Je me débattis aussitôt mais une voix venant de la pénombre de la limousine maugréa:

-Arrête un peu de gesticuler! Tu me fais mal à la tête!

-Alec? Mais à quoi tu joue là avec tes gros bras?! lui hurlais-je dessus.

-J'avais besoin d'eux. Tu n'aurais jamais accepté de venir de ton plein gré , continua-t-il

-Évidemment que j'aurais refusé! J'ai aucunement envie de papoter avec toi!

- Eh bien tu t'y feras! Car toi et moi avons à parler...

- Si c'est à propos de ce qui c'est passé à midi n'attends pas de moi que je me jette à tes pieds pour implorer ton pardon. Maintenant lâche-moi

-Non. Tu sais ce qui c'est passé ce midi est hautement inhabituel, dit-il en se frottant la joue.

- Évidemment qui aurait oser toucher un seul cheveu d'Alec Harding, répliquais-je d'un ton sarcastique.

-Exactement tu as tout à fait raison. Qui aurait osé me toucher? Sais-tu que seule une personne ,seulement une,a osé le faire? Sais tu qui c'est?

-Non

-C'est ma soeur. Annabelle Harding.Une formidable femme. Un véritable monstre. Elle vaut mieux que vous tous, dit-il avec un vague geste de la main comme pour englober l'humanité entière. Et c'est la seule personne que j'aie en
estime... Depuis elle s'est mariée et elle est partie à l'étranger. Vous êtes comme la lumière et la nuit.

-Ce n'est pas plutôt le jour et la nuit?

Il me regarda avec irritation puis toussa pour masquer sa gêne.

-Je te propose quelque chose. Je veux bien que tu sortes avec moi. Bien sûr à l'école je continurai à t'ignorais mais quand nous serons seuls je veux bien que tu me parles..

Je le regardais fixement pour voir si il plaisantait. Apparemment non. Cet idiot ne plaisantait pas.

-Franchement je t'offre une chance inouïe. Des tas de filles tueraient pour être avec moi. Je suis l'héritier de la famille Harding après tout , dit-il en se rengorgeant.

-Je rêve...

- Je pourrais t'offrir tout ce que tu veux du moins jusqu'à que je me lasses de toi..

Ce vantard pensait sincèrement que je me jetterai à ses pieds pour remercier de cette "chance".

-Qu'en penses-tu?

-J'en pense que ma claque t'a atteint au cerveau...

-Ça veut dire que tu refuses? dit-il incrédule

-Oui je ne suis pas comme toutes tes autres conquêtes Alec...

-Tu fais une énorme erreur! Je suis Alec Harding. Je suis un empire à moi tout seul... et toi qui es tu? finit-il avec fureur et mépris.

-Je suis un pays sans nom...

Et sur ces mots je quittais la limousine.

Alec n'avait pas cherché à me retenir. Cela valait mieux. Dans le chemin du retour je ne cessais de me ressasser notre conversation.
Ce type était fou. Je secouai la tête pour m'ôter cet épisode de la tête.

J'allai ensuite dans la librairie que mes parents tenait. Je venais très souvent après les cours afin de les seconder dans leur tâche.

Mes parents adoraient leur métier de libraires et m'avaient transmis l'amour des livres.
Je rentrai dans la minuscule échoppe:

-Maman, Papa c'est moi

-Bonjour ma puce, m'accueilla ma mère, tu as passé une bonne journée?

-Oui. Où est Papa?

-Au fond du magasin.

Je rejoignis mon père qui rangeait encore des livres

-Encore en train de ranger? Décidément commençai-je en le saluant.

-Bonjour ma princesse, tu vas bien?

Je répondis par l'affirmative.

J'adorais venir ici .
Quand j' ouvrais un livre, les pages écornées, l'odeur âcre et la poussière vaporeuse qui s'en échappait, tels la madeleine de Proust me faisaient revenir en enfance et me faisaient revivre des instants magiques.

-Tu les as tous lus hein? lui demandais-je en admirant l'étendue des livres sur les étagères tout en connaissant la réponse.

-Tous? Peut-être pas. Mais une grande partie oui, me répondit-il en souriant et en réajustant ses lunettes.

-Menteur! répliquais-je en le taquinant.

Puis ma mère nous rejoignit. La librairie était vide donc nous en profitâmes pour boire un thé. La boutique fermée, nous rentrâmes chez nous où était déjà arrivé mon petit frère Michael.

Michael était un petit garçon de 10 ans discret et timide mais extrêmement mâture et perspicace pour son âge. Quand il vous regardait de ses yeux graves,par dessus ses lunettes, on avait l'impression que toute la vérité du monde était dans ses yeux.

Mais cela n'enlevait en rien toute l'affection fraternelle que j'éprouvais envers lui.
Il m'arrivait parfois d'avoir l'impression que c'était lui l'aîné et non moi.

-Bonjour Michael

-Bonjour Elena, tu veux voir mon tout nouveau logiciel?"

Michael était un petit génie de l'informatique. Il avait créé je ne sais combien de logiciels, programmes etc... C'était assez impressionnant. Je regardais son chef-d'oeuvre et je fus encore une fois impressionnée.

Nos parents nous appelèrent pour le dîner. Nous y allâmes et nous nous installâmes à table. Les repas furent servis et les premiers discussions fusèrent. Pendant le récit de mon frère je contemplais toute ma famille.

Ma famille n'était pas parfaite mais l'amour et la joie remplissait constamment le cercle familial et je les aimais tous énormément. Et c'est sur cette pensée que je commençais mon repas.

***

Le lendemain je me réveillais plus ou moins prête à retourner en cours.
Arrivée au grillage je me sentais un poil nerveuse suite aux événements de la veille. Puis rassemblant tout le courage qu'il me restait je rentrai à l'intérieur de l'établissement.
Je traversai le couloir déjà bondé d'élèves. Mais une chose curieuse se passa.
Les regards peu amènes avaient laissé la place à des regards presque admiratifs...

Plusieurs me saluèrent et me parlèrent. C'était pas possible je devais rêver. Je répondis en bredouillant à mes interlocuteurs inattendues , ceux-là même qui des jours auparavant m'ignoraient et m'harcelaient. Je me dépêchais d'aller dans ma classe. Dès que j'entrais, Cassidy et ses amies fondirent sur moi:

-Elena nous t'attendions! Tu es magnifique ce matin? Tu as fait quelque chose à tes cheveux?
s'écria Cassidy de sa voix stridente

J'hallucinais. Cassidy me parlait. Derrière elle, assise à sa place se tenait Ayana qui me fixait d'un regard étrange. Je m'apprêtais à la rejoindre quand Cassidy s'exclama de nouveau:

-Mange avec nous ce midi ma belle on pourra discuter!
Bien sûr, dit-elle en baissant la voix tu peux ramener la nouvelle. On s'en débarrassera après!

J'avais surtout envie de lui hurler ses quatre vérités mais je me contins et lui répondit

-Écoute je ne pense pas que cela soit possible, peut être une autre fois, achevais-je avec mon sourire le plus faux.

Les yeux de Cassidy manquèrent surgir de leurs orbites. Elle devait trouver ça impossible et inimaginable que quelqu'un refuse de passer du temps avec elle...

Je rejoignis enfin Ayana. Je lui demandai ce qui se passait pour que tous changent radicalement de comportement. Elle me répondit qu'elle ne savait pas.

Puis soucieuse elle me dit:

-Tu sais tu peux aller avec Cassidy si tu veux.. J'ai entendu ce qu'elle a dit. Et je comprendrai parfaitement que tu préfères passer du temps avec elle.

-Mais Ayana tu penses sincèrement que j'irais avec Cassidy? Je sais pas trop ce qui se passe mais je vais pas copiner avec elle alors qu'elle s'est conduit comme une peste avec moi auparavant.

-Vraiment?

-Mais oui évidemment!

Elle m'adressa un sourire illumieux. Ayana était vraiment une fille en or. Nous continuâmes à discuter. Les cours du matin passèrent. L'heure de déjeuner arriva bien vite et Ayana et moi nous dirigeames vers le self.

Arrivées là-bas nous nous installâmes à une table.
Alors que nous discutions Alec et sa bande arrivèrent près de notre table.

D'un ton jovial, Alec s'écria:

-Elena! Comment vas-tu? Je suis venu faire table rase du passé! Oublions tous nos conflits veux tu? dit-il en le tendant une main parfaitement manucurée.

Je regardais furtivement Ayana qui me fit les gros yeux avant de saisir à contre coeur la main d'Alec. Et de lui répondre:

-Si tu veux...

-Parfait! Je savais que tu serais d'accord!

Il sourit encore d'un sourire bien trop parfait pour être spontané.

Derrière lui se tenait Damon , le visage impassible, ainsi que Ethan Ayres et Cory Crew, les autres membres du groupe d'Alec, qui semblaient s'amuser de la situation.

Ethan Ayres lui était le fils du bijoutier Ayres dont les créations excentriques faisaient fureur auprès du show-business.

Cory Crew était le fils du vignoble Crew dont les vins étaient réputés dans le monde entier.

Ethan cachait avec peine son hilarité. Cory, plus discret,les yeux rieurs,nous regarda fixement surtout Ayana qui rougit brusquement et baissa le regard

-Au plaisir de te revoir Parks, dit Alec puis il s'éloigna ainsi que ses amis.

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ºPoint de vue d'Alec

-Cette fille est folle de moi, c'est évident! clamais-je au reste du groupe.

-Pourtant je verrai difficilement pourquoi. Pas après tout ce qui s'est passé, me répliqua Ethan en rigolant.

- C'est du passé tout ça, dis-je avec un geste de la main. Maintenant elle est raide dingue de moi. Elle essaie de le cacher tout simplement, continuai-je. Je la forcerai à l'admettre...

-N'empêche elle est la seule jusqu'ici qui t'aie tenu tête, ajouta Cory

Je les fixai du regard. Ethan toujours le sourire aux lèvres, Cory qui jetait des coups d'oeils furtifs à la nouvelle et Damon qui mangeait son repas et ne disait mot.

Je savais que j'avais raison.

Elena Parks était comme toutes les autres au fond... elle se jettera à mes pieds en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Je l'observais du regard tandis qu'elle riait avec son amie.
Elle était plutôt jolie.
Oui.
Ce serait un vrai jeu d'enfant.

Après tout je suis Alec Harding, qui pourrait me résister?

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Retour au point de vue d'Elena

Franchement ce type est vraiment un cas. Ce n'est pas possible d'avoir autant la grosse tête. Je me tournais vers Anaya et continuais notre discussion. Puis achevant notre repas, nous allâmes en cours...

Dès la fin des cours et après avoir dit au revoir à Ayana, je me précipitais à la porte de secours. Avant d'en ouvrir le battant,j'hésitais.

Voilà que comme une stupide gamine j'étais excitée à l'idée de revoir Damon. Puis après tout c'est juste pour aller lui rendre son livre.

Vraiment? me murmura une voix intérieure.

Je l'écrasais impitoyablement puis remonta les marches deux à deux.

Arrivée au toit je scrutai les alentours.
Damon était là. A la même place que la fois dernière un nouveau livre à la main.

-Je t'ai pris ton livre la dernière fois dis-je en m'approchant

-Merci me répondit-il.

Puis m'asseyant près de lui, aucun de nous parla.
Je commençais à sortir mes devoirs. Damon était toujours plongé dans son livre.

-Alors tu aimes Roméo et Juliette ? me demanda-t-il

Surprise par cette question je lui répondis néanmoins:

-Évidemment. Qui ne rêve pas du grand amour?

-C'est vrai que leur histoire s'est bien terminé, répliqua-t-il sarcastique, tuer pour vivre ensemble? Je n'appelle pas ca de l'amour mais de l'égoïsme pur et simple.

-Tu exagères! C'est justement la fin qui rend cet amour si beau.

-Un geste vraiment idiot. Je suis sûr que si ils y avaient réfléchi à deux fois ils n'auraient jamais fait ça!

-Tu es vraiment cynique!

-Non juste réaliste.

Et le silence se fit de nouveau. Moi empêtrée dans mes devoirs et lui dans son livre.

-Franchement, je dois dire que ce qui s'est passé ce midi m'as étonné. J'aurais pourtant juré qu'Alec ruminerai dans son coin sa fierté de mâle après ta fameuse claque, dit-il

-Ah la fameuse fierté masculine! Quoiqu'il n'ait pas besoin de moi pour qu'elle soit abîmée! Ce mec est un numéro à lui tout seul. Il est ridicule.
Désolée j'avais oublié que c'était ton ami, tempérais-je néanmoins.

-Alec a beau avoir de nombreux défauts il a aussi des qualités, crois-moi. J'en conclus que vos relations ne sont pas au beau fixe? me demanda-t-il en haussant les sourcils.

Je le regardais lourdement en haussant à mon tour les sourcils d'un air suggestif.

Il sourit. D'un sourire qui me fit des frissons...
Une fine brise vint caresser ma peau.

Je me levai et marchai jusqu'au bord du toit.

J'y restais quelques instants avant de me rendre compte de la présence de Damon près de moi. Nous observâmes l'horizon qui s'étendait devant nous enjolive par le coucher du soleil.

Cet instant était parfait. Je me sentais vivante.

Mais la réalité s'empressa de venir s'immiscer dans cet instant à part et Damon et moi partîmes d'ici nous séparant en bas des escaliers d'un simple hochement de tête...

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