Chapitre 17
Quand nous arrivons enfin au Q.G. du cercle, mon estomac commençait à se nouer à cause du stress. J'ouvris la porte qui menait au salon et découvrit Cam, Mary, Jacob et Ed installés à même le sol, dans un cercle dessiné à la craie. Toutes les têtes se tournèrent vers moi, ce qui me mit directement mal à l'aise. Cam siffla en haussant les sourcils, ce qui énerva visiblement Mary qui lui donna une tape sur l'épaule. Nick se posta à mes côtés et m'entraîna à l'intérieur du cercle.
— Joli tenue Greer, ajouta Cam.
— Euh... Merci !
— Ne l'écoute pas il aime bien se moquer des gens, commença Mary en arborant un sourire niais.
Je ne fis pas attention à sa remarque et m'asseyais à mon tour. Au centre était disposé un poignard qui contenait des inscriptions (dans une langue inconnue) sur la lame, et un grand récipient en doré. La boule dans mon ventre commençait à grossir et mes mains devenaient moites. Est-ce que c'était toujours une bonne idée d'appartenir au cercle ?
Pas le temps de me questionner plus, car Ed récita ce qui semblait être une incantation dans un langage bizarre et prit la lame qu'il glissa sans aucun scrupule sur sa paume. Il leva sa main au-dessus du récipient où quelques gouttes de sang tombèrent dedans. Aussitôt après, Mary prit le poignard et fit de même. Cela me répugnais mais je crois que mon tour allait bientôt venir. Après Cam, Jacob fit la grimace en approchant la lame de sa main, et je le comprenais. Il n'avait pas vraiment l'air ravi de le faire.
— Je ne peux pas ! En plus, ça va mettre du temps à cicatriser !
— Ne fais pas ta chochotte Jacob, aussi non c'est moi qui m'en charge ! En plus ce n'est juste qu'une petite entaille, rien de plus, tenta de le motiver Nick d'un ton pressant.
Résigné, Jacob le fit et approcha sa main au-dessus du contenant. Nick saisit à son tour la lame et termina en un clin d'oeil. Tous les regards étaient maintenant tournés vers moi et une boule se formait dans ma gorge quand je vis le visage enchanté de Mary à l'idée de me faire mal. Les garçons, eux, me lançaient des regards compatissants. Je pris le poignard et l'appuyait doucement contre ma paume jusqu'à ce que quelques gouttes de sang en sortent, m'arrachant une grimace. Une fois dans le récipient, nos sang étaient mélangés et ne formaient plus qu'un liquide rouge uniforme. Nick me passa gentiment une compresse que j'appliquais précautionneusement sur ma blessure pendant que le rituel reprenait de plus belle, cette fois-ci en anglais.
— Veuillez accueillir un nouveau membre dans notre cercle, Greer, fille de David et Isobel, membres de l'ancien cercle des esprits. Par ce rituel du sang, nous scellons et complétons nos pouvoirs pour mieux ramener les esprits dans leur monde. Ainsi le cercle est à présent complet et reformé jusqu'à la prochaine génération de dotés. Greer, par ce lien qui est indécelable, tu appartiens désormais au cercle et ce jusqu'à ta mort.
Génial... Je ferais partie du cercle jusqu'à ma mort. Mais je sais maintenant comment s'appelaient mes parents : David et Isobel, et je trouve que ce sont de beaux prénoms pour des parents que je ne connaîtrais jamais.
Quand le monologue de Ed fut terminé, tout le monde se leva et je me dirigeais donc vers lui, plein de questions en tête.
— Ed est-ce que je peux vous parler ?
— Bien sûr Greer ! Et je t'en pris tu peux me tutoyer !
— D'accord ! On pourrait s'éloigner, s'il-te-plaît ?
— Oui, dit-il alors que l'on sortaient dans le couloir.
— Alors, commençais-je en déglutissant, quand je touche un fantôme, je revis tout ce que le fantôme à enduré avant de mourir. Est-ce que c'est normal ? Parce que tout ça fait vraiment mal...
— C'est incroyable, je n'ai jamais entendu parlé de ça mais je crois que cela vient du fait que tes parents faisaient tous les deux partis du cercle et donc t'ont transmis un grand pouvoir.
— Un grand pouvoir ! Tu veux dire un fardeau !
— Écoutes Greer. Ce don ne te plaît peut-être pas mais il pourrait t'êtres d'une grande aide en tout cas, pour comprendre comment les esprits sont morts. Et puis maintenant que tu fais partie du cercle, ton pouvoir peut être contrôlé.
— « Peut être contrôlé » ? Parce que ce n'est pas sûr ?
— Non, pour ça il faut que tu apprennes toi-même à le contrôler.
— Génial, dis-je ironiquement, maintenant il faut que je contrôle ce pouvoir !
— Greer, tu n'es pas comme tous les membres du cercle, tu es à part...
— À cause de mes parents, oui je sais... Mais Nick aussi avait ses deux parents dans le cercle et il ne m'a pas dit qu'il était exceptionnel pour autant.
— J'avais promis à Nick de garder le secret sur ses pouvoirs, mais au point où on en ait... Nick possède le pouvoir de guérir les blessures causées par des fantômes.
— Lui au moins, il a de la chance ! Moi je revis la mort des esprits tandis que lui sauve des vies.
— Certes mais en faisant cela, il absorbe la douleur de la personne qu'il guérit.
— Donc si j'ai bien compris, Nick et moi sommes exceptionnels ?
— C'est ça ! Et vous êtes destinés à de grandes choses tous les deux...
Mon rêve me revenait soudain en mémoire et cela m'inquiétais beaucoup : constater qu'il se passera des choses entre moi et Nick est inconcevable.
— Comment ça, de grandes choses, demandais-je, curieuse de savoir la suite.
— J'en ai déjà trop dit !
Sur ce, il retourna dans le salon et je me retrouvais toute seule dans le couloir à me demander ce qu'il insinuait par de « grandes choses ».
Soudain la porte s'ouvrit sur une Mary sarcastique et énervée de me voir, mais j'avais vraiment envie que ça s'arrange entre nous. C'est vrai que nous sommes partie du mauvais pied toutes les deux.
— Tu n'es pas encore partie, me demande-t-elle, les sourcils haussés.
— Non... Écoutes Mary j'aimerais qu'on s'apprécies parce que nous allons quand même nous côtoyer souvent à partir de maintenant et puis tu m'as l'air gentille...
— Tu es en train de me dire que tu veux que l'on fasse amie-amie comme si rien ne s'était passé ?
— Oui !
— Non.
— Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai bien pu te faire à la fin ?
— Tu n'en a vraiment aucune idée, hein ? (elle se rapprochait lentement jusqu'à arriver à quelques centimètres de moi.) Je vais te le dire parce que tu n'as pas l'air de comprendre. Depuis que tu es là, nous t'avons sauvé et protégé de Michael plusieurs fois et toi, tout ce que tu trouves à dire, c'est que tu peux te débrouiller toute seule pourtant tu es bien venue nous trouver jusqu'ici pour faire partie du cercle ! On peut savoir pourquoi ?! Parce que mademoiselle en avait marre de sa pauvre vie de petite fille bien rangée et qu'elle avait envie de sensation forte ? Allez ! Ne me dis pas que c'est faux, qu'il ne s'est pas passé une petite chose qui t'as mise en colère et que tu nous a appelé pour te défouler !
C'est dingue ce qu'elle était perspicace. J'étais entrain de me dire qu'elle avait raison, que je n'étais qu'une petite prétentieuse qui venait chercher de l'aide chez les autres quand il y a des problèmes dans ma vie. Je suis minable ! Je vais lui dire ma façon de penser. Elle avait déjà tourné les talons et se dirigeait de nouveau vers la porte quand je l'interpellais.
— C'EST VRAI ! Tu as raison, je ne suis qu'une pauvre petite fille gâtée qui à besoin qu'on l'aide ! Je ne mérite pas votre aide !
— Tu vois, tu te lamentes tout le temps et après tu t'étonnes que je te dise cela ! Ma pauvre Greer, dit-elle avec pitié, tu es incorrigible. Et le pire, ajouta-t-elle en approchant sa bouche de mon oreille, c'est que tu voudras toujours être la plus à plaindre et que tu ne te préoccuperas jamais des gens qui sont là, avec toi...
Un frisson me parcouru l'échine pendant qu'elle repartait, un rictus cynique sur le visage, vers la porte en agitant sa longue chevelure d'ange. C'en était à se demander comment autant de froideur pouvait se trouver dans un corps aussi élégant que le sien. Une fois de plus, je me retrouvais seule dans le couloir. Au moins, je savais maintenant pourquoi Mary avait une dent contre moi et je dois dire que moi aussi je me détestais à présent.
Je marchais dans les rues désertes d'Edimbourg à presque une heure du matin en trainant des pieds. Je n'avais qu'une envie, c'était de me terrer à six cents mètres sous-terre et que tout le monde oublie mon existence mais malheureusement, c'était impossible. Des pas rapides résonnaient dernière moi mais je ne me retournais même pas pour voir qui c'était. Ensuite une main ferme se referma sur mon bras. Je me retournais pour voir qui était mon agresseur quand je découvris Nick, essoufflé et un air inquiet sur le visage, à moins que ce ne soit dû à sa course.
— Qu'est-ce que tu veux ? Lâches-moi, m'énervais-je en arrachant mon bras de sa poigne de fer.
— Tu es partis sans prévenir alors je t'ai cherché, et je t'ai trouvé, dit-il un sourire en coin en se passant la main dans les cheveux, je me surpris d'ailleurs à ne pas le quitter des yeux.
— Et bien c'est bon, tu peux y retourner, je vais bien comme tu peux le voir !
— Ce n'est pas ce que j'aurais dis mais bon...
— C'est ton avis !
— Eh...calmes toi ! Je suis là en ami...
— Pour l'instant, marmonnais-je.
— Quoi ?
— Rien ! Qu'est-ce que tu me veux ?
— Rien mais je vais te raccompagner jusqu'à chez toi.
— Oh super, dis-je ironiquement, le grand Nick...
— Nick Pieters, compléta-t-il.
— Le grand Nick Pieters me ramène chez moi ! Je sens que je vais m'évanouir !
— Je fais toujours cet effet là.
— Ça va les chevilles ?
— On ne peut mieux !
On partis dans un fou rire puis toutes les questions que j'avais en têtes revinrent au galop. La présence de Nick était peut-être pour moi l'occasion de trouver enfin des réponses.
— Tu ne m'as jamais parlé de Jacob ? D'où vient-il ? Ses parents sont morts ?
— Jacob fait partie du cercle. Sa mère est morte et Ed est son père.
— Donc il est le cousin de Mary ?
— Oui. D'autres questions ?
— Un tas ! Est ce que je fais vraiment petite fille gâtée ?
— Je te dis la vérité ?
— Oui !
— Oui un peu, répondit-il franchement, ce qui me fis lui donner une tape sur l'épaule, le faisant rire plus qu'autre chose.
— Quoi ? Tu m'as dis de te dire la vérité, protesta-t-il.
— Oui mais je me rends compte que c'est bien ce que je pensais. Tout le monde me prends pour une peste, ajoutais-je en regardant mes chaussures un peu déçue, je n'ai jamais voulu être perçue comme une fille gâtée mais c'est le contraire qui se produit en fin de compte.
— Ne t'en fais pas, je suis sûr qu'il faut simplement gratter cette carapace pour découvrir une personne formidable et généreuse.
— Merci Nick.
— De rien.
— Ed m'a dis que tu avais le pouvoir de guérir les personnes blessées par des fantômes. (Suite à ma déclaration, il leva les yeux au ciel en soupirant.)
— Je lui avais pourtant dis de ne le dire à personne, dit-il en colère.
— Calmes toi, il a jugé bon de me le dire parce que d'après lui on est destinés à accomplir de grandes choses ensemble. Les autres ne sont pas au courant ?
— Non. Il n'y avait que Ed et maintenant toi mais ne le dit à personne, d'accord ?
— D'accord mais pourquoi ne veux-tu pas que les autres le sache ?
— Je ne veux pas qu'ils le sache parce que je n'ai pas envie qu'ils me voient différemment de ce que je suis pour eux.
— Je te comprends mais au moins, toi, tu ne revis pas la mort des fantômes. Excuses-moi, je reparle de moi...
— Ne t'excuses pas... Qui le sait pour ton pouvoir ?
— Ed et toi.
— Cela nous fait déjà un point commun.
— Ce sera notre secret, à Ed aussi mais il n'est pas là pour le moment, concluais-je en levant le petit doigt en l'air.
— Exactement, dit-il en croisant son petit doigt au mien.
— On est arrivés chez moi, lui annonçais-je devant la clôture arrière de la maison.
Aussitôt, j'enjambais la clôture avec une courte échelle de la part de Nick. Une fois de l'autre côté, je m'apprêtais à grimper le mur quand Nick me stoppa.
— Au fait Greer, jolie tenue !
Un sourire aux lèvres, je grimpais le mur grâce au lier sans lui prêter un regard. Escalader me parut plus dure que de le descendre quelques heures auparavant, mais bon, j'étais maintenant arrivée à la fenêtre de ma chambre. Je l'ouvris en espérant ne pas y voir Alice attendant que je rentre pour me réprimander. J'examinais la pièce et fus soulagée de la trouver vide. Je me changeais et regagnais les couvertures qui m'appelaient à m'y blottir.
Je n'avais pas fait de rêve cette nuit et j'en étais heureuse, parce que revivre une scène où moi et Nick étions ensemble aurait été affreuse. Même s'il est très séduisant...enfin qu'est ce que je raconte ? N'importe quoi ! Nick reste Nick et je sors avec Will !
Après m'être revêtue de l'uniforme de Welce Hill et avoir rendue ma tête à peu près présentable, je me dirigeais au rez-de-chaussez en emportant une pomme dans la cuisine. J'avais croisé Alice qui préparait des oeufs brouillés mais ne lui avais pas adressé un mot. Bizarrement, je n'avais pas croisé Logan, mais peut-être était-il en train de se pomponner dans la salle de bain comme la veille.
Je marchais ensuite jusqu'à l'arrêt de bus où mon regard se posa sur une tête que je ne connaissais que trop bien. Logan. Celui-ci attendait, des écouteurs dans les oreilles et intéressé par ses chaussures. Heureusement, le bus arriva vite et je montais dedans pour, comme d'habitude, m'asseoir à côté de Lindsay.
Une fois dans les couloirs du lycée, Will m'embrassa en guise de bonjour avant de nous diriger vers notre salle d'allemand. Le midi arriva vite et mon portable vibra au moment où je m'asseyais avec tout le petit groupe.
Nick : À ce soir pour ton entraînement.
Greer : Quel entraînement ?
Nick : Il faut savoir se battre quand on appartient au cercle, ma belle...
Greer : Ne m'appelles pas « ma belle », d'accord ? À ce soir.
Je rangeais mon portable avant que les yeux indiscrets de mes amis ne se baladent sur mon écran et mangeais mon assiette. À peine avais-je relevé la tête que Logan se dirigeait déjà vers nous. Je pris alors mon plateau et me levais. Logan parut surpris par mon geste mais s'assit quand même à la tablée. Après avoir débarrassé mon plateau, je pris la sortie et me dirigeais vers le seul endroit de l'établissement où je pouvais être tranquille. Je gravis les marches quatre à quatre et ouvris la serre. Le banc n'avait pas changé de place et semblait n'attendre plus que moi. Mon téléphone vibra encore une fois mais je n'avais pas besoin de savoir qui m'écrivais car je le savais déjà.
Nick : Ok. À plus tard, princesse !
Je lus son message et ne pris même pas la peine de lui répondre. J'éteignis mon portable et l''écran noir fit apparaître mes lèvres qui formaient un sourire joueur. Je ne m'étais même pas aperçus que je souriais, en plus, pour les blagues stupides de Nick. Franchement Greer ?
— Qu'est ce qui te fais sourire, fit une voix que je reconnaîtrais entre mille.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
— Je pourrais te poser la même question mais j'ai posé la mienne en premier !
— Oh rien ! Un message d'un ami. (Est-ce que j'étais réellement en train d'appeler Nick, un ami ?)
— S'il arrive à te faire sourire, je l'apprécie déjà, et pour te répondre, j'ai suivis ma petite-amie parce qu'elle ne peut pas supporter son colocataire, tu ne l'aurais pas vu ? Elle est très mignonne et s'appelle Greer !
— Non désolé, je ne l'ai jamais vu, dis-je en feignant l'innocence.
— Dommage !
— Vraiment dommage, ajoutai-je en m'approchant de lui et en dévorant les quelques centimètres qui séparaient nos lèvres.
— Ah, je crois que je l'ai retrouvé, dit Will quand nos fronts étaient collés l'un à l'autre.
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