Sport d'équipe.
"C'était une journée horrible, se lamentait Naruto, affalé sur la table de cuisine. C'était super long et en plus je sais même pas quoi faire maintenant ! J'ai pas de devoirs, j'ai pas d'amis avec qui sortir jouer, et tes jeux vidéos sont à la limite de vestiges des années 1800 !"
Obito fut piqué par la dernière annonce. Comment ça ? Ses jeux étaient géniaux !
"Je te rappelle que tu as toujours aimé jouer à ces jeux.
-Je faisais semblent parce que mon père m'a toujours dit de ne pas te blesser !
-Ça fait toujours plaisir à entendre...
-A Noël, je pourrai t'écrire une liste des jeux hyper tendances que tu devrais acheter."
Obito secoua la tête et soupira de frustration. Il aimait jouer à ces jeux, ça ne changerait pas. Surtout pas pour le morveux. Il réfléchit un instant à la façon dont il pourrait l'occuper quand lui vint une idée.
"On peut aller se faire quelques paniers, si tu veux.
-Tu penses ?
-Bien sûr ! Le sport est bon pour les adolescents. Tu devrais essayer de te trouver une activité. Avec le niveau d'énergie que tu as ce serait bien. Tu pourrais atteindre un bon niveau et te faire des amis, même s'ils ne sont pas dans ta classe.
- ... Je verrai."
Obito hocha la tête avec un sourire et l'accompagna à l'extérieur. Ils se dirigèrent tranquillement vers le parc dans la rue derrière celle où le brun habitait. C'était un endroit réputé pour être calme et agréable, tout le monde respectait cet endroit. Il était rare de trouver un bout de plastique par terre.
Naruto finit par avancer jusqu'au terrain encore vide en faisant rebondir le ballon usé. Il fit quelques paniers avant qu'Obito ne le rejoigne et qu'ils commencent un duel. Ils bougeaient comme un seul homme au début, se battant pour la domination pure et simple. Les points grimpaient lentement tandis que les contres s'enchainaient à une vitesse folle, quand le rythme ralentit subtilement, puis de plus en plus. Les deux étaient rouges et en sueur mais avaient encore de l'énergie à revendre. Naruto sourit en posant le rythme avec de petits dribbles.
"Alors papy, on faiblit ? J'ai été habitué à mieux.
-Calme, je suis toujours dans mon jean. Si j'avais pris la peine de me changer, tu serais déjà en train de mordre la poussière !
-Cause toujours ! Assez parlé, on y va !"
Il s'élança à grande vitesse vers le brun qui n'eût pas le temps de bouger pour l'en empêcher. Il regarda impuissant que Naruto mit l'énième panier qui creusait d'avantage l'écart entre eux.
Soupirant et haletant Obito s'assit à même le sol pour reprendre son souffle. Il se servit de son T-shirt noir pour essuyer la sueur de son front et se dégager la vue. Naruto riait toujours derrière lui alors qu'il récupérait le ballon et le rejoignit en haletant tout autant. Il posa le ballon au sol mais ne fit aucun mouvement pour s'abaisser. Il restait planté à côté de son compagnon dans le silence, chose qui n'allait pas avec sa personnalité. Le brun pencha la tête pour l'observer et allait lui demander ce qui était mauvais quand il fut devancé par le garçon. Il ne le regardait toujours pas mais fixait un coin du parc.
"Un homme n'arrête pas de nous regarder, je trouve ça stressant.
-Hum ? Comment ça ?
-Celui qui est assis sur le banc à gauche, avec des chiens à ses pieds. Je l'ai remarqué un peu après qu'on soit arrivé. Il n'a pas bougé depuis."
Obito fronça les sourcils et se tourna dans la direction indiquée. Il y avait effectivement un homme affalé sur le banc usé, les jambes écartées dans le confort avec deux chiens aux pieds et un livre orange fluo dans la main. En le regardant bien, il semblait être à peu près du même âge que lui, malgré ses cheveux très clairs. Le jeune homme était persuadé qu'ils étaient gris même avec la distance qui les séparait.
La deuxième main trainait dans la poche de son pantalon de survêtement plus lâche que son T-shirt noir, qui collait contre sa peau humide. Son regard se posa malgré lui sur l'entrejambe avant de détourner les yeux en se disputant mentalement. L'homme venait visiblement de faire du footing. Cependant, Obito était habitué à venir ici, il connaissait au moins de vue ceux qui venaient régulièrement et même si son doux visage semblait familier, il était sûr qu'il ne l'avait jamais vu ici.
Il se leva et s'éloigna vers un banc caché de la vue de l'homme par plusieurs arbres et buissons, histoire de retrouver un semblant de tranquillité. Naruto le suivait sans le lâcher des yeux jusqu'à ce qu'il soit hors de vue. Il soupira un bon coup et se détendit comme Obito le faisait sur sa gauche.
Ils profitaient quelques minutes du silence apaisant, accompagné des chants d'oiseaux et des cris d'enfants jouant plus loin. Ils critiquèrent ensuite la performance de l'autre en riant. Naruto prenait un malin plaisir à sous-entendre l'âge avancé de l'homme qu'il considérait comme un grand frère et profitait de de ses joues rouges et sa petite colère. Iruka avait été dans le même état l'autre jour et c'était grâce aux efforts du blond. Il avait réussi à faire rire toute la classe mais personne ne l'avait complimenté ou ne lui avait adressé la parole après.
Obito, lui, le regardait maintenant avec amusement. Il savait reconnaître les différents sourires de Naruto. Même si le garçon souriait beaucoup, ses vrais sourires étaient rares, comme celui qu'il faisait maintenant. Il se rendait compte que plus le temps passait, plus le garçon s'assombrissait et se cachait derrière un masque imperceptible. C'était pour cette raison qu'il lui proposait régulièrement de se trouver une activité et se faire des amis. Il savait que le garçon faisait son maximum mais Obito ne pourrait pas le sortir indéfiniment, il aurait besoin de le faire par lui-même un jour et il aurait aussi besoin d'autres personnes de son âge sur qui compter et à qui parler. Sans compter qu'il entrait dans l'adolescence et il savait, par sa propre expérience, qu'il y a des choses dont on veut parler avec quelqu'un qui nous comprendrait et surtout pas à un adulte.
Il soupira à son tour et s'affala d'avantage sur le banc en regardant droit devant lui... Et poussa un cri peu viril lorsqu'il se retrouva face à un torse plutôt proche. Trop proche.
"Bonjour, fit une voix gaie et amusée.
-Bonjour, répondit poliment Naruto pendant qu'Obito dévisageait ouvertement le nouvel arrivant, qui portait un air innocent.
-Pourquoi ce regard ? Est-ce que vous voulez me tuer ?"
... C'était qui ce mec ? Et cette façon de parler ? Et d'être aussi près des gens et de leur parler comme si de rien n'était ? Obito prit une profonde inspiration pour se calmer et secoua doucement la tête.
"Non... Non. Je suis désolé, j'ai été impoli. Veuillez me pardonner.
-Mah, pas besoin d'être si formel."
Le jeune homme se renfrogna et fit en sorte de l'ignorer. Malheureusement, l'homme avait déjà porté son attention sur Naruto qui regardait l'échange en silence, contrairement à ses habitudes. Il tendit lentement la main et sourit en prononçant de nouvelles salutations envers le blond qui fut surpris au-delà des mots.
"Salut bonhomme ! J'ai cru voir que tu étais en forme tout à l'heure. Comme tu as pu t'en rendre compte, je t'ai observé...
-Oui, le coupa Obito, ça pour vous avoir vu ! C'était le genre de choses impolies que personne d'assez censé ne fait !
-... Et j'ai vraiment été impressionné, l'homme continua, pas le moins distrait par l'intervention d'Obito qui devenait de plus en plus rouge de colère. Cet homme impoli ! Dis moi, quel sport pratiques-tu ?"
Naruto le regardait, abasourdi un instant, puis bafouilla qu'il n'avait pas d'activité physique en dehors du collège. L'homme hocha la tête et prit un air songeur en levant les yeux à travers les maigres nuages. Obito ne pût s'empêcher de l'observer attentivement. Il était élégant, même dans un T-shirt encore légèrement humide et un pantalon de sport. Sans parler des cheveux gris indisciplinés qui n'iraient certainement à personne d'autre que lui.
"As-tu déjà pratiqué un sport dans une association ?
-Jamais, monsieur, tout ce que je fais, c'est avec mon père ou Obito", dit-il en pointant son voisin.
L'homme aux cheveux gris posa son regard sur lui et le jugea de la tête aux pieds sans gêne. C'était sans doute trop pour le pauvre Obito qui avait été mis de côté pendant toute la discussion, avec un inconnu qui pourrait être un simple pervers cherchant à connaître l'endurance de son pauvre garçon !
"Excusez moi mais je trouve assez impoli que vous nous observiez et preniez la peine de venir poser des questions aussi indiscrètes à un enfant sans même vous présenter d'abord."
Le gris cligna des yeux plusieurs fois et se gratta l'arrière de la tête dans la gêne.
"Je suis vraiment désolé, j'ai assez de mal avec la sociabilité, j'ai tendance à oublier les bonnes manières... Il rit de gêne puis reporta son attention sur Naruto. Je fais partie d'une association sportive assez importante, je n'ai pas l'habitude de recruter les membres en les observant n'importe où dans la ville mais je n'ai pas pu te manquer. Tu es agile et tu as l'air d'avoir un corps suffisamment fort pour devenir celui d'un sportif. Je n'ai aucun doute que tes talents combinés à d'autres feront un résultat à couper le souffle.
-D'autres ?
-C'est le principe d'un sport d'équipe. Le résultat des talents de chaque joueur mène une équipe à la victoire si la cohésion est parfaite. Qu'en dis-tu ? Est-ce que ça te plairait d'essayer ?
-Je... Il baissa la tête pour cacher ses rougeurs. Je n'ai pas l'habitude de travailler avec quelqu'un...
-Ce serait l'occasion d'apprendre, dit l'homme en s'accroupissant à son niveau. Ne te sens pas forcé, tu pourrais simplement prendre ça comme de la rigolade entre les cours. Ceux qui participent s'entendent déjà, tu pourrais facilement d'intégrer.
-Ça m'étonnerait, marmonna le garçon. Mais... Pourquoi pas ? Qu'est ce ?
-Du... Hockey sur glace."
Les yeux du garçon sortirent presque de leurs orbites. Ce sport ? Il n'avait pas du tout la carrure pour et il ne savait même pas patiner ! L'homme dut voir son état car il lui proposa de venir pour un essai le mercredi suivant, sans obligation, à la grande piscine du Colliseum de la ville.
Il finit par partir tranquillement en saluant les deux garçons, sans oublier de tirer la langue à Obito, l'air mutin.
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