Chapitre 21 La brutalité est la force des faibles.
Château Chillon à l'extrémité du lac Léman en Suisse romande, Maria enlaçait Enea en observant la majestueuse étendue d'eau s'étalant à perte de vue.
— Ne pourrait-on pas partir quelques jours pour visiter Lucerne, Zurich, proposa Maria ?
— J'aimerai tant, mais je ne peux quitter Genève.
Le couple affichait un tel contraste, Enea, brune, fine, timide, Maria, blonde, forte poitrine, extravertie. Malgré leurs diversités, elles s'étaient aimées dès le premier regard.
— On pourrait un peu profiter des vacances d'été !
Le ton était explicite, Maria ne pourrait supporter plus longtemps les absences répétées de sa compagne.
— Je sais bien, mais moi je suis en formation cadre à Ventia-Corp, s'exclama-t-elle en faisant demi-tour pour éviter son regard.
— Arrêtes avec tes, mais moi !
— Oui, mais...
Maria la retourna pour l'empoigner fermement par les épaules.
— Qu'est-ce que tu me caches ?
— Mais rien, voyons, s'exclama-t-elle en lui caressant le visage. Tu sais bien que je suis incapable de te mentir.
— Hum, n'as-tu rien à me dire sur Gecko ?
— Et que voudrais-tu que je te dise ?
— Je le trouve un peu trop proche de toi.
Elle se retint de rire.
— Gecko ! Ce n'est qu'un ami.
Deux surfeurs aux cheveux longs quittèrent l'escalier pour prendre leur direction. Maria n'avait pas terminé la discussion.
— Ce n'est ni ton frère ni ton mec, alors il dégage.
— Mais...
les deux jeunes hommes esquissèrent un ton moqueur en approchant.
— C'est vrai, il vous faut de vrais mecs !
— Et t'en vois où, se moqua Maria en cherchant vainement ?
Enea redouta immédiatement le ton arrogant de Maria risquant d'attirer les ennuis.
— Ce n'est rien les garçons, elle plaisante, s'exclama Enea.
— Pas moi, la gouine, s'écria-t-il en la bousculant brusquement.
Le second contourna les filles pour les prendre en sandwichs.
— Hé Joe, elle me plaît bien la gros seins, s'exclama-t-il en agrippant fermement Maria.
Il venait de commettre leur première grossière erreur ! Elle riposta en lui percutant violemment du genou le bas ventre. Il la relâcha pour se tordre de douleur. Son acolyte la gifla pour la faire trébucher contre le mur.
— Arrêtez, s'il vous plaît, les supplia Enea en s'intercalant.
Les deux hommes la dévisagèrent en silence. L'un d'eux tendit la main dans sa direction, mais sa vue se brouilla en lui faisant perdre l'équilibre.
— Ça va Jim ?
Il releva son ami pour le secouer. Ils détournèrent leur attention en direction de la jeune femme, mais ne purent supporter son regard. Ils agrippèrent le poteau ainsi que le plafond assez bas pour ne pas perdre l'équilibre. Ils empoignèrent leurs jambes afin de freiner les tremblements.
Le plus proche gifla violemment Enea qui tomba sur les fesses. Son complice bouscula Maria qui tomba à la renverse.
— Putain, qu'est-ce qui s'est passé, Joe ?
— J'en sais rien ! C'est toi, hein, hurla-t-il en pointant Enea ! Qu'est-ce tu nous as fait, t'as voulu nous hypnotiser ou quoi ?
Des pas lourds résonnèrent sur le plancher. Une silhouette en blouson cuir se faufila entre les malotrus pour les repousser sauvagement.
— Quel est le problème, annonça l'arrivant ?
— Gecko, s'exclama rassurée Enea.
— Tu veux quoi, toi ?
Gecko obliqua pour dévisager le cadet des blonds. Il approcha pour le renifler longuement en le mettant dans l'embarras. Il plissa les narines en reculant.
— Tu pues le parfum bon marché.
Le Florentin encaissa l'impact d'un coup de poing sans broncher. Le surfeur venait de commettre sa seconde erreur ! l'italien esquissa un sourire machiavélique alors que son agresseur massait sa main douloureuse. Il le repoussa violemment pour lui faire heurter le poteau. Les craquements de plusieurs cotes démontrèrent la violence du choc. Il glissa sur la barre en geignant. Mais ce n'était que le début ! Maria était terrorisée par le regard de leur sauveur, il prenait plaisir à infliger la douleur. Gecko le releva par le col pour le soulever comme un fétu de paille.
— Alors mauviette, c'est plus compliqué avec un mec !
L'impact brutal d'une barre dans le dos força le Florentin à relâcher le blondinet. Il posa un genou à terre pour temporiser la douleur. Il stoppa la seconde attaque en empoignant la tige métallique. Il dévisagea avec rancœur son agresseur en grossissant les rétines.
— Cruelle erreur !
Il jeta la barre qui pénétra profondément dans le mur en vibrant. L'italien l'empoigna à la gorge pour le plaquer contre le mur. La pression fit tousser le surfeur qui commençait à étouffer. Son acolyte vint à sa rescousse. Gecko lui percuta la mâchoire d'un revers, il s'écroula inanimé. Il contempla ensuite l'agonie de son prisonnier.
— Gecko, s'exclama Enea.
Il pourrait bientôt apprécier le trépas de sa cible.
— Gecko, hurla Enea. Lâche-le, s'il te plaît.
La voix de son amie le fit revenir à la réalité, il le relâcha pour se perdre dans la bienveillance de son amie. Il détourna son attention vers Maria l'observant avec inquiétude. Il ne reconnaissait que trop bien ce regard dont il adorait savourer, se délecter.
— Gecko ?
— Oui, Enea ?
— Ça va ?
— Mieux qu'eux, annonça-t-il en les apercevant prendre la fuite !
Il tendit une main en direction des dames.
— Ça va, Maria, demanda-t-il par simple politesse ?
Elle refusa sa main tendue.
— Et toi, Enea ?
— Oui. Je sais qu'ils le méritaient, mais n'es tu pas allé un peu trop loin ?
Il s'abstint de répondre en détournant le regard vers la compagne furibonde de son amie.
— Tu nous suis, se plaignit la blonde ?
— Concours de circonstances, je venais chercher Enea !
— Comment savais-tu où la trouver ?
— Son odeur corporelle est unique, il est impossible de perdre sa trace.
Enea détourna le regard en rougissant. Maria lui fit face pour le dévisager avec rancœur.
— Hé en quoi tu peux connaître son odeur ? Hein, elle est avec moi, alors accepte-le.
— Maria, murmura sa compagne. S'il te plaît, ne t'énerve pas.
Gecko esquissa un sourire de satisfaction, il adorait provoquer Maria.
— Enea est mon ami. Si je la voulais... ce serait déjà fait.
Il intercepta la gifle de Maria pour la rabaisser violemment, puis obliqua vers Enea.
— Marcel veut nous voir.
— C'est urgent ?
— Il semblerait !
Elle obliqua vers sa compagne pour lui prendre délicatement une main.
— Je dois y aller.
— J'avais cru comprendre, dit-elle d'un ton sarcastique en la contournant. À ce soir.
— Maria !
— Elle se calmera toute seule.
Détournant le regard, elle le dévisagea avec insistance.
— Sérieusement, comment savais-tu que j'étais là ?
Il se pencha lentement pour renifler son cou, puis répondit en relevant le visage.
— Tu es si appétissante, Enea.
Elle recula de honte.
— Tu sais Gecko, parfois tu te comportes bizarrement.
— Bizarre, vous avez dit bizarre ! Allez, viens, s'exclama-t-il en lui prenant la main.
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