Chapitre 15
J'avais dû m'évanouir sans m'en rendre compte. En tout cas, le soleil brillait à travers la fenêtre. La porte s'ouvrit et la tête d'Alice apparut subitement.
— Greer ! Ça fait 20 minutes que je t'appelles !
Je me redressais d'un bond malgré qu'Alice me toisait, la tête penchée sur le côté.
— Tiens, tu as remis tes vêtements de la veille ? Je te laisse dix minutes pour te préparer, dépêches-toi !
À vrai dire, je n'avais pas vraiment enlevé mes vêtements de toute la nuit. Mais, pourquoi était-elle si pressée ?
— Pourquoi ? On a quelque chose de prévu ?
— Euh... Oui on peut dire ça, fit-elle en restant évasive sur sa réponse. Je ne te retiens pas plus longtemps, je t'attends en bas.
À peine avais-je eu le temps de répondre qu'elle claqua la porte de ma chambre. Elle me cachait quelque chose, j'en étais sûre.
Après m'être préparée, je descendis l'escalier pour rejoindre Alice qui m'attendait à l'entrée. Sans un mot, elle sortit et je la rejoignis dans la Ford pour je-ne-sais quelle destination. Après avoir roulé pendant trente minutes, la voiture s'arrêta devant un bâtiment à la devanture en pierre blanche. Alice descendit et me demanda de rester dans le véhicule car elle n'en avait que pour quelques minutes.
J'attendais patiemment dans la voiture quand une silhouette traversa la route : c'était un fantôme -j'en étais sûre-, sa tenue d'époque la trahissait. C'était une femme. Sa robe rose à frou-frou et sa perruque poudrée montrait son appartenance au dix-septième siècle. Sa démarche était assurée et pleine d'entrain, comparée aux autres fantômes que j'avais croisé. La mort avait l'air de lui sembler naturelle. Elle tenait à la main un éventail qu'elle n'arrêtait pas d'agiter comme s'il faisait une chaleur étouffante. Je la dévisageais quand elle tourna brusquement la tête de mon côté. Nos regards se croisèrent.
Immédiatement je détournais les yeux, ne voulant pas revivre la même chose que la dernière fois que j'avais croisé un fantôme. Elle sembla le remarquer et se dirigeait à présent vers moi. La panique me gagnait mais elle ne pouvait rien me faire, pas vrai ? Enfin la dernière fois, un esprit m'avait rendue sourde, alors...j'avais le droit d eme poser des question. Une voiture la traversa. J'étais impressionnée car c'était tout de même la première fois que je voyais un fantôme être traversé par un objet, surtout une voiture. Le fantôme me fit signe de sortir de la voiture. Bizarrement, c'est ce que je fis. Elle m'observais de la tête aux pieds et je ne pus que constater que c'était la deuxième fois de la journée que cela m'arrivais. Je gardais malgré tout mes distances au cas où cette dernière aurait envie de me faire du mal.
— Vous pouvez me voir ? Seigneur, enfin quelqu'un avec qui je peux parler ! lâcha-t-elle en levant les bras au ciel.
— Euh...oui. Je m'appelle Greer et vous ?
— Margaret Elizabeth Thérèse Plutark-Eddisson, première du nom.
— On se contentera de vous appeler Maggie.
— Plaît-il ?
— Rien. Que me voulez vous ? demandais-je d'un ton pressant.
— Oh...moi...et bien je pourrais rester avec vous ma nouvelle amie, dit-elle d'une voix remplie de joie.
— Écoutez, je ne suis pas votre amie, continuez votre chemin et faîtes comme si je n'existais pas, d'accord ?
— Comment diable pourrais-je vous ignorer ? Nous serrons les meilleures amies du monde à présent !
Elle s'avançait maintenant vers moi mais je la stoppait net. Un simple contact avec elle et j'allais vivre sa mort avant de la faire disparaître.
— Non, non, ne vous approchez pas de moi ! Je pourrais vous faire disparaître en tas de poussière.
— Oh mais c'est horrible ! Très bien, conclu-t-elle, je me tiendrais désormais à bonne distance de vous, ma chère !
— Parfait ! Partez maintenant !
Ces derniers mots étaient sortis un peu plus fort que les autres. Et je tournais la tête en direction d'un homme de l'autre côté de la rue qui me prenait sûrement pour une folle à parler toute seule. Je gigotais les bras en l'air comme si des choses virevoltaient autour de moi.
— Satanés mouches ! dis-je en feignant un sourire. Quand elle vous ont dans le viseur, il n'y a plus rien à faire !
L'homme me fit un sourire inquiet avant de continuer son chemin. Ouf ! Je me retournais alors vers Maggie qui me souriait de ses belles dents. Elle ne voulait décidément pas me lâcher. En fin de compte, j'étais assez curieuse de savoir la façon dont elle était morte, elle qui respirait la joie de vivre, comment avait-elle fait pour mourir ? La question me brûlait les lèvres.
— Comment êtes vous morte ? demandais-je, en regrettant déjà la façon brutale dont je l'avais formulé.
— Oh...et bien ma chère, nous pouvons dire que vous n'y allez pas par quatre chemins... Avez-vous déjà éprouvé un amour sincère ? Un amour qui occupe toutes vos pensées ? Qui vous empêche de réfléchir quand il se trouve avec vous ? Qui vous rassure quand vous êtes triste ? Qui vous protège du danger ?
— Euh...
À vrai dire, j'aime Will mais je ne m'étais jamais posée la question de si je pensais tout le temps à lui ou si je ne pouvais plus réfléchir en sa présence. Il me rassurait, certes, et sans lui pour me consoler quand mes parents sont morts, je ne me serais certainement jamais remise mais peut-être que je devrais passer plus de temps avec lui, après tout...c'était mon petit-ami.
— Eh bien j'ai éprouvé cet amour. Il s'appelait Mathew, Mathew Holloway...
— Et que c'est-il passé ?
— J'étais éperdument amoureuse de Mathew mais mes parents ont trouvé un excellent parti avec ce Comte D'Eddisson qui était attiré par les jeunes filles comme moi. Je dus me marier avec lui malgré les sentiments que j'éprouvais pour Mathew. Pour moi l'imaginer avec une autre femme, et heureux, me rendait le sourire. Je vivais alors ma vie dans le domaine de mon mari. Quand, un jour, Mathew vint me trouver pour que je m'enfuis avec lui. Il voulait partir de nuit pour ne pas que l'on nous voit mais, au moment de partir, le Comte arriva dans mes appartements et me vit dans les bras de Mathew. Ils se battirent et Mathew fut blessé grièvement. Je le tenait dans mes bras quand il mourut. Aussitôt, je saisit l'épée de Mathew que je m'enfonçais dans la poitrine. Je ne pouvais pas vivre sans lui alors je décidais de mourir avec lui, tel Roméo et Juliette...
— Je suis désolée ! Vous vous êtes tuée pour ne pas vivre sans l'homme que vous aimiez... C'est tellement romantique...
Son histoire me touchait. Mourir plutôt que de vivre sans l'amour de sa vie, c'était une chose qui n'arriverait plus de nos jours. J'espère qu'un jour je pourrais avoir le courage de faire comme elle.
— Vous aviez quel âge ?
— 17 ans, enfin je crois, je ne me souviens plus très bien...
— Greer ? Pourquoi es-tu sortie de la voiture ? Je t'avais dis que je n'en avait que pour quelques minutes !
C'était la voix pleine d'incompréhension d'Alice qui résonnait. J'étais surprise de la voir comme cela, pourquoi était-elle dans cet état ? Je n'avais rien fait de mal après tout.
— J'avais besoin de me dégourdir les jambes, lui dis-je.
— D'accord, mais maintenant montes dans la voiture !
J'adressais un dernier regard à Maggie qui avait l'air triste comme si on lui retirait une seconde fois quelqu'un de cher à ses yeux.
Nous étions maintenant arrivées au centre commercial. Pourquoi Alice m'avait-elle amenée ici ? Je n'avais pas besoin d'une nouvelle garde-robe. Je me laissais traîner dans l'entrée et malgré ma surprise je ne posais aucune question. Enfin, je brisais le silence qui régnait entre nous.
— Pourquoi m'as-tu amené ici, Alice ?
— J'ai pensé qu'il te fallait une robe pour le bal du printemps.
— Alice franchement, je ne sais pas pourquoi tu crois que je vais aller à ce genre de soirée ? Et puis personne ne m'a encore invité !
— Ne t'inquiètes pas, je suis sûre que Will t'invitera très bientôt et puis, ces fêtes sont de ton âge, il faut que tu t'amuses aussi !
Je n'étais pas plus emballée par ce bal mais je voyais clairement dans les yeux de ma tutrice de la fierté et de la tristesse face à ma réponse. Elle me faisait maintenant un regard de chien battu. J'étais obligée de dire oui et puis cela semblait lui faire plus plaisir à elle qu'à moi. Je pouvais quand même faire cela pour elle, après tout ce qu'elle avait fait pour moi.
— D'accord ! finis-je par céder.
Après avoir fait une dizaine de boutiques sans rien trouver, nous nous lancions dans la dernière boutique de robe du centre commercial. Alice était presque désespérée mais je continuais de garder espoir. Peut-être que cette dernière boutique regorgeait de robes magnifiques.
Les rayons étaient vraiment bien rangés et, personne ne les fréquentaient à croire que ces robes étaient à fuir. Alice me proposa plusieurs tenues, mais que je refusais de porter : soit elles étaient trop démodées, soit elles étaient trop voyantes. En faisant un dernier tour dans le magasin, mon regard se porta sur une magnifique robe bleu pâle.
Elle comportait trois rangées de tulle horizontales et volumineuses. Le bustier laissait apparaître les épaules et les manches courtes rendait le tout beaucoup plus princier. Au niveau de la taille se dessinait une jolie ceinture de ruban de la même couleur. Immédiatement, je la saisis et filais en cabine d'essayage. Le rendu me paraissait correct dans le miroir mais quand je sortis, Alice manqua de mourir, le souffle coupé. Je ne m'attendais vraiment pas à cette réaction, surtout de sa part. J'avoue que j'avais eu un immense coup de coeur pour cette robe. Elle était magnifique. Après qu'Alice m'aie convaincue que la robe était faite pour moi, nous passâmes en caisse avant de retourner à la voiture avec, chacune, un sourire plaqué sur le visage.
Finalement cette journée n'avait pas été si horrible que cela, même géniale, sans compter que j'avais passé du temps avec Alice.
Le retour en cours me parut difficile mais je pouvais toujours compter sur Lindsay pour me remettre d'aplomb pour une nouvelle journée au lycée de Welce Hill. Le cour de mathématiques de Monsieur Dunhey ne m'intéressait décidément pas, surtout qu'il n'arrêtait pas d'interroger des élèves au tableau, ce que je redoutais plus que tout. Je détestais aller au tableau, surtout quand il fallait parler devant les autres.
Des équations étaient inscrites au feutre noir sur le tableau blanc tandis qu'un élève se dirigeait vers celui-ci, l'air dépité. Je n'y comprenais définitivement rien. Soudain, une robe rose bonbon et une perruque poudrée blanche apparurent devant le tableau. C'était Maggie. Quand elle se retourna pour voir le tableau, elle ne put réprimer une moue de dégoût. Apparement les mathématiques la démoralisait autant que moi.
— Que diantre est-ce que ces inscriptions étranges sur le mur ?
— Je n'y comprends rien moi non plus, je te rassure, murmurais-je.
Elle se dirigeait maintenant vers mon professeur et le toisant de haut en bas. Elle semblait ne pas le trouver plaisant apparement.
— Est-ce cet homme totalement dénué de goût qui ose se prendre pour votre précepteur ?
— Et oui ! balbutiais-je.
— Que dirait-il d'un malheureux incident sur cette affreuse chemise ? Porter cela mériterait l'emprisonnement pour félonie !
— Non !
Je ne m'étais même pas rendu compte que je m'étais mise à crier. Toute la classe était maintenant tournée vers moi.
— Le résultat de cette équation ne vous paraît pas juste Mademoiselle Marshall ? Je vous en prie, venez corriger !
— Oh non ! soufflais-je.
Je me dirigeais le plus lentement possible vers le tableau alors que je ne connaissais pas du tout la réponse. Monsieur Dunhey affichait un rictus fière, ce qui me faisait le détester un peu. Mes mains étaient moites et un stress pas possible montait progressivement en moi. Je saisis le feutre et déglutis difficilement. Une suite de chiffre se suivait mais sans grand interêt pour moi. Je me tournais vers Will qui me souriait, un regard compatissant sur le visage. Il articula des paroles qui ressemblaient à la réponse. Et immédiatement, j'ouvris le feutre et notais la réponse au tableau.
— Le résultat est : quarante-cinq x + vingt-trois soixante-seizième.
Le sourire de mon professeur laissait à présent place à de l'étonnement. Il m'invita à regagner ma place après m'avoir félicité. En retournant à ma place, je fis mon sourire le plus rayonnant et mimais un « merci » à Will. Il m'avait sauvé. Pendant quelques minutes, j'avais complètement oublié Maggie mais en voyant mon oeillade avec Will, elle ne put s'empêcher d'ouvrir la bouche.
— Je crois bien que tu as un soupirant Greer ! Charmant d'ailleurs !
— Pas touche ! C'est mon petit-ami, Maggie, chuchotais-je.
— Petit-ami ? À cette époque vous vous permettez d'appeler cela comme ça, mais à mon époque, si nous n'étions pas mariés ou fiancés, nous n'appartenions à personne.
— Oui et bien notre époque est bien comme elle est ! ajoutais-je.
— Greer, à qui parles-tu ?
C'était Lindsay qui me posait cette question à laquelle je ne pouvais répondre sans être prise pour une folle, mais heureusement que la cloche sonna la fin des cours, me libérant de cette corvée. Maggie avait disparue et tant mieux parce qu'elle allait encore me causer des problèmes. Après le cour d'Histoire habituel du vendredi, moi et Will pouvions enfin être ensemble... Nous nous retrouvâmes à l'arrêt de bus, après une étreinte qu'il me rendit, je le remerciait pour l'aide au cours de mathématiques :
— Merci de la réponse en math, je ne sais pas si j'aurais trouvé la réponse toute seule.
— C'est sûr que tu n'aurais jamais trouvé le résultat sans moi mais j'aime bien sauver les jolies demoiselles en détresse, fit-il, un grand sourire aux lèvres.
Je lui donnais un coup de coude dans les côtes, ce qui le fit rire.
— J'espère bien ! Ça te dirais qu'on fasse un petit tour en ville ?
— Avec plaisir, où veux-tu aller ? m'interrogea-t-il.
— Euh... je ne sais pas, dans le centre ? Tu pourrais me faire visiter ?
— O.k, pas de problème. Viens !
Il me prit par le bras et nous montâmes dans le bus pour enfin nous arrêter à l'arrêt de Princes Street. La rue était bondée et commerçante. Will m'expliquait l'histoire de la ville tout en me montrant l'immanquable château d'Edimbourg, construit sur son volcan éteint. Ensuite, il me raconta l'histoire de ces petites ruelles, plus couramment appelées « close » dont la plus célèbre restait « Mary King's Close » : apparement les habitants de cette close avaient tous été infectés par la peste qui avait fait rage au dix-septième siècle à Edimbourg. Après leur mort, les corps avaient été employé comme ciment pour les murs de la nouvelle ville. Effrayant.
Will me proposa d'y faire un tour, mais à vrai dire j'imaginais déjà l'ambiance à l'intérieur, c'est-à-dire fantomatique. Après qu'il m'ait traité de trouillarde, j'acceptais son offre, peut-être qu'il n'y avait pas de fantôme après tout. Non, en fait, c'était sûr. La close serait infestée d'esprits de gens morts de la peste. Malgré cela, je pris mon courage à deux mains et entrais avec Will dans la ruelle sombre.
Pour l'instant, il n'y avait rien d'étrange mais en descendant les escaliers de plus en plus profonds, l'air devenait froid et un poids s'abattit sur mes épaules comme si l'air était lourd. Des vitrines avec des reconstitutions de chambres, de rues et de commerces affluaient le long de notre visite. Des poupées de cire maquillées des symptômes de la maladie étaient disposées dans ces scènes pour nous révéler la dure réalité, mais pour moi, elles montraient surtout à quoi allaient ressembler les fantômes.
Une femme habillée comme celle du lycée se tenait devant nous, le dos tourné, mais je pouvais deviner que c'était un fantôme. Soudain, Will me demanda si j'avais vu cette femme. J'ouvris de grands yeux mais apparement il ne semblait pas surpris, pouvait-il voir les fantômes lui aussi ? Il m'en aurait parlé, non ? Je lui répondit que oui même s'il semblait plus obnubilé par sa tenue d'époque que par le simple fait de la voir.
Il me précisa ensuite que des gens étaient dispersés dans la close en tenue d'époque pour nous apprendre l'histoire de l'endroit. Suite à ça, je lâchais un soupir de soulagement, ce n'était pas un esprit mais une personne bien réelle que Will avait vu. Nous poursuivions la visite quand je vis une fillette en chemise de nuit blanche aux bordures de dentelle déchirés se tourner vers moi : son visage était infesté de plaques noires et ses yeux étaient soulignés par de grosses cernes de la même couleur. Son air ne m'inspirait aucune sympathie de sa part. Will ne semblait pas la voir et je compris immédiatement ce qu'elle était.
Un panneau nous informait que nous nous trouvions face à la chambre d'Annie, une petite fille morte à la suite de la peste. Il était de coutume que des gens viennent déposer des jouets et des poupées pour calmer son esprit qui serait tourmenté. Je n'avais qu'une envie à présent : partir d'ici. Un homme vêtue d'une chemise tachée et un pantalon noir d'époque passa à quelque centimètres de nous. Bien sûr, je l'évitais soigneusement pour ne pas vivre sa mort et il me semblait qu'il se portait mieux ici que dans je-ne-sais quel autre monde.
Durant la suite de la ballade, je croisais une femme qui toussait en arpentant toujours les mêmes plaques noires sur sa peau, une personne âgée au teint livide et un petit garçon d'à-peu-près cinq ans tout au plus qui se baladait dans les ruelles en courant. Je ne pouvais plus supporter la visite et quand nous refîmes surface à l'extérieur, je ne pus m'empêcher de remplir à nouveau mes poumons de l'air frais du dehors. Will semblait surpris mais ne posa pas de questions. Il était un très bon guide mais les ruelles hantées n'étaient pas pour moi.
Nous passâmes le reste du temps à arpenter les rues commerçantes où les boutiques souvenirs étaient omniprésentes et où les commerces de whisky plantaient le décor pour qui voudrait une preuve de son passage dans la capitale. Nous nous arrêtâmes devant le stand d'une boutique d'objets dérivés de la ville. Mon regard vagabondait sur les bracelets lorsque je sentis quelque chose glisser sur ma tête. Je me retournais et vis Will qui me souriait. Il m'avait mit un bonnet sur la tête, et il en paraissait très fier.
En me regardant dans le miroir de la boutique, la couleur de celui-ci me sautait directement aux yeux. En effet, le bonnet était rose et sur le devant de celui-ci était cousu l'inscription « SCOTLAND ». Après tout, je le trouvait plutôt joli et en y pensant, je ne pus m'empêcher de rire avec mon petit-ami. « Il vous va comme un gant ! » me glissa la vendeuse en m'observant. Je la remerciais, même si je savais pertinemment que celle-ci me complimentait seulement pour que j'achète le bonnet. Will m'orienta doucement vers lui, toujours souriant.
— Je n'ai pas pu m'en empêcher ! Il te va bien, dit-il.
— Merci ! C'est vrai qu'il est joli, observais-je.
— Il n'y a pas que le bonnet qui est joli, chuchota-t-il à mon oreille avant de m'attirer contre lui.
— Peut-être que je vais le prendre alors, ajoutais-je tandis qu'il m'enlevait précipitamment le bonnet de la tête pour l'agiter dans le sens contraire au mien.
— Je te le paye !
— Non, Will je le paye, dis-je en essayant de le récupérer en tendant le bras, en vain car il avait le bras plus long que le mien de dix centimètres.
— J'insiste, rit-il. Je peux quand même payer un cadeaux à ma petite-amie !
« Petite-amie »... Cette appellation sonnait étrangement à mes oreilles. C'était la première fois qu'il m'appelait ainsi, et je dois dire que j'adorais ça... Pendant que Will payait, mon téléphone vibra dans ma poche.
Alice : Où es-tu ? Rentres à la maison, je dois te parler !
Will m'avait rejoint et jeta un oeil par dessus mon épaule pour lire le message. Il me mit le bonnet sur la tête et me vola un baiser au passage. Il courait maintenant comme un voleur. Je lui emboîtais le pas pour le rattraper quand j'arrivais à sa hauteur. Je fus surprise mais amusée de voir qu'il m'attendait, l'épaule contre l'arrêt de bus.
— Monsieur Blake, je crois que vous m'avez volé quelque chose !
— Moi ! Vous devez faire erreur Miss Marshall ! Je ne suis pas un voleur, dit-il, un sourire narquois sur le visage et l'air faussement surpris.
— Oh que si, affirmais-je en m'approchant de lui avant de l'embrasser.
Nous fûmes soudain interrompus par le bus qui arrivait. La journée avait fini en beauté et j'avais passé du temps avec Will, mais je ne pouvais m'empêcher de penser au message urgent d'Alice. Que voulait-elle me dire ? J'espérais que ce n'étais pas trop grave. Et si je devais changer de famille d'accueil ? Et si Alice s'était aperçu des heures de cours que j'avais manqué ? Je commençais à paniquer et sérieusement. Je me rongeais les ongles quand Will m'interrompit.
— Qu'est-ce qu'il y a Greer ?
— C'est le message d'Alice, je m'inquiète. Et si c'était grave ?
— Je pense qu'elle t'aurais appelé dans ce cas, tu ne crois pas ?
— Si, tu as raison. Je m'inquiète vraiment pour rien ! Heureusement que tu es là Will...
Le bus s'arrêta quand je reconnue ma rue. Je me décollais de Will et l'embrassais sur la joue. Je le remerciais encore pour la visite et le bonnet dont je ne pouvais plus me défaire avant de sortir du bus d'un pas rapide. Une fois arrivée devant la porte, et après avoir tourné la clef dans la serrure, Alice se rua sur moi avec un regard sévère. C'était la première fois que je la voyais comme cela.
— Où étais-tu bon sang, Greer ?!
— Je suis sortie avec Will dans le centre... Mais qui est-ce ?
Un garçon était assit sur le canapé du salon, dos à nous, un casque lui couvrant les oreilles. Quand il se leva, je distinguais ses cheveux bruns hirsutes ainsi que ses yeux marrons foncés. Son air exprimait un profond ennui d'être ici et le chewing-gum qu'il mâchait lui donnait des airs de vache broutant tranquillement dans un pré. Ses vêtements, eux, montraient un côté débrayé qui faisait penser un adolescent immature. J'espérais qu'il ne resterait pas longtemps nous rendre visite parce que je n'allais pas le supporter.
— C'est Logan ! ajouta Alice calmement alors que je sentais qu'elle était nerveuse, elle me cachait quelque chose...
— Et qu'est-ce qu'il vient faire ici ?
— On peut dire qu'il sera comme ton nouveau demi-frère !J'espère que ce chapitre vous a plu ! Le prochain arrive bientôt. Mettez une petite étoile si vous l'avez aimé. A plus...
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