Chapitre 8 L'ombre de la nuit
Dans la nuit, une berline de luxe de la marque Conventia longeait le lac Léman. À son bord, Grégoire De Monfoit était en communication avec un homme. Ce personnage emblématique n'était pas à prendre à la légère ! Il ne fallait pas se fier à son allure chic, cet homme du monde affichait une façade camouflant un homme orgueilleux dénué de toute pitié. Il avait la réputation de ne jamais être là où on l'attendait, de toujours frapper par surprise !
— Le souci avec Antony Duras n'est pas résolu. Il est venu travailler à Genève en compagnie d'une amie, Mina, qui risque de poser problème.
— Rappelez moi pour quelle raison vous avez été recruté ?
— La sécurité du complexe Morphéus.
— Et bien, remplissez vos obligations, annonça fermement l'interlocuteur en mettant fin à la conversation.
Grégoire accéléra vexé pour faire rugir le V8, le véhicule atteignit rapidement les deux cents kilomètres à l'heure.
— Foutaise de noblesse, la fortune n'apporte aucune reconnaissance, ce sont les actes. La sécurité n'a pas à être mise en cause, c'est le personnel non qualifié le fautif. Je ne commets jamais d'erreur.
Il observa dans le rétroviseur intérieur la moto qui le suivait depuis son point de départ.
— Tu crois me berner, murmura-t-il en quittant l'autoroute pour une aire de station-service.
Il ralentit dans la voie de décélération pour observer la moto noire qui poursuivit son chemin.
Sur l'autoroute, la silhouette féminine en combinaison intégrale noire abandonna sa moto sur la voie d'arrêt d'urgence. Le pilote longea l'aire de repos en direction de la sortie pour enjamber la barrière. Elle remonta la voie en restant aux aguets.
Elle aperçut bientôt la voiture de sa cible garée sur le parking donnant sur les pompes à essence. Elle ôta son casque pour observer Grégoire au travers de la vitre. La motarde pénétra dans la station pour se diriger vers les toilettes. Elle se débarrassa de sa combinaison pour rester en jean, en sweat à capuche, un bonnet d'où s'échappaient de longs cheveux noirs. Elle verrouilla la porte afin de sécuriser ses affaires, puis l'escalada. Elle avait comptabilisé quatre voitures, un espace Renault, une Golf GTI, la berline, une 205 Peugeot. Depuis le couloir, elle aperçut une famille avec trois enfants dînant, un jeune homme à casquette discutant avec une femme et enfin Grégoire. Le Renault espace appartenait à la famille. La berline à Grégoire. La Golf GTI devait probablement appartenir au jeune à casquette. La 205 Peugeot était soit à la femme, soit au gérant de la station. Tous étaient en plein repas, seul Grégoire dégustait une boisson chaude. Restant à l'affût, elle patienta jusqu'au ce que Grégoire quitte sa table. La moto était compromise, elle devait changer de véhicule. Elle rejoignit alors rapidement le parking pour fracturer la serrure de la Golf. Dès que sa cible eut quitté le parking, elle la prit en filature avec son nouveau véhicule.
Elle réécouta le récent enregistrement de la discussion de Grégoire avec un interlocuteur inconnu camouflant sa position GPS.
— Qui es-tu, toi ? Qu'est-ce que le complexe Morphéus ? IA, recherche complexe Morphéus, demanda-t-elle en connectant sa montre.
— Trois résultats, jeu de rôle en ligne, complexe hôtelier, film canadien de 2017, proposa l'intelligence artificielle.
Ce n'était bien évidemment aucun des trois, songea-t-elle.
— IA, recherche toute similitude, liens base secrète ou militaire portant Morphéus.
— Deux résultats, technologie Morphéus, équipement parachute chute libre, submersible Morphéus, sous-marin américain.
Aucune des réponses ne semblait correspondre. Elle devrait découvrir par ses propres moyens.
— IA déconnexion.
— Déconnexion confirmée.
Ils roulaient une heure plus tard dans un chemin de campagne ayant obligé la dame à éteindre les feux de route, à maintenir une certaine distance avec sa cible. Elle espérait pouvoir maintenir sa position en restant hors des rares lampadaires, mais cela devenait compliqué dans les longues routes droites. Lorsque la berline ralentit devant une barrière, la dame camoufla son véhicule entre deux arbres. Elle descendit pour monter sur le capot.
Le véhicule de luxe traversa un sas overlack. Ce nouveau système anti intrusion faisait fureur depuis déjà deux ans. Le fabricant NeverVO était une filiale du concessionnaire automobile Conventia. La sécurité était inviolable par la route, si le véhicule tentait un accès sans la puce électronique, si la silhouette du pilote ne correspondait pas aux archives, un compacteur écraserait tout à l'intérieur du sas. La mise en fonction d'un sas overlack réclamait l'autorisation de la mairie, mais grâce au-dessous de tables, rares sont celles qui refusaient !
Une rafale de vent provoqua l'envol de feuilles qui grésillèrent sur la haute barrière entourant le bâtiment Ventia-Corp et ses hangars. Elle descendit de véhicule pour faire le tour de la zone à pieds. La dame aperçut sur plusieurs pylônes des détecteurs de mouvements. Des renforts métalliques complétaient la sécurité anti-intrusion sur la barrière. Une caméra situait au sommet du bâtiment assurait la surveillance du périmètre intérieur. La motarde avait déjà été confrontée à ce modèle pouvant lire une carte postale à trois cents mètres. Pourquoi avoir installé un modèle standard pour la surveillance des abords extérieurs de la zone ? Le danger avait-il plus de risque de provenir de l'intérieur ? Un système d'aération démontrait l'existence d'un complexe sous terrain. Le complexe possédait un groupe électrogène biphase, essence, gaz naturel. Quand l'un était vide, l'autre assurait la continuité. Des panneaux solaires, des éoliennes complétaient le tout.
Deux heures plus tard, elle regagnait sa voiture. L'accès au bâtiment était impossible. Pourquoi autant de sécurité pour un simple fabricant de lits de stase médicale ? Il cachait quelque chose de compromettant, d'illégal.
Elle ne pourrait poursuivre son enquête cette nuit. Elle choisit de faire demi-tour pour récupérer sa moto.
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