Chapitre 8
J'avais installé ma valise dans la chambre de Will. Nous étions rentrés chez lui depuis quelques instants déjà. J'était en train de d'ouvrir ma valise quand Jim arriva et me demanda de venir à l'entrée sans l'ouvrir. Curieuse, je descendais précipitamment lorsque je vis Will et sa mère devant la porte en pleine conversation avec une femme. À mon arrivée, celle-ci se tut. Will avait l'air navré alors que mon regard croisait le sien. Sans même m'en être aperçus, je m'étais arrêtée net dans ma progression vers la porte d'entrée. Aussi, Catherine se lança :
— Greer, ma puce, je te présente Mrs. Bigsby. Elle va être à partir de maintenant... comment dire... ta nouvelle... famille, m'annonça-t-elle.
— Quoi ? Mais j'aimerais resté chez vous encore quelques temps si cela ne vous dérange pas, m'opposais-je discrètement, ma voix plus neutre que je l'aurais voulu.
— Oui je sais ma chérie, nous aussi mais nous ne pouvons pas. La loi est la loi et pour l'instant tu dois aller en famille d'accueil, m'expliqua-t-elle d'une voix triste en pressant légèrement ma main entre les siennes.
— Bonjour Greer, je m'appelle Alice, commença la femme qui se tenait toujours sous le porche. Je suis vraiment désolée pour tes parents, c'est affreux ce qu'il s'est passé. Je suis sûre que tu te plais ici mais nous devons y aller...
— Je crois que je vais chercher ma valise alors, murmurais-je d'une voix si suppliante que j'avais l'espoir qu'une personne m'arrête et me dise que tout ça n'est qu'un cauchemar.
En montant les marches, j'étais dévasté. Déjà que mes parents étaient morts, mais en plus je ne pouvais même pas rester avec une famille qui avait été si gentille avec moi. Quand j'eu descendu les marches avec ma valise, je dû dire au revoir à Catherine, Jim et Will.
En serrant Will dans mes bras, je lui demandais à l'oreille qu'il m'appelle ce soir sans faute. Ensuite, cette fameuse Alice pris ma valise sur ses roulettes et la chargea dans le coffre d'une Ford bleu-foncé. Je montais à l'arrière tandis qu'elle montait à l'avant. Je voyais Will et ses parents sous le porche de leur maison qui me disaient au revoir de la main, l'air désolé. Il pleuvait des cordes quand la voiture démarra et je vis les visages qui m'étaient familiers devenir flous sous la pluie.
Aucune de nous deux ne prononce un seul mot durant tout le trajet. Une fois la voiture arrêtée, je sortis et vis un triplex en vieilles pierres brunes qui donnait sur le centre-ville : une habitation typique écossaise. Alice ouvrit la porte d'entrée et me laissa entrer la première. Je n'avais pas besoin qu'elle me dise le fameux « bienvenue dans ta nouvelle demeure », aussi non je pense que je ne l'aurait pas accepté. Elle me demanda soudainement de la suivre, ce que je fis immédiatement. Nous traversâmes tout un tas de couloirs et un escalier jusqu'à arriver devant une porte blanche fraichement repeinte. Alice me laissa l'ouvrir et je vis des murs d'un rose pâle très joli et blancs, il y avait un lit double avec des draps blanc-cassé avec une montagne de coussins roses dessus.
Le lit était encadré par de petites tables de chevet en bois munies chacune de petites poignets en forme de diamants. À côté, se trouvait une bow-window, typiquement anglaise. J'y voyais déjà là mon endroit préféré où je pourrais penser et admirer le jardin de derrière. Sur ma droite, un bureau dans le style des tables de chevet m'attendait avec un carnet ouvert et un pot à crayon rose prêts à être utilisés. La chaise qui accompagnait le bureau était simple mais efficace avec un style Louis XIV. Sur la gauche de celle-ci, se tenait un grand dressing vide où je pourrais surement installer mes affaires. On voyait bien qu'Alice avait passé du temps à aménager cette chambre. Elle partie et me laissa faire le tour des lieux. J'ouvris ma valise et personnalisais tranquillement ma chambre avec quelques objets comme le cadre photo de mes parents ou encore mon ordinateur portable.
Il devait être 18h00 quand mon téléphone sonna. Le nom de Will s'inscrit sur l'écran. Je décrochais rapidement.
— Allo, Greer ça va ?
— Allo Will ! Ça peu aller et toi ?
— Bien, alors ton chez-toi ?
— Ça va, on est en plein centre-ville et j'aime assez ma chambre. Pour ce qui concerne Alice, elle ne m'a pas beaucoup adressé la parole mais elle a l'air plutôt gentille.
— C'est bien, je suis content pour toi ! Tu penses que tu va pouvoir revenir au lycée ? demanda-t-il soudainement.
— Oui j'espère en tout cas, il faut que je me change les idées, déclarais-je tout en m'asseyant à la fenêtre. Will je dois te laisser, Lindsay m'appelle... oui je t'appelle si j'ai besoin... à demain peut-être...
Puis j'ai raccroché pour pouvoir répondre à Lindsay.
— Greer ? Ça va ? J'ai essayé de t'appeler plus tôt mais ça répondait pas, dit-elle quelque peu paniquée.
— Oui, désolée de t'avoir inquiété, je n'avais plus de batterie ! affirmais-je mais bien sûr, tout ça était faux, en fait je n'avais pas eu le courage de lui parler.
— C'est pas grave. Je suis vraiment désolée pour tes parents, m'assure-t-elle d'un ton doux.
L'humidité de mes yeux augmenta subitement mais je m'efforçais de ne pas pleurer. Je lui répondis que je la remerciais et que je la verrais le lendemain dans le bus puis nous avons raccroché sur des salutations gênées. Quand j'eus fini les appels, il était 19h00. Une odeur me chatouilla le nez. Elle me rappela étonnamment l'odeur du poulet que ma mère préparait le samedi soir en Australie. Puis je me souvenais que jamais plus je ne reverrais mes parents... Plus jamais je ne connaîtrais la vie que j'avais vécu auparavant.
Alors je m'installais à la fenêtre et l'ouvrais pour respirer l'air frai de la ville par cette soirée d'automne. Je me penchais un peu pour mieux apercevoir la faible activité du quartier à cette heure quand je vis que du lierre montait jusque sous ma fenêtre. C'était bon à savoir. Dehors du crachin rafraîchissait la capitale écossaise. J'observais les alentours : rien à part un van noir garé en double file sur la route en face de la maison. Je cru percevoir une personne à l'avant qui semblait me regarder mais je me faisait sûrement des films, cela devait être après tout ce qu'il s'est passé en quelques jours.
Je fermais la fenêtre et sortis de la chambre pour trouver Alice. Une fois dans la cuisine, je la vis là en train de farcir un poulet entier. Je ne pus m'empêcher de sourire, apparemment ce poulet lui donnait plus de fils à retordre qu'un triple salto arrière. Je me mis à ses côtés et lui posais des questions qui me taraudaient :
— Salut, Alice c'est ça ? Je me demandais pourquoi il n'y avait pas d'autre enfants ici ? À moins qu'ils n'arrivent plus tard ?
— Non non rassure toi tu es la seule ! C'est la première fois que j'accueille quelqu'un, me glissa-t-elle gentiment.
— O.K, je peux t'aider avec ce poulet si tu veux ? lui proposai-je poliment.
— Oh oui je veux bien, merci ! C'est vrai que je n'ai pas l'habitude de cuisiner un poulet entier !
Nous rigolons ensemble tout le long de la préparation du repas. J'appris qu'Alice avait toujours vécu à Edimbourg et qu'elle avait étudié le droit mais que ça ne lui convenait pas. Elle s'est alors lancée dans l'accueil de jeunes. Son nom entier est : Alice Clarissa Fitzgerald Bigsby, drôle de nom je trouve...enfin je pouvais parler mais le mien est quand même Greer Janis Caroline Abigail Erika Marshall. Après avoir engloutis ce poulet qui était finalement très bon, Alice me dis qu'elle rangerais toute seule et que je pouvais retourner dans ma chambre. Cette journée avait été pleine de rebondissements en fin de compte. Une fois montée, je me mis en pyjama, me brossais les dents et m'allongeais sous les couvertures. À présent une nouvelle vie m'attendais, sans mes parents.
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