Chapitre 31
Après avoir dormi avec Mary et Lauren dans la chambre de celle-ci, et les garçons dans le van, nous nous rejoignîmes sur le parking de l'université après avoir déjeuné au café du campus. J'avais cogité toute la nuit sur ce qu'il s'était passé hier et particulièrement sur la déclaration de Nick. Je ne savais même pas ce que je lui aurais répondu s'il m'avait avoué qu'il avait des sentiments pour moi, mais en attendant je devais bien monter les marches du jet qui nous ramènerait à Edimbourg. Je pris place sur le fameux siège du côté hublot et je fus vite rejointe par Lauren qui souriait comme à son habitude. J'avais du mal à la regarder en face depuis que j'avais surpris sa conversation avec Nick : la pauvre avait découvert que son ancien petit-ami s'était remit avec elle juste pour rendre jalouse une autre fille, et cette dernière semblait prendre la nouvelle comme si on lui proposait d'adopter un chiot. Je ne la comprenais pas. À sa place, je serais folle de rage contre le garçon qui se serait moqué de moi, mais peut-être qu'après tout Lauren le conçoit car Nick reste tout de même un de ses meilleurs amis. Je continuais de l'observer jusqu'à ce que celle-ci semble le remarquer puisqu'elle se pencha vers moi.
— Nick et moi ne sommes plus ensemble, lâcha-t-elle enfin tandis que je feignis une réaction de surprise.
— Ah bon et pourquoi ça ?
— Il aime une autre fille, mais je ne lui en veux pas. Je sentais depuis le début qu'il y avait quelque chose d'étrange dans son comportement, continua-t-elle comme si elle me racontait le dernier ragot du lycée.
— Je suis sûre que tu trouveras quelqu'un de bien Lauren, tu le mérites.
— Merci Greer, dit-elle avec un sourire attendrissant.
— Je suis sincère.
Et il ne lui en fallut pas plus pour qu'elle me prenne dans ses bras. Derrière elle, je pouvais apercevoir Nick nous dévisager, un air curieux sur le visage. Je ne pouvais détacher mon regard du sien et ce moment se termina brusquement quand Lauren mit fin à notre accolade. Maintenant que les choses étaient désormais claires, il ne nous restait plus qu'à effectuer une heure quinze de vol avant d'atterrir en Écosse.
Je posais un pied sur le tarmac tout en regardant le ciel. Celui-ci était noir et couvert de nuages. Tout cela n'annonçait rien de bon. Je descendais rapidement les marches avant de monter dans le van noir, n'attendant plus que moi pour démarrer.
— Qu'est-ce qu'il se passe avec le ciel, demandais-je.
— C'est une sacrée tempête qui s'annonce, dit Ed en se penchant à son tour pour voir la météo à travers la vitre conducteur.
Des gouttes de pluie commencèrent à envahir le pare-brise et bientôt, l'averse passagère se transforma en véritable tempête. On ne distinguait presque plus la route à cause du voile d'eau qui nous obstruait la vue, si bien que tout le monde plaçait à présent sa vie aux mains de Ed qui conduisait du mieux qu'il pouvait. Franchement, je fus très heureuse d'arriver devant la maison d'Alice après ces deux jours éreintants. Je dis au revoir à toute la voiture avant d'ouvrir la portière pour sortir.
J'allais la refermer quand mes yeux croisèrent ceux de Nick. À ce moment, la pluie me mouillait complètement mais je l'oubliais vite car tout autour de moi disparaissait d'un simple regard avec lui. Je refermais la portière et ce fut seulement à ce moment que je repris mes esprits. Le van s'en alla, me laissant seule sous cette pluie diluvienne. En seulement quelques secondes mes cheveux, mes vêtements et mon sac furent trempés. Je courus littéralement jusqu'à la porte noire vernie de la maison et l'ouvris précipitamment. Alice sembla surprise par mon intrusion mais à la fois ravie par mon retour.
— Alors ce week-end avec Will ?
— Quoi ? demandais-je sans comprendre.
— Et bien le week-end que tu viens de passer avec Will, il s'est bien passé, répète-t-elle en inclinant légèrement la tête, soucieuse.
— Oh et bien, formidable.
J'avais complètement oublié l'excuse que j'avais donné à Alice pour cette mission et je devais bien dire que j'avais faillis moi-même me faire démasquer. J'enlevais mes chaussures trempées et montais dans la salle de bain pour prendre une douche bien chaude et me sécher. Il était quatorze heure quinze lorsque je sortais de la salle de bain pour aller m'habiller dans ma chambre. Une fois cela fait, je redescendis dans le salon pour regarder tranquillement la télévision sous les couvertures présentes sur le canapé. Soudain la porte s'ouvrit. Je tournais la tête et pu découvrir Alex, tout sec, devant la porte d'entrée. Il déposa un parapluie au sol avant de se diriger directement vers moi, un sourire affectueux au coin des lèvres. Je me levais, heureuse de le retrouver, et le serais dans mes bras.
— Il ne manquait plus que toi, me glissa-t-il soudainement à l'oreille.
Sa remarque me parue pour le moins bizarre même si je n'y prêtais pas plus attention. Mon meilleur ami m'avait terriblement manqué et je comptais bien lui faire savoir en le serrant plus fort contre moi.
— Viens avec moi, il faut que je te montres quelque chose, me dit-il une fois que nous nous étions décollés.
— Tout de suite ? Mais tu ne travailles pas aujourd'hui ?
— Non, j'ai mon après-midi, lança-t-il précipitamment.
— Et ça ne peux pas attendre demain ? Il pleut des cordes, prétextais-je agacée.
— Non et puis nous serons protégés sous mon parapluie. Allé Greer...
— D'accord, dis-je résignée. Je vais chercher mon manteau et changer de chaussures, et nous pouvons y aller.
— Où m'emmènes-tu Alex, questionnais-je après plus de cinq minutes de marche.
— Tu verras bien, me répondit-il sèchement.
Alex m'avait l'air très pressé et assez nerveux, ce qui ne lui ressemblais pas. Lui qui était toujours calme et rieur. Je ne posais pas plus de questions et continuais d'arpenter les rues désertes d'Edimbourg avec mon meilleur ami sous cette pluie battante de février. Les bâtiments défilaient et se firent de plus en plus rares, mais nous continuons pourtant de marcher. Des éclairs fendirent l'air, ce qui ne fit qu'amplifier mon envie de rentrer.
— On est bientôt arrivés, demandais-je, mes pieds me faisant souffrir.
— Oui, nous y sommes, dit-il en s'arrêtant devant une espèce de porte en fer rouillé.
Il l'ouvrit et tendit son bras vers l'intérieur comme pour m'inviter à entrer. L'intérieur était sinistre avec un sol et des murs bétonnés. Seuls quelques rayons de lumière gris entraient par quatre petites fenêtres quadrillées par des barreaux. Je levais la tête et constatais que la toiture était supportée par de vieilles poutres en bois. Visiblement, nous étions dans un entrepôt abandonné mais ce que je ne comprenais pas, c'était pourquoi Alex voulait me montrer cet endroit à tout prix. Je me retournais vers mon ami pour le voir, adossé à la vieille porte par laquelle nous étions entré. Son visage affichait un sourire que je ne lui connaissait pas, un rictus fourbe et fier.
— Qu'est-ce qu'il se passe Alex, quémandais-je paniquée.
— Greer, Greer, Greer, soupira-t-il en secouant légèrement la tête de gauche à droite avec une voix plus rauque que d'habitude, je te croyais plus maligne que cela mais il a suffit que ce soit ton meilleur ami qui te le demande pour que tu acceptes...
— Michael ?
— Le seul et l'unique ! Bien que j'ai l'apparence de ton si précieux meilleur ami Alex !
— Comment avez-vous fait ?
— Je suis un fantôme et que ne serait pas un fantôme sans possession.
— Sortez tout de suite du corps d'Alex, il ne vous a rien fait, criais-je.
— Oh non non, ricana-t-il sarcastiquement, je me sens bien dans ce corps et puis tu pourrais me faire disparaître d'un simple contact si je le quittait.
— Pourquoi m'avez-vous amené ici ?
— C'est pourtant évident, non ? Je veux te parler seul à seul et peut-être aussi te faire souffrir, ce serait bien ça non, me demanda-t-il alors que sa question était purement rhétorique.
— Qu'est-ce que vous voulez me dire ? Je vous écoute, déclarais-je en essayant de paraître le plus calme possible alors que le corps de mon ami commençait à tourner autour de moi.
— Alors tout d'abord, je voulais savoir si tu allais bien.
Je ricanais nerveusement à sa réplique, ce qui le fit hausser un sourcil comme si je me moquais de lui. Je repris mon air sérieux avant de répondre :
— Qu'est-ce que cela peut bien vous faire que j'aille bien ou non ?
— Tu sais, parfois tu me fais penser à ta mère, ajouta-t-il en souriant.
— Jusqu'à ce qu'elle vous abandonne pour mon père c'est ça, crachai-je, ce qui me permis de déceler enfin de la surprise sur le visage d'Alex.
— Tu lui ressembles physiquement à un point prêt : tu as les yeux de ton maudit père. Oh mais c'est vrai, je l'ai tué, plaisanta-t-il, l'air faussement surpris en mettant sa main devant sa bouche.
Je serrais les poings tellement fort que j'imaginais déjà mes phalanges blanchir. J'aurais pu fuir mais je restais pour essayer d'en apprendre plus sur mes parents. Michael ou plutôt Alex continuait de tourner autour de moi et cette situation me stressais assez.
— Ça ne devrait pas être dur de poignarder ton très cher Alex ? Après tout je ne ressentirais rien, juste un petit picotement, par contre son corps ne s'en remettrait pas, qu'est-ce que tu en dit Greer ?
— Ne lui faites pas de mal, il n'a rien à voir là dedans, l'implorais-je.
— Je vois que tu es plus réceptive aux menaces. Où en étais-je au fait ? Ah oui, ta mère ! Ed t'as raconté toute la petite histoire je crois ?
— Oui et je dois dire que j'ai eu un peu pitié de vous...
— Ne joue pas à l'insolente avec moi, s'énerva-t-il. J'ai appris que tu connaissais maintenant mes projets à cause de cet imbécile de Ian à Londres. À l'inverse, son frère Oliver est beaucoup plus facile à manipuler. Enfin bref... Je m'éloigne du sujet...
— Le cercle va venir me chercher !
— Ils devront d'abord se confronter à mes hommes, dit-il en se rapprochant.
— Quand ça sera fait, ils vous feront disparaitre !
— Et pourquoi ne le fais-tu pas ? Tu possèdes le même don que les autres pourtant tu voudrais que se soit eux qui se charge de m'éliminer ? Voyons Greer, tu es moins courageuse que ce que je pensais. Tout ça parce que tu as peur de vivre la mort des fantômes ! Il va bien falloir que tu le fasses un jour ou l'autre, tu ne peux pas échapper à ton don...
Soudain la porte de l'entrepôt se mit à trembler comme si quelqu'un de l'autre côté cherchait à entrer. Le cercle venait enfin me chercher !
— Ne soyez pas déçu Michael ! Je me chargerais personnellement de vous même si je dois revivre votre mort ! D'ailleurs comment êtes-vous mort ? Je me pose cette question depuis très longtemps, prononçais-je plus sure de moi maintenant que nous avions l'avantage.
— Ne t'inquiètes pas pour ça, je te tuerais avant, dit-il en sortant un pistolet caché derrière son dos et en le pointant vers moi. Tu ne reverras jamais ta mère Greer !
Ma respiration s'accéléra précipitamment, mes mains devinrent moites et mon coeur battait tellement vite que j'avais l'impression qu'il allait sortir de ma poitrine. Ma mère était en vie ! Peut-être allais-je un jour la revoir ou peut-être que mon cauchemar allait se réaliser aujourd'hui et que Michael me tuerais ici, dans cet entrepôt. D'un coup, un bruit métallique se fit entendre et la porte ne mit pas longtemps à tomber, laissant apparaitre Nick dans l'encadrement. Instantanément, Michael décala son bras de sorte que l'arme ne soit plus braquer sur moi mais sur Nick.
— Non !
Je me jetais inconsciemment dans le vide, quand tout à coup, le coup partie. Une balle au niveau du ventre me coupa soudain la respiration tandis qu'une autre, à l'épaule, me projeta au sol. Des picotements envahirent les zones touchées par les balles et jamais un sol ne me parut aussi froid de toute ma vie. Finalement mon cauchemar était prémonitoire : j'avais bien reçu une balle à l'épaule droite et une autre, logée au niveau de mon ventre. J'entendis un bruit de lourdeur tomber à terre mais ne fit pas attention. J'avais à présent mal et ma respiration était haletante. J'avais peur, peur de mourir. Finalement j'avais fait comme Maggie, le fantôme du dix-septième siècle, j'avais choisi de mourir plutôt que de voir quelqu'un que j'aime me quitter.
Soudain, des mains se placèrent sous mon dos et mon cou. Quelqu'un me soulevait. J'ouvrais difficilement les yeux pour distinguer Nick. Ses yeux étaient anormalement humides, mais au moins, je lui avais sauvé la vie. J'avais peut-être accomplis le cauchemar de ma mort mais j'avais aussi évité celle de Nick.
— Accroches-toi Greer ! Tu vas t'en sortir !
Mon corps me paraissais tellement mou...et c'est là que je vis le corps d'Alex, étendu comme moi sur le sol dur du hangar. À ce moment, je commençais à paniquer. Mon ami était-il mort ? Michael l'avait-il tué ?
— Ne t'inquiètes pas, ton ami n'a rien. C'est le départ de Michael de son corps qui l'a fait s'évanouir, m'informa Nick comme s'il lisait dans mes pensées. Je vais te guérir ! Ma magie t'aideras à aller mieux et tu vivras !
Il posa la main qui retenait mon dos sur mon ventre avant qu'une douce chaleur envahisse ma blessure. Je ne pouvais pas le laisser me guérir ! Il ressentirait ma douleur et surtout hériterait de la balle. Je rassemblais donc mes dernières forces et enlevais sa main.
— Je ne peux pas te laisser faire ça... Tu prendrais la balle pour moi. Arrêtes ! S'il te plaît...
— Non je ne peux pas te laisser mourir, s'exclama Nick en re-positionnant sa main sur la plaie faite par la balle.
La douce chaleur revint m'envahir pendant que mes yeux commencèrent à se fermer. Il devait arrêter là ou j'allais m'évanouir sans pouvoir lui dire ce que j'avais appris. Je pris sa main poissée de mon sang et la gardait dans la mienne.
— Greer ! Qu'est-ce que tu fais ?
— Je te sauve la vie... Écoutes, ma mère est en vie. Si...si je ne survie pas, je voudrais que tu la retrouves et que tu lui dises que même si je ne l'ai pas connue, elle sera restée dans mon coeur malgré le court moment où j'ai su que j'avais été adoptée, murmurais-je assez fort pour qu'il m'entende. Quand au cercle...transmet à Mary qu'elle devrait saisir sa chance et avouer ses sentiments à Cam avant qu'il ne soit trop tard, je ne connais cette sensation que trop bien. Dis aussi à...à Jacob que j'aurais aimé assister à ses premiers entraînements et que je pense qu'il deviendra aussi fort que son père... Informe bien Alice, Logan et Alex qu'ils ont été formidables même quand je suis une vraie peste de temps en temps, plaisantais-je en toussotant. Si tu croise Will...Lindsay et les autres, avoue leur que je les aimais malgré tout...
— Et si tu t'en sort ? plaisanta Nick -les larmes aux yeux- pour me rassurer dans mon discours.
— Je leur dirait moi-même, rigolais-je. En tout cas, en ce qui te concerne, je voudrais que tu trouves quelqu'un que tu aimes du plus profond de ton coeur, qui te fasses pleurer de rire, qui t'aime comme si tu étais la chose la plus précieuse sur Terre, qui te rende un peu jaloux lorsqu'elle est en compagnie d'un ami et surtout que vous viviez toute votre vie ensemble...
À mes propres mots, je voyais une forme de rêve que j'aurais voulu vivre avec Nick si je n'avais pas deux balles dans le corps à ce moment précis. À la simple pensée de vivre une idylle avec lui, des larmes de désespoir menaçaient de couler le long de mes joues, jamais cela n'arrivera...
— Greer, protesta-t-il.
— Promets-moi que tu le feras, pleurais-je.
— Je te le promet mais à ton tour, promets-moi que tu te battras pour vivre, que l'on se reverra et que tu diras toi-même tout ça aux personnes que tu aimes. Greer...je t'a...
Je décrochais à partir de ses derniers mots. J'allais bientôt m'endormir pour toujours peut-être... À ce moment je pensais à la dernière fois que j'avais vu Lindsay crier sa victoire à son match de cross ou la dernière fois que Will m'avait dit qu'il m'aimait. La dernière fois que Jacob m'avait annoncé une mission ou que Ed m'avait raconté l'histoire de mes parents. Je me souvenais aussi de la dernière fois que Mary m'avait lancé une pique affective ou que Cam m'avait fait rire à une de ses blagues. La dernière fois que j'avais vu Lauren et sa joie continuelle. Bien sûr, il y avait aussi la dernière fois que j'avais serré Alice dans mes bras ou que Logan s'était inquiété pour moi. Il y avait la dernière fois qu'Alex m'avait surpris en débarquant à Edimbourg ou la dernière fois que j'avais vu mes parents vivants. Et pour finir je vis en ce moment la dernière fois que je verrais les beaux yeux verts de Nick, celui que j'aimerais toujours...
Et je fermais définitivement les yeux...
Voici le chapitre 31 marquant l'affront "final" de ce tome. J'espère qu'il vous a plu car j'en suis assez satisfaite. Comme d'habitude : voter pour ce chapitre si vous l'avez aimé et n'hésitez pas à commenter pour me donner votre avis et vos attentes. Ce tome 1 est presque fini donc je vous donne rendez-vous DIMANCHE PROCHAIN pour la suite... Bisous. :)
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