La porte d'entrée s'ouvre à la volée et Léna apparait dans l'encadrement.

— J'ai fait aussi vite que j'ai pu ! Un problème ? Il faut garder les enfants ?

Sa voix agitée se fait soudain toute petite.

— En emmener un à l'hôpital ?

Un rire m'échappe et elle soupire de soulagement.

— Rien de tout cela, ne t'inquiètes pas ! C'est un peu plus complexe, mais aussi moins grave. Enfin je crois. Ça dépend du point de vue j'imagine.

Elle hoche la tête et prend une grande inspiration. Ses yeux s'agrandissent soudain et se mettent à pétiller.

— Ça sent... Vraiment trop bon ! Brownie chocolat et noisettes. J'ai juste ?

Je souris et sors une assiette du placard.

— Oui. Il en reste un peu si tu veux.

— Il ne faut pas me le dire deux fois !

Nous rions de concert et je lui sers une part avant de m'asseoir face à elle.

— Alors ? demande Léna. Quelle est cette affaire pressante qui requiert ma présence ?

— Une affaire d'étoile égarée...

Elle relève la tête et plante ses yeux dans les miens.

— Raconte-moi tout.

Alors je lui raconte l'histoire d'une nuit. Une nuit à mille étoiles, où un nuage pas plus gros que mon cœur est venu s'asseoir sur l'herbe. Il pleurait, arrosant les brins verts d'une fine pluie. Il s'est mis à parler, en expirants des grains de poussière brillants. Il parlait d'étoiles, de nuit, de lumière, de lune perdue et de soleil qui ne se lève plus. Il m'a conté le monde tel qu'il le voyait du haut de son ciel infini, il m'a décrit les éclats d'ombre sur le monde et les lucioles qui se dispersent. Il m'a montré la vie d'un peu plus haut, d'un peu plus bas. Et il m'a demandé de l'aider à retrouver le scintillement des âmes.

On aurait dit un artefact légendaire aux pouvoirs incommensurables, mais c'était bien plus rare que cela et bien plus précieux. C'était caché très profondément, juste là. Sous nos yeux. Dans nos cœurs. Derrière le brouillard de nos esprits.

Et je lui raconte qu'une luciole scintille déjà, non loin de moi. Que je la croise souvent, que je la connais un peu. Qu'elle a juste besoin d'un coup de main pour ôter la poussière qui la couvre.

Léna sourit. Elle a déjà compris, elle a déjà dit oui. Elle me tend sa main couverte de brownie et me promet de m'aider à retrouver la lune pour que le soleil se lève à nouveau. Elle me promet que cette luciole brillera bientôt aussi fort qu'avant, et qu'elle accomplira sa destinée. Elle me promet que si le monde n'est pas prêt à changer, nous nous le serons.

Soudain elle se lève et m'ordonne :

— Attends-moi là.

Je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle s'élance hors de l'appartement. Ses pas résonnent dans l'escalier et je me résous à débarrasser la table en l'attendant.

Dix minutes plus tard, mon amie reparait. A son bras, Monique inspecte mon logement tandis que Léna me tend une grosse boîte remplie de crêpes.

— Cadeau de mon père et repas de ce soir !

Son sourire joviale atteint Monique qui se décrispe un peu.

— C'est joli chez vous, me sourit-elle. Un peu en bazar mais avec des enfants on ne peut pas en demander beaucoup plus.

Elle éclate d'un petit rire hésitant et je me joins à elle avant de la guider vers la salle à manger.

Assises en silence, nous fixons la table sans prononcer un mot. Avec sa franchise habituelle, Monique brise le calme ambiant :

— Alors on doit retrouver une étoile disparue c'est ça ? Où une étoffe ? Je sais plus moi à force. Pour l'homme aux étoiles là dehors ? Il est bien gentil mais il pourrait le retrouver tout seul son kouglof.

Léna se met à pouffer de rire alors que je m'enfonce un peu plus dans ma chaise.

— Sa fille. Et moi il me fait peur, déclaré-je. Si vous aviez été à ma place hier soir... J'en ai encore des frissons.

— C'est quoi son nom ? A la petite. Ou la grande. On sait à quoi elle ressemble ? Quel âge elle a ? Où elle habite ? Sa pointure ?

Léna ricane un peu plus mais je ne peux m'empêcher de rester sérieuse. Cette situation m'effraie plus que je ne pourrais l'admettre.

— Elle s'appelle Stella. On sait juste qu'il l'a retrouvé dans cette ville il y a deux ans. Et sa mère et dans le coma depuis six ans. Elle doit être assez âgé non ?

— Bof. Au moins six ans quoi. Franchement comment il veut qu'on l'aide ? Il ne nous donne aucune information. On ne joue pas aux Totally Spies sans gadgets.

Ayant retrouvé son sérieux, Léna se penche au-dessus de la table.

— On pourrait demander aux garçons de nous aider non ? Plus on est, mieux c'est.

— Plus on est de fous plus on rit c'est ça ? rétorque Monique. Plus on est d'inconscients plus y a de morts aussi. Et si c'est pour que l'idiot me suive encore partout comme une larme en peine au coin de mon œil, non merci !

— Monique ! Soyez donc plus gentille avec lui ! Et on ne va pas mourir. En plus je croyais que vous l'aimiez bien Olivier.

Je les regarde se chamailler en silence. Monique esquisse une moue énervée.

— Il est gentil mais... Il est un peu étrange non ? Je veux dire... Je ne sais pas. J'ai une poussière dans la main chaque fois que je le vois.

— Une poussière dans la main ? s'esclaffe Léna. Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Ça veut dire que pour m'en débarrasser, j'ai bien envie de le secouer et lui mettre une baffe tiens.

Nous rions de concert. Monique a le don de détendre l'atmosphère, c'est certain.

Tachant de ramener la conversation sur un ton sérieux, je leur rappelle le problème qui nous rassemble.

— On va l'aider non ? Je n'ai pas envie qu'il revienne me voir pour me tuer parce que j'ai préféré croire que ce n'était qu'un mauvais rêve.

Léna et Monique se tournent vers moi d'un même mouvement.

— C'est vrai qu'il fait peur, approuve cette dernière.

— Vous croyez vraiment qu'il est capable de... Enfin... De tuer quelqu'un ? s'affole Léna.

— Je ne préfère pas savoir.

— Ce n'est pas mon genre de ne pas aider les autres.

— Je n'ai plus de cookies mortels en plus.

— Mieux vaut faire ce qu'il demande.

— J'espère qu'il n'a pas de couteau.

— Ou de pistolet.

— Et s'il a fait de la boxe ?

— Je vais nous inscrire au judo.

— Le karaté c'est mieux.

— Tu es sûre ?

Je suis contrainte de stopper leurs débats encore une fois.

— Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'aller aussi loin. Si on retrouve sa fille il n'y aura pas de problème.

— Et si on ne la retrouve pas ? demande Monique.

— Je vais prendre des cours de Judo. C'est mieux pour tout le monde, renchérit Léna.

— On la retrouvera. Et puis il ne doit pas être si dangereux. N'est-ce pas ?

Mes deux amies se lancent un regard peu convaincu.

— Ça reste à prouver, répond Léna en haussant les épaules.

— Vous aviez l'air de l'apprécier pourtant, affirmé-je.

— Peut-être. Il est gentil, mais on dirait un gourou avec ses phrases énigmatiques et son sourire figé.

— Il ne parle pas beaucoup, ajoute Monique. Pour tout vous dire je préfère de loin Hugo. Si ça ce n'est pas une preuve, je ne sais pas ce qu'il vous faut !

J'éclate d'un rire froid et rempli de peur.

— Très bien. On va la retrouver alors. Mais on va avoir besoin d'aide.

— Hugo n'a pas assez de muscles, s'exclame Monique.

— Mais il n'est pas stupide. Et Guillaume a des muscles lui, affirme Léna.

Monique esquisse un sourire machiavélique et lui demande :

— On peut savoir comment tu sais ça ? Parce que ça ne se voit pas trop sous un pull...

Léna se contente de soupirer et ne réponds rien, laissant Monique alimenter elle-même ses potins. Je reprends la parole :

— Bon, il va falloir qu'on établisse un plan d'attaque clair.

— C'est pas la guerre Emma, respire.

Je foudroie Monique du regard et termine ma tirade.

— Léna, tu te charges de contacter Hugo et Guillaume. Monique, vous êtes la meilleure pour trouver des informations, je compte sur vous. Quant à moi, je vais interroger le docteur demain matin pour savoir s'il a une patiente à ce nom. Et puis... On verra bien après.

Elles hochent toutes deux la tête pour approuver mes propos.

— Il va falloir qu'on se trouve un nom de groupe maintenant qu'on est officiellement des agents secrets, dit soudain Monique. Que pensez-vous du gang des cookies diaboliques ?

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Bonjour tout le monde ^^

Comment allez-vous aujourd'hui ? :)

Ce chapitre m'a bien fait rire en le relisant, j'espère que vous aussi 😂

Pensez-vous qu'elles vont réussir à retrouver Stella ?
Et que Guillaume a des muscles ? XD

Je vous souhaite une bonne semaine ✨
Que les lucioles éclairent votre chemin 😊