissait croire qu'il avait grandi dans le luxe et l'aisance. Il était resté simple et même s'il était toujours tiré à quatre épingles, il n'exposait jamais à outrance sa fortune. Je ne pouvais le voir, mais j'étais persuadé que sa prestance ne dénotait absolument pas dans ce cadre.
Il monta les marches le séparant de la porte d'entrée et celle-ci s'ouvrit à son arrivée sans qu'il ait besoin de sonner.
— Bonsoir monsieur Kim.
— Bonsoir, Wooshik, comment allez-vous ?
— Très bien, je vous remercie monsieur. Monsieur Park vous attend dans le petit salon.
— Merci, Wooshik, ne vous embêtez pas, je peux m'y rendre seul.
— Comme vous voudrez, monsieur. À plus tard.
Le dénommé Wooshik referma derrière lui et s'éclipsa du hall. Je pus observer la richesse flagrante du propriétaire des lieux, œuvres d'art, marbres, objets de collections et tous les clichés que l'on pouvait escompter d'une des personnes à la tête d'un pays.
Kim souffla comme s'il souhaitait se donner du courage, se racla la gorge et avança jusqu'à une double porte. Il hésita le poing en l'air et toqua deux coups secs.
— Entrez, répondit une voix nasillarde.
Lorsque le battant révéla la pièce, j'aperçus mon pire ennemi, assis sur un canapé, une tasse à la main, des documents étalés devant lui sur une petite table basse tout autant luxueuse que le reste du mobilier. Il ne leva même pas la tête pour accueillir le nouveau venu. Ma mâchoire se contracta à cette vision et toute la haine que je ressentais pour lui monta d'un coup à mes tempes.
— Toujours aussi agréable le vieux schnock, répliqua le gamin resté silencieux, à mes côtés.
— Toi non plus tu ne l'aimes pas ?
— Je ne peux pas le piffrer. Encore moins depuis que je sais qu'il ment à Tae.
— Tu penses, comme moi, qu'il est derrière tout ça ?
— Aucune idée, mais contrairement à Tae, je ne trouve pas ça impossible. Et puis y'a qu'à voir, il a la gueule de l'emploi, sérieux, ajouta le gosse pertinemment conscient que son pote l'entendait.
Sa remarque m'arracha un rire. Il n'avait pas tout à fait tort. Park portait sur lui son air hautain, pédant, sec et froid. Le stéréotype du méchant. Je l'imaginais presque avec un chat sans poil à caresser.
— Bonsoir, monsieur Park.
— Ah, Taehyung, je te guettais. Assieds-toi.
À distance, je n'arrivais pas à déterminer si Kim craignait son interlocuteur, s'il le respectait ou s'il se montrait indifférent. Dans tous les cas, il lui obéit sans un mot et s'installa dans un fauteuil, face au sofa.
Son vis-à-vis l'ignora royalement quelques minutes, le laissa poireauter comme un con, reposa sa tasse sur la petite table avant de daigner lever une œillade vers lui. Quand son regard glissa sur son fils, il se crispa, cacha à peine son mécontentement.
— Peux-tu m'expliquer pourquoi tu t'affubles de cela sur le nez, demanda-t-il offensé.
— Mes yeux sont irrités, je n'ai pas réussi à porter mes lentilles plus longtemps aujourd'hui, renseigna mon client comme s'il s'était attendu à ce genre de remarques.
— Putain, Kim, tu savais que ça lui poserait problème et t'as rien dit ?
Taehyung
Bien sûr, je ne répondis rien, au risque de ruiner mon infiltration. Je supputais en effet que monsieur Park me reprocherait le port de lunettes toutefois, je n'en avais informé personne.
— Combien de fois t'ai-je demandé de te faire opérer ? Puisque tu refuses, alors assume tes choix et endure la souffrance. Il est hors de question que tu ridiculises notre famille avec tes imperfections !
— Non, mais il est sérieux l'autre là ? Il est myope, pas galeux, s'offusqua mon meilleur ami dans mon oreillette. C'est de sa faute avec ses gènes tout pourris aussi !
— Calme-toi, somma le hacker.
— Non, mais franchement ! Il perd son fils cette nuit et tout ce qui l'intéresse, c'est de savoir si Tae choque pas l'opinion publique parce qu'il a des failles ? C'est dingue ça ! Spoiler alert, c'est un humain ! Bien sûr qu'il a des défauts. Manquerait plus qu'il lui reproche de péter.
— Yah, tu la fermes ! J'entends rien.
La rébellion de notre hystérique de service m'avait empêché — et à Sun aussi — d'appréhender le sermon de monsieur Park.
— Je te prierais de remédier à cela sur le champ. Nous reprendrons notre conversation ensuite, ordonna Park comme s'il grondait un gamin de quatre ans.
— Bien monsieur.
Sur ces mots, je me levai pour rejoindre une salle d'eau.
— Putain, fait chier !
— Qu'est-ce qu'on fait ? Comment on fait pour communiquer avec Tae s'il enlève ses lunettes ?
— Il devra se débrouiller tout seul. On pourra entendre, mais lui sera sans filet. Pour le reste, on attend qu'il rentre et on le défonce !
https://youtu.be/OdLIaETHlBI
Sa remarque m'arracha un rire que je tentais de rendre discret, tandis que je me dirigeais vers la porte des toilettes. Je pouvais percevoir les pas qu'il parcourait pour se calmer, ce qui, le connaissant, produirait l'effet inverse. Au dernier moment, je bifurquai et montai furtivement les escaliers de l'aile Est, que je savais réservée pour ses affaires, dans une prière silencieuse pour ne croiser personne. À cette heure, le personnel devait s'occuper d'organiser notre dîner. Pourtant, la crainte d'être surpris faisait battre mon cœur à toute vitesse. J'entrai prudemment dans l'office au fond du couloir, m'assurai une dernière fois que personne ne m'avait découvert et chaussai le dispositif d'espionnage lorsque la porte se referma derrière moi.
— Hyung ! Regarde, il est dans le bureau ! s'exclama Jungkook.
— Je vois autant que toi j'te signale !
Le plus discrètement possible, mes pas me conduisirent au secrétaire dans lequel l'ordinateur trônait. Il ne m'était pas facile de me repérer dans cette semi-obscurité, je m'empêtrai dans le tapis, puis dans une chaise dont les pieds grincèrent sur le sol. Je tentais de me stabiliser, remis le mobilier en place avant de me concentrer à nouveau sur mon objectif.
— J'y suis, chuchotai-je. J'insère la clé.
— Putain, Kim, qu'est-ce que t'as foutu ? soupira Sun.
— Tais-toi et pirate-moi ça rapidement. Tu as quatre minutes. Il croit que je suis aux toilettes.
J'entendis instantanément le son caractéristique de ses doigts sur le clavier. Pour patienter, j'observais les papiers exposés sur l'office. Je doutais de découvrir quoi que ce soit, mais rester concentré sur une tâche me permettait de ne pas trop angoisser.
— Tiens, étrange, que fabrique-t-il avec ce livre ? m'interrogeai-je à voix haute.
Monsieur Park consultait le même livre de loi que celui trouvé mal rangé dans la bibliothèque de ma mère.
— Et merde !
— Quoi ?
Son silence augmenta d'un cran mon stress.
— Ce mec a des choses à se reprocher, ce n'est pas possible autrement. Personne ne protège son ordinateur personnel de la sorte.
— En as-tu pour longtemps ?
Je trépignais, alors que la trotteuse défilait à toute allure sur le cadran de ma montre.
— Où en es-tu ? Je dois filer.
— Encore un peu.
— Mais je dois y retourner !
— Deux minutes.
— Non impossible, il va se méfier.
— Hyung, dépêche !
— Arrêtez de me parler, je dois me concentrer !
Des bruits me parvinrent du couloir, mettant fin à mon dilemme interne. J'allais me faire prendre et alors je ne pourrais plus sauver mon frère. Hors de question.
— Je ne peux plus attendre, je file. Termine, je reviendrais chercher la clé après.
— Quoi ? Non ! C'est trop risqué, cria le hacker en vain, j'avais déjà rebroussé chemin.
— Putain !
— C'est donc là que tout part en couille...
— Fais chier ! rouspéta-t-il, les bruits de clavier en fond sonore.
Je me précipitai vers la sortie, entrebâillai la porte afin de m'assurer que la voie était libre, dévalai les escaliers, puis tombai nez à nez avec Wooshik.
— Tout va bien, monsieur ?
— Je... J'ai cru percevoir du tumulte à l'étage et comme monsieur Park est au salon, je suis monté vérifier, mentis-je de façon, je l'espérais, convaincante.
— Vous aussi vous avez entendu ?
— Oui, mais je n'ai rien trouvé. Et vous ?
— La fenêtre de la petite bibliothèque n'était pas fermée. J'ai remédié à la situation.
— Je vois, tout va bien alors. Merci.
— Je vous en prie monsieur.
Le majordome me salua et reprit la direction des cuisines. Je l'avais échappé belle.
— Tu penses qu'il t'a cru ? questionna mon ami.
— Aucune idée.
— C'est bon ! Ordi hacké, traces effacées. J'ai formaté la clé, mais tu dois retourner la chercher. Sinon, non seulement Park saura que son poste a été piraté, mais il comprendra que tu y es pour quelque chose. Notre couverture serait ruinée et avec elle, possiblement toute la mise en scène autour de la mort de Jimin.
Ces mots me tendirent d'un coup. Mentir n'était pas dans ma nature, tromper les gens encore moins et la peur de me compromettre me serrait le ventre. Réussirais-je à récupérer cette foutue clé ? Je soufflai un grand coup et me positionnai devant la porte du salon. Le dispositif d'espionnage retiré, je frottai mes yeux, afin de faire croire que ceux-ci s'irritaient à cause des lentilles présentes sur mes iris depuis le début derrière les verres factices. Le poids sur mes épaules m'accabla d'un coup alors que je pénétrais dans la pièce. Je repris ma place sur le sofa, mais un craquement sinistre provenant de ma poche arrière de costume m'immobilisa. Je venais de m'asseoir sur la paire de lunettes. Sun allait me tuer. Surtout, j'étais tout seul face à cet homme.
— Bien, m'interpella la voix de monsieur Park. N'aurais-tu pas quelque chose à me dire ?
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Hello hello,Désolé de vous laisser sur ce suspens incroyable, mais je trouvais que ce chapitre était déjà suffisamment riche en émotions. Qu'en avez-vous pensé ?
Dans le prochain, la fuite de Jimin, en espérant que tout se passe sans accrocs (ou part en couille suivant qui le dit ^^).
À votre avis, de quoi parle Park ? Des théories.
Si Sun n'a pas pulvérisé Kim pour avoir pété ses lunettes, on les retrouve la semaine prochaine.D'ici là, portez-vous bien !
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