Chapitre 6 Dangereuses confessions
Une trombe d'eau était expulsée dans les airs de Genève. Le célèbre jet du lac Léman atteignait une hauteur de cent quarante mètres, cinq cents litres d'eau étaient expulsés à la vitesse de deux cents kilomètres à l'heure. Personne ne pouvait rester insensible à cette majestueuse colonne que l'on pouvait apercevoir dès son entrée en ville. Genève accueillait le plus grand nombre d'organisations internationales au monde, le siège européen des Nations Unies, le Comité international de la Croix-Rouge, l'Organisation mondiale du commerce, ainsi que celui de la santé. Nombre de sociétés profitaient de cette renommée pour se mêler à eux ! Dans une cafétéria proche du lac, Antony buvait paisiblement un thé au citron en compagnie de son amie Mina.
— Alors Tony, comment se porte la cinquième dimension ?
— L'induction hypnotique va-t-elle permettre de stopper les guerres, répliqua-t-il sans répondre ?
Elle détourna le regard vers le lac Léman pour observer le jet d'eau. Elle leva la cigarette électronique pour la déposer entre ses lèvres.
— Quand comptes-tu arrêter de fumer, la sermonna son ami ?
— Quand comptes-tu stopper l'achat de bandes dessinées ?
Ils se fixèrent un moment avant d'éclater de rire. Ils reprirent peu à peu leur sérieux pour rester silencieux. Antony fixa son ami anxieux observant le lac.
— Nous semblons tous deux préoccupés.
— Je ne te le fais pas dire, acquiesça Mina.
— Qu'as-tu le droit de dire ?
Mina fit tourner entre ses doigts le stylo de sa tablette.
— Dormez, je le veux, plaisanta-t-elle en remuant les doigts. L'hypnose à grande échelle me tracasse.
— Comme dans les spectacles télévisés ?
— Plus grande échelle, annonça-t-elle en abaissant le regard.
Comprenant qu'elle ne s'attarderait pas sur le sujet professionnel, Antony réfléchit à haute voix.
— Pourquoi persister à toujours compliquer ?
— Pardon ?
Il continua de parler en faisant tourner sa tasse.
— Mort imminente, précognition, combustion humaine spontanée, toutes ses foutaises prennent une tournure... Non, rien.
— Hé bien, Tony, il faut arrêter le LSD.
Il observa sa tasse sans répondre, puis détourna son attention en direction d'une serveuse arborant les armoiries genevoises. L'aigle, éployée et couronnée, symbolisait le pouvoir impérial de l'Évêque de Genève. La clé faisait référence à l'apôtre saint Pierre, patron de l'Église de Genève et de la cathédrale de la ville.
— Antony !
— Oui, oh, excuse-moi, j'étais ailleurs.
— J'avais remarqué.
Il attrapa son portable pour vérifier un message, puis le reposa à l'envers pour rester pensif. Mina reconnut les signes précurseurs d'anxiété de son ami, main tremblante, clignements du coin de l'œil.
— Ça fait Bonnie and Clyde, ironisa-t-elle. À chaque rencontre, nous devons faire attention à ne rien divulguer. Crois-tu que la police va retrouver notre trace, se moqua-t-elle. Je comprends la close de confidentialité, mais tu n'es pas de la CIA ni moi du MI6 !
Antony se pencha sur la table pour étreindre ses mains de ses doigts tremblants. Il approcha pour lui murmurer à l'oreille.
— J'ai peur !
— Mais, de quoi, murmura-t-elle.
— Y a un psy qui n'est plus revenu travailler depuis deux semaines. Quand j'ai demandé des nouvelles au DR, il m'a dit qu'il avait démissionné. C'est impossible, on a diagnostiqué une fibrose pulmonaire idiopathique chez sa fille. Sa femme avait eu un accident de voiture le lendemain. Il ne peut se permettre de quitter une place aussi bien payé.
Mina chercha hésitante où débutait la réalité, ou se terminait la blague !
— Alors là, balèze, j'ai failli te croire, confirma-t-elle en s'adossant sur la chaise pour fumer.
Les vibrations du portable d'Antony les firent tous deux sursauter. Il attrapa son portable hésitant pour lire le message. Son visage devint livide. Mina le connaissait depuis quinze ans, les taches de rousseur apparaissant sous les yeux démontraient une terreur innommable.
— C'est qui, demanda-t-elle en l'empoignant.
— Je... je dois y aller, balbutia-t-il en se levant pour faire maladroitement tomber la chaise.
Mina contourna la table pour le bloquer par les épaules.
— Tony, que se passe-t-il ?
— Rien, j'ai oublié un rendez-vous.
— Tony, dis-moi la vérité !
Il se pencha pour lui murmurer à l'oreille.
— Je ne joue pas... fais attention, regagne vite ton...
Elle le secoua pour avoir la suite, mais il la repoussa violemment pour se faufiler au milieu de la foule. Elle observa la fuite de son ami les bras ballants. Que se passait-il ? Qu'avait-il reçu comme message ? Les deux amis partageaient une vie des plus classique, boulot, travail, dodo. Mis à part leurs règles strictes mutuelles de secrets professionnels, leurs seules entraves à la loi étaient de rares excès de vitesse. Mina occupait le poste d'analyste sur différentes applications d'hypnoses. La clause de confidentialité était sérieuse, mais son travail n'utilisait aucune variante nocive pour la santé. Antony menait-il une double vie ? Elle éclata de rire à cette pensée.
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