Ainsi commence mon histoire. Mon cœur est seule plume. Mes mots sont des navires luttant contre la tempête. Une musique flotte dans l'air. Et le silence. Calme et assourdissant. Et toujours cette mélodie. Comme des vagues mourant sur le sable d'opale. Le bruit de la mer. Le bruit de mon âme. Et toujours ce silence. Et toujours cette danse. Danse. Danse. Un cygne s'envole. Noir comme le ciel. Il disparaît. Absorbé, effacé. Elle regarde les étoiles. Qui ? Moi. Je regarde les étoiles. Mais elle les regarde aussi. Toujours moi. Elle n'a pas vu le cygne. Moi si. C'est la différence entre elle et moi. Entre moi et moi. Moi, je vois. Elle, elle est aveugle. Ou alors on lui a bandé les yeux. Je ne sais pas. Regarde-t-elle véritablement les étoiles ? Je ne sais pas non plus. Et pourtant elle est moi. Mais je ne la connais pas. Elle, peut-être me connaît-elle ? Ou peut-être pas. Je ne suis pas dans sa tête. Je n'y ai plus accès. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je ne sais rien. Donc le cygne est parti. Et elle et moi, on est restées. Il y a toujours cette mélodie qui frisonne entre les étoiles. Qui rappelle la mer. Elle tourne les yeux, et moi aussi. On est reliées. On est comme un miroir. Des fois, je suis le reflet. Et à d'autres moments c'est elle, la fausse moi. Chacune son tour. Donc elle tourne les yeux. Mais c'est trop tard. Elle ne l'a pas vu s'envoler. Elle tourne toujours les yeux trop tard. Moi, je l'ai vu. Mais sans elle je ne suis rien. Il faut qu'elle le voie. Quand il reviendra. Peut-être sera-t-il plus petit ? Sûrement. Chaque fois il est plus petit. Je ne sais pas si c'est le même. Mais ça ne change rien. Un jour le cygne ne sera plus là. Ou alors il sera trop petit pour qu'elle puisse le remarquer. Bien sûr, moi je le remarquerais. Comme toujours. Et la mélodie résonne toujours. Et le silence aussi. Et les étoiles brillent dans le ciel. Trop lointaines pour elle. Pour moi. Pas pour le cygne. C'est là qu'il va quand il disparaît. Dans le ciel. Vers les étoiles. Il faut qu'elle le voie. Et qu'elle le suive. Pour voir les étoiles de plus près. Pour les toucher. Mais elle se contente de les regarder.

Comme toujours.