Chapitre 20 Tout arrive à qui sait attendre
Lisbeth avait surveillé tous les véhicules faisant halte à Ventia-Corp.
Six heures trente, une semi-remorque Xendya, filiale de Ventia-Corp venait livrer.
À sept heures, un camion-citerne DECs avec une cuve de six tonnes d'hydrogène liquide repartait plus tard à vide. Quel rapport avec la fabrication de lit pharmaceutique ? Construisaient-ils un silo ? Dans l'industrie spatiale, l'hydrogène avait joué un rôle majeur comme carburant des fusées. C'était le combustible concentrant le plus d'énergie ! Ventia-Corp était-il associé à la fabrication de missiles ? Lisbeth commençait à comprendre le général, un risque non négligeable d'attaque pouvant dévier sur le sol français ! Mais pourquoi entreprendre la fabrication de missile alors que le VD-A1 en orbite contrerait tout lancement ? La contre-mesure spatiale assurait une surveillance imparable de notre planète bleue.
Rien ne certifiait que le général soit ou non dans la confidence, malgré tout, Lisbeth devrait coût que coût accomplir son objectif. Enquêter, constater, résoudre demeuraient les seules options envisageables.
Contrairement à son contingent, elle avait subi un entraînement d'espionnage au sein des meilleurs, le MI6. Comment ? C'était une autre histoire. Une seule question dérangeait Lisbeth, pour quelle raison le général n'avait il pas employé plus de moyens ? Elle ne doutait pas de sa réussite, mais soupçonnait un intérêt personnel de son supérieur hiérarchique. Mais, lequel ? Des Vignes était un homme orgueilleux. Il pouvait rechercher une simple autosatisfaction. Autant il détenait les secrets de chacun, autant on ne détenait que des oui,dire sur Des Vignes. Nul ne craint, l'avait-elle entendu dire à deux occasions ! C'était la devise du 2e bataillon du 4e régiment étranger d'infanterie. Ce régiment avait deux surnoms, creuset de la Légion et Régiment des fortes têtes. Leur devise, qu'elle partageait, était Honneur et fidélité ! L'armée n'était pas une grande famille, mais trois composants bien distincts, la Terre, la marine, l'air ! Elle imaginait le général dans une pièce vide avec un accès à quatre portes ! Trois donnaient sur l'armée, la dernière était un mystère.
Une profonde déchirure à l'oreille l'avertit qu'elle était la cible d'un sniper. Elle chuta sans hésitation dans le vide. Elle traversa brutalement plusieurs branches épaisses, puis en agrippa une afin de stopper sa course. Bondissant de branche en branche, elle atterrit bientôt au sol.
Détournant le regard en direction de l'Est, elle aperçut le mouvement discret d'une silhouette. Elle aperçut au loin Adrian harnachant son fusil pour dégainer ses légendaires pistolets Shadow 9X19 mm avec canon placé sous le barillet. Oubliant la profonde blessure à l'oreille, elle se faufila dans le feuillage de la foret.
Ils fonctionnaient pareils, aucun rendu de mission avant élimination de la cible. Ils étaient livrés à eux-mêmes. Un seul assisterait au prochain lever du soleil ! Dommage, Adrian était une valeur sûre, un homme au multiple talent, un beau mec ! Esteban, son oncle admirait les hommes hors-norme, devait-elle recruter Adrian ? Sans autorisation, c'était proscrit, mais par ses temps néfastes, on tolérerait cette infraction au code. Elle déciderait le moment venu. Elle se mit à quatre pattes pour courir silencieusement au milieu de la végétation.
Adrian l'avait perdu de vu. Il l'avait eu dans son viseur, il ne ratait jamais sa cible. Que s'était-il passé ? Une telle opportunité ne se présenterait plus. Il n'osait le reconnaître, mais la réputation de Lisbeth était aussi vraie que « le feu, ça brûle ». Il stoppa pour tenter de la débusquer, mais n'entendit rien de plus que le vent. L'inquiétude le fit brusquement se retourner, mais il n'y avait personne.
Quand elle aperçut sa cible, elle s'immobilisa derrière un talus. Comment Adrian avait-il pu accepter un contrat de Louis Philippe d'Orléans ? Quelle note lui aurait-il mise si elle lui avait accordé des avances ? Sa réputation de Don Juan était célèbre, tout comme le classement de ses conquêtes dans un carnet.
À demi voûté, il avait stoppé pour scruter les environs. Le mercenaire venait d'entrer en jeu avec la croqueuse d'âme. Aucune transpiration n'indiquait un doute, il était certain de sa victoire.
De sa position, Adrian ne parvenait pas à débusquer sa cible. Elle faisait honneur à sa réputation, mais il sortirait vainqueur. Il détourna le regard pour avancer en direction d'un chêne tout en reculant. À mi-chemin, il rengaina ses armes.
— Alors, Lisbeth, si nous terminions dans un combat sans arme !
Elle se releva pour acquiescer du visage.
— Avec grand plaisir.
Elle traversa l'épais feuillage pour marcher dans sa direction. Un déclic sous son pied gauche lui fit regretter son empressement. L'explosion d'une mine la projeta violemment dans les airs. Vêtements en lambeaux, elle heurta violemment du crâne un rocher. Elle observa au bord de l'évanouissement la profonde plaie à sa cuisse. Son pantalon en kevlar n'avait pu totalement encaisser la déflagration. Dans un craquement bref, elle replaça la rotule dans son emplacement. Elle se gifla violemment pour oublier la douleur au crâne. Déjà sur place, Adrian la menaçait de ses pistolets.
— Désolé, Lisbeth, mais une défaite n'était pas envisageable.
Elle prit appui contre le rocher en chancelant.
— Je comprends et l'accepte. Accorde-moi une dernière faveur !
— Vas-y.
— Que cache le Duc D'Orléans ?
Adrian fit danser ses armes entre ses doigts sans répondre.
— Je ne suis pas la seule raison de ta présence en Suisse ?
— Effectivement.
— Que cache Ventia-Corp ?
Il pressa les détentes, une balle déchira profondément la chevelure la dame, une autre traversa le cœur.
— Désolé, mi-lady.
Il rengaina pour sortir son portable, puis prit deux photos du cadavre qu'il envoya pour prouver sa victoire.
— Curiosité malsaine Lisbeth, s'excusa-t-il en s'agenouillant tout en extirpant sa lame.
Il déchira le haut de la dame pour faire jaillir la poitrine à l'air libre.
— Ah ouais, quand même, s'exclama-t-il en observant les seins. Dommage !
Découvrant la balle écrasée sous le sein gauche, il lâcha son portable pour descendre les doigts vers les armes. Une douleur torride le fit chanceler, une profonde lacération à la gorge inonda la végétation de flots de sang. Regard exorbité, surpris, déçu, il n'arrivait pas à accepter sa défaite. Il n'était pas prés à mourir. Il avait encore tant à faire. Le visage de Cornélia apparut, elle lui tendait les bras. Pourquoi elle ? Était-il amoureux ? Impossible, peu probable, insensé...
Il s'écroula sur Lisbeth qui ouvrit les yeux pour le repousser. Elle s'agenouilla pour le contempler.
— Désolé Adrian, il ne faut jamais se fier aux apparences, annonça-t-elle en lui caressant la joue. Échec et mat.
Elle approcha ses lèvres des siennes.
— La mort nous libère de tout, la tienne te liera à moi à tout jamais, lui murmura-t-elle à l'oreille.
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