Si un jour on m'avait dit que j'allais peindre des tableaux dans la rue avec une artiste, je pense que j'aurai passer mon chemin sans me retourner.

Malheureusement, aujourd'hui, après trois jours de combats, je me suis laissé vaincre par Maya.
Cette femme est têtu et très persuasive du haut de ces un mètre cinquante. Me voilà donc, habiller d'une combinaison blanche, d'un masque et de gants. Je me trouve debout face à un vieux carton qui traînait dans l'impasse à coter de ma pâtisserie avec une bombe de peinture rose.

- Et ! Bonhomme Michelin ! Reste pas immobile ! Exprime ta créativité !

- Tu crois que c'est simple ! Et puis, pourquoi on doit peindre mes pancartes publicitaires sur des vieux cartons ?

- Tu connais le recyclage ? Je fais attention à la planète monsieur !

- Dit elle alors qu'elle utilise des bombes de peintures chimiques !

Nous sommes face à face, nos regards plantés l'un dans l'autre.

- Dépêches toi de peindre cette pancarte ou c'est toi que je peinds.

Pour appuyer son propos, elle n'hésite pas à asperger de peintures violette ma combinaison.

- Alors ça ma vieille. Tu vas me le payer.

Je m'apprête à lui rendre la monnaie de sa pièce quand je me rappelle que je suis un homme mûr et que je me dois d'être mâture.

- Bien. Reprenons la peinture.

Une heure et demi plus tard. Une dizaine de petites pancartes sont alignés le long de la ruelle. Au centre de toutes ces toiles, le même motif, celui d'une tartelette, horne le centre de nos créations. Au dessus, le nom et l'adresse de ma pâtisserie sont écrites en attachés. En bas à droite, nos deux prénoms s'entremêlent en une signature complexe.

- Je pense que c'est sec maintenant ! On peut aller les déposer en ville !

- On y va en voiture ?

- Espèce de pollueur ! Tu as été doter de deux jambes ! Utilise les !

Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle m'ordonne de prendre la moitié des tableaux et de la suivre.

- Ruben, toi et moi, on va rependre la joie d'accord !

J'essaye de lui sourire pour lui montrer que je suis d'accord mais c'est peine perdu, elle préfère rigoler.

- Bah alors Ruru ! C'est quoi cette tête !

- Je souris.

- Ah tu souriais ?!

Maya s'arrête puis pose les tableaux. Elle me tourne les dos puis jette la tête en arrière en rigolant ouvertement.
D'abord vexer, je ne tarde pas à la suivre.

- Arrete de te payer ma tête et ramène ton popotin. On doit déposer les publicités.

- Chef, oui chef !

Nous déposons les publicités devant des kiosques à journaux, dans des coins de rue fréquentée, sur des bancs.

Une demi-heure plus tard, nous sommes rentrés et assis autour d'une tasse de café avec une part de tartelette.

- Merci beaucoup pour ton aide Maya !

- De rien avec plaisir ! D'ailleurs, je pensais à quelque chose...

- Réfléchis avant de parler.

- Tu veux que je te frappe ?

- Non c'est bon t'inquiète...

- Dis moi, tes emballages ils sont écologiques et recyclable ?

- J'en sais rien, oui, peut-être.

Maya se lève de sa chaise et se dirige vers le comptoir.

- Non ! Ils ne sont ni l'un ni l'autre !

- Et c'est grave ?

Je vois sa tête sortir et ses yeux me transperçaient.

- Cours. Je te laisse trois secondes.

Je prends mon assiette et file me cacher en cuisine. Cependant, j'entends ces pas et avant que je ne puisse bouger, une tempête de guillis me fonce dessus. Nos éclats de rires remplissent la pièce vide et froide.

Mais la chaleur de notre amitié là réchauffe aussi vite que c'est tissé ce lien confortable.