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Soleil de Roses

Emma me dépose devant la porte de Léna et je pénètre dans un univers de silence inhabituel. Pour moi qui ai vécu des années dans ma solitude, sans aucun bruit étranger, ce silence pèse curieusement.

Je n'ose pas allumer la lampe et avance à tâtons dans l'appartement. Je ne le connais pas encore très bien et l'obscurité lui donne une apparence effrayante. Mes pas se font légers, cherchant à ne pas troubler la quiétude du lieu, et mon regard parcourt le vide à la recherche d'un point d'accroche.

Après avoir buté dans au moins cinq meubles, je trouve enfin le lit que Léna m'a installé dans son bureau-bibliothèque. Je me laisse tomber assise et l'air s'échappe du matelas dans un petit chuintement. Je pose mes pieds au sol pour contrôler mes tremblements et attrape un oreiller à tâtons pour le coller contre moi.

J'oblige ma respiration à ralentir et mon cœur à se calmer. Petit à petit, des douleurs récurrentes font leur apparition : jambes lourdes, doigts gonflés... Je sers un peu plus l'oreiller contre mon cœur et sonde le sombre vide face à moi.

— Où es-tu Victor ?

La sensation d'avoir brisé un silence religieux par ces simples mots me fait frissonner. Pour autant, je ne me glisse pas sous les draps et continue à imaginer l'univers au bout de mes doigts. Je ne distingue rien, mon esprit fait tout.

— J'espère que tu ne m'en veux pas d'avoir raconté notre histoire à Emma. Elle était d'une oreille si attentive ce soir... J'avais besoin de parler, tu comprends ? Toi, tu pouvais parler à tes pinceaux. Moi, je n'ai jamais trouvé une passion telle que la tienne. Ça me désole parfois. Je me demande comment j'ai fait pour survivre si longtemps sans exutoire. Mais, voir le monde à travers ta peinture... Je crois que quelque part ça le rendait plus beau. Ça me donnait envie de le voir pour de vrai, d'y chercher toutes ces nuances et ces grains de poussière glissés sous la gouache.

Je laisse mes larmes rouler sur mes joues, doucement.

— Tu vois comme je pleure, Victor ? C'est ta faute tout ça. Tu as pris mon cœur avec toi, comment veux-tu que l'amour retienne mes larmes à présent ? Je ne suis plus qu'un chiffon rongé par les mites. Une âme rongée par le chagrin. J'ai tant pleuré toutes ces années, comment puis-je encore avoir des larmes aujourd'hui ?

Un nouveau frisson me prend. Cette fois, je m'autorise à me glisser sous la couette. Elle est froide, elle aussi. Un deuxième coussin retient ma tête, mais le premier, trempé de larmes, étouffe entre mes bras. Je le sers plus fort à chaque phrase que je prononce.

— Tu me manques tant... Je n'avais jamais imaginé finir ma vie sans toi. Ce n'était même pas une possibilité et elle est devenue réalité. Je songe parfois que le monde m'en veut. Que l'Univers tout entier avait à me blâmer pour t'arracher à mes bras. Qu'ai-je fait ? Karma, hasard, destin... Que croire, Victor ? Les étoiles brillent chaque soir plus fort sans que tu ne sois à côté de moi pour les observer. J'aimerais tant saisir ta main dans la mienne à nouveau et courir dans les prairies humides. Crois-tu que quelqu'un a joué aux points à relier en t'oubliant dans ma constellation ? Ou bien est-ce moi qu'on a oublié dans la tienne ?

Je ferme les yeux. Ils me brûlent. Chaque larme est une nouvelle rivière de lave sur mes joues creusées. Je songe à la lune à présent, a-t-elle aussi des rivières de larmes qui la parcourt ? Peut-être sa face visible n'est-elle qu'un masque pour cacher son véritable malheur. Je souhaiterais tant l'embrasser elle aussi à présent.

— Victor ?

Son nom n'est plus qu'un murmure. Mes forces me quittent, le sommeil prend leurs places.

— Embrasse-moi encore, tu veux ? Rêve avec moi, sèche mes larmes, change-les en tâches de peinture. Rouge, si tu le souhaites. Il ne faudra pas y voir un meurtre, mais un amour. Tu sais faire ça toi, non ? Dis bonjour à Grégoire de ma part. J'espère que vous êtes tous les deux là-haut... Attendez-moi ! Encore un peu de temps, j'arrive... Vous me manquez tellement. J'espère que vous patientez toujours, j'espère, j'espère. Ne m'oublie pas, Victor. Prends soin de mon frère. C'est le tien aussi à présent. Il l'a toujours été. Gardez-moi une part de bonheur, d'accord ? Je vous rejoins vite mes amours... Mais pour ce soir, ne voulez-vous pas me rejoindre dans mes rêves ? Vous y êtes si souvent... Restez encore. S'il-vous plaît...

Je suis prise de sanglots inépuisables. Faites qu'ils m'entendent, je vous en prie. Je ne me pardonnerai pas de les abandonner à nouveau.

Au bout de quelques minutes, mes pleurs se tarissent. Je desserre mon étreinte et libère le malheureux oreiller. Cette fois, la nuit m'embrasse et me laisse dormir...

Le vent souffle dans les brins d'herbe. Grégoire court au milieu de la plaine, comme toujours. Le froid du matin ne m'empêche pas de sourire. Victor est là lui aussi, s'agrippant à ma paume comme si j'allais à nouveau m'envoler. Mais je ne partirai pas, je le lui ai promis. Aucune école ne vaut l'amour qu'il me porte. Aucun cours ne m'apprendra à vivre et à aimer la vie comme il le fait. Aucun prof ne sera jamais à la hauteur de sa bonté et de son intelligence. Victor est un artiste. Un peintre de l'âme, un photographe de la beauté, un écrivain de la vie, un acteur du monde, un journaliste du temps. Victor est tout, il est l'unique Univers pour lequel je veux exister.

Il tourne la tête vers moi, son sourire fait bondir mon cœur. Il me tire par le bras, me force à m'asseoir au pied de l'arbre. Notre arbre. Je passe mon doigt sur son écorce, sur nos noms. V + M. La Vie et la Mort. Le mensonge aussi, mais Victor préférait dire « Le meilleur. Le meilleur qui me soit arrivé dans la vie ». S'il savait... S'il savait seulement à quel point je lui ai menti tout ce temps. À lui dire que je l'aimais. Aucun mot ne sera jamais assez fort pour décrire ce que je ressentais pour lui. Aucun, jamais. L'amour n'est rien, ce n'est qu'un mot que tant de personnes usent, alors que le sentiment, le lien véritable entre nous, ne porte aucun nom. Et j'espère qu'il n'en aura jamais, ce serait briser toute sa magie.

Il prend place à côté de moi, je pose ma tête sur son épaule. Je rêverai de l'embrasser à cet instant. Il doit sentir mon désir, puisqu'il dépose un baiser sur mon front avant de serrer mon corps dans ses bras.

— Tu vois, Monique. C'est ce que j'aime chez toi. Tu as l'air d'avoir un cœur de glace, tu t'entêtes à repousser tout le monde, mais au fond ce n'est qu'une apparence. Un jeu de lumière. Comme la lune. Tu ne montres que ce tu veux que la Terre voie. Le reste, tu le montres à l'univers et tu le laisses te sourire.

Il lève son regard vers le ciel qui se teinte de nuit tout à coup. Romain et Roxane arrivent au loin. Deux « ro », comme deux roses. En hommage aux deux fleurs que Victor m'avait offertes lors de notre première rencontre. Il y a tellement longtemps... Sa mère avait été bien fâchée de voir ses fleurs disparaitre entre mes petites mains, mais Victor s'en fichait bien.

Vingt-ans plus tard, j'achetais deux uniques roses pour mon bouquet de mariage. Et deux années après, Romain venait au monde. J'avais vingt-huit ans, mais tout reste en moi comme des sentiments intemporels.

Le visage de Victor a vieilli. Il me montre nos deux enfants, déjà bien grands eux-aussi.

— J'ai été ton univers pendant de belles et longues années, Monique. Seulement, désormais, tu dois changer d'univers. Tu comprends ? Tu ne dois pas m'oublier, je sais que tu ne le voudrais pas. Tu dois juste entrer dans un nouveau système solaire. Tu as de la chance, ton soleil est double. N'oublie pas, Monique. Tu as deux soleils de roses entre les mains, ne les étouffe pas. Apprends-leur à briller loin de toi, loin de moi. Fait le pour moi, mon amour. Je n'ai pas eu le temps de le faire...

Il attrape mon visage entre ses mains et ferme mes paupières.

— Ne pleure pas, ma luciole. Ta lumière ne
s'éteindra jamais.

Et ses lèvres se posent sur les miennes.

Je tente de graver cet instant en moi, je n'y aurais peut-être plus jamais droit.

Lorsque je rouvre les yeux, Victor n'est plus là. Il est parti. Mais au loin, deux silhouettes me font signe. Deux roses solitaires, lancées dans le vide sans être sûres que leur bouquet soit rattrapé.

Alors je me lève et j'avance. Grégoire aussi est parti. Je ne l'ai même pas vu. Il s'est échappé aussi soudainement que la nuit apparait en hiver. Je marche jusqu'à donner forme humaine à mes deux petites fleurs, puis j'attrape leurs mains. J'ai deux roses à replanter et deux soleils autour desquels tourner désormais.

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Bonjour les lucioles 🌟

J'espère que vous avez passé un bon Noël 🥰
Qu'avez-vous reçu ? J'espère que vous n'êtes pas déçu.e.s !

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