Chapitre 2_May-Line
Lundi, 8h15
Je n'avais jamais vu Lycoris comme ça. Elle m'avait toujours paru intelligente et elle paraissait à l'aise avec les autres. Jamais je n'aurai soupçonné ce manque de confiance en elle. L'adolescente aux long cheveux châtain et aux yeux vert anis en amande, avait accepté de me suivre. Bien qu'elle semblait traîner du pieds. Elle était sûrement encore plongée dans ces idées noires. Et si je m'étais trop imposé ? Et si Lycoris, se forçait à aller au collège pour me faire plaisir ? Et surtout, Lycoris ne devait pas apprécier ma compagnie, j'étais bien trop silencieuse. Il fallait que je dises quelque chose, n'importe quoi, pour lui changer les idées. Mais les mots restaient bloqués dans ma gorge.
Parle plus fort, on ne t'entend pas.
A.R.T.C.U.L.E.
Tu réponds toujours trois heures en retard, si encore tu daigne nous adresser la parole.
Laissez là avec son charabia, au moins si elle est seule elle ne mettra de vent à personne.
Je fermai très fort les yeux avant de les rouvrir. Non ce n'était pas vrai, Paul-Léo et Zayan n'étaient pas de cette avis. Paul-Léo m'avait toujours dit qu'il valait mieux se taire que de s'oblige à parler pour ne rien dire. Zayan lui trouvait ma voix adorable et je lui faisais confiance, car je l'aimais.
- Moi aussi je peux t'aider, si tu veux. Grogna Lycoris.
Je refermai les yeux. Oui, maintenant Lycoris était au courant, elle allait me prendre en pitié, me dire qu'elle était désolée, où des trucs du genre.
- La mort, ne veut pas dire que tout est finis. Ton frère avait juste besoin de repos avant de prendre un nouveau départ.
Je ne la croyais pas. Toutes ces histoires de vie après la mort étaient fausses. Cependant celle ci me redonna le sourire car je me dis que c'était là des paroles que mon frère aurait pu nous sortir.
- Tu sais, Lee a toujours souhaité être un chat. Il rêvait de liberté et d'indépendance. Alors peut-être que maintenant, il a enfin pu devenir un félin. Chuchotai je, en souriant bien que mes yeux étaient remplies de larmes.
C'était idiot de dire ça. Mon frère était dans le néant voilà tout. Mais formuler tout haut l'idée qu'il soit toujours quelque part me faisait du bien. J'aurais tellement voulu y croire mais tout cela défiait la logique. Il n'y avait pas de preuve.
- C'est bien possible puisque mon chat est née le jour de la mort de Lee. Dit Lycoris, comme en réponse à mes pensées.
Je scrutai son visage. Mais dans ces yeux je ne lisais que de l'angoisse. Impossible de savoir si elle disait la vérité. Bien sûr que non. Elle avait dit ça pour me faire plaisir. C'était gentil de sa part, mais non merci.
Nous fîmes le reste du trajet, sans échanger un mot pourtant je ne me sentis pas mal à l'aise, et les regards que j'échangeais avec Lycoris autant pour me rassurer moi-même que pour la réconforter, était un très bon moyen de communication. À un moment Lycoris ne put retenir un éclat de rire, et je ne tardai pas à l'imiter. Nous arrivâmes pile à l'heure, et filèrent vers notre salle de classe.
- Bonjour Madame. Dis-je, d'une voix basse mais plus assuré que d'habitude.
Et cette fois Mme Iseli entendu. Elle hocha la tête avec bienveillance et ferma la porte derrière Lycoris. C'était une jeune femme aux long cheveux rose clair et aux yeux bleu pâle. C'était aussi la tante de Zayan. Lors de ce cours comme dans tout les autres je peinai à faire les exercices à temps. Quand j'avais enfin réussi à déchiffrer la consigne, il était déjà temps de corriger. Je n'arrivais ni à prendre note, ni à écouter la correction. Je me sentis vite perdu, et à la ramasse.
J'étais fatiguée et je ne comprenais rien, en plus je ne participais pas. C'était moi qui avais insisté pour avoir des photocopies seulement des leçons, et me débrouiller pour les exercices. Je voulais faire comme les autres, eh bien je devais assumer mes choix. Je devais supporter le poignet qui me faisait mal, je repris mon stylo.
- Ne t'inquiète pas, May-Line je vais écrire à ta place, moi j'ai tout juste. Essaye plutôt d'écouter la prof. Me glissa Iris, qui était ma voisine de table.
C'était une jolie fille avec une queue de cheval blonde et des yeux chocolat. Je rougis. Iris avait remarqué mes difficultés et en plus elle avait la gentillesse de me proposer d'écrire à ma place. Non ! Hors de question ! Ce serai un échec.
- Non merci. Murmurai je, d'une voix à peine audible.
- Si tu en es sûr, mais dans ce cas, je me ferai le plaisir de t'expliquer les exercices à la fin du cours. Je ne veux pas qu'une de mes camarade de classe se sente perdue, en classe. Renchérit sévèrement Iris.
Oh non ! J'étais tellement lente et bête qu'Iris voulait me donner des cours particuliers. Aaaaah ! Je devais faire honte à la classe.
Elle a de sérieuses difficultés.
C'est normal elle n'écoute rien.
Tu pourrais demander, si tu ne comprends pas.
Tu peux au moins travailler à l'orale, ah ben non même ça tu n'en es pas capable.
Redouble d'effort, sinon tu vas redoubler.
Même avec un Tiers Temps, tu n'arrive même pas à la moyenne.
Je me mis à pleurer. Oui, juste pour ça. Je me sentais immature, de chouiner alors que j'avais douze ans. Iris le remarqua, et se rendit compte de la dureté de ses paroles.
- Oh non, je m'excuse May-Line. C'est juste que je me suis dis que comme ça tu auras de bonnes notes. E-Et tu seras fière de toi. Déclara gentiment Iris.
Et elle aussi fondit en larmes. Zut ! Je faisais pleurer Iris, il ne fallait pas que les autres élèves voit ça sinon elle va se sentir ridicule. Je pris un mouchoir en tissus et le tendis à ma voisine. Celle ci l'accepta et me fit un sourire timide.
- Je ne suis pas très douée pour aider les gens pas vrai ? Au lieu de ça, c'est toi qui te retrouves à me réconforter. Lança Iris.
Alors elle n'avait pas honte d'avoir pleuré. Elle était si serviable et empathique. Après tout ce ne serai pas plus mal, un peu d'aide dans mes devoirs et mes révisions. Surtout si ça rendait Iris heureuse.
- Non tu es formidable. Je penses que grâce à ton aide j'aurais au moins dix au prochain contrôle. Chuchotai je.
- Je suis certaine que tu obtiendra une note largement supérieure à la moyenne. Tope là. S'exclama Iris (pas trop fort, pour ne pas alerter toute la classe).
Finalement avoir des difficultés avait un bon côté puisque comme ça des gens comme Iris se sentaient utile. Même si en vrai c'était moi qui rendais un service à Iris et non l'inverse. Je tapais timidement, dans sa main.
- Et merci, pour le mouchoir je te le rends. Ajouta elle.
Le mouchoir en question était bleu ciel avec des fleurs : des iris violettes brodés. Il avait appartenu à Lee. Mon esprit était totalement rationnel. En revanche s'il ne l'avait pas été j'aurais pris ces iris pour un symbole.
Un signe envoyé par mon frère pour me garantir qu'Iris était une bonne personne. Malheureusement je ne croyais en rien. J'avais beau essayer de toute mes forces mais sans preuves ça n'avait pas de sens. Pourtant, si ce que Lycoris disait était vrai et qu'en plus les motifs de ce mouchoir était l'homonyme de celle à qui je l'avais prêté : eh bien c'était peut-être une preuve. Mais était ce suffisant ?
- Tu peux garder ce mouchoir, je crois que son ancien propriétaire attendait ce jour. Dis je, mystérieusement.
Iris ne me traita pas de fille bizaroïde. Elle ne me demanda pas d'explication non plus. Elle ne me dit pas un "ça va ?", inutile alors que j'étais au bord des larmes. Non, rien de tout ça elle se contenta de me remercier.
Quand la cloche sonna, Iris alla voir Mme Iseli. Elle lui expliqua qu'on allait réviser un peu pour l'évaluation à venir. J'étais déjà gênée de devoir demander un service à cette gentille professeur. Mais ce fut avec les joues en feu que je rejoignis Zayan.
- Heu, je restes ici, Iris va être comme ma prof particulière.
J'attendis honteuse. J'étais nulle, au point d'avoir besoin des explications de ma camarade.
- Mais c'est génial ça ! Je peux me joindre à vous. Allez, Iris, dit ooooooui. S'écria Zayan, avec enthousiasme.
Oh ce serait bien oui, comme on dit plus on est fous plus on rit. Et puis Zayan, c'était Zayan, quoi. Le type le plus charmant de la planète. Mais en même temps il remarquerait à quel point j'étais en retard. Il allait me trouver débile. Et... et m'abandonner.
Quoi c'est tout ce que tu as fais, tu te fiche de nous ?
Non, je ne veux pas être en groupe avec toi, tu fous rien.
Mme Iseli, coupa cour à ces souvenirs douloureux.
- Non, Zayan toi tu es juste flemmard. Tu vas te contenter de les déconcentrer pour à la fin recopier les exercices d'Iris. Par contre ce soir, à la maison tu travailleras, tout seul. Déclara elle, à l'attention de son neveu.
Zayan était garçon aux cheveux châtain clair bouclés, aux taches de rousseurs et aux yeux marron. Et en ce moment il fusillait sa tante du regard.
- C'est ça pendant que tu seras en train de te la couler douce chez ton Ironichou d'amour. Malgréa t-il, avant de filer en vitesse hors de la salle.
Mme Iseli leva les yeux aux ciels.
- Non mais cette famille, je vous jure.
Puis elle sortit à son tour nous laissant seules.
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