Manon sait.
Le où, le qui et le comment, elle le savait déjà.
Mais pas le pourquoi.
Maintenant, elle connait le pourquoi.
Et elle ne pourra pas s'accepter.

Elle tente l'immersion. Tout lui résiste. Son corps, l'antichambre, l'air et même sa pensée ! Mais elle continue. Son crâne bourdonne, ses jambes flagellent. Mais elle continue. Et elle réussit !
Couchée sur le sol, incapable du moindre mouvement, mais elle a réussi.

Pourquoi l'antichambre ?
Pas pour des réponses. Elle en a assez des réponses.
Non, pour en finir.
Une fois pour toutes.

Manon se traîna jusque là ou dans son rêve, il y avait un miroir.
Tout ici se ressemble, ce n'est pas à la vue qu'elle se dirigeait, mais à l'intuition.
Et elle était bonne. Les ombres devenaient de plus en plus opaques. On n'y voyait plus à un mètre.
Mais Manon avançait, enfin, se traînait. Tout à coup, il fit très chaud.
Le sol devint orange. Mais un orange plus rouge que le orange de ses yeux.
Un orange torride. De la lave.
Des flammes balayèrent le sol, comme des girophares.
En quelques secondes, le vide noir était devenu un véritable champ de mine.
Et au milieu de tout ce mouvement, il y avait quelque chose d'immobile.
Quelque chose qui irradiait.
Un miroir, et un homme.
Le miroir semblait en fusion et l'homme à côté avait un regard sans description possible avec de simples mots.
Et pourtant il y en eut. Des mots. Deux pour être exact :

- P.a.s...i.c.i.!

L'homme, c'était Gaël. Enfin Charon. Après que le Stix fut asséché, par sa propre colère de n'être qu'un pion.
Manon sut tout cela à l'instant où elle le vit.
C'était pourquoi elle avait fait tant de recherches, pour éviter d'être un pion.
Mais ça n'avait pas fonctionné.
Charon reprit la parole

- T.e.m.p.s...é.c.o.u.l.é...
Il illustra sa parole en brandissant une montre, il souriait

- L.a...j.o.u.r.n.é.e...e.s.t...f.i.n.i.e...à...d.e.m.a.i.n...

Et Manon sombra.
Cette fois,
ni noir,
ni orange,
mais des souvenirs.

329 mots