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Un retour à Daret


Ils parlèrent longuement en chevauchant vers le sud pour retourner à Daret, Léna et Annaria racontèrent tout à Gradguer, en commençant par les évènements récents et concernant Daret. Gradguer écoutaient plus qu'il ne parlait, il réagissait parfois lorsqu'il ne comprenait pas ou lorsqu'il voulait des précisions. Il fut très inquiet lorsqu'on lui apprit les visions de Léna et la découverte de sa contamination par le chaos durant son enfance. Il fut très admiratif face aux épreuves affrontées et très intrigué par les problèmes de stabilité à Daret. Il manifesta son plaisir à les revoir, il écouta avidement Léna raconter sa jeunesse et ces six années passées, il fut heureux de savoir qu'elle et Annaria n'avait manqué de rien grâce aux talents de barde d'Annaria. Elles parlaient sans discontinuer, des moulins à paroles qu'il absorbait avec un plaisir sincère. Il souhaitait vraiment savoir ce qui c'était passé depuis sa mort à défaut de pouvoir rattraper le temps perdu. Il fut également très reconnaissant à Varin de les avoir protégés tout ce temps, et le lui dit avec force de remercîments.

Le soir, quand ils campaient, les discussions continuaient longuement sous les étoiles, il aidait ensuite Léna à s'occuper d'Etincelle. Il se couchait ensuite près d'Annaria qui le serrait contre elle comme pour éviter qu'il disparaisse à nouveau. Le matin il s'isolait et se calmait. En effet tous les matins il était réveillé par une crise de panique croyant revivre sa mort. Il souhaitait donc prendre du recul avant de revenir vers le groupe. Il en profitait aussi pour s'entrainer mais il constatât bien vite que sa mort avait émoussé ses sens, il était lent, pataud et surtout très faible et peu sur de lu. Il évitait certains enchainement de peur de se blesser et d'autres le laissait maintenant hors d'haleine. Pourtant il ne disait rien.

Un soir alors qu'ils étaient en route depuis quelques jours Varin vint le trouver alors qu'il allait rejoindre Anna.

— Mon garçon, ça t'ennuierai de venir un instant ?

Il soupira, il se doutait de ce qui allait se passer et préférait en effet que seules les étoiles soient témoin de leur discussion. Il sourit aussi en remarquant que malgré tout ce qui s'était passé il l'appelait toujours « mon garçon ».

Ils s'écartèrent un peu du campement et alors seulement Varin tourna son visage inquiet vers lui.

— Grad, je t'ai vu t'entrainer, tu es sûr que ça va ? Il se gratta la nuque. Enfin je me doute que revenir d'entre les morts doit être particulier. Mais tu sembles faibles et plus distant encore qu'avant.

Il soupira.

— Je crois que ma... que ma mort m'a privé de mes pouvoirs d'anciens veilleur. Mes sens ne sont plus aussi puissants qu'avant et je me fatigue très vite. Je ne me sens plus capable de protéger Léna et Annaria.

— Eh ! Ne dit pas de telles conneries. Tu viens de revenir, je suppose qu'il te faudra un temps pour te réhabituer à la vie. Et même sans pouvoir tu restes un grand combattant, c'est dans la tête plus que dans les muscles que ça se joue mon jeune élève.

Les deux hommes rirent. Gradguer était reconnaissant envers lui, même s'il n'était pas encore convaincu.

— Merci Varin... C'est que... Après toutes ces années je me demande si on a encore besoin de moi. Il soupira longuement.

— Va voir celle qui t'aime et tu verras que tu n'es pas revenu pour rien.

Il haussa les épaules, moroses, et s'en retourna voir Annaria. Il s'assit à côté d'elle. Sentant sa tristesse et que quelque chose n'allait pas, elle se redressa.

— Je ne sais même pas pourquoi je suis encore là. Je ne devrais pas être ici. J'ai le sentiment de ne plus être à ma place.

— Ne dit pas ça !

Elle l'observait d'un regard sévère et elle posa doucement une main sur son bras, mais il détourna le regard, incapable de soutenir le sien.

— Tu es celui que j'aime !

— Tu sais, tout ce que je fais depuis que je suis revenu, c'est d'essayer de me convaincre que je suis encore utile. Mais... je ne suis plus le même. Chaque pas que je fais me semble plus fragile. Chaque souffle, chaque geste... Je ne sais même pas si je peux encore protéger Léna. Ou toi.

Sa voix se brisa légèrement, un aveu rare venant de cet homme d'ordinaire si stoïque.

— Gradguer... Tu es ici. Avec nous. Avec moi.

Il secoua la tête, un rire amer lui échappant.

— Je suis vivant, oui, mais pour combien de temps ? Je ne suis qu'un souvenir, Annaria. Peut-être que... peut-être que je ferais mieux de m'éloigner. De ne pas vous imposer ma faiblesse.

Une nouvelle fois elle se redressa légèrement, sa main trouvant son visage, l'obligeant doucement à la regarder. Puis son visage se crispa et elle le réprimanda sévèrement.

— Ne dis pas ça, Gradguer. Tu n'es pas faible. Tu n'as jamais été faible.

— Je dois t'avouer quelque chose... Que la déesse m'a dit avant que je parte vous rejoindre. Dans un mois si le démon n'est pas mort je mourrais à nouveau, je ne suis pas complet et ne le serait que si ce démon meurt.

— Par Alandre ! Pourquoi ne pas l'avoir dit immédiatement !

Il eut un sourire triste.

— Car je veux que Léna soit en sécurité, et qu'elle revienne à Dart. Je partirais dès qu'elle sera sur le trône. S'il te plait ne lui dit rien.

— Mais...

Il la regarda enfin, ses yeux sombres brillants d'une douleur contenue.

— Et si je ne suis plus cet homme que tu aimais ? Cet homme que Léna admirait ? Si je ne suis qu'un poids, un vestige d'un passé qui devrait rester derrière vous ?

Annaria secoua la tête, son regard se durcissant légèrement.

— Tu es cet homme, Gradguer. Et même si tu as changé, ça ne fait pas de toi quelqu'un de moins important. Tu n'es pas défini par ce que tu étais ou par ce que tu as perdu. Tu es ici, avec nous. Et nous avons besoin de toi. J'ai besoin de toi. Je t'aime ! Tu es tout ce dont j'ai besoin, Grad. Pas un héros, pas un guerrier invincible. Juste toi.

Leurs regards se croisèrent, et dans ce moment suspendu, Gradguer sentit une chaleur douce, presque oubliée, le traverser. Une chaleur qu'il n'avait pas ressentie depuis ce qui lui semblait une éternité.

Annaria, toujours proche, murmura presque :

— Tu es vivant, Grad. Laisse-moi te le rappeler.

Leurs lèvres se trouvèrent dans un baiser empreint de passion et de douceur, un mélange de soulagement et de besoin. Les doutes, les peurs, tout sembla s'effacer dans cet instant où ils se redécouvraient.

La nuit avançait, enveloppant le campement dans une sérénité fragile. À l'écart du feu qui mourait lentement, Gradguer et Annaria se retrouvèrent dans une intimité que seul le silence de la forêt pouvait accompagner. Leurs corps, marqués par le poids des batailles et des pertes, se rejoignirent et se retrouvèrent enfin avec une tendresse ardente, comme pour combler le vide laissé par les années et les douleurs. Leurs murmures se perdirent dans l'obscurité, et le monde sembla s'éclipser autour d'eux. Ce fut une nuit où, malgré les ombres du passé et les incertitudes de l'avenir, deux âmes brisées trouvèrent une étincelle de lumière l'une dans l'autre...


Le lendemain Gradguer s'investit au maximum pour passer du temps avec Léna. Il alla même voler avec elle et Etincelle.

Gradguer était toujours faible et ses doutes n'avaient absolument pas disparus. Mais il était motivé à faire en sorte de profiter au maximum et d'être présent. Lorsque le soir tombait il organisait des duels d'entrainement avec Varin, qui arrivait à le vaincre au début mais au fur et à mesure de ses entrainements il parvenait à retrouver ses réflexes. Même si ses pouvoirs de veilleurs n'étaient pas revenus. La barde les observait parfois, pour motiver et soutenir Gradguer.

Ils s'en voulaient de ne pas tenir Léna au courant de cela, encore une fois cela ressemblait à un mensonge, mais Gradguer ne voulait pas qu'elle soit dérouté de son objectif ou inquiète. Pour lui cela passait avant le reste.

Ainsi passa une semaine supplémentaire. Les jours s'étiraient alors qu'ils avançaient à travers les terres changeantes, les rapprochant un peu plus de leur destination.

Ils traversèrent des champs ondoyants où les herbes hautes dansaient au gré du vent, leurs teintes dorées éclairées par un soleil capricieux qui jouait à cache-cache avec les nuages. Les oiseaux chantaient encore par moments, mais leur mélodie était distante, comme un écho d'un monde qui leur échappait peu à peu. Au fur et à mesure qu'ils progressaient, les forêts se firent plus denses, et les arbres noueux, tendaient leurs branches. L'ombre des feuillages leur offrait un répit bienvenu contre le soleil. La traversée de la rivière du Pontif marqua une étape importante en les faisant rentrer dans les terres de Daret.

Léna devint silencieuse en traversant le pont, le regard fixé sur le courant rapide, comme si elle cherchait à y perdre ses propres tourments. La jeune femme commença à devenir plus distante et silencieuse, elle craignait à nouveau de ne pas être à la hauteur.

— Si seulement je pouvais t'aider, murmura-t-il un soir, plus pour lui-même que pour elle, alors qu'ils montaient leur camp au pied des montagnes.

Les montagnes, majestueuses et austères, dressaient leurs cimes enneigées contre le ciel. Leurs flancs, abrupts et recouverts de roches grises, semblaient les toiser, indifférents à leurs doutes. Le vent sifflait entre les crêtes, apportant avec lui une fraîcheur mordante.

Léna, elle, marchait en silence, la tête légèrement baissée, ses cheveux s'échappant de sa capuche pour danser dans le vent. Par moments, elle s'arrêtait, posant sa main sur un rocher ou un tronc d'arbre comme pour reprendre son souffle. Mais ce n'était pas son corps qui ployait : c'était son esprit, luttant contre la peur qui grandissait.

Ils commencèrent à passer près de village qui étaient en réparation, l'armée Eredorienne était passé il y a quelques jours annonçant le retour prochain de leur souveraine Léna. Celle-ci hésita à se montrer auprès d'eux, ayant peur de les décevoir.

Gradguer, voyant sa démarche hésitante, accéléra légèrement pour venir à sa hauteur. Il posa une main lourde mais douce sur son épaule.

— Léna. Tu y arriveras.

Elle releva la tête, et dans ses yeux, il vit la fatigue mais aussi une lueur de défi.

— Et si je suis celle qui échoue ? Et si c'est moi qui vous condamne ?

Gradguer secoua la tête, ses doigts se crispant légèrement sur son épaule.

— Tu n'échoueras pas ma fille, je ne le dirais jamais assez mais je suis fière de ce que tu es devenu et de voir combien tu es forte.

— Je t'aime papa.

Il fut ému et serra sa fille contre lui. Et se fit une promesse.

Lorsque tout cela prendra fin ils vivront tous les trois. Il demandera Annaria en mariage comme il le voulait avant de mourir, et il déposerait définitivement les armes. Il ne verserait plus le sang quitte à se faire paysans. Il n'aspirait plus qu'à la paix et à vivre avec son amour et sa fille.


Deux jours plus tard ils atteignirent les murs de Daret. Les grands murs de la ville étaient entourés par les tentes du camp de l'armée d'Eredor. Au sommet de ces dits murs claquaient les drapeaux impériaux et patrouillaient les soldats de l'Empire et de l'Isarian.

Leur groupe avait été repéré par les éclaireurs de l'armée Eredorienne. Les hommes en voyant Léna et ses compagnons la menèrent immédiatement à la tente du roi. Encore une fois ils se firent très insistants et ils durent obéir, presque forcé d'agir ainsi.

En avançant dans les allées boueuses du camp Léna croisant plusieurs fois des soldats de la garde de Daret qui avait réussi à sortir de la ville et s'étaient portés volontaire pour participer à la reconquête de leur citée. Ils furent tous très heureux de retrouver leur souveraine et les acclamations l'accompagnèrent jusqu'à la tente royale. Son arrivée ne passa donc pas inaperçue et bientôt aussi bien hors que dans les murs de Daret on sût que « Léna, princesse et souveraine légitime et protectrice du royaume » était revenu.

Les gardes ordonnèrent aux compagnons de Léna de rester au dehors de la tente royale, que Léna devrait y rentrer seule.

Le roi Bohorte et ses principaux officiers étaient réunis. Etaient présent également plusieurs chevaliers, Hook et son frère Henrik et un homme dont l'accent indiquait des origines étrangères. Le condottiere était le chef d'un groupe de mercenaire spécialisé dans l'assaut des murs.

Ils étaient en pleine réunions mais tous présentèrent leurs hommages à la souveraine. Bohorte s'avança.

— Léna, souveraine de Daret mon cœur se réjouit de votre arrivée.

Elle se courba en rougissant. Au milieu de tous ces hommes ayant milles fois prouvés leurs talents elle se sentait insignifiante, et sans doute l'était-elle.

— Nous avons tardé quelques temps sire, mes sincères excuses...

Il leva la main pour l'interrompre.

— Ne vous inquiétez pas, vous êtes jeunes après tout... Il laissa ses mots raisonner quelques temps avant de continuer. Nous sommes arrivés il y a deux jours et avons préparé notre assaut, le plan est établie mais puisque vous êtes là nous vous l'exposerons par respect, mais sachez qu'il ne changera pas.

Le roi d'Eredor n'était pas irrespectueux, il parlait avec justesse, pour autant l'entendre répéter qu'elle était jeune et que son avis n'était pas nécessaire la blessa. Elle voulut réagir mais n'osa pas. Temps qu'elle récupérait le trône et que la population de la cité était épargnée cela l'accommodait.

— Commandant Liram veuillez exposer le plan.

— Avec plaisir majesté.

Il étala une carte grossière de la ville et de ses abords et sortit plusieurs dizaine de petites figurines symbolisant les différents régiments.

Il expliqua que ni l'Empire ni l'Isarian n'avait envoyé d'autres troupes, et que les soldats qui occupaient la ville étaient donc peu nombreux. Par conséquent la bataille ne commencerait pas un bombardement. Les troupes s'avancèrent directement vers la porte sud et ouest pour mener une attaque en simultanée sur ses deux points. Le condottiere et ses troupes venant du sud de l'ancien continent grimperaient sur les mus à l'aide de grappins, ils seraient les premiers à rentrer dans la ville en nettoyant les murs. En échange l'équipement des cadavres leur serait cédé. Les portes seront ouvertes par la force des béliers ou par les mercenaires s'ils parvenaient à occuper les murs suffisamment vite. Une fois dans la ville les troupes régulières avanceront précédées par la cavalerie pour se rendre directement au château. Les défenseurs se cachant dans les rues ne seront pas combattu, cela serait trop long et une fois les émissaires et les conseillers renégats capturés dans le château les défenseurs finiront de toute façon par se rendre.

Une fois que les détails furent expliqués à Léna et qu'elle donna son accord de principe pour ce plan les officiers présents se mirent d'accord sur le nombre de divisions qui attaqueront à tel ou tel endroit et qui les dirigeraient. Léna se sentant de plus en plus seule et abattu elle quitta la tente pour rejoindre ses compagnons. Ceux-ci furent purement et simplement ignorés jusqu'au soir ou finalement Hook les rejoignit en bordure du camp accompagnée par une jeune femme.

— Souveraine Léna ! Je suis ravi de vous revoir.

L'émissaire et la princesse se serrèrent la main.

— Meri Hook, ça ne semblait pas être le cas de tout le monde.

L'homme perdit son sourire et retrouva un visage impassible. Sa voix elle aussi se fit plus froide et protocolaire.

— Navré votre altesse mais nous étions en train de préparer l'assaut, et mon roi souhaite en finir au plus vite, celui-ci a été donc préparé sans votre recours puisque nous étions sur les lieux depuis quelques jours. Notre volonté n'est pas de subtiliser votre trône, simplement s'assurer que le siège se passe au mieux.

Léna se sentit stupide d'avoir répondu ainsi. Elle n'avait pas envie d'épiloguer et se contenta donc d'acquiescer. Un silence pesant s'installa pendant quelques secondes avant que Hook ne se déride et se tourne vers la femme qui l'accompagnait.

— Hum, avant de vous laisser je voulais vous dire que j'ai réussi à faire sortir Emerie, fille de l'ancien régent, de la cité.

La jeune femme s'avança et se découvrit, c'était bien elle est Léna l'accueillit avec joie.

Hook tourna donc les talons et les laissa entre eux.

Léna remercia Emerie pour les soins qu'elle avait apportés à Etincelle. La dragonne elle-même la laissa la caresser et ronronna. Léna, heureuse de retrouver une personne de son âge et de voir que celle avec qui elle avait commencé à devenir amie avait survécu et était en sécurité. Elle passa la nuit à la présenter à ses compagnons et le camp fut une nouvelle fois animé par les discussions et les chants d'Annaria...

Lorsque la nuit tomba et que le sommeil la prit dans ses bras elle eut une vision qu'elle avait déjà eu autrefois. Elle il prenait tout son sens aujourd'hui.

Le tumulte de la bataille s'était apaisé, laissant place à un silence pesant, seulement rompu par le battement de la pluie contre les armures brisées et les soupirs étouffés des mourants. Le champ de bataille était jonché de corps, témoins muets de la tragédie qui s'était déroulée sous le ciel sombre et menaçant.

Parmi les débris de guerre, un soldat gisait non loin, ses forces le quittant lentement alors qu'il était enveloppé par les eaux glacées du déluge. Le soldat mourant sentait la vie s'échapper de lui, chaque respiration devenant un combat contre la mort qui le guettait avec patience. Alors que ses forces faiblissaient, les souvenirs de sa vie passée se déployaient devant lui, comme des parchemins déroulés par le vent de l'oubli.

Il revit son enfance dans un petit village reculé non loin de Daret, les rires joyeux avec ses frères et sœurs, les jours ensoleillés passés à courir dans les champs verdoyants. Puis vinrent les années de jeunesse, marquées par l'appel des armes et le devoir envers son seigneur. Il se souvint des batailles, des cris de guerre et des bruits assourdissants des armes s'entrechoquant. Il se souvint des camarades tombés au combat, de leurs visages figés dans l'agonie, de leurs noms gravés dans sa mémoire comme des épitaphes sur une tombe de pierre. Mais parmi tous les souvenirs, il y avait un éclat de lumière, un fragment de bonheur dans l'obscurité de la guerre.

Alors qu'il se laissait emporter par ses souvenirs, une ombre s'avança furtivement dans la nuit, un soldat ennemi portant une tunique rouge, porteur de mort et de vengeance. Son regard était froid et implacable, dénué de toute pitié pour l'ennemi mourant à ses pieds.

Le soldat mourant le fixa un instant, ses yeux emplis de résignation et de tristesse, mais aussi de courage et de dignité. Il savait que sa mort serait juste une note de bas de page dans l'histoire sanglante de la guerre, mais il mourrait en homme, avec honneur et fierté, prêt à affronter son destin avec la tête haute. Et il mourait chez lui, à Daret.

Et alors que la lame s'abattait, emportant avec elle les dernières lueurs de sa vie, il ferma les yeux, acceptant son sort avec une sérénité troublante.

Elle comprit que ce qu'elle avait eu il y a 6 ans comme rêve était une prémonition, qui se réalisait aujourd'hui. Elle se promit à l'avenir de d'avantage essayer de comprendre ses visions. Cela lui servirait de leçon...



Le lendemain l'armée Eredorienne passa à l'assaut et la bataille commença. Bataille à laquelle Léna ne put qu'assister.

On ne lui laissa pas participer au siège, en effet, il lui fut interdit de monter à l'assaut des remparts avec les troupes armées de l'Eredor. De même lorsque les remparts furent pris, il lui fut également interdit de rentrer dans la ville avec les troupes, et encore une fois il fut également interdit à sa dragonne de voler au-dessus de la ville et d'aider les attaquants à la prendre.

Les officiers de l'Eredor en charge de l'attaque avaient évidemment bien mûrement réfléchi la question, et ce choix n'était pas tant dicté par le fait qu'il souhaitait que Léna soit épargnés, il s'agissait d'une raison plus prosaïque.

Il voulait faire de ce siège une victoire retentissante pour l'Eredor. Ce n'est pas parce que celui-ci intervenait à Daret pour l'honneur de respecter une promesse ancienne qu'il ne devait en tirer aucun bénéfice. Lorsque le siège serait fini, que la ville serait prise, la nouvelle se répandrait sur tout l'ancien continent.

L'Eredor avait vaincu l'Empire et l'Isarian, les informateurs oublieraient évidemment de mentionner que l'Eredor avait fait face à deux armées très faibles en nombre et que lui avait mobilisé une grande partie de ses ressources militaires. Il s'oublierait également de dire que pas une seule goutte de sang avait été versée sur le territoire souverain d'un de ses trois royaumes engagés. Et pourtant, on dirait tout le même, l'Eredor seul a fait face et a vaincu l'Isarian et l'Empire, ses deux opposants.

Le prestige de cette victoire aurait auréolé de gloire et de puissance le fier royaume des hommes de l'Eredor.

Lorsque le siège fut fini et que Léna fut enfin autorisée à rentrer dans la ville, la population qui avait été épargnée par les libérateurs se pressait autour d'elle pour l'acclamer, la remerciant d'être revenu, elle reçut des fleurs, des acclamations et des applaudissements. Mal à l'aise mais aussi très heureuse de voir qu'elle n'avait pas été oublié elle remercia l'Eredor pour son aide et les habitants de la ville pour leur vaillance et leur loyauté à la cité. Tous espéraient qu'avec sa venue, Daret serait enfin libérée de ce poids qui la tenait depuis longtemps maintenant, qu'enfin la vie retrouverait sa stabilité et que ses habitants retrouveraient la paix.

Très rapidement Léna insista auprès des dignitaires et du roi pour que tous, soldats, roi et habitants se réunissent sur la grande place de la ville.

Léna monta sur l'estrade érigée au centre de la grande place de Daret. La ville, meurtrie mais debout, s'étendait autour d'elle. Les habitants s'étaient rassemblés par centaines pour écouter leur dirigeante, celle qui pour eux les avaient libérés et promis de les sortir du chaos.

Face à elle, les soldats de l'Eredor se tenaient alignés, leurs armures d'un acier argentés polis étincelant sous le soleil. Ils représentaient l'espoir et la force qui avaient permis à Daret de repousser l'ennemi et de se libérer du joug des dissidents. Parmi eux, Bohorte, roi de l'Eredor, se tenait légèrement en avant, imposant par sa stature et son regard perçant.

Léna inspira profondément, jetant un regard circulaire sur la foule avant de prendre la parole d'une voix aussi claire que possible. Heureusement elle était encouragée par les siens. Gradguer la regardait avec une joie tinté de tristesse. Varin lui l'encourageait en retenant Annaria qui était si heureuse qu'elle voulait accompagner le discours de sa fille d'une chanson.

— Peuple de Daret, soldats de l'Eredor, et vous tous qui vous êtes battus pour la liberté de cette ville, aujourd'hui. Nous nous tenons ici non pas simplement comme des survivants, mais comme des vainqueurs. Vous avez montré un courage et une détermination que peu peuvent égaler. Et pour cela, je vous en suis éternellement reconnaissante.

Un murmure parcourut la foule, des applaudissements timidement contenus, comme si chacun était suspendu à ses mots. Léna poursuivit, sa voix s'assurant légèrement.

— Aux soldats de l'Eredor, je veux dire ceci : vous êtes venus, non par obligation, mais par loyauté et par honneur. Vous avez combattu non seulement pour la gloire de votre royaume, mais pour sauver une ville et son peuple. Vos sacrifices, vos vies risquées sur ce sol, ne seront jamais oubliés. Roi Bohorte, vous avez non seulement envoyé vos hommes, mais aussi votre confiance. Pour cela, Daret vous est redevable. Et ce pour toujours.

Elle fit une pause, inclinant légèrement la tête vers Bohorte, qui répondit d'un signe de tête grave. Puis, elle se tourna vers les habitants de Daret, sa voix prenant une teinte plus solennelle.

— À vous, peuple de Daret. Vous avez enduré bien plus que quiconque n'aurait dû supporter. La corruption et la trahison ont rongé notre conseil. Les dissidents comme Eridan, par leur ambition et leur mépris, ont presque détruit cette cité. Mais aujourd'hui, je vous promets que cela ne se reproduira plus.

Un frisson parcourut l'assemblée, mêlé d'espoir et d'appréhension. Léna leva la main pour calmer le silence qui s'était installé, sa voix se faisant plus forte. Elle se tourna vers l'homme qu'elle avait cité, Eridan, et les autres conseillers et émissaires qui avaient trahit la cité.

— Je serais magnanime, le sang ayant suffisamment coulé aujourd'hui. À partir de ce jour, les conseillers dissidents, tels qu'Eridan, seront bannis à jamais des terres de Daret. Quiconque, parmi eux, osera remettre le pied sur ce territoire sera immédiatement exécuté. Les émissaires étrangers comme Valnar et Lysan ayant soutenu cette trahison seront renvoyés dans leurs royaumes respectifs. Nous n'accueillerons plus la corruption dans nos murs.

Un murmure d'approbation monta de la foule, entrecoupé de cris d'assentiment. Léna, imperturbable, continua.

— Quant à moi, je vous promets ceci : je régnerai avec justice, avec noblesse et ce malgré ma jeunesse. Je ferai tout en mon pouvoir pour faire prospérer cette ville et réparer les blessures qu'elle a subies. Ensemble, nous mettrons fin aux troubles. Ensemble, nous bâtirons une Daret digne de notre héritage.

Ses paroles furent accueillies par un tonnerre d'applaudissements et de cris enthousiastes. Mais elle n'avait pas terminé. Elle se tourna à nouveau vers les soldats de l'Eredor, ses yeux rencontrant ceux de Bohorte.

— Eredor et Daret ne seront plus jamais séparés. Aujourd'hui, je proclame encore une fois notre amitié éternelle. Que le sang que nous avons versé ensemble soit le ciment d'une alliance durable. Roi Bohorte, sachez que tant que je vivrai, vous et votre peuple aurez toujours une place ici, parmi nous.

Bohorte, inclina la tête une nouvelle fois, une lueur de respect brillant dans ses yeux. La foule éclata en ovations, scandant le nom de Léna et celui des soldats de l'Eredor.

Plus tard, un banquet fut organisé dans la grande salle de Daret, transformée pour l'occasion en un lieu de fête. Des tables massives en bois étaient chargées de plats simples mais abondants : des rôtis dorés, des légumes fraîchement cueillis, et des carafes de vin qui passaient de main en main. Les soldats, les habitants et les quelques conseillers restants célébraient ensemble, leurs rires et chants résonnant sous les voûtes de pierre.

Léna, rayonnante malgré la fatigue visible sur son visage et sa déception sur le fait de n'avoir pas participé aux combats, se tenait à la table d'honneur aux côtés de Bohorte. Elle écoutait avec attention les récits des batailles racontés par les soldats, ses yeux pétillant d'admiration et de gratitude mais aussi de regret, elle ne se sentait toujours pas légitime, quand bien même elle était de nouveau assise sur le trône.

Annaria chantait avec quelques hommes qui savaient eux aussi faire de la musique ou chanter. Varin lui était fixé sur quelque chose d'autres...

Mais au milieu de cette ambiance chaleureuse, une silhouette quitta discrètement la salle. Gradguer, vêtu d'une tenue plus sobre que son armure habituelle, glissa dans l'ombre d'une des colonnes massives avant de disparaître dans la nuit.

Il avait une mission à accomplir, un démon à traquer. Et tandis que les chants s'élevaient dans la grande salle, lui s'enfonçait dans l'obscurité, son cœur lourd mais sa résolution ferme.





J'espère que ça plait toujours :D

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