Etriqué. La sensation que j'avais dans ce pull. La sensation que j'avais dans cette vie. Pull étriqué. Monde étriqué. Pull qui m'avait été offert par mon mari. Comme ma vie, d'une certaine manière, si l'on y réfléchit. Aurais-je choisi un autre pull, si j'avais été dans le magasin avec lui ? La taille supérieure, assurément. Aurais-je choisi une autre vie, si j'avais su ce qui m'attendait au moment où je m'apprêtais à lui dire oui ? Une vie plus large aussi, peut-être. Peut-être pas. Peut-être qu'après tout ce n'était pas si mal. Peut-être que c'est rassurant, de se sentir en sécurité, dans cette vie limitée, prévisible. Comme c'est rassurant de se sentir serrée dans ce pull, enlacée. Je me sentais serrée dans mon pull. Mais soudainement, ça va mieux. La sensation est devenue agréable. J'imagine que je suis serrée dans les bras de mon mari, et la sensation d'étouffement du pull devient agréable, rassurante.