Chapitre 19 Le dormeur
Quittant ses pensées morbide, il démarra une vidéo. On découvrait Enea qui marchait dans une rue de Venise en robe de soirée, en compagnie de sa meilleure amie Michelle. °
« Elles descendirent bientôt quelques marches pour tomber dans une espèce de cave ouverte avec des bougies allumées disposées un peu partout. Enea aperçut Frank se levant d'un matelas étendu au sol.
— Qu'est-ce qui se passe, demanda-t-elle en rechignant à descendre.
Frank torse nu enleva son boxer pour le jeter à ses pieds.
— Michelle, qu'est ce qu'il fait. Il est fou. Pourquoi ?
Son amie ôta sa robe pour avancer en string.
— Ne t'inquiètes pas, je serais là, annonça-t-elle en blottissant sa poitrine contre son dos.
Son amie d'enfance la forçait à contempler son compagnon dénudé. La situation était sans équivoque.
— Mais, je ne l'aime pas et c'est ton copain.
— Au nom de notre amitié, je te demande ce service.
— Mais pourquoi ?
Michelle la fit avancer en direction de Frank qui s'étendait sur le matelas. Elle contourna ensuite son ami pour lui prendre une main.
— On sera toutes les deux, comme tu en as toujours rêvé.
— Mais... pas avec lui. »
La vidéo montrait un échange libertin, mais Marcel connaissait suffisamment Enea pour comprendre qu'elle avait été droguée. Probablement même par sa propre amie ! Michelle aurait dû prévoir que son compagnon aurait enregistré leurs ébats. Il n'avait mis que Louis Philippe dans la confidence de l'existence de la vidéo en ligne. À sa grande surprise, il avait immédiatement envoyé Adrian afin de récupérer l'original. Il n'aurait jamais pensé que Louis Philippe aurait pu s'émouvoir des soucis d'un autre que lui-même. Marcel songea à Michelle, hétérosexuelle confirmée, comment avait-elle pu accepter d'assouvir les besoins pervers de son compagnon au détriment de son amie d'enfance ? Il ne parvenait toujours pas à comprendre comment Enea avait pu lui pardonner. Autant il pouvait craquer toutes les sécurités internet, autant il ne saisissait pas toutes les implications, les dérivés du mot amour. L'amitié ? On était toujours ami par intérêt. La preuve, Michelle s'était servi de son amitié pour satisfaire son compagnon. Et il existait tellement d'autres exemples confirmant que l'amitié était une utopie. Enea était un mystère ! Elle représentait la femme parfaite, empathe, franche, aimable, délicate... On ne pouvait soupçonner l'étendue de ses rares colère !
Un signal sonore l'avertit d'une vidéo en ligne, il ouvrit immédiatement le site concerné. Grâce à la caméra d'une banque, il découvrit en temps réel un homme de dos plaquant un second contre un mur. Il le souleva à quarante centimètres du sol avec facilité. L'agresseur détourna son attention vers la route. Il frotta sa cible contre le mur pour bientôt quitter le champ de vision de la caméra. Marcel rechercha immédiatement toutes potentielles caméras aux alentours. Il en découvrit une à l'extrémité de la rue, elle appartenait à un bar. Il prit le contrôle de la caméra pour l'orienter à sa convenance. L'agressé désarticulé heurta violemment le toit pour retomber au sol, gorge lacérée, orbites ensanglantées. Il entendit faiblement le démarrage d'un puissant véhicule. Il bascula entre plusieurs caméras pour finalement choisir celle d'une pizzeria, où il reconnut le propriétaire de la moto italienne.
— Qu'as-tu as fait ?
Il déplaça les deux vidéos dans un fichier protégé, puis effaça les enregistrements originaux des serveurs. Personne ne pourrait les voir. Une seconde alerte afficha immédiatement une grotte avec en son centre un puits fabriqué en pierre blanche aux contours en marbre. Des décharges électriques zigzaguèrent depuis une porte fermée pour ricocher sur les reliefs de la grotte. Elles gonflèrent comme une bulle de savon sur les contours du puits pour former pendant deux secondes un disque bleuté. Une puissante déflagration de flammes heurta le film protecteur de la caméra, la température atteignait déjà l'indice DC avec une catégorie extrême de 400+. Au premier incendie électrique, le système avait utilisé le bicarbonate de potassium se décomposant en eau, en CO2 sous l'effet de la chaleur, pour ainsi refroidir et étouffer le feu. Mais ce n'eut pas l'effet escompté, la chaleur avait rapidement atteint les deux milles cinq cents degrés celcius. Après plusieurs essais, ce fut le plus inflammable de toutes les substances connues qui fut choisi afin d'étouffer ses explosions subites, l'hydrogène. Sa densité relative, comparée à celle d'air, était de 0,069 5. Comme exemple de la puissance, l'allumette avec laquelle vous allez allumer la bulle dégagera dix fois plus d'énergie que l'hydrogène qui brûlera. Contre toute logique, seul l'hydrogène en faible quantité pouvait enrailler l'incendie.
Marcel observa immédiatement la salle de sommeil grâce à une caméra, un sarcophage était relié à un moniteur multiparamétrique. Le rythme cardiaque descendit rapidement pour stationner à 90. Toutes les valeurs semblaient correctes, tension artérielle, saturation sanguine, température corporelle, fréquence cardiaque, taux de gaz d'anesthésie, fréquence LED, ASTT, étaient stables. Dans les schémas cliniques, il découvrit que l'hémoglobine glycosylée était descendue à 0,40 gramme. Il donna l'ordre au moniteur d'envoyer une dose de glucose via une injection intramusculaire. Le calme revenu, il garda dans une fenêtre la caméra de surveillance de la salle de sommeil, puis poursuivit des recherches internet comme si de rien n'était.
Le nucléaire, les caprices météorologue, les géocroiseurs n'étaient rien comparé au « dormeur » !
° Passage du roman Jamais sans toi.
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