𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟖
⸻⸻ 𓆩*𓆪 ⸻⸻
𝗨𝗡𝗘 𝗣𝗟𝗨𝗜𝗘 𝗗𝗘 𝗣𝗥𝗜𝗡𝗧𝗘𝗠𝗣𝗦
⸻⸻ 𓆩*𓆪 ⸻⸻
Ce matin-là, Okichi Fujiwara se rendit seule en cours. Elle profita de cette solitude pour laisser son cerveau cogiter. La situation entre Ayano et Isako allait-elle s'arranger ? Elle n'y croyait pas. Est-ce que son cours de japonais allait bien se passer ? Elle n'y croyait pas non plus.
Un long soupir passa ses lèvres en pensant aux heures qu'elle devrait passer assise aux côtés du grand Oikawa Tōru. La lycéenne songea aux différentes mielleries des élèves de sa classe qu'elle allait devoir supporter. Elle savait d'avance comment tout ceci allait se dérouler ; Oikawa qui répondrait de façon intéressée aux étudiantes, elle qui lèverait les yeux au ciel en tentant d'obtenir une réponse sur leur travail en cours.
Non pas qu'elle l'observait souvent, seulement le lycée entier était au courant des faits et des gestes du capitaine de l'équipe de volley.
Au milieu de ses réflexions, elle vit les portes du lycée se dessiner dans son champ de vision, accélérant ses pas, elle rejoignit sa salle de classe. Jetant un œil dans la salle, elle vit que cette dernière était déjà remplie, seuls quelques élèves et le professeur manquaient à l'appel.
Son manuel atterrit sur son bureau, suivi de près par son cahier à spirale et sa trousse. Elle feuilleta son cours pour se le remettre en tête avant l'arrivée de M. Chiba.
— Salut, Fujiwara-san.
La voix posée de son voisin la sortit de sa relecture. Dans un coin de sa tête, elle nota l'emploi du suffixe, après s'être énervée plusieurs fois, il semblait avoir compris qu'elle ne plaisantait pas avec le manque de politesse. Raison pour laquelle elle lui adressa un regard en lui retournant ses salutations sans rentrer dans les détails, utilisant l'arrivée de leur professeur comme excuse.
— Bonjour à vous. Aujourd'hui, vous travaillerez avec votre binôme sur votre devoir. N'hésitez pas à me solliciter au besoin.
Les chuchotements longèrent les murs à cette annonce, créant un bruit de fond constant. Okichi se plongea dans ses notes, balayant les bavardages de ses camarades de son esprit. Ses yeux lirent le titre de l'œuvre choisie pour le devoir, Orgueil et Préjugés de Jane Austen. Ce livre fut choisi après de nombreuses discussions et compromis entre Oikawa et elle.
― Oikawa-san, je peux avoir tes notes, s'il te plaît ?
― Mes notes ? Tu les as vues y'a deux jours.
Okichi stoppa tout mouvement de son corps comme pour intégrer les paroles d'Oikawa.
― Tu n'as pas retravaillé dessus depuis ? questionna-t-elle sèchement.
Le châtain se laissa tomber au fond de sa chaise, ses cheveux venant pendre légèrement dans le vide. La nonchalance prit possession de son corps, l'air entre eux venait radicalement de changer. Tel un orage qui menaçait d'exploser, Okichi attendit la réponse d'Oikawa.
― Tu sais, entre les cours et le volley, je n'ai pas eu le temps.
― Tu n'as pas pris le temps. Nuance.
— Si tu préfères. Tu ne vas pas commencer à me prendre la tête.
La blonde souffla intérieurement, elle n'appréciait pas être au centre de l'attention, chose qui arriverait si elle s'énervait sur le joueur au milieu de la salle de classe.
— Plus vite le devoir sera fini, plus tôt tu seras tranquille avec ça. Tu ne peux pas t'y prendre à la dernière minute.
— Et pourquoi pas ? rétorqua-t-il avec un sourire narquois placardé au visage.
— Tu le fais exprès ?
Le calme d'Okichi la quitta progressivement. Le joueur de volley avait le don pour la faire sortir de ses gonds plus rapidement que la normale et elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il aimait le faire. Cependant, entre ses deux meilleures amies qui peinaient à s'adresser la parole et l'agacement constant d'Ayano qui se ressentait à chacun de ses mots, Oikawa avait mal choisi son jour pour venir titiller la nageuse.
— Tu veux faire le malin ? Très bien. Débrouille-toi, je vais bosser toutes mes parties et le jour du rendu, j'expliquerai à M. Chiba pourquoi la moitié du travail n'a pas été fait.
— J'ai juste pas eu le temps ces derniers jours. Faut te détendre, Fujiwara. Ce ne sont pas deux jours sans toucher à mes notes qui vont faire rater tout le devoir.
L'agacement d'Oikawa s'entendit dans sa voix. Tous les jours, il finissait par se prendre une remarque de la part de la blonde. Pourtant, il faisait attention à travailler suffisamment, voyant que c'était important pour elle. Il fit glisser ses pupilles marron sur le visage sérieux de la nageuse.
— Je vais bosser dessus ce soir. Je t'enverrai mes notes.
Il put entendre un murmure semblable à un remerciement. Oikawa soupira : aujourd'hui, il avait décidé de céder plus facilement, ayant conscience de la situation de sa voisine. Il était au courant des tensions entre les deux meilleures amies et que cela devait lui peser plus qu'elle ne le laissait paraître. Cependant, une conversation avec elle finirait par devoir s'imposer, lui aussi avait des problèmes dans la vie, lui aussi avait des amis qui se levaient du mauvais pied ce qui pouvait jouer sur sa propre humeur, pourtant il restait agréable pour ses interlocuteurs.
Le reste du cours se déroula sans la moindre parole prononcée entre eux. Okichi se contenta de griffonner sur son cahier et d'annoter son livre. Le volleyeur lui repassa ses notes rapidement avant de se retourner à plusieurs reprises vers son meilleur ami.
Le visage d'Iwaizumi était toujours tiré par la douleur et la rancune, pas le moindre regard n'avait été adressé à sa voisine de table, qui abordait un visage marqué par l'agacement.
— On va encore passer une bonne journée, soupira ironiquement le châtain en s'enfonçant dans sa chaise.
Lorsque la fin du cours fut annoncée, Okichi s'attela à ranger rapidement ses affaires pour rejoindre Ayano. Évidement, cette dernière s'était précipitée afin d'éviter les volleyeurs. Pourtant, ce fut sans compter sur la présence de l'ainé Matsukawa qui lui barra la route.
— Ne pense pas échapper au repas de ce midi, 'Yano.
— J'ai pas envie. Ni de voir ta sœur ni ton pote, cracha-t-elle en réponse.
— J'espère que tu ne parles pas de moi, Shima-chan. Cela me vexerait beaucoup, intervint le capitaine de l'équipe de volley.
Okichi leva les yeux au ciel, mais se retint de tout commentaire. À la place, elle vint observer le visage fermé du pointu. Ce dernier ne prononça pas le moindre mot, sûrement peu ravi de se coltiner Ayano durant sa pause repas.
— C'est quoi cette ambiance de merde ?
Matsukawa détailla chacun de ses amis puis se tourna vers Hanamaki pour lui demander d'aller chercher sa petite sœur.
— On allait former un chouette groupe tous ensemble et vous râlez. Des trucs tristes, y'en a dans la vie de tout le monde, alors ici, on se change les idées. Je ne connais pas vos histoires et je ne veux pas les connaître, je suis votre ami, je ne prendrai pas de parti. Mais réglez ça entre vous, votre ambiance de merde, je n'en veux pas moi.
Ses yeux glissèrent d'Ayano à Iwaizumi puis s'arrêtèrent sur Okichi. Il soupira franchement en passant une main dans ses cheveux.
— Allez, venez, on va manger tous ensemble même si certains refusent de s'adresser la parole.
Sur ses mots, Matsukawa se dirigea vers leur coin derrière le gymnase. Il fut rapidement suivi par une Ayano d'humeur maussade et un Oikawa charmeur. La blonde à lunettes attendit quelque peu avant d'avancer, son regard triste se perdant sur sa meilleure amie.
— Matsukawa a raison.
Iwaizumi prononça ces simples mots avant de rejoindre le groupe. Le cœur de la nageuse se pinça, le volleyeur venait simplement d'acquiescer comme s'il balayait d'un coup de main les mots d'Ayano. Okichi ne savait pas quoi penser de cette situation, elle avait eu sa meilleure amie au téléphone une bonne partie de la soirée et elle avait réalisé qu'Ayano s'en voulait pour ses mots. Le problème résidait dans sa fierté beaucoup trop grande pour sa petite personne.
***
Le bruit des vagues caressait les oreilles du groupe de lycéens. La veille, sur la pause du midi, Issei Matsukawa avait proposé de se rendre tous ensemble à la plage. Il espérait ainsi faire renaître la bonne ambiance du groupe, ce qui pour l'instant commençait bien ; Hanamaki avait ramené son ballon et faisait quelques passes avec Iwaizumi et les Matsukawa. Okichi, elle, s'était installée sur une serviette pour lire un livre. Ayano se tenait debout face à la mer, l'eau lui caressant les pieds, le capitaine de l'équipe de volley à ses côtés.
— À quoi penses-tu, Shima-chan ?
— Tu savais que certaines personnes pratiquaient un sport juste pour faire une activité extrascolaire ? Certaines personnes pratiquent sans avoir la moindre envie d'en faire quelque chose plus tard.
— C'est le cas de la mini Matsun, c'est ça ?
— Non. C'est Okichi. Fujiwara si tu préfères. Pour elle, la natation, c'est une simple activité extrascolaire. Pour Isako c'est pire, elle voulait juste essayer et elle-
Ayano se coupa dans sa phrase, sa gorge se nouant et les larmes montant dans ses yeux. Elle n'arrivait pas à passer au-dessus de cette défaite, pourtant elle le voulait.
— Elle t'a battue. Oui ça fait mal quand ton cadet possède un talent que tu n'as pas.
— Oikawa-san, tu as connu quelqu'un comme ça ?
— Tu plaisantes ? J'ai carrément manqué de frapper mon cadet à cause de ça
Le volleyeur pouffa sur ses mots, Ayano fronça les sourcils face à cette réaction. Pour dire vrai, elle ne s'attendait pas du tout à ce type de réponse.
— Le monde du sport est fait d'obstacles à surmonter et d'adversaires à battre, déclara-t-il sur un ton léger.
Elle sentit qu'Oikawa cachait une partie de son discours et elle ne pouvait que comprendre. Rien ne pouvait effacer le talent d'Isako et s'entraîner plus dur n'apporterait pas ce dont elle avait besoin. Son regard bleu longea l'océan puis vint se poser sur le passeur.
— Tu crois que j'ai été trop dur avec Isako ?
— Oui, et pas qu'avec elle. Même moi, j'étais choqué quand il m'a raconté, plaisanta-t-il.
Ayano tiqua évidemment qu'il savait. La culpabilité grimpa en flèche, elle jeta un regard au brun derrière elle.
— Il ne t'en voudra pas longtemps. Je suis même sûr qu'après cette journée, il te reparlera comme si rien ne s'était passé.
Elle acquiesça, ses paroles avaient la fâcheuse tendance à dépasser sa pensée. Ayano avait conscience du fait qu'elle était la fautive de l'histoire, elle avait ressassé leur conversation assez souvent dans sa tête pour savoir qu'il avait juste voulu se montrer amical avec elle. Il fallait qu'elle trouve un moyen d'arranger sa situation avec ses amies comme avec Iwaizumi.
Oikawa n'ajouta rien lui adressant un simple sourire, il se dirigea ensuite vers la partie de beach-volley improvisée. Ayano en profita pour venir s'installer aux côtés d'Okichi qui venait de délaisser son livre en voyant Isako venir vers elle.
— Salut.
Okichi répondit d'un petit sourire, tandis que les yeux marron d'Isako s'emplirent de larmes. Elle manqua de venir sauter dans les bras de son amie. La seule chose qui importait aux yeux de la jeune Matsukawa était le retour à la normale de son amitié.
— Isako, n'aurais-tu pas des choses à nous raconter avec le petit Kindaichi-kun ? questionna sournoisement Ayano.
Okichi soupira doucement, elle connaissait Ayano depuis longtemps maintenant, elle ne fut guère étonnée de ne pas entendre d'excuses de sa bouche. Inconsciemment, la capitaine de l'équipe de natation savait qu'Isako n'en attendait pas, et Okichi espérait que ce retour à la normale lui ouvre les yeux. Il était important qu'Ayano comprenne l'impact de ses mots et qu'elle apprenne à contrôler ses excès de fierté.
L'après-midi se dessina sous ce renouveau, les trois amies discutaient durant une bonne partie avant qu'un ballon ne manque de les agresser, les motivant alors à faire une partie contre les garçons.
Malgré le retour de l'ambiance amicale entre eux, malgré les rires et les sourires, certaines paroles restaient gravées dans les cœurs et menaçaient toujours les amitiés tissées depuis ce début de l'année scolaire.
⸻⸻ 𓆩*𓆪 ⸻⸻
⸻⸻ 𓆩*𓆪 ⸻⸻
⸻NDA 🌷Et voilà enfin la suite... J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Le chapitre 9 ne devrait en revanche pas tant tarder. J'ai eu beaucoup de mal à finir ce chapitre, à cause du dialogue avec Oikawa alalal il m'a pris la tête celui-là ! N'hésitez à faire des retours ehehe !
On se retrouve bientôt ici, mais aussi sur Chère Musique, Merci !
xoxo, votre Bokuto kinnie préférée <3
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro