Chapitre 10
Comme d'habitude, je retrouvais mes fantômes du passé lors de mon cauchemar qui me répétaient sans cesse que « L'heure était venue ». On pouvait presque dire que c'était devenu un rendez-vous en fin de compte. Ensuite je baissais les yeux et mon regard tombait sur des bougies en forme de seize que je tenais entre mes doigts, mais cette fois, mes mains étaient en plus ensanglantées et tremblaient de façon incontrôlable. Parterre un couteau attendait patiemment que quelqu'un vienne le prendre. Une envie irrésistible de le prendre me traversa mais je ne bougeais pas, visiblement terrorisée. En face de moi les ombres me fixait apparement intéressées par ce que j'allais faire...
Quand un bip se fit entendre, le couteau disparut. Au second, le sang et les bougies disparurent à leur tour puis au troisième, les ombres se disloquèrent sous mes yeux. Le quatrième me réveilla. Je mis quelques secondes à comprendre que je me trouvait chez Alice, ma famille d'accueil. Je n'avais même pas besoin de regarder le réveil pour savoir qu'il était 6h30 alors je l'éteignis machinalement. Le temps de me préparer et de m'habiller, il était 7h10 : j'avais largement le temps de prendre un petit déjeuner digne de ce nom. J'entrais dans la cuisine où je trouvais Alice, un cupcake en main. En approchant, je pus constater que sur celui-ci une bougie en forme de seize était plantée. Je me souvenais alors de mon rêve et tout cela commençait à être bizarre, mais bon, les bougies en forme de seize sont courantes après tout. Aujourd'hui c'était mon anniversaire et cela voulait dire mon premier anniversaire sans mes parents...
En montant dans le bus, Lindsay se précipita vers moi pour me souhaiter un joyeux anniversaire et je la remerciais. J'avais 16 ans aujourd'hui et j'étais à Edimbourg depuis un mois. Un an auparavant mes parents m'annonçaient qu'on allaient vivre en Écosse. Et aujourd'hui mes parents adoptifs sont morts, je vis en famille d'accueil et je suis toujours en Écosse. Dire qu'il y a seize ans, le 21 décembre je naissais d'une mère dont je ne connaîtrais probablement jamais le nom. Le bus s'arrêta et nous descendîmes. Will nous avaient rejointes et m'avait souhaité un bon anniversaire. Je le pris dans mes bras en signe de remerciement. Il parut étonné mais finit tout de même par sourire. En franchissant le hall escortée de mes deux acolytes, une femme vêtue d'une longue jupe et d'un tablier passa en traînassant ses sabots de bois qui faisaient d'ailleurs un certain bruit. On aurait dit qu'elle sortait tout droit d'une histoire de fantômes du dix-septième siècle. Comme tout le monde semblait l'ignorer, je fis de même.
À l'heure du déjeuner, tout le petit groupe se retrouva pour discuter. Bien évidemment, je ne pus m'empêcher de parler de cette femme habillée, comme venant d'une autre époque.
— Au fait, vous avez vu la femme qui portait des haillons dans le hall ce matin, elle était assez blanche et paraissait triste ?
— De quoi tu parles Greer ? On l'aurait vue et puis ça serait franchement bizarre, non ? rétorqua vivement Aileen.
— Je vous jure, c'est que vous n'avez pas bien regardé, je l'ai vue. Elle était peut-être perdue ou alors le lycée organise des soirées costumées et nous ne sommes pas au courant ?
— Tu es sûre que tu vas bien Greer ? me demanda Scott en me regardant de travers.
— Oui je vous dit ! Ou alors venez, elle est peut-être encore là ? les défiais-je.
— Bon... Bon on te suis, montre nous ! disais Colin.
Nous passâmes tous les six dans le hall mais rien. Pas de femme en guenilles. Gênée de ne pas leur avoir démontré mes dires, je me fit une raison et nous retournâmes au réfectoire.
— Plus je te connais Greer, plus tu me parais barrée, plaisanta gentiment Colin.
— Mais non...je suis sûre qu'il y a une raison et Greer n'est pas barrée ! Si elle te dis qu'elle à vu cette femme c'est qu'elle l'a vu, d'accord ? Il doit bien y avoir une explication plausible ! me défendit Will en me prenant la main sous la table, ce que j'appréciais beaucoup.
— Merci Will, lui chuchotais-je.
— Bon... D'accord, ne t'énerves pas Will, ironisa Colin.
Quand la sonnerie retentit, tout le monde s'empressa de prendre son bus. Je m'asseyais à côté de Will et Lindsay prit place de l'autre côté du couloir. Pendant le trajet Will, Lindsay et moi parlons des cadeaux que je souhaiterais avoir pour mon anniversaire et du déroulement des cours en Australie. Envieuse de ne pas rester seule le jour de mon anniversaire, je leur proposais de passer chez moi pour faire nos devoirs ensemble. Malheureusement Lindsay avait un entrainement de cross à 18h30. Finalement, nous ne serions que Will et moi à travailler. Quand nous franchîmes la porte, Will siffla avec enthousiasme.
— Dis donc Greer, il y a pire comme maison ! Tu t'y plaît au moins?
— Oui, elle est jolie hein ? En plus nous ne sommes que toutes les deux à y habiter ! dis-je, contente. Viens, je te montre ma chambre !
— O.K.
En entrant, je vis son visage s'éclairer, il avait l'air content de me voir heureuse ici. Je pris une chaise qui traînait là et l'approchais du bureau où Will avait pris place sur ma chaise. Je m'assis donc à côté de lui et sortis mon manuel d'histoire ainsi que mon cahier. Nous avions beaucoup de travail ce soir dont un devoir maison de math, une fiche d'exercices en histoire et un texte à traduire en allemand.
— Par quoi on commence ? Je dirais l'histoire, c'est surement le plus rapide, proposais-je.
— D'accord, alors quel est la date de création de l'empire romain ?
— Attends je regarde, lançais-je en recherchant sur Google la date avec mon ordinateur portable. Le 21 avril 753 av. J.C., répondis-je joyeusement.
Après avoir fini l'histoire, nous entamâmes les maths. Will était assez fort en mathématiques, j'avais pu le constater en regardant ses notes : des 20 et des 19,5 peuplaient régulièrement ses copies, contrairement à moi où les maths avaient un petit air de mandarin. Le devoir était composé d'équations et de problèmes qui me paraissaient complexes mais qui étaient fait en dix minutes pour Will. Il était désespérant. Après les maths, l'allemand s'annonçait comme une partie de plaisir pour mon cerveau déjà en ébullition. Will avait choisit allemand par dépit, ce qui différait de mon cas : j'adorais la culture d'autres pays et particulièrement de l'Europe et c'est pour cela que j'avais pris allemand en langue étrangère, en plus d'être la langue de la première puissance économique, l'allemand s'avère aider dans les matières musicales, artistiques et scientifiques.
— Qu'est-ce que ça veut dire « Ich liebe dich » ? me questionna-t-il.
— Je t'aime !
— Quoi ?
— Non ça veut dire « Je t'aime » ! C'est du niveau première année pourtant ! plaisantais-je.
— Ah d'accord, j'ai eu peur ! rigole-t-il.
— D'ailleurs où tu vois ça ? Je ne le trouve pas ! Il n'y ait pas !
— Je sais ! rit-il, un sourire narquois aux lèvres.
Presque instantanément, il s'approcha de moi puis de plus en plus près jusqu'à ce que je sente son souffle sur ma bouche. Le baiser qui suivit était tendre et plein d'émotion. Puis le deuxième plus passionné et fougueux. Quand nous entendîmes la porte d'entrée claquer et Alice crier « Je suis rentrée », nos fronts et nos nez étaient collés l'un contre l'autre.
— Je vais te présenter Alice maintenant qu'elle est arrivée ! soufflais-je alors que nos bouches n'étaient qu'à quelques centimètres.
— Je suis enchanté à l'idée de la rencontrer ! sourit-il.
Nous descendîmes les marches et Alice fut surprise par l'apparition de Will dans les escaliers. Après avoir glissé un bonsoir, je lui présentais comme il se devait Will en lui précisant que j'avais été son hôte et qu'elle l'avait déjà croisé en venant me chercher chez lui. Je lui expliquait également que je l'avais invité pour faire nos devoirs ensemble.
Alice portait des sacs de course qu'elle posa sur le plan de travail de la cuisine. Elle invita Will à se joindre à nous pour diner, ce qu'il accepta volontiers. Une fois la table mise, nous nous assîmes, moi et Will à côté, et Alice en face de nous.
— Alors tu es dans la même classe que Greer d'après ce que j'ai pu entendre, demanda-t-elle en s'adressant à Will.
— Oui tout à fait, merci encore de me recevoir chez vous, répondit-il calmement.
— C'est normal après ce que ta famille et toi avez fait pour Greer, je comprends qu'elle t'ai invité, approuva-t-elle en piochant quelques légumes avec sa fourchette.
— C'était évident, nous n'imaginons pas à quel point cela doit être dur pour Greer, avoua-t-il en me prenant la main sous la table et en me la serrant délicatement.
J'adorais cette situation qui s'annonçait de plus en plus à mon avantage : Will et Alice avaient l'air de bien s'entendre et de tous les deux m'aimer. Le diner était presque fini quand Alice demanda à Will à lui parler en privé. Ils se levèrent et allèrent dans la cuisine, là où je ne pouvais pas les entendre. J'avais peur qu'Alice n'est joué un rôle enjôleur juste devant moi et qu'elle ne dise à Will de ne plus jamais m'approcher, même si ça ne devait être que mon imagination qui me jouait des tours tordus.
Je terminais mon assiette quand soudain la lumière s'éteignit et que je vis Alice portant un gâteau dans les mains et Will derrière elle qui tenait un paquet entouré de papier cadeau avec de petits seize écrient dessus. Tous les deux entonnaient le fameux « Joyeux anniversaire » incontournable. Quand le gâteau fut posé devant mes yeux embués de larmes sus l'émotion, Alice me demanda de faire un voeu. Je n'avais pas besoin qu'on me pose la question cent fois, je soufflais déjà les bougies quand les lumières se rallumèrent.
Will me tendis le paquet en me précisant qu'il s'agissait du cadeau d'Alice. Je l'ouvrais et découvrit un magnifique casque audio tactile blanc sans fil qui me plaisait énormément. Au fond du paquet, une trousse de maquillage attendait d'être découverte, je l'ouvris et trouvai un set d'échantillon de parfum et deux rouge à lèvres couleur rose pâle et beige que je trouvais sublimes. Je pris Alice dans mes bras en la remerciant. Des larmes s'échappèrent mais je les essuyaient rapidement.
Will s'approcha de moi et me tendis une boîte que j'ouvris rapidement. Une chaine fine en or était à l'intérieur sur laquelle un pendentif en coeur était suspendu. Je remarquais que le pendentif s'ouvrait, Will m'expliquait que je pourrais l'agrémenter de photos. J'étais tellement contente que je n'osais même pas toucher le collier de peur de le casser. Heureusement, Will proposa de me la passer autour du coup. Je le pris dans mes bras en signe de remerciement.
Nous passons le reste de la soirée à savourer le gâteau qui était au chocolat -mon parfum préféré- et ils m'expliquèrent qu'Alice avait appeler Will pour l'inviter, ce qui me permis de comprendre l'appel qu'elle avait passé hier soir. Je commençais doucement à reprendre goût à la vie. Minuit arriva tellement vite et je tenais à raccompagner Will chez lui. J'avais enfilé un jean et un T-shirt rouge à manches courtes ainsi qu'un bon gros manteau pour affronter la nuit froide à présent hivernale, mon anniversaire tombant le premier jour d'hiver.
Alice me laissa y aller prétextant que c'était mon anniversaire. Nous étions à l'arrêt de bus lorsque je pris la main de Will en le remerciant d'être venu même s'il me précisa qu'il n'aurait raté ça pour rien au monde. Je l'aimais et lui m'aimait, la pleine lune nous éclairait, je plongeais mon regard dans ses beaux yeux bleus et l'embrassais. Le bus arriva et nous nous écartâmes l'un de l'autre. Après être montés dedans, nous nous assîmes et le bus démarra. Je posais alors ma tête sur son épaule pendant tout le trajet qui dura dix minutes environ. Nous étions arriver à destination lorsque je retrouvais encore une fois l'arrêt de bus où nous nous étions croisés pour la première fois. Nous marchons tranquillement jusqu'à ce que je vois de nouveau mon ancienne maison, celle où cela s'était produit, où ma vie s'était écroulée. Je me plantais inconsciemment sur le trottoir de l'autre côté de la route à regarder les bandes de police qui encadraient la maison.
Voyant que je ne marchais plus, Will me pris par le bras et me força gentiment à le regarder dans les yeux.
— Arrêtes de te torturer Greer, c'est fini. Je sais que je ne peux pas te demander d'oublier tes parents mais arrêtes de culpabiliser ! Je suis là maintenant et il ne peux plus rien t'arriver ! me persuada-t-il en m'entourant de ses bras si bien que je me blottis contre lui comme si plus rien ne pouvait me sauver à part lui.
— Ne m'abandonne pas Will, promets-le moi ! lui demandais-je d'une voix plus désespérée que ce que je n'aurais voulu.
— Jamais ! Je te le promets !
Nous marchons ensuite jusqu'à sa porte d'entrée où il me proposa d'entrer mais que je préférais prétexter la fatigue plutôt que de lui dire que la maison m'avais profondément affecté. Il me serra une fois de plus contre lui et nous embrassâmes en guise d'au revoir. J'étais à quelques mètres de lui sur le trottoir quand il rentra. Alors je pu continuer mon chemin.
En voyant la maison de mes parents, je ne pu m'empêcher de m'en approcher. Elle était telle que nous l'avions laissé : la porte défoncée, les bandes jaunes de police et le jardin sans vie. Je m'approchais de la porte et entrais discrètement. La cuisine me rappelait ma mère, et le salon vide mon père, tout était comme inhabité depuis des années et pourtant cela ne faisait que trois semaines que tout s'était passé. J'étais dans le salon où le tapis taché, le téléviseur, la petite table et la lampe brisée attendaient d'être nettoyés. Intriguée, je m'accroupis au-dessus du tapis, cela aurait pu être morbide mais pas pour moi car la douleur me rongeait de l'intérieur.
Je me relevais et fouillais dans les tiroirs des meubles, en-dessous des canapés et en-dessous du tapis. Rien. Je commençais à désespérer. Je me dirigeais alors vers la porte quand mon pied butta sur quelque chose, je trébuchais sur le parquet et m'étalai de tout mon long sur le sol. Mais qu'est ce que çela faisait là ? En effet, un mini pins rond était incrusté entre deux lattes de parquet. Il comportait deux lettres : un M, et un T en dessous de celui-ci. Les écritures étaient dorées sur un fond blanc, très classe je dois dire. Étrange coïncidence que ce mystérieux pins se trouve ici alors que je ne l'ai jamais vu accroché aux vêtements de mes parents. Ce pins devait appartenir à l'assassin de mes parents. J'avais une piste.
Cette fois, je sortis de la maison et c'est avec satisfaction et curiosité que je me dirigeais vers l'arrêt de bus. Rapidement le bus arriva et je montais dedans. À cette heure-là il était particulièrement vide et cela m'arrangeais bien. Arrivée à la maison, je refermais doucement la porte pour ne pas réveiller Alice qui dormait sûrement déjà. Je montais dans ma chambre, exténuée par cette petite aventure nocturne. Le réveil de ma table de chevet indiquait 01h25 du matin, alors, je m'allongeais sans même prendre le temps de me changer.
Je fermais les yeux après une soirée d'anniversaire réussie quand soudain un main se plaqua sur ma bouche. J'ouvrais alors les yeux mais il faisait tellement noir qu'il était impossible de voir mon agresseur. Il me sortit du lit avec une force quasi surhumaine tandis que je remuais les jambes en tentant de me débattre même si mes pieds avaient déjà quittés le sol. Voyant que je ne coopèrerais pas, il mit un tissu sur ma bouche. Je tentais de l'enlever avec mes mains, mais il tenait mon bras droit dans mon dos et le tissu imbibé de chloroforme sur ma bouche tellement fort que mes membres se détendirent et que je cessais de me tordre comme une anguille jusqu'à ce que mes yeux se ferment tous seuls...
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