P r o l o g u e
Boum
Boum
Boum
Mon cœur bat vite.
Mes dents maltraitent sans pitié ma lèvre inférieure tandis que je regarde ma main posée sur la poignée de porte depuis bientôt cinq minutes.
Je soupire, bascule la tête en arrière, et mes yeux tombent à nouveau sur la pancarte accrochée au mur, affichant le nom de l'établissement.
[ Gymnase ]
L'école est vide de toutes les personnes stupides qui y viennent chaque jour, et je m'attendrais presque à voir des boules de paille traverser la cour, comme dans un vieux film Western.
Et moi, étant encore plus stupide que la moyenne, j'y reste même après les heures de classe.
Je rigole brièvement, amusé de mon propre comportement.
Quel con.
Soupirant à nouveau, je retire ma main et la passe dans mes cheveux blonds — plus dans un tic nerveux que pour les recoiffer —, puis la laisse tomber le long de mon corps.
Je pince les lèvres.
Fais demi-tour.
M'arrête au bout de cinq pas.
Me retourne.
Fixe la porte.
Grogne de frustration.
- Arg, Jimin, mais qu'est-ce que t'es con, sérieux.
Alors, avant que ma détermination nouvelle ne disparaisse, je fonce vers la porte du Gymnase et l'ouvre d'un geste brusque.
Je m'attends à me retrouver face à la personne qui occupe mes pensées depuis maintenant des mois ; se tournant vers moi, étonné de me voir débarquer ici à cette heure où seul lui s'entraîne encore. Sa bouche en forme de cœur entrouverte — un appel irrésistible à être embrassée —, ses cheveux noirs décoiffés tombant sur ses beaux yeux en amande (à moins qu'il ne porte un bandeau, et l'option me paraît tout aussi intéressante), et sa peau si pâle, recouverte d'une fine couche de sueur causée par l'effort, qui me donnerait l'insoutenable envie de parcourir son corps fin de mes doigts, pour le sentir frémir sous chacune de mes caresses.
Oui, je m'attends à voir tout ça, et mon cerveau s'amuse déjà à s'imaginer un tas de scénarios, tous plus attirants les uns des autres.
Pourtant, lorsque je pénètre dans l'immense salle de sport, seul le bruit de mes pas résonnant contre les murs beiges me salue.
Déstabilisé, j'avance encore un peu, et me retrouve bientôt au milieu du terrain de basket sur lequel, dans mon plan, il était censé se trouver ; je me serais approché de lui, sensuellement, tel un félin, et je lui aurais avoué à quel point il m'attire, à quel point il m'obsède, lui et sa gueule d'ange. Bien sûr, mon attirance aurait été réciproque. Il se serait jeté sur moi, et on se serait embrassé jusqu'à en perdre haleine, ses mains tirant de temps à autre quelques mèches de mes cheveux tandis que les miennes se glisseraient malicieusement sous son maillot de sport.
Oui, tout se serait passé comme ça. Il ne manque qu'un détail, futile, pour compléter ce tableau.
Le gars en personne.
Min Yoongi.
Je me demande soudainement si je ne me suis pas trompé d'horaire — peut-être qu'il a fini de s'entraîner depuis quelques heures — lorsqu'un bruit attire mon attention.
Lentement, je me tourne vers sa source.
Les vestiaires.
Un sourire idiot prend place sur mon visage.
La nervosité revenant me gêner, c'est avec appréhension que je me dirige vers le local. À chaque pas qui me rapproche de lui, mon idée de base semble devenir plus irréalisable.
Et si j'avais été trop optimiste ? Peut-être que Yoongi ne m'aime pas, en fin de compte. Peut-être que ce n'est pas réciproque.
Je secoue la tête afin de chasser ces idées et inspire profondément. Arrivé devant la porte entre-ouverte des vestiaires, je me murmure un petit « fighting! » afin de me donner du courage, et la pousse, m'introduisant dans la pièce.
Ce n'est qu'une fois dedans que je me rends compte de quelque chose, d'un fond sonore à présent perceptible.
De l'eau qui coule.
Une douche allumée.
Je rougis violemment en pensant à Yoongi en train de se laver, puis tapote mes joues dans l'espoir de reprendre mes esprits.
On dirait une gamine.
Je pèse le pour et le contre.
Si je vais voir Yoongi maintenant, je pourrais avoir accès à la vision de son torse pâle et sûrement musclé, sans être gêné par des habits conçus pour me bloquer la vue.
Néanmoins, il est possible qu'il soit fatigué et que le fait qu'un gars vienne lui parler pendant qu'il prend sa douche — quelque chose de relaxant, normalement — l'énerverait.
En fin de compte, mes hormones agissent à ma place et je me dirige d'un pas assuré, ou du moins je pense, vers le garçon de mes rêves.
De toute façon il sera en caleçon, personne ne prend sa douche à poil dans les vestiaires.
Et, alors que je me tiens à quelques pas de lui, la bouche ouverte et prêt à parler, sa silhouette se détache de la vapeur, et mes mots viennent se coincer dans ma gorge.
Il a l'air d'un dieu, à travers la vapeur blanche, et les gouttes caressant son corps ne font qu'affirmer cette pensée. La tête renversée en arrière, les yeux clos, l'eau tombant sur son visage ; il est dos à moi, et j'admire sans aucune gêne ses traits précis et bien dessinés. Son cou long, ses larges épaules, les fins muscles de son dos, la courbe de ses reins, ses fesses rebondies...
Un instant.
Ses fesses?
Je déglutis difficilement, la réalité me frappant de plein fouet, à tel point que l'émotion me fait presque tomber au sol.
Yoongi n'est pas en caleçon.
Il est nu.
Et on peut dire qu'il est blanc comme un cul.
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