Luffy raccompagna Nami jusqu'à sa porte et, sans prévenir, déposa un baiser sur sa joue. Surprise, elle sentit la chaleur lui monter au visage et porta instinctivement une main à l'endroit où il l'avait embrassée.

— Pourquoi t'as fait ça ?! s'exclama-t-elle, les joues en feu.

Luffy haussa simplement les épaules, un sourire en coin.

— Parce que j'en avais envie.

— Mais t'es complètement fou !

— Tu dis toujours la même chose, change de disque un peu ! lança-t-il en riant.

Un silence gênant s'installa. Pour alléger l'atmosphère, Luffy reprit d'un ton léger :

— Bon, on va pas rester toute la nuit sur le palier... Il pencha légèrement la tête avec un sourire espiègle. Tu m'embrasses ou tu m'embrasses pas ?

Nami devint encore plus rouge. Son cœur battait à tout rompre. Sans répondre, elle ouvrit brusquement la porte et la lui claqua au nez, incapable de gérer l'ouragan d'émotions en elle.

Derrière la porte, elle entendit son éclat de rire sincère et sa voix joyeuse résonner dans le couloir :

— Bonne nuit, Nami !

Elle soupira en s'adossant à la porte, sa main toujours posée sur sa joue.

J'ai légèrement peaufiné les réactions et les émotions pour donner plus d'impact au moment. Qu'en penses-tu ?

[...]

« Sabo,
Si tu lis cette lettre, c'est que je ne suis plus là. Je sais que ça doit être un choc pour toi, et crois-moi, j'aurais aimé éviter ça. Mais parfois, la vie nous arrache des choix qu'on n'a jamais voulu faire.

Je ne sais pas où tu es en ce moment, ni quel chemin tu as suivi. Peut-être que tu es toujours du côté de la Marine, peut-être que tu es ailleurs, à courir après tes propres idéaux. Peu importe. Ce qui compte, c'est que tu sois en vie.

Je n'ai pas pu te dire au revoir, et c'est sûrement la chose qui me pèse le plus. Mais il y a une chose que tu dois savoir : j'ai fait ce choix en sachant parfaitement ce que je risquais. Luffy... Luffy est mon petit frère, et je ne pouvais pas le laisser mourir. Alors j'ai fait ce que n'importe quel frère aurait fait. J'ai donné mon cœur pour qu'il puisse continuer à battre.

Ce n'est pas juste, hein ? Toi et moi, on aurait dû veiller sur lui ensemble. On aurait dû être là pour lui, tous les trois, comme avant. Mais le destin en a décidé autrement. Maintenant, c'est toi qui restes, et je ne peux que te demander une dernière chose...

Protège-le, Sabo. Protège-le comme je l'aurais fait. Il est fort, il est têtu, mais il a un cœur bien trop grand pour ce monde. Il ne montrera rien, il fera comme si tout allait bien, mais au fond, il sera brisé. Il va se battre contre lui-même, contre ce cœur qui n'est plus le sien, contre des sentiments qu'il ne comprendra pas. Il aura besoin de toi, même s'il ne le dira jamais.

Et il y a aussi Nami... Elle ne le sait pas encore, mais elle va jouer un rôle bien plus grand dans tout ça. Elle est forte, elle aussi, mais elle a perdu trop de choses. J'aurais voulu être là pour la protéger, mais maintenant, c'est toi qui peux le faire. Veille sur elle, veille sur eux.

Souviens-toi d'une chose : je suis parti sans regrets.

Alors ne pleure pas pour moi, frérot. Continue à avancer, comme tu l'as toujours fait. Et surtout, ne les laisse pas seuls.

À jamais ton frère,

Ace. »

— AAAAAACE !! cria Sabo, la voix brisée. AAAAAAAACE !!!

Il s'effondra devant la tombe de son frère, les larmes roulant sur ses joues sans retenue. Il resta là, à genoux, pendant de longues minutes, incapable d'accepter la réalité. D'un geste tremblant, il déposa un bouquet d'iris blancs, qu'il avait achetés plus tôt, et pria en silence, espérant qu'Ace repose en paix.

Il venait tout juste de rentrer en ville lorsqu'il avait appris la nouvelle. Son grand-père, Garp, lui avait annoncé la mort d'Ace, mais il n'avait pas voulu y croire. Pas avant de voir de ses propres yeux cette pierre froide marquant l'endroit où son frère reposait désormais.

Mais une question restait sans réponse : où était Luffy ?

Il était parti à sa recherche, mais nulle part il ne l'avait trouvé. C'est Zoro qui finit par lui donner une piste :

— Luffy est parti à Logue Town... Il voulait retrouver quelqu'un... une fille... Nami.

Nami.

Sabo fronça les sourcils. Ce nom ne lui disait rien. À vrai dire, personne ne connaissait son identité. Personne ne savait à quoi elle ressemblait, ni même d'où elle venait. Tout ce que l'on savait, c'était qu'Ace était fou amoureux d'une certaine Nami.

Luffy non plus ne l'avait jamais rencontrée. À l'époque du lycée, Ace avait quitté la ville pour s'installer à Logue Town, où il avait vécu cinq ans. Son couple avec cette mystérieuse femme avait duré trois ans, mais à en croire certaines rumeurs, tout n'avait pas été rose entre eux...

Sabo monta dans l'avion, le cœur lourd. Il avait des remords, mais il savait que celui qui devait en porter encore plus... c'était Luffy.

Et cette fois, il comptait bien être là pour lui.

En arrivant à Loguetown, Sabo choisit un hôtel simple mais confortable, un quatre étoiles situé en plein centre-ville. Sans trop réfléchir, il se laissa guider par son instinct et décida de partir en promenade, espérant croiser soit Luffy, son petit frère, soit une mystérieuse femme rousse dont il n'avait pas encore le visage en tête. Il savait que retrouver Luffy ne serait pas compliqué : sa notoriété était immense, et Loguetown était bien plus petite comparée aux îles du Nouveau Monde.

Malgré l'inquiétude qui lui serrait le cœur en pensant à son frère, sentir la brise d'East Blue lui fit un bien fou. Ici, tout était plus paisible. Rien à voir avec l'effervescence du Nouveau Monde. Les ruelles étaient bordées de petites boutiques artisanales, les marchés débordaient de fruits exotiques et d'épices, et le port, bien que modeste, restait animé par les va-et-vient des navires marchands.

Alors qu'il avançait au hasard des rues, son regard fut attiré par une silhouette devant une école. Une jeune femme aux cheveux roux saluait avec douceur les derniers enfants encore présents, adressant un sourire chaleureux aux parents venus les chercher.

Sabo, intrigué, jeta un coup d'œil à son reflet dans la vitre d'une voiture stationnée. Il ajusta machinalement le col de sa chemise bleue et lissa son pantalon de costume avant de s'approcher d'elle.

— Bonjour. lança-t-il avec un sourire.

La rousse releva la tête, sortant de sa lecture des fiches de présence. Lorsqu'elle croisa son regard, elle sembla surprise. L'homme face à elle était séduisant, terriblement séduisant même. Il portait un costume élégant, des mocassins impeccables et sa chemise épousait parfaitement sa carrure. Elle fronça légèrement les sourcils. Jusqu'ici, Cavendish avait toujours été considéré comme l'homme le plus beau de l'île, du moins, depuis la mort d'Ace... mais cet inconnu le surpassait largement, même avec la cicatrice qui marquait son œil.

— Bonjour. répondit-elle d'un ton bien plus neutre que celui qu'elle employait avec les parents d'élèves.

Son sourire avait disparu en une fraction de seconde.

Sabo comprit immédiatement qu'elle avait du caractère.

— Désolé de vous déranger, je suis nouveau en ville et je cherche un bon café. Vous en connaissez un ? demanda-t-il, jouant la carte du voyageur perdu.

— Aucune idée. lâcha-t-elle sans même lui accorder un regard, refermant son carnet avant de s'éloigner d'un pas rapide.

Sabo resta immobile quelques secondes, décontenancé.

C'était bien la dernière réaction à laquelle il s'attendait. Aucune curiosité, aucun intérêt, même pas un regard insistant. Comme si son charme habituel n'avait aucun effet sur elle.

Un sourire amusé étira ses lèvres. Il jeta un dernier regard à l'école avant de reprendre son chemin.

Après avoir exploré les ruelles animées et visité quelques boutiques de souvenirs, la faim commença à se faire sentir. Vers 20h00, il s'arrêta devant un restaurant de grillades. L'enseigne, en bois sculpté, indiquait Le Repaire du Marin, et une délicieuse odeur de viande grillée flottait dans l'air. Son ventre gargouilla de plus belle.

Sans hésiter, il poussa la porte et entra.

Du côté de Luffy, la matinée avait été bien remplie. Il avait enchaîné une séance de musculation avant de prendre ses médicaments, comme il en avait désormais l'habitude. Contrairement à ce que les médecins lui avaient prédit sur sa fragilité, sa cicatrice s'était bien refermée. Son cœur lui lançait encore par moments, mais la douleur était supportable, et surtout, son corps n'avait pas rejeté le cœur de son frère.

Le plus difficile pour lui n'était pas l'entraînement, ni même les médicaments... mais l'interdiction de manger de la viande.

Il avait promis à Nami qu'il prendrait soin de ce cœur fragile qu'on lui avait greffé, et il comptait bien tenir parole. Mais ce n'était pas la seule chose qui l'avait motivé ces derniers temps... Quand il avait appris que Nami aimait les hommes musclés, il s'était immédiatement mis à l'entraînement, décidé à se sculpter un corps plus attirant pour elle. C'était peut-être stupide, mais il s'en fichait. Si ça pouvait lui plaire, alors ça en valait la peine.

Il avait donc ajusté son alimentation, augmenté sa consommation de protéines et suivi un programme de prise de masse musculaire. L'après-midi, il l'avait passée à appeler ses amis et jouer à LOL en attendant l'heure à laquelle Nami commençait son service.

Quand le moment fut enfin venu, il enfila une chemise noire cintrée qui mettait en valeur son torse, un chino élégant en tissu costume et une paire de baskets Givenchy. Il n'oublia pas son masque de chirurgien pour dissimuler son visage.

Il prit la route sans difficulté et trouva rapidement une place devant le restaurant. À l'intérieur, il s'installa à une table, impatient de voir Nami... sans remarquer que son frère se trouvait juste devant lui, assis dos à lui.

Le restaurant était modeste, mais chaleureux. Une enseigne en bois indiquait "Le Repaire du Marin" et une douce odeur de viande grillée et d'épices s'échappait par la porte entrouverte. Le ventre de Sabo gronda une nouvelle fois. Il haussa les épaules et entra, savourant la chaleur qui contrastait avec la brise fraîche de la nuit tombante.

L'intérieur était animé, rempli de rires et de conversations. Les serveurs se pressaient entre les tables, apportant des assiettes fumantes aux clients affamés. Il balaya la salle du regard et trouva une place au comptoir, préférant observer la scène plutôt que de s'installer dans un coin isolé.

— Vous désirez quelque chose, monsieur ? demanda une voix féminine.

Sabo releva la tête... et resta figé.

Devant lui se tenait la même femme que tout à l'heure.

Ses longs cheveux roux étaient attachés en une queue-de-cheval négligée, laissant tomber quelques mèches sur son visage. Son tablier sombre contrastait avec la chemise blanche légèrement entrouverte à cause de la chaleur des cuisines. Mais ce qui attira le plus son attention, c'était son regard.

Un regard fatigué, rempli d'une tristesse silencieuse.

Elle le reconnut instantanément.

— Oh, c'est vous. fit-elle en croisant les bras, l'air blasé.

Sabo, amusé par la situation, s'accouda au comptoir avec un sourire en coin.

— Je suis vexé. dit-il.
— Pourquoi donc ? répondit-elle sans grande émotion.
— Vous m'avez envoyé promener tout à l'heure, et maintenant, c'est vous qui prenez ma commande.

Elle le fixa un instant, comme si elle tentait de deviner ce qu'il avait en tête. Puis, sans répondre, elle attrapa un carnet et un crayon.

— Alors, qu'est-ce que vous voulez ?

— Les serveuses ici sont toute nonchalantes ou c'est juste moi qui n'ait pas de bol ?

Nami fronça les sourcils avant de jeter un regard discret vers son directeur, qui l'observait de loin. Elle soupira, puis afficha un sourire éclatant, bien qu'artificiel. Pourtant, cela ne la rendait que plus belle.

— C'est beaucoup mieux, commenta son client avec un sourire. Que me conseillez-vous ?

— Les travers de porc et les morceaux de bœuf, répondit-elle d'un ton professionnel. Ils sont excellents.

— Je vais suivre votre recommandation, acquiesça-t-il avant d'ajouter, et prenez-en deux portions supplémentaires.

— Quelqu'un vous rejoint ? demanda-t-elle, intriguée.

— Non, je mange juste plus que la moyenne.

Nami haussa un sourcil, surprise, mais ne fit aucun commentaire.

— Souhaitez-vous boire quelque chose ?

— Un coca.

— C'est noté, répondit-elle en esquissant un sourire poli avant de s'éloigner.

De l'autre côté de la salle, Luffy observait Nami interagir avec les clients. Elle ne l'avait même pas encore remarqué. Il attendit patiemment qu'elle le voie, et lorsqu'elle posa enfin les yeux sur lui, son sourire se fit plus timide.

Elle sortit son carnet de commande et s'approcha.

— Bonsoir monsieur, que désirez-vous manger ce soir ?

Luffy lui adressa un sourire malicieux avant de balayer la carte du regard.

— Toi.

Les joues de Nami s'empourprèrent instantanément. Elle se mordit la lèvre, contenant à peine son envie de lui coller une petite tape sur l'épaule, puis chuchota en serrant les dents :

— Arrête, Luffy.

Il rit doucement avant de passer commande.

— Tout. Une portion de chaque viande.

— ... Et un coca en plus, j'imagine ? soupira-t-elle.

— Exact.

Elle nota sa commande, mais Luffy ne la laissa pas partir tout de suite.

— Tu travailles demain ? demanda-t-il.

— Oui.

— Même le samedi ?

— Oui, je bosse aussi dans un konbini.

Luffy écarquilla les yeux.

— Quoi ? Mais...

Il n'eut pas le temps de terminer. Un client ivre appela Nami bruyamment, et elle se détourna sans attendre.

Cavendish, qui venait d'arriver pour son service, aperçut un homme en colère agripper brutalement le poignet de Nami. Il s'apprêtait à intervenir—il en avait l'habitude. Beaucoup de clients ivres s'amusaient à harceler la serveuse, et il lui était déjà arrivé de devoir se battre pour la défendre, notamment contre un pervers qui l'avait prise en photo à son insu.

Mais cette fois-ci, il fut surpris.

Nami n'eut besoin de personne.

L'homme leva une main menaçante vers elle, mais avant qu'il ne puisse aller plus loin, une gifle claqua dans l'air.

Le bruit résonna dans tout le restaurant.

Le client recula sous l'impact, mais avant même qu'il ne puisse réagir, une deuxième gifle fusa. Puis une troisième.

L'homme, hébété, tituba en arrière, mais Nami n'avait pas fini. D'un geste rapide, elle attrapa un verre en plastique et l'écrasa violemment contre sa tempe. L'impact suffit à lui faire perdre connaissance et il s'effondra sur le sol.

Le silence tomba brutalement.

Puis une voix furieuse s'éleva :

— NAMI !

Arlong, son patron, s'avançait d'un pas rageur.

— C'est la troisième fois ! Je t'avais prévenue, tu es virée !

— Alors mets en place une politique pour empêcher ces porcs de manquer de respect à tes serveuses ! cracha-t-elle en retour, sans la moindre peur.

Arlong éclata d'un rire amer.

— Tu veux savoir ce que je pense du respect pour mes serveuses ? rugit-il.

Sans prévenir, il saisit une chaise et la projeta violemment en direction de Nami.

Elle ferma les yeux, s'attendant au choc.

Mais rien ne vint.

Au lieu d'un impact, elle sentit une chaleur contre elle. Quelqu'un l'avait prise dans ses bras, protégeant son corps du projectile.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle aperçut un dos large devant elle et la personne qui la serrait encore dans ses bras.

Luffy.

Mais ce n'était pas tout.

La chaise ne l'avait même pas touché. Il l'avait déviée sans effort d'un simple mouvement de main, la projetant contre le mur avec force.

C'est alors qu'il sentit une autre présence à ses côtés.

Luffy tourna légèrement la tête, et son regard croisa celui d'un homme blond aux traits familiers qui avait blotti Nami.

Il comprit immédiatement.

Sabo était là.

Le silence fut total.

Le silence tomba brutalement dans le restaurant.

Sabo et Luffy se fixaient, l'un sous le choc, l'autre visiblement troublé.

Nami, toujours dans les bras de Sabo, mit quelques secondes à réaliser que quelqu'un l'avait protégée. Son cœur battait à tout rompre. Elle releva doucement la tête pour voir qui l'avait sauvée... et elle croisa un regard azur intense.

Ce regard-là...

Ce regard qui lui rappelait une autre personne.

Elle fronça les sourcils. Son corps était tendu, prêt à se dégager, mais elle ne bougea pas. Pas tout de suite.

Luffy, quant à lui, ne détourna pas son attention d'Arlong. Il savait très bien ce que ce dernier était capable de faire, et il n'avait aucune intention de le laisser lever la main sur Nami.

— Nami je te présente mon frère, Sabo.

To be continued...