
Chapitre 4 - La croisière s'amuse
Dix-huit heures. Il est temps de quitter Southampton pour rejoindre l'océan et, in fine, New York.
Comme la majeure partie des passagers, je me trouve sur le pont principal où de la musique classique sort des haut-parleurs dispersés un peu partout. Le départ se fait donc tout en symphonie. Je ne suis pas une adepte de ce style, Bruno Mars étant mon chanteur préféré, mais je dois dire que cela ne me déplait absolument pas. Au contraire je trouve qu'il s'agit d'une excellente idée. Cela accentue le côté prestigieux du navire.
Ayant eu la chance d'avoir une place proche de la rambarde à bâbord, je profite d'avoir une vue exceptionnelle pour prendre quelques vidéos et photos. A mon arrivée en Amérique, je compte en développer quelques-unes pour me faire un livre souvenir. Un book de voyage si on veut. Ainsi, au moindre moment de mou, je pourrai l'ouvrir et me rappeler que tous les rêves peuvent être accomplis. C'est un peu naïf certes, mais c'est très efficace pour se remotiver. Baisser les bras, je ne connais pas.
Plusieurs employés du navire, élégamment vêtus d'un costume trois pièces noir, déambulent sur le pont pour nous servir des coupes de champagne. Leurs plateaux en sont pleins, ils doivent jouer les équilibristes pour ne pas en renverser.
Profitant de l'occasion, je me dirige vers l'un d'eux afin de prendre un verre. Ce dernier étant dos à moi, je l'interpelle dans le but qu'il se retourne.
- Excusez-moi, j'aimerais beaucoup avoir une ...
Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que le seul verre restant sur son plateau termine sur mon jean. La situation pourrait en énerver plus d'un, surtout lorsqu'il s'agit de la deuxième fois que cela vous arrive dans une même journée, mais pas moi. En voyant de qui il s'agit, un fou rire me gagne.
- Charlee tu n'es pas possible !
- Merde ! Tu n'imagines même pas comment j'ai grave honte là.
- Ne t'en fais pas, ça va. Je commence à avoir l'habitude de toute façon.
- Dis pas ça tu vas me faire rire et je suis au boulot. Je vais avoir des problèmes sinon.
- Tu as déjà un sourire en coin. C'est raté.
Son rire, que j'ai déjà beaucoup entendu un peu plus tôt dans la journée, sort enfin de sa bouche. Nous nous retrouvons à rigoler sur le pont tandis qu'autour, les gens sont toujours autant absorbés par le départ du bateau. Tant mieux, cela évitera à Charlee les fameux ennuis qu'il redoute autant.
- Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu travaillais sur le navire ? Tu savais en plus que je faisais la croisière.
- En fait ce n'était pas prévu. Un pote qui travaille ici depuis plusieurs années m'a proposé de remplacer un gars au dernier moment. Il m'a appelé à peine une demi-heure après que tu sois partie du bar.
- La coïncidence franchement !
- C'est clair ! Quand il m'a dit ''Queen Mary deux'' je n'en revenais pas.
Un de ses collègues, portant le même uniforme sombre que lui, interrompt notre petite discussion. J'avais un peu oublié que contrairement à moi, il n'est pas ici pour profiter du voyage.
- Charlee tu n'es pas payé pour faire la causette. Déjà que tu as renversé un verre de champagne sur la demoiselle, ne te fais pas remarquer. Va plutôt chercher de quoi nettoyer ta bêtise.
Je lance un sourire amical au brun venant de se faire réprimander et le laisse retourner à son travail. Le revoir m'a fait plaisir, ce garçon est adorable bien que maladroit. J'espère qu'on pourra passer un peu de temps ensemble durant le voyage. Devoir travailler sans pouvoir bénéficier des avantages proposés par un tel navire, c'est de la torture.
Je profite encore un peu de la brise fraiche avant de retourner à mon exploration des lieux. En passant dans le Grand Lobby, je me munis d'un plan afin d'éviter de m'égarer une seconde fois. Les lieux sont tellement immenses, une vraie ville flottant sur l'eau dans laquelle on trouve tout ce que l'on souhaite. Des restaurants de toutes gammes, des boutiques de luxe ne rentrant malheureusement pas dans mon budget, des salles jouant des spectacles inédits, des bars servant des cocktails à tomber, et encore un tas d'autres recoins du navire qu'il faut que je découvre.
Le nez plongé dans le plan que je tiens fermement entre mes mains, j'arpente les couloirs des différents ponts. Le bois massif, les statues et colonnes en marbre, les moquettes impeccablement soignées, voilà ce qui compose la décoration raffinée du Queen Mary deux. C'est un mélange subtil du charme et l'âme du Queen Mary avec celui du Normandie. Le résultat est largement à la hauteur de mes espérances. Je suis même surprise que ce soit plus beau que dans mes rêves. Je ne pensais pas cela possible.
Lorsqu'il sonne bientôt dix-neuf heures trente, je passe rapidement dans ma chambre pour me changer. Je ne peux pas aller dîner au restaurant en jean et baskets. Tout le monde me dévisagerait, je pense même qu'on ne me laisserait pas entrer. Cela me donne donc l'opportunité de porter la petite robe noire que ma sœur m'a offert avant mon départ. Selon elle, c'est : « l'incontournable dans une penderie de fille qui se respecte ». Je fais confiance à son œil de mannequin à la pointe de la mode.
Dans la petite mais très fonctionnelle salle de bain, située à gauche de l'entrée, j'abandonne mes lunettes pour des lentilles. Quelques retouches beauté, un coup de brosse dans mes cheveux châtains, et je suis enfin prête pour ma première soirée à bord.
Logeant dans une cabine avec balcon, c'est au restaurant Le Brittania que je vais dîner tous les soirs. Même s'il n'y a pas de classe à bord, c'est en fonction de notre chambre que nous avons accès à tel ou tel restaurant pour prendre le dernier repas de la journée. Les deux autres, le Queens Grill et le Princess Grill, sont réservés à ceux ayant des cabines bien plus luxueuses que la mienne. Cependant, riche ou non, tous les restaurants sont majestueux à mon humble avis.
C'est donc vêtue de ma petite robe noire que j'entre dans la salle du Brittania. Je ne tarde pas à être accostée par un des serveurs. Il ne s'agit pas de Charlee, je ne risque donc pas de voir mon verre de vin terminer sur le cadeau de ma sœur.
Il me conduit jusqu'à ma table où se trouve déjà un couple devant avoir l'âge de mes grands-parents. Lorsque la femme me voit arriver, elle me sourit aussitôt.
- Bonsoir, dis-je poliment.
- Buona sera. Je suis Isabella et voici mon mari Francesco, m'informe-t-elle avec son charmant accent italien.
- Ravie de vous rencontrer. Je m'appelle Alix, répondais-je tout en prenant place autour de la table ronde.
- C'est un plaisir aussi de faire ta connaissance. Alors dis-moi bella, comment trouves-tu ce bateau ?
- Je l'adore. Pour être franche, j'ai toujours rêvé de naviguer dessus alors les sentiments que je ressens je ne pourrais même pas vous les expliquer.
- Je comprends tout à fait. J'ai ressenti la même chose la première fois que je l'ai pris.
- Vous en êtes à combien de traversées à bord ?
- C'est notre sixième, répond Francesco.
- Six ?! Je suis vraiment très impressionnée ! Je vous envie énormément.
- Il faut bien faire plaisir à madame.
L'amour que chacun éprouve l'un pour l'autre est très touchant. Charlee, ce charmant couple, c'est pour des rencontres comme celles-ci que j'ai décidé de partir loin de chez moi. Côtoyer des anglais, des américains, des italiens, d'autres français, tant d'origines différentes réunis dans un seul et même lieu. C'est ça le charme d'une croisière.
Le même serveur, m'ayant conduit jusqu'à ma table, revient avec trois menus dans les mains. Je prends celui qu'il me tend et commence à chercher un plat alléchant. Ne sachant pas quoi prendre, je fais confiance au garçon de table.
- A votre avis, quel serait le meilleur choix ?
- Je peux vous suggérer les lasagnes aux fruits de mer avec comme entrée la salade du jour.
- Je n'ai jamais gouté cette recette aux fruits de mer, mais j'adore être surprise alors va pour les lasagnes et la salade du jour.
- Très bien mademoiselle. Et pour vous messieurs dames ?
- Je vais suivre la jeune fille, répond Francesco.
- Et bien dans ce cas moi de même, confirme Isabella.
- Je vous apporte ça.
- Grazie mille mon garçon.
Je suis complètement sous le charme de leur accent italien. Cette langue est si jolie, j'aimerais beaucoup savoir la parler. Un simple mot ressemble à un doux poème romantique pouvant faire craquer n'importe qui. Surtout lorsque l'on se trouve dans un restaurant aussi beau et chaleureux que le Brittania. La coupole en verre teinté, trônant au-dessus de nos têtes, donne à ce grand espace, disposé sur deux étages, des allures de patio convivial.
Dîner ici tous les soirs, en compagnie de cet adorable couple, sera certainement mon moment préféré de la journée.
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Je sors déjà un nouveau chapitre car je compte inscrire cette histoire à plusieurs concours. Étant donné qu'il faut sauvent 5 parties publiées, j'ai dû un peu me dépêcher puisque beaucoup de concours ferment à la fin de la semaine.
Les publications suivantes seront donc plus espacées. Il y aura un rythme de un chapitre par semaine.
Merci pour tous vos commentaires adorables, ils me touchent beaucoup.
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