Chapitre 4
Le rêve de la dernière nuit revenait me hanter mais cette fois encore plus bizarre que la veille : mes parents adoptifs venaient s'y ajouter et me disaient en coeur avec les autres fantômes de mon passé que « L'heure était venue ». Par la suite, mes parents s'approchaient de moi et me murmuraient :
— Nous t'avons aimé comme notre propre fille toutes ces années, pardonne nous.
Puis silence. Et d'un coup ; toujours le même bip machinal qui se fait entendre de plus en plus fort, me tirant donc de mon sommeil. En ouvrant les yeux, je me souvenais de mon rêve en intégralité et pouvais le réciter par coeur. J'éteignis le réveil qui affichait 6h30. Après ma routine matinale qui consiste à prendre une douche, me brosser les dents, mettre mon uniforme, me coiffer et me maquiller légèrement, je me dirigeais vers le miroir à pied de ma chambre. Ce matin, j'avais opter pour une queue de cheval haute qui mettait en évidence mes boucles châtains et un petit coup de mascara pour embellir mes yeux bleus. Je redoutais le moment de descendre dans la cuisine et de croiser mes parents « adoptifs », mais j'y était obligée si je voulais aller en cours et c'était la chose à faire si je ne voulait pas passer ma journée entière avec ceux qui m'ont mentis toute ma vie.
Quand j'arrivais dans la cuisine, à ma grande surprise, il n'y avait personne. Alors j'en profitais : je pris un verre de jus d'orange, un bol de céréale et une pomme que j'engloutis rapidement, de peur qu'ils ne surgissent d'un instant à l'autre. Après avoir mis la vaisselle dans l'évier, je pris mes chaussures et mon manteau qui m'attendaient dans l'entrée mais fus surprise de constater que les affaires de mes parents étaient encore dans présentes alors que mon père devrait être au travail et ma mère dans la cuisine. Mais peut-être devaient-ils avoir pris un jour de congé vu les évènements de la veille. Je sortis et vis Will sous l'abris de bus de l'autre côté de la route :
— Salut, glissais-je timidement en me plaçant à côté de lui.
— Salut. Tu vas mieux ?
— Un peu, mais de toute façon je dois faire avec, ce n'est pas comme si mes parents biologiques allaient se montrer et vouloir me récupérer, ironisais-je, de l'amertume présente dans la voix.
— Je suis désolé pour toi Greer, dit-il visiblement sans mots face à ma situation. À propos d'hier soir, je voulais que tu saches que je ne regrette pas.
— Moi non plus Will, mais je pense que c'est un peu tôt pour sortir ensemble quand même, plaisantais-je. Et puis avec ce qu'il se passe en ce moment...
— Oui je m'en doute, on pourrait apprendre un peu plus à se connaître tous les deux ?
— Ok, mais ce qui s'est passé hier soir reste entre nous, d'accord ?
— Évidemment, tu ne pouvais pas tomber sur meilleur gardien des secrets que moi à Edinburgh, m'avoue-t-il en plongeant ses yeux bleu-azur déstabilisants dans les miens.
— Bien c'est parfait alors ! dis-je en évitant son regard pour le porter sur le bus qui arrivait.
Nous montâmes dans le bus et m'assis à côté de Lindsay qui m'attendais en gardant la place libre, tandis que Will alla s'assoir à côté d'un garçon au fond du bus. Peut importe ce qui arriverais aujourd'hui, je ne ressasserais pas les évènements d'hier soir.
Quand nous arrivons enfin à Welce Hill et que sortons du bus, je regarde mon emploi du temps qui m'annonce que j'allais avoir à assister à deux heures de français de 8h30 à 10h30, puis à un cours d'histoire des arts de 10h30 à 12h30. Ensuite un cours d'allemand de 13h30 à 15h30 et enfin deux heures de math pour finir cette longue journée.
À la pause déjeuner, moi, Lindsay et Will prîmes des plateaux et allâmes nous asseoir à une table qui reflétait bien le réfectoire de l'établissement c'est-à-dire immense. Un peu plus tard Colin, Scott et Aileen nous rejoignirent.
— Coucou l'Australienne ! Comment ça va ? me lança Scott.
— Salut ! Oui ça va et vous ? mentis-je poliment.
— Bien ! dit-ils tous les trois à l'unisson.
— Ça vous dirais d'aller au Edinburgh's Seat après les cours ? Il paraît que Mr. Dunhey est absent, Mrs. McDougall aussi ! s'écrie gaiement Colin.
— Qu'est-ce que c'est le Edinburgh's Seat ? demandais-je curieuse.
— C'est le pub le plus sympa de la ville, m'annonça Colin avec plaisir.
— Ok pas de problème pour moi, je viens ! déclarais-je, prise d'un élan de frénésie.
— Tu es sûre ? me coupa Will. Viens là ! il me leva patiemment du banc et me pris à part dans un coin de la salle.
— Tu ne devrais pas. T'es pas obligée tu sais, me chuchote-t-il.
— Je sais mais il y a rien de mal à sortir entre amis, si ?
— Si. Colin va te tester en te faisant boire et beaucoup même !
— Mais non ne t'inquiète pas Will, tout se passera bien et puis tu seras avec moi au cas où.
— Oui mais...
— Donc c'est bon alors ! lui lançais-je en m'éloignant pour rejoindre la table. Je viens, annonçais-je solennellement à la tablée.
Après le cour d'allemand, nous nous retrouvâmes tous les six à marcher jusqu'au Edinburgh's Seat. Une fois devant, on pouvait apercevoir une façade de pierre sombre qui me dissuadais assez, je dois dire. À l'intérieur tout inspirais la chaleur et un petit nid douillet près à nous accueillir. Au centre de la pièce, se trouvait un bar au-dessus duquel une banderole était accrochée, on pouvait y lire : « Halò ... Fáilte gu Alba », autrement dit du chinois pour moi. Je demandais alors à Will ce que voulais dire l'inscription sur l'affiche, et il m'a répondu que celle-ci voulait dire « Bienvenue en Écosse ». Je ne pouvais plus reculer et à partir de maintenant, j'allais m'amuser un peu.
Cela devait faire dix minutes que nous étions là et Colin s'approcha de moi, un verre à la main en me le tendant.
— Tiens. Bois, ça va te faire du bien !
À ce moment, je repensait à la mise en garde de Will mais à-vrai-dire, j'avais bien envie de le provoquer un peu alors je pris le verre des mains de Colin et le bu d'une traite.
— Je t'en apporte un autre de suite, s'enquit-il.
Je commençais à danser quand de la musique a démarré et immédiatement les autres m'ont rejointe sauf Will qui restait en retrait, sobre je suppose. Je continuais de danser et boire jusqu'à l'épuisement, alors, je me dirigeais vers une chaise où aussitôt Will s'avança :
— Viens je te raccompagne chez toi tout de suite !
— Non je veux rester encore un peu s'il te plait, le suppliais-je, complètement ivre.
Il me saisit par le bras, chuchota quelque chose à l'oreille de Scott et nous sortîmes du pub. Dehors la nuit avait pris le relais et la brise fraiche me battait le visage. Nous marchâmes longtemps jusqu'à ce que j'aperçoive des voitures de police devant chez moi.
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