Sasuke

J'étais à la fois embarrassé et agacé. Il ne m'a pas fallu plus de cinq minutes pour réaliser qu'elle ne devait pas avoir une tonne d'amies. Avoir autant à dire, c'est presque inquiétant. Mais n'empêche que je ne trouvais pas le cran de lui demander de la fermer. J'avais tout de même et peu de savoir-vivre. Et qui plus est à défaut d'être agréable à écouter, elle était sacrément agréable à regarder.

« - C'est bon ! »

Je venais de craquer je pense. Elle se figea de surprise avant que l'incompréhension ne voile son regard.

« - Est-ce qu'il y'a un problème ? » renchérît elle

« - Tu parles trop. »

C'était sorti tout naturellement. Quoique avais-je quelque chose à me reprocher ? Elle était fatiguante c'était un fait. Alors que je comptais me reconcentrer sur mon plat, je vis la rose se mordre la lèvre nerveusement et baisser le regard. Elle semblait vraiment aller mal d'un coup. L'instant d'une seconde, j'aperçus dans son regard qu'elle réprimait ses larmes.
Je fais pleurer les femmes plus vite que je ne les fasse jouir apparemment.

« - C'est pas ce que je voulais dire.. 'fin tu comprends fais pas cette tête. »

J'étais vraiment embarrassé sur le coup. J'étais censé améliorer ses vacances. Mais de l'autre côté si son petit moment détente était une horreur, elle s'empresserait de rentrer.
Calme toi vilain Sasuke.

Elle n'avait toujours pas répondu. J'étais à court d'idées.

« - Tu as déjà vu la piscine de l'hôtel ?»

Elle relève directement, la tête vers moi, étonnée, le regard toujours triste.
Timidement, elle secoua sa tête pour me dire non.

« - C'est le moment parfait pour y aller. »

Après avoir glissé l'argent dans l'addition, je me levais espérant qu'elle me suive.
Ce qui ne tarda même pas.
Je sentis une pression contre ma manche.

« - Je m'appelle Sakura. Je pense que j'aurai dû commencer par là avant de trop parler. »

« - Sasuke. »

« - On peut pas aller à la piscine sans maillots n'est ce pas ? »

« - On se rejoint ici dans 5 min le temps de s'équiper. »

Elle hoche la tête et sourit à nouveau. Ça y est elle a retrouvé son énergie. Elle s'en va rapidement. Dans l'immédiat, je me dis que sa démarche était un peu gauche.

Un peu de 10 minutes après, on était déjà à la piscine. Je nous avais pris des cocktails histoire de me faire pardonner.
J'entamais mes longueurs tandis que Sakura restait assise sur le bord.

« - Si c'était pour rester assise à ne rien faire, je t'aurai ramené dans une église. »

Elle se mit à rire. Le bon Dieu m'en voudra-t-il de m'être foutue de lui pour lui retirer un sourire ?

« - Sasuke, ton humour laisse vraiment à désirer. »

« - Ce qui laisse le plus à désirer en ce moment, ce sont tes talents de nageuse. Je commence vraiment à me poser des questions. »

« - Je sais nager. Je n'ai rien à prouver. »

« - En français ça donne j'assume pas de ne pas savoir faire une chose si élémentaire. »

« - Mais puisque je te le dis ! »

Je l'ai à peine laissé finir sa phrase avant de le tirer dans l'eau. Elle hurla de surprise avant de parfaitement se rattraper. Effectivement, elle semblait savoir nager.
Après plusieurs minutes à me démontrer qu'elle savait tout à fait nager, on est retourné au bord finir nos verres.
Ce serait mentir de dire que je ne passais pas un bon moment.
Cerise sur le gâteau, j'étais payé pour ça.
Elle n'est pas belle la vie ?

Sakura

Sasuke s'intégrait un peu plus à la discussion cette fois-ci. Je me sentais beaucoup moins pipelette pour le coup. En fin de compte, il savait être bonne compagnie quand il le voulait. J'avais réussi à lui faire dire qu'il était en mission apparemment, sans toutefois s'etancher la dessus, il m'avait expliqué que ça faisait un long moment qu'il travaillait avec Naruto. Il parlait de son travail avec beaucoup d'entrain.
J'aime tout autant la pédiatrie que j'étudie mais je me demande si je serai autant passionnée une fois spécifiée.
J'avais pour ainsi dire abuser du cocktail mais j'avais surtout passé un super moment.

Le soir venu, je n'étais pas vraiment au top de ma forme. Maudite piscine, mes efforts musculaires me coûtent cher en douleur à chaque fois après.
Hinata était passée me voir mais j'étais clairement trop crevée, elle avait simplement dit qu'on se verrait ce soir au moment.
J'avais faim, c'était indéniable mais mes douleurs ne m'offraient aucun répit.
Ayant déjà vécu ça mille et une fois, je me levai lentement et sortit de ma chambre.

1 minutes, c'est le temps que j'avais mis adossée contre la porte pour me reprendre. Je n'avais pas peur. J'étais persuadée que ce n'était pas une crise.
Elles étaient bien plus douloureuses, et rarement passagères.
La plus grande complication que j'avais eu jusqu'ici était une crise vaso-occlusive osseuse, l'anémie était considérée comme normale.
Je repris ma route quand d'un coup je ressentis ce que je détestais le plus ressentir.
Cette horrible sensation d'étouffement due à l'agglutination de mes globules rouges comme dirait mon docteur.
Elles avaient peut-être le droit de se regrouper oui mais pas de bloquer ma circulation sanguine comme elles le faisaient.
C'était officiellement une crise.

Des douleurs envahissent d'un coup mes tissus osseux, je sentais mes ligaments s'étirés à forte pression. Un premier cri s'échappe alors de mes lèvres.

Faible.
Suffisamment pas assez fort pour alerter quelqu'un, mais assez pour me vider de mes forces. J'avais besoin de mes antalgiques. Dans l'immédiat c'est tout ce qu'on pouvait faire pour moi.
J'étais déjà au sol, quand j'ai vu Hinata au dessus de moi à me dire des choses l'air paniqué.
Le problème c'est que je ne l'entendais pas. Et elle en était consciente. Ce n'était pas la première fois que ça arrivait devant elle et elle connaissait parfaitement le protocole pour cette situation.

Plus la crises durait et plus mes palpitations augmentaient. Mon sang pulsait rapidement au niveau normal on lui bloquait l'accès. Mes oreilles sifflaient brusquement et j'avais d'innombrables bouffées de chaleur.
Le pire ennemi de ma maladie chérie était le temps, plus la crise et mieux je risquais un AVC.

Hinata me ramenait tant bien que mal vers ma chambre.
Une fois sur mon lit, je ne vis rien d'autre si ce n'est Hinata revenir avec mes antalgiques et me les injecté. On préconisait les injections à l'hôpital car généralement sur le coup on ne pouvait rien avaler.
Bien que ce médicament n'avait aucun effet de somnifères, je sentis mes paupières se fermer en même temps que mon rythme cardiaque qui se régularisait.

Tout ça pour une baignade.

Hinata

J'avais les larmes aux yeux. Mille fois j'assisterai à cela et mille fois j'en serai paniquée. Je ne m'y ferai jamais.
Je regardais Sakura dormir, par précaution je vérifiais quand même qu'elle respirait.
J'ai peur, vraiment peur. Elle a déjà fait des crises certes mais je n'avais jamais géré ça toute seule. Et s'il s'avérait avoir des complications plus tard, je savais pertinemment que je n'aurai pas été en mesure de faire quelque chose pour elle.
Je recommence à penser que ce voyage est une erreur.
Sakura est fragile et je suis de loin la moins qualifiée pour la veiller.
Mes mains tremblent, j'hésite tellement à me saisir de ce portable pour prévenir sa famille.
Sakura m'en voudra sûrement énormément.

Je regarde une nouvelle fois ma meilleure amie. J'avais fini par ne rien faire. Elle émergeait déjà de son sommeil, j'en étais plus ou moins rassurée. Je la regardais un moment sans rien dire. Elle se lève tout doucement, je bondis directement sur elle l'enlacant par derrière pour cacher mes larmes.

Je l'entendis rire. Elle était comme ça mon amie. A chacune de ses crises, je réalisais à quel point je tenais à elle.

« - Hinata lâche-moi maintenant je préfère les hommes ! »

Elle riait encore en parlant. Un vrai phénomène cette fille.
Je me séparais d'elle doucement avant de sourire maladroitement.

« - Chuut ne dis rien. Je connais le speech, j'ai eu peur pour toi.. je m'inquiétais c'est tout... tu es sûre d'aller bien maintenant.. et bla-bla-bla. »

J'avais envie de lui tirer les cheveux car elle avait raison je comptais effectivement lui sortir une de ses phrases mais je compris alors que mon amie s'efforçait d'être forte alors je me devais de l'être également avec elle.

« - Poke et Lomi Salmon, c'est ce que nous réserve le chef pour ce soir. »

Sakura sourit à nouveau. Elle adorait manger ça c'était sûr.

Et c'est dans cette ambiance qu'on entrait à nouveau dans le restaurant de l'hôtel. Je fis rapidement le tour de la salle du regard espérant secrètement y voir mon compagnon de ce matin. Dommage, elle n'y était pas. On devait sûrement être descendue en avance.

Sakura et moi prenons rapidement une table, mon apéritif ne faisait pas plus de 5 min sur une table avec Sakura dans les parages. Elle s'était faite particulièrement belle ce soir. Elle voulait par dessus tout faire une jolie photo. Pour son Instagram j'imagine.
Ce que je réussis à faire. Elle en était très satisfaite et avait à nouveau souri.

C'est bien ce que je disais. Un vrai rayon de soleil cette fille.

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En vrai ce chapitre est assez spécial pour moi, car j'aborde un peu plus la maladie de Sakura. J'aurai pu choisir n'importe laquelle parmi tant d'autres mais j'ai préféré pour mettre des mots sur ce que je vis moi même au quotidien.
Beaucoup de courage à toutes ces personnes atteintes également. Vous êtes les plus fortes.