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Fleuve Épineux

Léna est partie assez précipitamment hier soir, j'espère que tout s'est bien passé avec les enfants... J'aurais néanmoins bien aimé lui parler un peu, elle a une capacité d'écoute tout à fait hors du commun et je suis sûre qu'elle aurait fait une très bonne psychologue. C'est étrange cette connexion qu'ont parfois les âmes entre elles, qui permet aux personnes les plus introverties de s'ouvrir si facilement que la vie leur paraitra avoir été toujours aussi simple, et pour qui les échanges ne seront plus un fardeau mais deviendront presque leur passe-temps favori.

Lorsque la parole est enfermée depuis trop longtemps, même le plus explosif des sentiments ne parvient pas à la libérer. Voilà une des phrases qui flotte dans mon esprit tel un léger nuage de pluie grisonnant sous un épais manteau de fraicheur. Le temps est souvent maussade dans mon imagination fragile et lorsque le soleil pointe, la peur l'accompagne avec son grand manteau noir, prête à me bâillonner si je prononce un mot de trop.

Ce matin, j'examine ma face pâle dans le miroir de la salle d'eau. J'ai enfin changé l'ampoule et la lumière est nette et claire. Mes yeux bleus semblent plutôt gris, comme un ciel ensoleillé qui aurait été remplacé par une tempête inébranlable. Mes cheveux noirs ondulent et tombent dans mon dos avant que je ne les remonte en un chignon strict. J'enfile un ample T-shirt sur mon corps frêle et habille mon visage d'un sourire faussement heureux tandis que j'attrape un pantalon souple déjà sali par la poussière de mon métier.

Dehors le temps ne change pas et les jours se ressemblent comme des gouttes de pluie tombant inlassablement sur le calendrier de ma vie. Il m'est parfois difficile de comprendre comment le sol ne s'est pas encore retrouvé noyé et le paysage ravagé. La nature a ces drôles d'instants logiques pour elle seule, mais qui ne cessent de nous mener sur un chemin de réponses tant attendues.

C'est dans des questionnements et des réflexions vagues et ininterrompus que je poursuis ma journée, chaque mot en appelant une dizaine d'autres à le suivre. Il me semble que ceux-ci sont tels des larmes de sentiments, se mêlant en flots discontinus et désordonnés, se dispersant dans des bras de fleuves étrangers, s'arrêtant aux embouchures de l'imaginable et poursuivant leurs courses jusqu'à la conquête de l'esprit, du corps et du cœur.

Il m'est quelques fois arrivé de songer à me laisser entrainer par ce courant chaud qui chante nos louanges dispersées pour nous inviter à nous y noyer, mais la bouée de l'amour de l'autre ne m'a jamais laissée plonger. Pourtant c'est aussi elle qui m'a brûlée plus profondément que n'importe quelle flamme rouge, et m'a laissée pour morte au bord de cette rivière tempétueuse qui cherchait à m'emporter dans ses longs bras verdâtres et m'appelait de son regard océan. La voix des sirènes n'est souvent pas celle des monstres que l'on voit mais celle de ceux qu'on ne s'imagine point.

Je me lance dans mes ménages habituels de la journée et emploie toutes mes pensées à me concentrer sur le travail. Pourtant, et ça se saurait si l'esprit faisait toujours ce qu'on lui demande, elles ne cessent de revenir vers mon immeuble. La « fuite » de Léna paralyse ma tête. Courir après le silence fait souvent plus de bruit que chercher à combler le désir lui-même. Déjà enfant, je cherchais à combler des vides d'émotions en moi comme si chaque blessure profonde pouvait trouver un pansement éternel à travers les mots.

Pourtant, maints canyons rejettent le sable et n'attrapent que l'air. C'est ce que mon cœur semble faire avec mes sentiments, les refouler dans les plus profonds abymes existants et nier leur existence. Cœur de pierre, ou cœur de verre renvoyant le vide profond de mon âme au monde ? Je me suis toujours vue avec un air de philosophe inachevée. Plus jeune, je pouvais passer des heures devant la fenêtre, les yeux vides, juste à contempler la profondeur des pensées qui me tiraillaient. Puis me réveiller sans savoir ce que je venais d'explorer, oubliant toute la beauté illusoire de mon cœur.

Certains mots semblent faits pour rester dans l'esprit de celui qui les crées, d'autres sont faits pour être montrés au monde entier. Pour moi, les auteurs avaient toujours été ces gens qui savaient si bien manier les mots qu'ils parvenaient à leur offrir une consistance et à les faire naitre dans la conscience de leurs lecteurs. Je les ai souvent admirés. Du haut de leur couverture de couleur, ils semblent intouchables et dénués de peur, ils ont les mots. Pourtant ce sont eux qui ont réussis à exploiter leur sensibilité et leur folie étrangère pour s'ouvrir à un monde n'existant que dans les cœurs... « Les artistes ont souvent une santé mentale inquiétante et c'est ce qui fait tout leur art. »

Plus que les espaces blancs nuages chez mes clients, mon esprit aurait bien besoin d'un coup de balais. Avec un cerveau toujours en ébullition, j'avais été une enfant très énergique et tourmentée. Ma mère m'avait alors offert un carnet vert à la bordure dorée à mon onzième anniversaire en ajoutant :

— Ce sera ton carnet de philosophe. Tu pourras écrire ce que tu veux dedans, je sais à quel point tu aimes lire, laisse donc les mots s'attacher à toi.

Repenser à ce carnet me fissure le cœur. Je ne sais absolument pas où il se trouve, et tout lien avec ma mère a été rompu après mon mariage... Même les mots n'avaient pas su m'aider à garder un lien. L'emprise du jardinier était trop forte pour la fragile rose sans épines que je suis.

Pour chasser ces idées sombres de mon esprit, je me concentre sur la poussière volante de l'antre. C'est vraiment étrange tout ce que l'on peut trouver sous un canapé : des jouets, des céréales, des piles, des boutons, des stylos et même de vieilles évaluations aux notes plus ou moins mauvaises. Cela me fait sourire, quand je rentrai avec une mauvaise note, mon père m'adressait toujours cette phrase assez spéciale : « Perdre, c'est apprendre qu'on peut gagner ».

Mais père, qu'ai-je à gagner une fois que j'ai tout perdu ? Il aurait sans doute répondu que rien n'est perdu tant qu'il reste un souffle de vie, comme si le vent de l'existence pouvait porter les graines du bonheur jusqu'à mes pieds. Bien que je n'ose pas me l'avouer, il me manque. Ses paroles farfelues, son sourire bancale et ses mains de magicien auraient sans doute comblés mes enfants. Et les gâteaux aux parfums étranges de ma mère auraient pu leur offrir un avant-goût de ses tableaux aux couleurs insolites. Mes parents étaient des artistes, des artistes des sentiments, mais ils n'avaient pas su me protéger des miens...

Derrière la vitre, la lumière faiblit. Je jette un coup d'œil à l'horloge face à moi et m'aperçoit qu'il est déjà passé dix-huit heures. Je rassemble rapidement mes affaires et me précipite dehors avec une seule idée en tête : acheter un carnet. Je veux à nouveau pouvoir poser mes mots quand bon me semble et renouer avec la jeune fille que j'étais.

Je traverse la rue et pénètre dans le bureau de tabac le plus proche, essayent de me faire le plus discrète possible, je longe les rayonnages dans l'ombre et me dirige droit vers le fond de la boutique où j'ai repéré une couverture violacée. J'extirpe le livre de son rangement et caresse la surface d'une main. Lisse et d'un agréable violet foncé, elle est parsemée de bulles dorées comme si un poisson rêveur y vivait. Coup de cœur ! Je l'ouvre et découvre des pages à la texture souple où j'imagine parfaitement mon stylo glisser. Il n'y a pas de doute, c'est le bon.

Je paie et ressort avec une joie que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. En un rien de temps je suis chez moi. Peut-être un peu plus tôt que d'habitude d'ailleurs, je ne fais plus attention à l'heure. Les enfants couchés, c'est à mon tour de commencer ma vie. Ou plutôt de la recommencer. Sans ce monstre, et avec un carnet pour entendre tous mes maux...

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Bonjour ! Comment allez-vous ? :)

J'espère que ce dixième chapitre vous aura plu et que vous aurez réussi à mieux cibler Emma ^^

A partir de maintenant on ne se retrouvera plus que le samedi pour un chapitre de ce récit ;)

En espérant que vous serez toujours au rendez-vous !

Bonne journée <3

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